Avec sa belle couverture, "
L'apogée" promettait d'ironiser sur le passage du cap de la soixantaine à travers l'organisation d'une fête d'anniversaire prenant forcément la forme d'un bilan de vie. C'est ce qui m'a fait choisir ce titre dans une masse critique et je remercie Babelio et les éditions Novice de me l'avoir envoyé.
Même si cette étape est assez loin de mes préoccupations, j'étais curieuse de suivre les valses hésitations et petits arrangements du narrateur avec son histoire personnelle.
Mais voilà, on sent rapidement que cette histoire de fête est fortement autobiographique. Et que
Pascal Grégoire est trop attaché à son double de papier pour vraiment faire mouche.
Entre les petites considérations parisiennes (déménager boulevard Haussman ou dans le Marais ?), anglicismes inutiles (pour faire jeune ?), égocentrisme époustouflant en temps de covid (c'est mon anniversaire, tant pis pour les clusters) et épilogue moralisateur, je ne m'y suis pas retrouvée.
Je m'attendais à un brin de recul, d'humour voire de sagesse ; au minimum une sorte de mélancolie face au temps qui passe. Or, le récit ne s'élève jamais au dessus des petits tracas propres à l'organisation d'une fête. Point tellement de bilan de vie ni de remise en cause d'une génération qui aura profité du progrès sans avoir à en assumer les conséquences. Juste de courts souvenirs associés à des invités, généralement pour mettre en valeur la réussite professionnelle et les qualités de notre "héros".
Que dire de la conclusion à part qu'elle est franchement limite ?
"Tout le combat d'une vie se juge à notre capacité à rester à
l'apogée de ce que nous sommes, résister, ne pas s'arrêter de vivre, fuir la retraite." Considération très autocentrée d'une personne favorisée : pas sûre qu'un ouvrier ayant fait les trois huit toute sa vie ait la même vision.
Quid des malades ? Selon l'auteur, il suffit de les empêcher de se plaindre et de raconter leurs traitements. Pour l'empathie, on repassera.
Une dernière citation pour conclure : "Courir, réfléchir, écrire, rire, ces verbes en -ire sont les meilleurs antioxydants pour lutter contre le temps qui passe." Ouf, le verbe "mourir" n'entre pas dans cette catégorie... Si ?