Jacques Heers remet les pendules à l'heure sur cette période de l'histoire si mal considéré par notre époque. Il balaie les fausses croyances, les approximations souvent hérités de la littérature ou des premiers livres d'histoire républicains cherchant une période a laquelle s'opposer.
Avec sa méticulosité habituelle, il analyse et compare, ce qui lui permet de dire,que non la culture classique n'avait pas totalement disparu d'Europe, que non la peur de l'an mil n'existait pas. Il tord le coup à beaucoup d'autres sornettes, sans pour autant perdre la réalité de l'époque.
Par contre comme pour tout livre d'histoire, il faut savoir parfois prendre du recul, chercher la sensibilité de l'auteur par exemple. Il apparaît que ce livre est très apprécier de certains milieux extrêmes qui y voit une justification de leurs thèses. le journal « le monde » n'a pas eu des mots tendres pour la radio pour laquelle, il travaille. Il faut donc prendre du recul avec certain point comme la diffusion de la culture par le Nord qui suinte tout au long de l'ouvrage ou encore certains sujets sur les impositions, les effets de la guerre féodale comparés à celles de la renaissance, qui bien que très détaillés et inattaquables laissent sous silence d'autres parties essentielles à la comparaison.
On ne peut retirer à Jacques Heers son immense savoir et son érudition, tout est certainement vrai, mais il faut faire attention et savoir chercher les omissions, les non dits pouvant amener sur un chemin glissant.
Ce livre est absolument nécessaire pour comprendre que l'homme médiéval, la société médiévale, tout ça n'existe pas, et n'a jamais existé. le Moyen Age est une notion strictement négative qui renvoie à une infinie variété de moeurs pendant les mille ans qui ont séparé la civilisation gréco-romaine ("l'Antiquité") de la Renaissance. En historien et en universitaire, Heers a fait un travail extrêmement sérieux et parfaitement justifié. Malheureusement, la présentation du livre laisse à désirer, et la couverture qui fait le trottoir risque de lui faire manquer son public.
Le thème est sans doute très intéressant, touché déjà par d'autres historiens et historiennes, et détaillé tout au long des plusieurs chapitres. Malheureusement le ton agressif de l'auteur est assez dérangeant. Il utilise un lexique très dur et presque offensif envers les courants intellectuelles différentes. Il ne connaît pas des nuances et la lecture risque de devenir répétitive à cause de ce jugement omniprésent. le contenu du livre risque donc d'être endommagé par une attitude qui devrait être plus distante et qui pourrait laisser plus d'autonomie et de réflexion au lecteur.
Je crois qu'il s'adresse à un public pas vraiment académique, mais intéressé par le Moyen-âge (si j'ai encore le droit d'utiliser cette expression).
Mais je ne trouve pas de la place pour un débat constructif, une confrontation, ni une véritable exposition des ressources à confirmer une partie de cette "ideologie" exprimé avec extrémisme
Utile et lisible mais apporte peu de choses au final
Bien souvent nos sociétés intellectuelles s'affichent ouvertement racistes. Non pas au sens où nous l'entendons ordinairement, c'est à dire condamnations ou mépris des civilisations, mœurs ou religions différentes des nôtres, mais par une étonnante propension à mal juger de leur passé.
Accabler le passé de tous les maux et méfaits, l'habiller d'une image noire, permet de se sentir plus à l'aise, plus heureux dans son temps et dans sa peau.
Ce n'est pas simplement une erreur, c'est un mensonge éhonté
Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell