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Marie Laureillard-Wendland (Traducteur)
EAN : 9782843044304
142 pages
Zulma (11/10/2007)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Taiwan, années cinquante. Atteint de tuberculose, hanté par les souvenirs de la guerre et les bombardements américains, Tiemin est soigné avec un grand dévouement par Wenhui, sa jeune épouse. Une fois guéri, il se voit impliqué dans une tempête politique dont il tient sa femme à l'écart. Une insidieuse angoisse s'installe, qui vient s'immiscer dans leur relation. La conjonction fatale de la maladie, de l'engagement politique et de la jalousie les pousse alors aux im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'avais choisi ce petit livre pour Noël, un livre à déguster entre deux chocolats. Sans trop savoir à quoi m'attendre, attirée par la couverture emplie de ronds blancs tels des flocons de neige ou des éclats de lumière. Attirée par le titre aussi. Récit de lune m'évoque un récit mâtiné d'ombres, de reflets de nacre, d'obscurité luminescente…Il est bon, parfois, de ne rien savoir et d'avoir foi en un choix hasardeux guidé juste par un titre, une image, une bonne maison d'édition, Zulma ici en l'occurrence.
Hier soir me voilà à l'ouvrir, juste pour découvrir l'incipit. Et je l'ai reposé deux heures plus tard, le coeur gros, émerveillée par la plume de cet auteur taïwanais qui m'est totalement inconnu. Ce livre est délicat, superbement écrit et surtout comporte une tension dramatique telle que je n'ai pas pu le poser sans connaitre la fin.

Taïwan, années cinquante. Atteint de tuberculose, hanté par les souvenirs de la guerre et les bombardements américains, Tiemin est soigné avec un dévouement extrême par sa jeune épouse Wenhui. Celle-ci s'oublie complètement et se sacrifie afin que son mari, qu'elle connait encore si peu comprend-t-on, retrouve la santé et avec elle les perspectives d'un bonheur conjugal. Tellement de soldats ont péri que la maladie de Tiemin a beau être grave, elle lui permet de rester chez lui jusqu'à la fin de la guerre sans retourner au front. Quoi de plus réconfortant ? Elle est prête à affronter tous les tourments du monde pour le soigner. Peu à peu cependant, alors que tarde la guérison, cette vie de garde-malade va entacher son optimisme béat de jeune fille.

« Au-dessus d'elle surgirent les étoiles qui, une à une, s'accrochèrent au ciel lisse. Dehors elle aspira à longs traits la fraicheur de l'air. Cependant son corps las, plein de courbatures, avait peine à recouvrer sa vigueur après une dure journée de rude besogne – non, pas seulement la journée : la sensation d'épuisement ne la quittait plus ».

Grâce à ses efforts incessants et avec l'aide du docteur Cai, il finit par guérir. Peu à peu les conversations avec ce docteur érudit et passionné vont l'animer (notamment au sujet de Tolstoï dont il y a de magnifiques évocations dans le livre), peu à peu les sorties de pêche avec Wenhui vont le sortir de sa léthargie. Il pose sur sa jeune épouse un regard nouveau, un regard empli de gratitude et de sensualité. Ce regard subreptice est magnifique et offre aux lecteurs des tableaux sensuels et champêtres de toute beauté. le bonheur est là, frémissant, fragile cependant dans ce retour à une normalité et à une intimité qu'ils n'ont jamais partagées.

« Sa chevelure lavée de frais, souple et épaisse, ondulait doucement, comme si elle racontait une histoire. Tiemin s'approchait d'elle par derrière et la prit par la taille. Pourtant il se sentait un peu embarrassé. Depuis sa maladie, il était devenu encore plus réservé qu'auparavant. En réalité il s'était contraint à l'enlacer. Il était impossible que son geste un peu brusque n'ai pas été induit par quelque attirance physique, mais au contact de son corps, le désir fit aussitôt place à un autre sentiment".

