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Georges-Arthur Goldschmidt (Traducteur)
EAN : 9782859409661
160 pages
Phébus (27/02/2004)
3.89/5   119 notes
Résumé :
Le plus déroutant peut-être de tous les romans de Stifter, qui fut lui-même la figure la plus singulière, la plus énigmatique du post-romantisme allemand.
Un adolescent rend visite à son oncle, un vieux célibataire endurci qui vit cloîtré dans un étrange domaine : sur une île au milieu d'un lac perdu dans les montagnes. L'oncle parle peu, n'a pas l'air commode. À la fin du séjour, et sans que rien entre eux soit clairement formulé, il aura légué à son jeune ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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"Un roman visuel" : le plus beau compliment qu'on puisse faire à une oeuvre d'art littéraire, au fond. Ce sont les si justes mots de notre amie nelly76 à propos du court "Bildungsroman" ["roman de formation"] d'Adalbert STIFTER (1805-1868), peintre et écrivain auteur de "Der Hagestolz" / "L'homme sans postérité" (1844), publié à l'âge de 39 ans et justement célébré ici...

Victor, le jeune protagoniste, part à son tour "sur les chemins" (ici : les sentiers de montagne) : tel le Wilhelm Meister de Johann Wolfgang von GOETHE ("Wilhelm Meisters Lehrjahre" / " Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister", 1795-96), au parcours décidément très picaresque, ou encore le jeune sot de Joseph von EICHENDORFF traînant son "spleen" dans "Aus dem Leben eines Taugenichts"/"Scènes de la vie d'un propre-à-rien", 1826.

Il manquerait presque (et seulement) à "Der Hagestolz" l'accompagnement de la musique merveilleusement lancinante de Jürgen Knieper soulignant les déambulations ferrovières et pédestres de l'acteur Rüdiger Vogler dans l'excellent et immortel "Falsche Bewegung" / faux Mouvement" (1975) de Wim WENDERS...

La merveille ici est la justesse du "ton" et la pertinence discrète de la traduction de Georges-Arthur Goldsmith, l'excellent traducteur de l'Autrichien Peter HANDKE, ce dernier étant l'auteur du scénario de "Faux Mouvement" : tiens, comme le monde est petit, et les passerelles nombreuses entre la poésie en prose (et en mouvement) de Stifter et la poétique cinématographique des premiers films de Wenders...

Victor va au-devant son destin :celui-ci se présente sous les traits gracieux d'un lac d'altitude (où l'on pourrait rencontrer le diable en sabots...) et un oncle acariâtre et mutique vivant cloîtré dans une maison cernée par les ruines d'un ancien monastère...

L' "argument" (... car il en faut bien un ! Pourtant ce qui fait la grâce d'un livre est bien son STYLE et l'épaisseur des personnages, pas forcément "l'histoire" ! Car l'histoire, au fond, on s'en fout... surtout quand elle est mal ou platement écrite... Ici, vraiment, zéro clicheton !! Rien que du classicisme...) : ici, la très lente évolution du personnage tout "frais" de Victor et celle de l'oncle aigri et vieillissant, au seul contact l'un de l'autre...

Je n'en dirai pas plus : les sept chapitres sont autant d'étapes dans ce processus de transformation, de "Verwandlung" intime au sens le plus kafkaïen mais ici porteur d'espérances...

"Contrepoint", "Unisson", "Séparation", "Voyage", "Séjour", "Retour", Epilogue".

Le lecteur sera aussi "du voyage" : étape par étape, page après page (on avance TRES lentement, avec Victor)...

"L'écriture comme regard", l'avant-propos de G.-A. GOLDSCHMIDT (daté de 1978) est lui aussi formidablement instructif !
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Si on ne considère que le canevas de l'histoire, ce court roman peut apparaitre assez basique:

Un jeune homme, élevé à la mort de ses parents par une mère nourricière à la campagne doit, avant d'aller prendre un poste d'employé quelconque dans une ville , rendre visite à un oncle qu'il ne connait pas et qui habite dans un ancien ermitage sur une petite île montagneuse.

Vieillard bougon et solitaire, il accueille son neveu de façon bien peu amène et le jeune homme se sent prisonnier sur l' île pendant les six semaines que durera ce séjour imposé.

