Il est vrai qu'un phénomène nouveau se fait jour : avec le pressentiment de la défaite - car l'égalité constitue une défaite aux yeux des hommes - on assiste à un sursaut angoissé devant la perte de l'identité virile telle qu'elle était constituée jusqu'alors. Une identité aussi sécurisante qu'un cocon, que l'utérus maternel et qui leur garantissait de droit divin, comme le trône aux rois de France depuis la fin du Moyen Age, et quels que soient les accidents de la vie ou leur médiocrité personnelle, qu'ils étaient du bon côté du manche et que la gloire de Victor Hugo, le génie de Mozart ou d'Einstein rejaillissait sur chacun d'eux.
(...) hommes de guerre, hommes politiques, hommes intelligents ou imbéciles, ils se retrouvaient au moins d'accord sur un point : la nécessité d'un mépris absolu et sans faille du féminin. S'étant réservé le savoir et le pouvoir, et donc le prestige et l'autorité, partout regroupés en communautés exclusivement masculines, se confortant les unes les autres dans la piètre opinion qu'il fallait avoir du sexe faible la nécessité de le maintenir enfermé, c'est en toute bonne conscience et avec une allègre détermination qu'ils allaient construire pierre à pierre l'édifice de leur suprématie, solidement étayé par cette misogynie foncière qui est le pilier de toute société patriarcale. Un système si parfaitement cohérent et qui perdure depuis si longtemps qu'il en paraît légitime et dicté par la Nature. Il n'a même pas eu besoin de violence pour s'imposer, ou si peu... La dépréciation systématique de l'Autre a suffi. Mais la violence a toujours été là, en réserve, embusquée derrière le paternalisme, masquée par la relation amoureuse et toujours menaçante à travers les lois, les codes religieux ou la morale particulière réservée aux femmes, et hors de laquelle il n'était pas de salut pour elles.
Il n'existe pas de misogynie charmante ou bénigne, pas plus que de racisme charmant ou sans danger. Et il faudra bien un jour que les hommes prennent conscience que le destin des femmes est aussi leur destin, et le bonheur des femmes, finalement, leur bonheur.
“Notre amitié était allée au-delà des mots et des cases” se remémore Catel, l'invitée de cet épisode, lorsqu'elle évoque sa relation avec Benoîte Groult, dont elle a retranscrit la vie dans sa bande dessinée Ainsi Soit Benoîte Groult (Grasset).
Catel nous a reçu dans son atelier parisien pour raconter les prémices de cette bande dessinée sur Benoîte Groult, icône féministe qui s'est battue toute sa vie en faveur des droits des femmes.
C'était la première fois que la scénariste de bande dessinée spécialisée dans les biographies, racontait l'histoire d'une personnalité toujours en vie. Une mission qui s'est avérée périlleuse pour Catel, qui a dû lutter contre les quelques réticences de la femme de lettres à l'égard du 9ème art…
L'histoire de Catel a été recueillie au micro de Camille Bichler.
Ce podcast a été produit par Johanna Bondoux pour le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême et parrainé par l'Institut René Goscinny (https://www.institut-goscinny.org/).
Montage et Mixage : Adrien Leblond
Assistante de production : Morgane Mabit
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