Rock star sinon rien

Qui n'a pas fredonné ou ne s'est pas déhanché sur les notes de « Ça m'énerve » en 2009 ? Un vrai tube signé Eric Greff (alias Helmut Fritz) qui chantait avec un accent allemand copié sur Karl Lagerfeld. Cette année-là, il truste pendant plusieurs semaines la première place du Top Single France avec cette chanson inimitable. Tout avait débuté par une blague postée sur MySpace et qui est devenue rapidement un immense tube, revenu brièvement à l'occasion du premier confinement en mars 2020, pour un remake version COVID-19 : « Paris est désert, ils sont tous à la maison, moi aussi j'ai l'air d'un c**, ça m'énerve »; « Pharmacie, rue de Grenelle, je demande un masque et du gel, mais on vit dans quelle époque parce qu'il y a la rupture de stocks ! Ça m'énerve ! ».

Éric Greff, alias Helmut Fritz, connu en 2009 pour son tube « Ça m'énerve », raconte dans « Rock star sinon rien », sa carrière fulgurante, aux allures de montagne russe. Vendu à 500 000 exemplaires, 11 millions de vues pour son clip sur YouTube, récompensé aux NRJ Music Awards, nommé aux Victoires de la musique, son tube le propulse rapidement sous les projecteurs. À 46 ans, Eric Greff décide, à travers son livre, de mettre un point final au personnage Helmut Fritz.

Eric Greff envisage l'écriture de ce livre autobiographique comme une conclusion à ce personnage qui l'a si longtemps accompagné. le chapitre ultime d'une histoire qui l'a entraîné au-delà de tout ce qu'il aurait pu un jour imaginer. Décortiquant scrupuleusement quinze années de carrière sur 208 pages, il souhaite désormais tourner la page.

Son éditeur, en guise d'amuse-bouche, promet sexe, de l'argent, de la drogue dans une quatrième de couverture un poil exagérée. On en est loin mais reste tout de même que la rançon de la gloire aura été difficile à gérer pour l'artiste. Au fil des restos et des clubs de nuit inlassablement écumés, Eric Greff s'égare et sombre dans l'alcool.

Cette désillusion face au monde de la musique n'étonnera personne tant sa cruauté est désormais connue du grand public, mais à l'heure des réseaux sociaux et du buzz permanent, le lecteur se passionne à lire « la vie d'après » d'un personnage ultra-médiatisé, qui connait un succès fulgurant avant de retomber dans l'oubli tout aussi rapidement. Ils doivent être nombreux à avoir vécu et ressenti ce qu'Eric Greff nous décrit ici avec une grande lucidité et beaucoup de recul.

La partie la plus intéressante est celle consacrée à la création de son personnage, Helmut Fritz, parodie du couturier Karl Lagarfeld version DJ. Et c'est un carton aussi fulgurant que monumental : télés à gogo, tournée internationale et succès commercial. Pourtant Éric Greff revenait de loin. Trois ans auparavant, il venait de plaquer un poste de cadre commercial chez BMW grassement rétribué pour tenter de percer dans la musique. Les galères s'enchainent avant que le coup de poker « Ça m'énerve » porte ses fruits.

Un point final tout en élégance et en sobriété à ce personnage haut en couleur. Helmut Fritz réussi sa sortie aussi brillamment que son entrée médiatique (en même temps, il faut bien avouer qu'il avait tout d'un personnage de roman). Une introspection personnelle littéraire… mais aussi et surtout en musique : pour la lecture, prévoyez votre plateforme de streaming de musique près de vous !