De même, il ne faut pas s'attendre à de belles envolées lyriques, l'écriture est fort simple, les phrases sont brèves.

Cela étonne le lecteur lors des toutes premières pages , et pourtant, il se crée rapidement une bulle particulière dès que le propos de l'auteur s'engage sur les chemins que le jeune homme emprunte ou qu'il regarde par une fenêtre: les paysages pénètrent le lecteur et l'entourent dans cette ambiance très romantique ( en référence au romantisme allemand ) , une harmonie avec la nature, une nostalgie indéfinie.

C'est un voyage initiatique aussi, même s'il est bien écarté d'aventures ou d'expériences formatrices , c'est celui de l'apprentissage de la solitude, du regard tourné vers soi qui le fait ensuite refléter vers les autres et celui de l'exigence : c'est ce que va lui révéler cet oncle sans utiliser de grand discours mais faisant subir à Victor de longues périodes de désoeuvrement et de rébellion silencieuse ...

Il faut prendre aussi son temps pour apprécier ce texte et se laisser pénétrer par le message subtil qu'il veut délivrer .

Pour ma part, le message du jour est moins subtil mais tout à fait sincère : Joyeux Noël à tous
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L'homme sans postérité, en allemand, der Hagestolz, le vieux garçon. le titre n'évoque donc pas d'adolescent Victor que Stifter nous invite à suivre tout au long de livre, mais un vieillard qui demande à son neveu Victor, un jeune homme orphelin, prêt à prendre son premier poste, de venir auparavant le voir dans son refuge, une île au milieu d'un lac de montagnes.
Le vieil homme a exigé que l'adolescent fasse le trajet depuis la maison où il habite avec sa mère nourricière et sa soeur de lait jusqu'à son île, à pied, voulant qu'il exerce son corps mais aussi qu'il se détache de sa vie passée.
Ils ne se sont jamais rencontrés, l'accueil est plus que sobre. En dehors des repas ils se voient peu mais apprennent tout de même à se connaître. le vieil homme veut transmettre son expérience de la vie, et la plus essentielle ligne de conduite : vivre de telle façon que l'on parvienne à la vieillesse sans regrets. Ce que lui même n'a pas su faire.

La nature est très présente mais toutefois sans précision sur les lieux. La maison de l'oncle dans un ancien ermitage, ressemble un peu à un labyrinthe, d'autant que de nombreuses grilles coupent de tout contact avec l'extérieur, sauf pour le vieux serviteur qui assure le ravitaillement. Il est très difficile de se représenter vraiment les bâtiments. de même les objets inutiles pour la plupart, souvent abîmés, s'entassent sur les meubles et dans les tiroirs. Il y a quelque chose du conte dans ce roman.


Adalbert Stifter, peu connu en France et assez peu en Allemagne, bien que parfois au programme, est presque contemporain de Victor Hugo ou Alexandre Dumas auxquels il ressemble si peu. Je regrette de ne pouvoir l'apprécier directement dans la langue d'origine.

Cette première rencontre me laisse dubitative, il me faudra lire d'autres textes de lui pour vraiment le cerner.


