"L'amour, c'est aussi apporter des soins. le jardinier est un amoureux. " P. 105
Quel étrange petit ouvrage, quasi indéfinissable. Dès l'introduction on croise
Roland Barthes et Schubert, qui annoncent l'éclectisme qui va suivre. Dans la première partie l'auteur tente de cerner, définir, expliciter tout ce qu'en lui éveille la pratique du jardinage. On passe de
Novalis à Heidegger, de Schubert à
Kant, la philosophie faisant subitement place à la poésie dans une association d'idée pas toujours simple à appréhender. Heureusement le tout est entrecoupé de superbes illustrations, portraits de fleurs, blanches sur fond noir, comme des négatifs de photo. Leurs titres sont donnés en latin, comme sur des planches de botanique, mais il s'agit plutôt là du plaisir qu'a l'auteur à jouer avec les noms et les langues. " En jardinant, j'apprends de nouveaux mots que je n'aurais jamais rencontrés autrement. Souvent, ils me rendent heureux. " P. 93
Il n'y aurait eu que cela j'aurais refermé ce livre un peu dubitative. Mais la seconde partie consiste en un journal qui soudain explicite et donne sens à tout ce qui a précédé. Je regrette juste qu'elle ne soit pas plus importante et mieux mise en valeur. "Dans l'ombre, le caryoptéris bleu est déjà en fleurs, le phlox et la lobélie ont repris leur floraison, la Suzanne-aux-yeux-noirs achève lentement la sienne. Les géraniums rouges semblent se porter bien par ces froides journées d'automne. " P. 92
Tenue par le temps, puisque je m'étais engagée pour cette critique, j'ai lu ce livre relativement rapidement. Je compte maintenant le reprendre comme il le mérite, c'est à dire au rythme des saisons.
Un grand merci aux éditions
Actes Sud grâce auxquelles j'ai découvert cet OLNI (objet littéraire non identifié) dans le cadre de la critique d'un essai. Sans elles je l'aurais sans doute reposé et je serais passée à côté d'un petit mais surprenant et bel ouvrage. Je vais certainement l'offrir à mon tour, à des amoureux de jardinage et de poésie.