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Yvonne Besson (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070752409
182 pages
Gallimard (13/01/1999)
3.78/5   9 notes
Résumé :

" Les hommes ne sont pas toujours aussi mauvais... et ceux-là mêmes qui par délassement sont capables de saouler un chien peuvent aussi finir par vous donner la paire de bons souliers dont vous aviez si grand besoin ! " dit le narrateur en déchaussant le juge pendu qui, cinq ans plus tôt, l'a injustement condamné à la prison dont il vient de s'évader cette nuit de Noël. Marchant sous la neige, la première ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici une longue nouvelle ou un court roman de Louis Guilloux qui me fait penser très fort à Dostoïevski. Il s'ouvre, la nuit de Noël, sur la scène de l'évasion de prison du narrateur, agressant le gardien-chef qu'il tient pour mort : un geste violent qui n'incite pas à éveiller l'empathie du lecteur. Pourtant d'emblée, et sur fond des bouleversements éthiques produits pas l'Occupation, on commence à se demander qui, du truand ou du détenteur du pouvoir légitime, est le véritable salaud. Dans sa cavale, le protagoniste fait différentes rencontres : en particulier, pendu à un arbre dans un bois, celle du juge d'instruction qui n'a pas cru à son innocence et a requis sa condamnation. Il lui retire ses chaussures pour continuer sa marche dans la neige. En parallèle avec ce récit, le fugitif fait resurgir de sa mémoire les circonstances du crime qui a provoqué son emprisonnement, le lendemain de la Libération. Bien que cette autre narration soit caractérisée par l'ellipse et la fragmentation de souvenirs évoqués au compte-gouttes au fil d'associations mentales impromptues, elle entretient et développe la problématique du renversement des valeurs morales en temps de guerre : finalement le protagoniste apparaît sous les traits sinon d'un héros, de la victime d'une série de malheureuses coïncidences, d'une intrigue amoureuse et de sentiments complexes, mais très certainement d'un innocent, alors que le procureur suicidé était une authentique crapule et les deux personnages féminins ne ressortent pas grandies d'avoir abandonné le condamné...
Enfin, le point fort du récit de la fugue consiste dans la rencontre avec Grégoire Cantin, personnage très attachant d'un anarchiste poitrinaire, ancien égoutier qui vit en ermite dans un « gourbi » souterrain à la croisée des quatre créneaux transversaux d'une ancienne fortification militaire qui constituent son principal point d'observation du monde extérieur.
La fin ouverte et quelque peu abrupte du récit a fait penser à la postfacière Yvonne Besson que Labyrinthe constituait la première partie d'un grand roman qui aurait dû s'intituler La Délivrance, sur lequel Guilloux aurait travaillé en 1950-51, partie qu'il aurait fait paraître après avoir renoncé à terminer le roman, dont 256 pages auraient cependant été écrites, conservées dans les archives déposées à la bibliothèque de Saint-Brieuc qui ne sont pas encore accessibles. Ces années où l'auteur s'était écarté de l'écriture autobiographiques seraient marquées par une certaine quête spirituelle dans laquelle s'inscrirait donc logiquement cette problématique de la culpabilité et peut-être de l'impossibilité de la foi.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le pavé était sec comme du bois, les portes des maisons que du bout des doigts je frôlais au passage encore tièdes et dans cette ville inconnue, à cette heure-là déserte, je marchais avec l'assurance absolue de ne pas me tromper de chemin. J'étais, soudain, dans un de ces moments privilégiés où l'on se sent invulnérable et pour ainsi dire exempt de la mort, capable d'atteindre à tous les possibles, par la seule force et la plénitude de la vie que l'on porte en soi. Ce n'était pas du tout un sentiment d'exaltation, je savais à quoi m'en tenir, et, bien que je fusse dans un instant de bonheur, ce n'était pas, non plus, ce qu'il est convenu d'appeler de la joie, mais bien autre chose de plus difficile à nommer, issu du sentiment retrouvé d'une connaissance originelle, d'une liberté totale ou pour mieux dire d'une autonomie que rien ne pourrait jamais entamer ni personne. J'étais bien moi-même et bien entier. Je me sentais comme au commencement des choses, dans une sorte d'émerveillement tranquille et de puissance, mais aussi de tendresse à l'égard du monde.
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2. « Une si grande perfection dans le malheur m'émerveillait, en quelque sorte, et je n'avais plus de recours que le sentiment même de l'excès. On parle parfois d'écroulement : c'en était bien un en effet. Tout, pour moi, roulait d'un coup à l'abîme et je voyais qu'ici il me faudrait un autre courage, peut-être inutile d'ailleurs, que celui qu'il m'avait fallu avoir dans la guerre proprement dite, en 40, dans la captivité et dans l'évasion et, ensuite, dans la lutte clandestine. Les choses n'étaient plus du tout les mêmes, j'étais seul, dans un combat obscur, nu et déjà réprouvé, pas cru, sous les verrous, sans Thérèse, et retranché des hommes pour lesquels j'avais combattu – et combattu avec une certaine persévérance, c'est le moins que je puisse m'accorder à moi-même – en vue de quelque chose avec quoi je n'avais jamais composé, que nous appelions la dignité et la noblesse humaines. Mais, je le sentais, j'allais bientôt cesser d'y croire. » (pp. 153-154)
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1. « Aussitôt cependant que j'eus dit que M. Renaud croyait en Dieu, il se passa une telle chose que j'en oubliai tout le reste. En effet, je vis les traits de Grégoire Cantin se décomposer et le rictus de chien reparaître. Son visage devint violet. Il étouffait pour de bon. Il serrait les poings. Enfin, dans une grande explosion qui ranima en moi un autre souvenir, celui de l'air et de la voix qu'il avait eus en criant – ou en voulant crier – que c'est toujours la guerre, il parvint enfin à crier :
"Personne ne croit en Dieu !..."
Et, aussitôt, il eut une horrible crise. Mais, cette fois, malgré la crise il voulait continuer à parler, à répéter que personne ne croyait et n'avait jamais cru en Dieu... Du moins est-ce là ce que je parvins à comprendre, dans l'horrible déchiquètement de paroles qui traversaient ses hoquets. Je m'étais levé, ne sachant que faire pour lui venir en aide, il me repoussait du geste... » (p. 141)
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Vidéo de Louis Guilloux
Une île : Maurice. Quatre personnages : un oncle et sa nièce, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance. Une journée où tout va exploser : la cité, les haines et les colères, peut-être l'île aussi. Enfin, d'étranges animaux qui attendent que les humains finissent de se détruire pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d'action ; le compte à rebours est lancé, la tragédie peut commencer. Dans ce roman impossible à lâcher, tout à la fois drame social, fable contemporaine et méditation sur l'avenir de notre humanité divisée, Ananda Devi lie le destin de quatre anti-héros qui, sans le vouloir, vont allumer la mèche d'une révolte impossible à arrêter. Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, elle nous plonge dans le chaos des hommes, met à nu nos travers et nos fautes, et interroge la possibilité d'une rédemption rêvée. On ne sort pas indemne d'un livre si puissant. Mais on en sort réveillés.
Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est née à l'île Maurice. Auteur reconnue, couronnée par le prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises en 2014, elle a publié des recueils de poèmes, des nouvelles et des romans, notamment "Ève de ses décombres" (Gallimard, 2006, prix des Cinq Continents, prix RFO), "Le sari vert" (Gallimard, 2009, prix Louis Guilloux), et "Le rire des déesses" (Grasset, 2021, prix Femina des lycéens).
En savoir plus : https://bityl.co/Jcds
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