Challenge ABC 2016-2018
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Un adolescent: Victor,orphelin,sur demande impérative de son oncle vivant reclu sur une île ,doit quitter sa nourrice et sa soeur de lait , une vie confortable ,pour rejoindre ce vieil homme acariâtre. Un long voyage à pied,avec son chien qui l'a rejoint, pour enfin ,arrivé à destination, être reçu de façon très froide. Au fur et à mesure de la lecture ,nous voyons les rapports entre ces deux hommes évoluer,et ce vieillard grincheux va être amadoué par son neveu,qui de son côté repartira avec un autre regard sur la vie.
Une oeuvre majeure d'un écrivain autichien:Adalbert Stifter, qui fut une découverte pour moi et que je mets personnellement au même rang qu'Ernst Wiechert malgré un écart de presqu'un siècle !
Un magnifique roman introspectif et iniatique.
Avant - gardiste des grands écrivains romantiques : Ernst Wiechert, Robert Walser ,Heinrich Böll ,Thomas Mann,Stefan Zweig etc,etc....Adalbert Stifter nous entraîne dans une prose ,qui ,si elle est très banale se démarque justement par son écriture simple et effacée et fait appel avant tout au visuel:
Extrait du postface de: Georges -Arthur Goldschmidt,
L'écriture comme regard
" Et là n'est pas le moindre miracle de cette oeuvre: réduite à l'essentiel la langue y acquiert soudain une précision visuelle qui proprement coupe le souffle.Les descriptions de paysages y abondent .Mais le mot même de " descriptions " s'avère ici tout à fait impropre: il faudrait plutôt parler" d'évocations visuelles" où le paysage paraît comme résonner dans un espace dont on mesure exactement toute l'étendue à chaque pas,à chaque heure du jour et de la nuit,à chaque changement de lumière. "
A.Stifter est peintre aussi et son écriture est étrangement liée à sa peinture.j'ai beaucoup aimé cette tranquillité qui se dégage de ce récit, cette immersion dans cette magnifique nature décrite comme un tableau un petit chef d'oeuvre que je reçommande pour les amoureux de la belle littérature allemande romantique et naturaliste.
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Victor, orphelin de quinze ans quitte son village de montagne, comme Peter Camenzind et tant d'autres héros de Bildungsromans, embrasse sa nourrice la larme à l'oeil, et chemine jusqu'à un lac brumeux au bout duquel, sur une île entourée de falaises, vit son oncle. La convocation de l'oncle, aux motifs mystérieux, ne souffrait aucune discussion. Sur le chemin, le vieux chien de la nourrice, au prix d'efforts inouïs, a rejoint Victor, car le chien « a senti qu'il partait pour toujours ». C'est au sujet de ce chien que l'oncle, pour la première fois, s'ouvre au neveu : « attache-lui une pierre au cou et noie-le ». Je hais la lenteur dans les livres. L'homme sans postérité est une petite lenteur de 130 pages, qui se lit bien quand même, parce qu'elle ne prêche pas la lenteur. Il y a bien une morale: Adalbert Stifter, un romantique qui, en France, à force de dire qu'il n'est pas connu a fini par l'être, nous fait bien sentir qu'il va nous dégrossir, Victor et moi. Car l'oncle, c'est un peu lui : un reclus qui ne se lave plus, marié à une femme qu'il n'aimait pas, qui ne lui fit pas d'enfant, de sorte qu'il en adopta trois dont un se suicida, et qu'il finit à soixante ans par se trancher la gorge avec un rasoir. Mais Stifter, à la différence de l'oncle, laisse une oeuvre picturale et littéraire. Sans postérité, l'oncle laisse sa fortune et des arbres vieux comme lui, qu'il jalouse parce qu'ils font des bourgeons. Victor et sa jeunesse reçoivent l'île, la richesse et la mission de vivre pour faire vivre. Créer et procréer. Victor avait pris le portrait de son père en jeune homme pour un miroir. L'oncle lui dit : je suis le vrai miroir. J'étais plus beau que ton père. S'il avait vécu, il serait devenu moi, en pire. Deviens autre chose, refuse de te satisfaire de ton destin, déteste la médiocrité, même si elle se présente sous les traits d'un être plein d'amour (la nourrice). A Victor de s'engendrer lui-même, man makes himself. Sa postérité témoignera s'il a exercé sa liberté. Pour devenir ce qu'il n'est pas, Victor ne peut compter ni sur Dieu, ni sur l'Etat, ni sur son oncle qui contemple le temps révolu et abdique. Un conte philosophique initiatique écrit par un peintre, dans lequel, sans surprise, le regard est la seule sensualité. Victor se baigne dans un lac qui n'est ni chaud ni froid, qu'on n'entend pas, dont les flots n'ont pas d'odeur : un lac de peinture romantique accrochée à un mur humide.