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EAN : 9782020374279
375 pages
Seuil (02/09/1999)
3.57/5   48 notes
Résumé :
En 1914, Lev Korovine, peintre russe émigré à Paris, est laissé pour mort dans une tranchée où il entend, pendant onze heures, un camarade agonisant lui scander à l'oreille le nom d'une femme mystérieuse : Mareva.
Revenu à Paris, Lev découvre que la guerre a tué en lui toute possibilité de création et que seule cette femme lui permettra peut-être de renouer avec l'art. Commence alors une quête désespérée, à laquelle se joignent ceux qui firent la légende de M... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans ce roman, Dan Frank redonne vie au Montparnasse des années 20, à travers la vie du peintre russe Lev Korovine, ayant perdu l'inspiration après avoir connu l'horreur des tranchées et vu la grande faucheuse de très près. Il se lance sur les traces d'une femme de retour à Paris dont le nom lui à été soufflé par un de ces compagnons d'infortune.. Les figures mythiques de ce Paris libertaire et intellectuel deviennent en filigramme les personnages du roman : d'Apollinaire à Jacob de Modigliani à Soutine. Une capitale, un quartier qui se vautre dans l'alcool, le sexe libre ou tarifé, l'amitié, la création.
Mais c'est surtout la dérive inéductable d'un homme qui a laissé son coeur et son âme dans les tranchées.
Frank restitue de façon remarquable la vie d'un quartier mythique qui connu un nombre hallucinant de créateurs sur une même période. le roman nous touche parce que Korovine s'accroche à l'image idéalisée de cette femme, dernière espoir de renaitre à la vie. Comme la lumière d'un phare en pleine tempête. Somptueux et crépusculaire.
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Un peintre russe émigré à Paris, cherche une femme aimée et le retour de l'inspiration...et Dan Franck en profite, avec le talent qu'on lui connaît dans les reconstitutions historiques (je pense à son super boulot avec Tardi sur la Commune de Paris) pour nous faire faire le tour des ateliers de Montparnasse entre les deux guerres..Un régal, même si la trame romanesque est un peu un prétexte (ou plutôt une "prétoile")!Je suis comme le personnage de "Minuit à Paris " de Woody Allen: je voudrais bien rencontrer un mage sympa qui m'enverrait faire un tour dansce quartier-là et à cette époque-là!!
Il y avait dans tous les bistrots et ateliers de Montparnasse une vraie communauté d'artistes, échangeant leurs idées, mêlant leurs talents dans les mêmes projets (Cocteau, Milhau, Diaghilev, Modigliani, Gauguin...).

Aujourd'hui, si on y rencontre Jean-Pierre Léaud qui vous jette un oeil noir au bar du Rosebud, on a déjà le sentiment d'avoir passé une soirée formidable...
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C'est une formidable histoire qui conjugue à la fois un beau récit romanesque et le reportage d'une époque politique, sociale et artistique.
Paris, Montparnasse, Lev Korovine est un peintre immigré, d'origine russe, attiré comme beaucoup d'artistes par la liberté et le foisonnement artistique.
Nous sommes au coeur de la Grande guerre et comme nombre de ces immigrés il considère juste de s'engager pour défendre leur patrie d'accueil. Il va connaître les tranchées et toutes ses horreurs mais en revenir prématurément, après qu'un obus ait envoyé son corps éclaté, écraser son copain dans un trou duquel il n'a pu ni le sortir ni le soulager onze heures durant. Il en reviendra hanté par un prénom que son copain agonisant n'a cessé de lui murmurer à l'oreille pendant toutes ces heures. Brisé, moralement paralysé, il se retrouve incapable de reprendre ses pinceaux.

Il retrouve ses amis, Modigliani, Zadkine, Soutine, Foujita, Max Jacob, Apollinaire, Vlaminck, Juan Gris, Pacsin et les autres, pour la plupart aussi pouilleux que lui, souvent métèque aussi comme lui, et qui, sachant que peindre est son gagne-pain, mais aussi sa raison de vivre, vont tenter de l'aider.

Convaincu que son seul espoir de guérir de cette paralysie est de retrouver cette fille dont son infortuné copain lui a susurré le nom interminablement, il va se lancer à sa recherche.

Ce livre est l'histoire de cette interminable et urgente quête, qui prend la forme d'une suite ininterrompue de scènes saisissantes, d'anecdotes incroyables. On baigne dans une atmosphère survoltée de plaisir, de folie, de génie, mais aussi de cynisme et de désespoir, et on est comme entraîné comme dans une valse effrénée par ce livre qui mêle guerre, amour et art. Mais il faut surtout retenir son souffle car on en a besoin pour la fin.

Un très beau livre doublé d'une écriture sobre et féroce à la fois.
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En 1914, Lev Korovine, peintre russe émigré à Paris, est envoyé au front. Il y est gravement blessé et de retour à Paris, il ne sait plus peindre. Il se met alors ardemment à rechercher l'élément qui lui permettra de peindre à nouveau.

Très beau livre qui parle du besoin de peindre, mais aussi de toute une série de peintres du début du XXème siècle. A recommander aux amoureux de la peinture.
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Sentiments un peu mitigés pour ce livre. Certes j'ai pris du plaisir à partager la vie d'une partie de mes peintres favoris, mais parfois de légers malaises se sont glissés entre les lignes: je comprends très bien que mes peintres ne peuvent être ceux de Dan Franck, mais ceux-ci me semblent un peu minces, j'aurais aimé partager un peu plus leurs recherches créatives, leurs doutes, leurs découvertes et leurs certitudes, leurs querelles aussi…
Et puis l'histoire a fini par me lasser: l'artiste devenu incapable de travailler à cause d'un traumatisme pendant la guerre en quête de sa muse qui lui permettra de créer à nouveau. Évidemment je le savais avant même d'acheter le livre, et en lisant la quatrième de couverture, j'avais envisagé la possibilité de ne pas trouver dans ce roman ce qui me fait aimer la lecture. Si j'ai aimé la solidarité entre les artistes de l'époque, à aucun moment du livre je n'ai pu ac crocher au personnage principal. Mais on passe un bon moment au début du 20e siècle en compagnie des peintres de la butte Montmartre, et je pense que c'est une bonne mise en ambiance avant de découvrir l'exposition au Petit Palais: le Paris de la Modernité, par exemple.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Avant sa rencontre avec Soutine , elle n'avait jamais posé pour un peintre. Elle était danseuse . Ses gestes empreints d'une grâce exquise. Elle n'était pas renfrognée ou distante , ainsi qu'elle apparaissait sur la toile de ChaÎm. Elle é tait plutôt comme Lev l'avait vue à la rotonde : tantôt grave, tantôt espiègle . Toujours naturelle .Ses questions étaient naïves ses réponses assurées , presque définitives, ses silences , d'une profondeur insoupçonnable. Elle voulait tout, vite s'exclamait , boudait , disparaissait, surgissait, comme un raz de marée , s'endormait profond comme un volcan éteint. Elle faisait des pointes sur la vie .
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Toute la nuit on a entendu les Allemands parler dans les boyaux d’en face. Il y a même eu quelques échanges entre les poilus et les casques à pointe. Ça arrive parfois. On se raconte des histoires. On rend des nouvelles. On regrette cette guerre. Mais lorsque l’état-major commande le feu, quelques secondes avant que les pièces d’artillerie crachent leurs salves, on jaillit de dessous terre, baïonnette au canon, pour se réduire en sang et en bouillie.

C’est un embrouillamini de formes et de couleurs. Les poitrines hachées, les effondrements, la terre retournée, le vacarme et les hurlements composent un kaléidoscope rougi du sang des autres que regardent, au loin, les maréchaux d’Empire dans l’œilleton des jumelles.
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Combien de fois avant de se mettre à l'ouvrage, Lev avait il nettoyé et nettoyé encore des pinceaux presque immaculés, tourné, retourné des toiles vierges, lissé le grain d'un papier ? Simplement afin de différer l'instant du commencement. S'occupant de la forme pour,un instant encore, laisser le fond au creux des vertiges. Le fond : donner une forme à un vide. Faire apparaître l'invisible. Se transformer soi-même en un fragment d'oeuvre d'art. Comment, au sein de ces gouffres où chaque fois l'artiste joue sa peau,ne pas s'accrocher aux parois les plus immédiatement disponibles : les tubes, l'huile, les pinceaux, la plume, le papier ? L'outil.
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Zadkine était muté comme ambulancier à Epernay.
Lev laissa son bloc au fond de la poche de son manteau noir. Il songeait qu’à son tour Zadkine allait découvrir la plainte des obus, les shrapnels claquant, les traits blanchâtres des fusées, les canons de 120, les canons-révolvers, le Lebel, les rats cavalant dans les tranchées, les ordres gueulés, les blessés geignant, les dragons et les mitrailleurs, les zouaves et les chasseurs, le génie, la poudre et le soufre, la guerre, la guerre pour ce ays de merde que les métèques remerciaient ainsi, à la vie à la mort, tant ils l’aimaient de leur avoir si bien ouvert les bras.
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- Viens avec moi, proposa Korovine.
- Non. J’ai mille péchés à me faire pardonner.
- Pourquoi cette église plutôt qu’une autre ?
Max Jacob tendit la main et dit :
- Ici le curé ne me connaît pas. Je peux donc lui avouer plus de forfanteries qu’ailleurs. Quand ils m’ont entendu plus de trois fois, les hommes d’Eglise partent toujours épouvantés.
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Vidéo de Dan Franck
Dan Franck a publié en septembre 2023 un nouvel ouvrage, L'arrestation aux éditions Grasset. Un livre des plus personnel puisque dans ce dernier, il revient sur son arrestation, survenu en 84 alors qu'il n'a que 32 ans. Un passé entre quatre murs qu'il avait gardé secret, seulement ses proches étaient au courant et qu'il mettra quarante ans à réussir à coucher sur papier. Dénoncé par une lettre anonyme, il est accusé de complicité avec le groupe terroriste Action Directe. Il loue à un dénommé "Le Garçon" un petit studio qui sert de base arrière au membre du groupe. Dan Franck ignore en partie l'appartenance de son ami au groupe terroriste. Il réprouve les actions d'AD mais la police et la justice le poursuivent. S'ensuit un engrenage, une spirale, une machination policière et judiciaire et un séjour éprouvant à la prison de la Santé. Plus de 40 ans plus tard, le romancier mène l'enquête sur qui l'a balancé et pourquoi son ami l'a trahi.
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