- Lu dans le cadre de l'opération Masse Littéraire de Février 2022, merci aux équipes Babelio -
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Cadre commercial, il rêve de musique et de gloire. Malgré ses efforts, rien ne fonctionne. Pourtant, il va tout plaquer pour poursuivre son rêve. Alors il crée un personnage, un Allemand méprisant et engoncé dans un costume à paillettes, version burlesque d'un Karl Lagerfiled de la musique qui crache son énervement dans un micro: Helmut Fritz squatte les ondes avec son "ça m'énerve". L'ascension est fulgurante, la foule en délire, les clubs, l'argent, l'alcool, les récompenses. Mais aussi, les choses qui lui échappe: un produit qu'on presse, qu'on exploite, qui le dévore. Un gros délire, efficace certes, mais assez loin des rêves musicaux et artistiques qu'il avait. le doute et les angoisses se développent: Helmut est en train de dévorer Eric. Et puis, très vite, le public va se désintéresser d'Helmut Fritz. Et Eric sombre.

J'ai abordé Eric Greff au salon du livre de Saint Raphaël parce qu'il avait posé un panneau "Prix Goncourt 2023". Je suis restée quand j'ai pris conscience de qui j'avais en face de moi. Je me suis longtemps gargarisée d'avoir rencontré Helmut Fritz et acheté son autobiographie. Et au fur et à mesure de ma lecture, j'ai appris à remplacer le nom d'Helmut par celui d'Eric.
Dans ce témoignage, on retrouve tout l'humour déjanté du personnage d'Helmut Fritz bien sûr. C'est cinglant, c'est sarcastique. Les coulisses de la création d'Helmut Fritz sont d'ailleurs très instructives, entre hommage à la construction minutieuse d'un personnage artificiel et contrôlé et gros doigt d'honneur à l'industrie musicale. le côté "behind the scene" fait toujours son petit effet et on est ravis de découvrir qui et quels mécanismes se cachent derrière ce projet artistique.
Mais très vite, le ton est bien plus amer. Dès le départ, on comprend que le projet de base n'était pas celui-là. Ce que veut Eric, c'est proposer sa musique, un vrai message, poser sa véritable voix. Ce désir revient comme un leitmotiv, toujours, et toujours, Helmut le rattrappe. J'ai un souvenir particulièrement vif de cette scène où, devant l'échec de ses projets artistiques, Eric doit accepter des petits boulots où il croise ses anciens collègues commerciaux, et dans laquelle son ego ainsi mis à mal va le pousser à créer Helmut. Ce livre, c'est aussi la lutte pour échapper à son doppleganger, son double maléfique qui l'entraîne dans une industrie destructrice pour mieux le laisser s'écraser au sol ensuite.
Les coulisses de l'industrie musicale sont un autre objet de ce livre, qui règle un certain nombre de comptes. On découvre le fonctionnement des radios, la manière dont elles font et défont les carrières et dont elles choisissent ce qu'elles passent sur leurs ondes. La concurrence entre les producteurs, les maisons de disques, et même des artistes au sein d'une même maison, était clairement la découverte d'un univers auquel je ne connaissais rien. Là encore, c'est particulièrement instructif et fascinant. Et glauque.
Enfin, et non des moindres, à la fin de ma lecture, j'ai eu envie de suivre Eric. J'ai été ravie de savoir qu'il avait créé un autre personnage musical, plus authentique, un autre projet avec des vrais textes. Je suis allée les écouter. J'ai eu envie de le soutenir, de le suivre. Dans ma tête, en tout cas, la renaissance d'Eric a eu lieu. Que ça soit le cas dans la tête de tout le monde, c'est tout le mal que je lui souhaite.
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Lorsque des radios décident de matraquer des chansons pour les faire monter dans les tops, il est souvent difficile d'y échapper, quelle que soit la qualité du morceau. Par exemple, vous vous souvenez peut-être de ce morceau atypique durant l'été 2009, "Ça m'énerve" interprété par un certain Helmut Fritz, qui va devenir numéro 1 et même connaître une carrière internationale. C'est l'histoire de ce tube, et surtout la trajectoire de son interprète que raconte "Rock Star sinon rien", et c'est plutôt édifiant...
Le narrateur se rêvait chanteur pop mais végétait comme cadre commercial chez BMW, aussi décida-t-il un beau jour de tout balancer aux orties et de tenter sa chance. À lui les années de galère, jusqu'à ce qu'en mode "dernière chance" il balance ce titre improbable assorti d'un personnage largement inspiré de Karl Lagerfeld, accent inclus. Et là, c'est le jackpot, inattendu. le gros lot dont rêvent tous les artistes ? Plutôt le début d'une descente aux enfers.
Eric Greff dévoile les coulisses de la machine, de la conception à la consécration en passant par les passages dans les médias. On ne sera pas très surpris par la superficialité et le cynisme d'un milieu qui jette aussi vite qu'il fabrique. Avec un chouille d'amertume, beaucoup d'humour et pas mal de vulgarité assumée aussi, il raconte des anecdotes cocasses (celles racontant des duos improbables sont justes fabuleuses) et un éclairage différent sur l'industrie musicale, la difficulté de se débarrasser d'un personnage fabriqué de toutes pièces et d'une étiquette devenue très encombrante. Pas forcément de gagnant dans ce combat entre Helmut et Eric, puisqu'après avoir terminé le livre on ira ré/écouter... les deux !