Avec le début des relations sociales nouées grâce aux invitations du docteur Cai, il se voit peu à peu impliqué dans une tempête politique dont il tient sa femme totalement à l'écart. Passive, se dévalorisant, complètement isolée, juste bonne à l'entretien de cette maison devenue cage, une insidieuse angoisse s'installe. Cette situation d'incompréhension, d'injustice ressentie et de jalousie enfouie va la pousser à faire une chose dont les conséquences vont la dépasser totalement.

La fin est aigre, amère, terrible…telles des gouttes de citron jetées en pluie sur une plaie ouverte…

Guo Songfen est un des grands nouvellistes taïwanais contemporains. En raison de ses opinions politiques, il s'est exilé dans les années 60 aux Etats-Unis. Traduit pour la première fois en français en 2007 avec ce livre, nous découvrons une plume raffinée, poétique, l'art de poser une ambiance d'une saveur douce-amère. Un récit dans lequel la guerre et la situation politique sont très présentes, sans que cela viennent ternir, affaiblir, l'histoire de Wenhui et de Tiemin qui reste le drame principal de cette pièce.

J'ai été littéralement émerveillée par la poésie de cet écrivain…oui, quelle délicatesse dans son écriture… même la tuberculose se pare d'une certaine poésie : « Durant tout le trajet en train, Wenhui avait tenu le mouchoir ensanglanté serré dans sa main. Les tâches écarlates avaient déjà pâli, on eût dit des pétales de fleurs fanées à la lumière du jour ».
La poésie se veut pudeur et délicatesse. Il ne s'agit pas de pétrir à l'excès le texte de bons sentiments, non, les choses sont dites, le sang est dévoilé, il s'agit de les narrer avec beauté, un peu de recul. Dire l'horreur avec élégance.
La poésie de Guo Songfen est également là pour porter la beauté à son incandescence … « Ce jour-là, Madame Yang était vêtue d'une robe bleu délavé aux reflets mauves. Lorsque, depuis la ruelle ensoleillée, elle pénétra à l'intérieur, ce fut comme si un lac s'étalait dans le vestibule »…

Pour clore cette critique, un portrait de Wenhui que je trouve si beau, voyez donc :

« La flamme ondoyait sous le vent du soir, éclairant son corps de sa lueur vacillante. Sa robe de style occidental était fermée sur le devant par une rangée de petits boutons ronds constitués de coquillages argentés aux reflets mauves, qui scintillaient devant ses yeux à la clarté de la bougie. Ce corps d'ordinaire vêtu d'étoffes fleuries lui apparut ce soir-là paré d'un charme insolite. Devant ce vêtement qui se soulevait et s'abaissait à chaque respiration, il songea à l'étang de la montagne derrière la maison, sur lequel les lotus aux tiges frémissantes dressées vers le ciel portaient des boutons sur le point d'éclore ».

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Ce court récit a pour toile de fond la situation politique de Taïwan dans les années 40 et 50. Je ne sais pas pourquoi il porte ce titre mais l'atmosphère y est en effet un peu lunaire et flottante.

L'ambiance est clairement douce-amère. Douce au début quand on suit la vie intérieure d'une jeune femme qui consacre son existence à son mari malade. Malgré le travail dur et incessant que cela représente, elle le vit comme son devoir et non comme un sacrifice. Bien sûr, la maladie a mis fin à tous ses rêves de jeune mariée mais elle a encore des espoirs pour le futur.

Et puis l'amertume gagne du terrain. Tous ses espoirs sont écrasés par l'attitude fuyante de son mari qui, une fois guéri, ne fait que s'éloigner de plus en plus de sa femme pour s'engager dans l'action politique. Il renaît alors qu'elle dépérit. Il y a une forme de passivité et de dévalorisation assez étranges chez cette femme. Elle est là où elle croit devoir être et ne bouge pas de cette place même quand elle est malheureuse et qu'elle a renoncé à tout. Elle semble avoir perdu son identité quand il n'a plus été nécessaire qu'elle soit l'infirmière de son mari. Elle paraît incapable de rebondir ou de se révolter et semble paralysée. Par dépit, par jalousie, elle finit par faire une petite action. Une petite leçon pour son mari, un petit cri pour exister et être considérée. Les conséquences vont totalement la dépasser et la laisser incrédule. Quelle ironie après tant de passivité.

