Gorki est l'épigone de ses illustres aînés, je m'ennuie à le lire, la médiocrité de sa pensée est affligeante, et à vrai dire, j'ai du mal à me faire un avis sur cet homme qui me paraît un rien prétentieux ou du moins changeant. Certes on le rencontre à faire le bien, à obtenir des passe-droits pour ses pairs malmenés au temps des bolcheviks, à assurer la promotion de ses frères artistes étant lui-même plus ou moins dans les papiers de Staline et ayant des responsabilités dans ce régime
Jules Legras, critique sévère mais pénétrant dit de lui que "son style a charmé à ses débuts , en partie grâce à ses défauts qui plaisaient au grand public ; en peu d'années on s'est lassé de sa manière. C'est un écrivain qui a survécu à sa réputation."
Alors l'oeuvre ici vaut néanmoins par ses anecdotes, ses témoignages, ses rancoeurs. Il raconte dans ses souvenirs que
Lénine donnait de Tolstoï l'appréciation suivante :
-Quel colosse n'est-ce-pas ? Quel géant cet homme !
Voyez-vous, très cher, ça c'est un artiste !.. et savez-vous ce qu'il y a encore d'étonnant ? C'est qu'avant ce Comte, il n'y avait pas eu de véritable paysan dans la littérature !
Puis, il me regarda d'un petit oeil froncé et demanda :
-Qui pourrait-on placer à côté de lui en Europe ?
Et il se répondit à lui-même : personne.
Gorki le "vagabond" d'origine modeste cochait les cases pour devenir un bon prolo .. L'anecdote qu'il raconte a toute sa véracité.
Lénine comme bien d'autres était admiratif du génie de Tolstoï, même s'il le discuta bien évidemment sur sa naissance et sa pensée jugée un peu trop longtemps réformiste. On peut dire que si Iasnaïa Poliana a été sauvée des bolcheviks, c'est grâce à
Lénine sans oublier
Sophie Tolstoï qui ne compta pas ses efforts pour sauver le domaine. Rendons grâce à Gorki d'avoir favorisé cela. Ainsi Tolstoï aura traversé les âges, tsariste, bolchevik, sans être foncièrement inquiété. le génie a parfois quelques avantages, privilèges de facto, n'est-ce-pas Monsieur
Lénine !