Rock star sinon rien, c'est la biographie d'Éric Greff. Quoi ! Vous ne connaissez pas ?
Et, si je vous dis Helmut Fritz, Ça m'énerve le tube de 2009.
Oui, oui c'est lui. Bon, j'avoue à moins d'être féru en musique, la carrière d'Helmut Fritz n'est pas des plus marquantes.
Et bien figurez-vous ce gars avant il était commercial chez BMW et un jour il plaque tout pour vivre son rêve : devenir la nouvelle rock star.
Et vous imaginez bien écrire un tube, ne fait pas de vous le nouveau Johnny ou Mickaël. Donc la chute est douloureuse.
Avec une écriture incisive, un ton sarcastique, parfois vulgaire, Eric Greff, nous montre l'envers du décor du monde de la musique, l'histoire d'un tube, un succès planétaire et la vie d'après. Des chapitres courts, il va à l'essentiel, tout en nous expliquant le fonctionnement de ce monde à part. C'est simple et concis.
Un livre, qui se lit d'une traite. A mon goût, l'introspection reste superficielle, j'ai ressenti peu de sentiments ou j'ai manqué d'empathie envers la personnalité un peu ou beaucoup schizophrène de l'auteur.
Hormis, le manque d'émotion, j'ai apprécié de découvrir cet univers loin du mien.
Pour la lecture, prévoyez votre plateforme de streaming de musique près de vous !

Merci à Masse critique pour la lecture de ce livre en avant-première.

Alors c'est l'histoire d'un mec qui décide de tout plaquer pour vivre sa passion pour la musique à 300%, avec évidemment les aléas et déconvenues que vous imaginez.
De commercial à BMW il "dégringole" à vendeur ou conducteur de voiturette dans des salons, jusqu'au moment où il signe enfin un tube! S'enchaîne ensuite la vie de star éphémère de la radio, entre alcool, animation de soirées en boîtes de nuit, la folie de la vie superficielle de la nuit suivie du grand rien.
Ce livre se laisse lire facilement, dévoile pour ceux qui ne les connaissent pas, la superficialité de ce milieu, les dessous totalement biaisés de la construction des tubes, l'importance les équipes d'attachés de presse et influenceurs qui feront de vous ou non une star. Malheureusement ça reste superficiel, comme le milieu musical de la pop, et parfois un peu vulgaire ses remarques graveleuses sur ses érections à répétitions n'apportent pas grand chose au livre , cette confession "hilarante et engagée" (cf 4eme de couv) m'a parue bien fade et convenue.
Je ne connaissais aucun des "cartons" radio de Eric Greff (et pour cause je n'écoute aucune des radios sur lesquelles il est passé) et je n'ai rien loupé. le titre d'ailleurs aurait dû être "pop star sinon rien" car sa musique n'a rien à voir avec le rock !
Merci aux éditions Anne Carrière et Babelio pour l'envoie du Livre / Masse critique