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Toujours et toujours le soleil fera descendre sa lumière, toujours le ciel bleu sourira, de millénaire en millénaire, et la terre se revêtira de son ancienne verdure et les générations descendront leur longue chaine jusqu'au dernier enfant : lui seul est exclu de tout cela, parce que son existence n'a formé nulle image, parce que ses bourgeons ne lui permettent pas de descendre le fil du temps. Même si il a laissé après lui d'autres traces, celles-ci s'effaceront comme s'efface tout ce qui est terrestre, et quand enfin tout aura disparu dans l'océan des jours, les choses les plus grandes, les plus grandes allégresses, lui disparaitra d'abord parce que tout en lui sombre déjà tandis qu'il respire, tandis qu'en lui persiste la vie.
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La vie est incommensurablement longue, aussi longtemps qu’on est jeune encore. On pense toujours en avoir beaucoup devant soi, et derrière n’avoir accompli qu’un petit bout de chemin. Pour cette raison, on diffère, on remet ceci ou cela à plus tard. Mais quand on veut le reprendre, il est trop tard et on s’aperçoit qu’on est devenu vieux. C’est pourquoi la vie est un champ infiniment grand quand on le regarde devant mais quand on se retourne à la fin pour le contempler, il a à peine deux empans. Et dans les champs mûrissent tant d’autres fruits que ceux que l’on a cru planter ! La vie est une chose chatoyante, si belle qu’on voudrait s’y plonger ; on croit qu’elle durera éternellement… mais la vieillesse, elle, est un papillon du soir qui fait un bruit bien inquiétant à nos oreilles.
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"Chacun existe pour soi, mais n'existe qu'autant que les forces qui lui ont été données en partage se sont transformées en actes et en faits : c'est cela qui s'appelle vivre et jouir. Il n'existe que quand il a bu à fond la vie. Aussitôt qu'il est fort pour déployer ses forces en toutes choses, les grandes comme les petites, il peut alors donner le meilleur de lui-même aux autres puisque aussi il ne peut en être autrement : nous devons agir sur ceux qui nous entourent; car la compassion, la pitié, l'obligeance sont elles aussi des forces qui demandent à agir. Je te le dis : même le sacrifice de soi-même pour autrui, la mort y compris, n'est précisément rien d'autre, passe-moi l'expression, que la fleur la plus vigoureuse et la plus épanouie de la vie. Celui qui dans sa pauvreté n'exploite qu'un seul ressort en lui pour n'apaiser qu'un seul besoin, serait-ce celui de la faim, celui-là n'est qu'une pitoyable caricature de lui-même, il ne fait que nuire à ceux qui l'entourent."
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A la lumière du jour, Victor pouvait voir maintenant à quel point cet homme était maigre et chenu. Ses traits n'exprimaient ni bienveillance ni sympathie, ils étaient fermés comme ceux de quelqu'un qui se tient sur la défensive, n'ayant visiblement eu d'amour des années durant que pour sa propre personne. Ses bras flottaient dans les manches de sa redingote, d'où émergeait vers le haut un cou tout rouge et tout plissé.
Il avait les tempes creuses, et sa chevelure, qu'on n'aurait pu dire vraiment grise, mais seulement poivre et sel, était tout autour en broussaille : aucune main tendre ne l'avait jamais caressée.
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[...] ignorant qu'elle avait elle-même une de ces âmes bonnes, simples et grandes qui sans y manquer font le bien comme l'eau descend des pentes ; sans doute supposait-elle que c'était là un bien commun qu'elle partageait avec tous les hommes.

[Adalbert STIFTER, "Der Hagestolz" / "L'homme sans postérité" ou "Le vieux garçon", 1844 — traduit de l'allemand (Autriche) par Georges-Arthur Goldschmidt, 1975, éditions Phébus (Paris), coll. "libretto", page 144]
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Vidéo de Adalbert Stifter
Adalbert Stifter - der Film "Adalbert Stifter" ist ein Unterrichtsfilm im Auftrag des BildungsMedienZentrums (Bimez) des Landes OÖ für den Einsatz in österreichischen Pflichtschulen. Darsteller: Karl Glaser (Adalbert Stifter), Daniela Wagner (Journalistin), Matthias Märzendorfer (Adalbert mit zwölf) u.v.a.
Comenius Edu-Media-Preis 2005 der GPI (Gesellschaft für Pädagogik und Information e.V.)
"Adalbert Stifter - der Film" is an educational filmon behalf of the BildungsMedienZentrum of Upper Austria. Cast: Karl Glaser (Adalbert Stifter), Daniela Wagner (journalist), Matthias Märzendorfer (Adalbert at the age of 12).
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