Peut être suis-je difficile, peut être suis-je parfaitement lucide, toujour est-il que cet Evangile de Satan m'est sérieusement resté sur l'estomac.
Mon but n'est pas de descendre en flamme l'oeuvre d'un auteur qui y a passé un temps impressionnant (il suffit de voir le nombre de petites choses abordées), mais très honnêtement, à quelques exceptions près, j'ai trouvé ce livre-polar d'une platitude exaspérante.
Pour commencer, il s'agit d'un gros pavé de 660 pages: même si ce n'est pas la taille qui compte, il faut bien reconnaître que le contenu est très important. Or, là, l'auteur nous promène à travers l'histoire et les continents avec une facilité qui confine à la légèreté.
Certes, mettre en scène le Vatican, un vieux temple amérindien, des forteresses-monacales, et même le FBI et l'arrière pays américain, cela peut donner une certaine saveur au récit. Chaque cadre est l'occasion de créer une ambiance, et sur ce plan là,
Patrick Graham y arrive très bien. le problème, il surgit lorsqu'il faut faire le lien entre tout cela, et y glisser en plus une histoire sous-jacente se situant au Moyen Âge, en pleine Peste noire, après avoir abordé la Crucifixion et les légendes d'une ethnie amérindienne...
Le divertissement est donc quelque peu gâché par un aspect fouillis qui ne donne franchement pas envie de lire ce livre comme on lit un
Stephen King ou un
Masterton. L'érudition de l'auteur ne sert aucunement son ouvrage, et donne surtout l'impression que celui-ci n'est qu'un prétexte pour multiplier les références culturelles de tous horizons.
Mais admettons-le, lorsque l'on a lu les 600 premières pages et qu'on sent le dénouement (et la délivrance) approcher, on peine à lâcher le pavé.
En ce qui me concerne, et sans rien dévoiler de l'intrigue et de sa conclusion, j'ai été extrêmement déçu par le final. *
Je pensais qu'après L'Evangile de Satan,
Patrick Graham passerait à autre chose, et se lancerait dans une autre grande aventure. Malheureusement, j'ai appris qu'il avait osé écrire une suite,
L'Apocalypse selon Marie.
Très honnêtement, je ne vois pas comment il pourrait renouveller son sujet, après l'avoir usé jusqu'à la corde dans un premier opus mettant en scène des actions sans cesse alourdies par des digressions contemplatives sur
L Histoire des religions...
Ma note de 2/5 est peut être sévère, mais je ne vois pas comment attribuer la moyenne à ce roman certes divertissant, mais sans âme et qui s'oubliera très vite, malgré de très bonnes idées et certains passages vraiment très bons.
Je souhaite néanmoins à ses éventuels lecteurs une agréable lecture! :)
* : [SPOILER léger]
Difficile en effet d'accepter une lecture parfois laborieuse d'un tel livre pour au final se rendre compte que tout, absolument tout ce qui s'est passé, n'a servi... à rien. Rien ne change, malgré les événements terribles qui se déroulent, et on a une impression d'avoir été légèrement pris pour une dinde lorsque l'on s'aperçoit que
Patrick Graham nous réinvente le fameux "mais tout ceci n'était qu'un rêve, et il ne s'est rien passé".
[Fin du SPOILER]