C'est la description de cette femme et de cette ambiance qui fait le petit charme de ce roman. Je ne vais en garder un souvenir précis mais c'est une découverte de la littérature taïwanaise et une lecture agréable.
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Un roman court qui m'a charmé par son style et son sujet. Dans ce petit livre, vous allez découvrir la tragique histoire d'amour de Tiemin et Wenhui. L'histoire se passe à Taïwan, dans les années 50, où la population peine à se remettre de la guerre et des terribles bombardements américains sur l'île. Tiemin est un jeune homme atteint de tuberculose qui passe sa vie, cloué au lit. Sa jeune épouse, la dévouée Wenhui, reste à ses côtés. C'est elle la narratrice du récit, ses pensées, ses souvenirs et la narration de leur quotidien s'entremêlent sans transition, ce qui donne un style très particulier au roman. On sent que Wenhui aime Tiemin, mais qu'elle n'imaginait pas sa vie de jeune épouse ainsi, et elle se sent tout aussi condamnée que lui. Pourtant Tiemin guérit petit à petit et le couple connaît une nouvelle dynamique. Mais le poison de l'angoisse et de la jalousie s'insère rapidement en Wenhui, les menant tous les deux à une fin tragique.
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Récit de lune de Guo SONGFEN
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, Wenhui épouse Tiemin bien que celui ci souffre de tuberculose. La jeune femme devient son infirmière protectrice et dévouée.
Une fois guéri, il fréquente Madame Yang et progressivement passe de plus en plus de temps avec elle, délaissant sa femme et reprenant le cours de sa vie sans s'en préoccuper. Wenhui va découvrir très tardivement ses engagements politiques dans la situation taïwanaise particulière des années 50, pays déchiré entre la colonisation japonaise et le communisme chinois, et qui mettent en danger le couple dans tous les sens du terme.
Un court roman au récit poétique dans lequel une histoire d'amour somme toute banale se transforme au fil des pages...
Une histoire de couple à l'image de leur pays, mal en point, exsangue et angoissé
Une écriture raffinée, des réflexions fines de la légèreté à la gravité
Ce livre offre une belle soirée de lecture.
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J'ai aimé ce roman taïwanais, une première pour moi ! J'ai aimé le fait qu'il aborde des thèmes très différents : la maladie de celui qu'on aime, le sacrifice imposé alors, les relations amoureuses, l'engagement politique
J'ai également beaucoup apprécié l'ambiance du roman, que je ne saurais décrire. J'ai ressenti beaucoup d'empathie pour le personnage féminin.

C'est un roman qui ne me laissera je pense qu'un souvenir vague, cependant je le conseille !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ancun doute, c'était lui. Pourtant, cette vision si lointaine et fugitive s'évanouit très vite. Elle n'avait pas eu le temps de le distinguer clairement, elle avait seulement entrevu dans le camion, sa chevelure épaisse et rebelle soulevée par le vent, puis il disparut Tiemin! Elle eut envie de crier son nom très fort, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle l'avait seulement appelé timidement, au fond d'elle-même. Le soleil monta lentement au dessus de leurs têtes et sécha ses yeux humides et ses lèvres.
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Le vent se leva. Il souleva les bandes de tissu blanc accrochées à la corde, dispersa la fumée bleue de l'encens. Avant la guerre, un même vent avait soufflé sur leurs visages, tandis qu'ils mangeaient tous deux de la barbe à papa à proximité du cirque. La monnaie de papier non encore consumée voltigea alentour, une odeur de brûlé lui irrita la gorge et la fit tousser.
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Sans en avoir pleinement conscience, elle avait été peu à peu mise à l'écart, elle ne parvenait plus à placer un mot ici ou là. Une fois, elle n'eut même pas envie de s'assoir et songea à abandonner Tiemin pour aller voir sa mère à Dadaoching.
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