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EAN : 9782841720682
176 pages
L’Atalante (28/02/1998)
3.5/5   3 notes
Résumé :
Enrique Mejia, dit " le Corbeau ", est chauffeur de taxi à Puebla. Sa femme l'a quitté ; sa passion du boléro l'en console bien peu. Au carnaval de Huejotzingo, il assiste à un meurtre, se lie d'amitié avec un peintre et recueille une blonde victime d'une agression. Les " méchants " qui la poursuivent sont à la recherche d'une photo compromettante où James Dean joue de la clarinette... Par l'originalité de la narration, la liberté de ton, l'alliance du noir, de la m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Enrique dit « le Corbeau » pour son pardessus noir qu'il porte continuellement, roule sur la route fédérale 190. Chauffeur de taxi, il se dirige vers Huejotzingo. Ambiance de fête, musique dans les rues, un cirque s'installe sur la place centrale, au milieu des nains sans sa blanche neige, à moins que ça soit cette blonde qui vomit à l'arrière de mon taxi. Je deviens corbeau noir, oiseau de mauvais augure, qui vole sous les étoiles de Puebla, l'esprit ailleurs, le regard perdu sur une lune qu'il ne voit plus…

A Huejotzingo, au milieu des rires et des mariachis, le Corbeau a les yeux tristes, comme dénués de vie. le coeur a ses peines, le mezcal coule dans ses veines. Il erre, courant d'air, et vole dans le noir, ou roule dans son taxi. Au détour d'un tournant, entre un café qui sert de la cerveza fraîche et un autre café qui sert de la cerveza moins fraîche, il assiste à un meurtre. Et là, ça commence à s'embrouiller. Dans son regard, dans sa tête. La blonde gerbe toujours, trop de cerveza, ou trop de peur. Des nains s'engouffrent dedans, le taxi pas la blonde tu me prends pour qui un pervers triste, et je t'ai parlé de cette photo de James Dean jouant de la clarinette ? Et pourquoi il y a ces méchants qui me poursuivent ?

Bref, une histoire de Corbeau, de blonde et de méchants. Une cerveza fraîche, des trompettes mariachis et la blonde qui vomit à l'arrière des taxis. Oui, j'en veux encore, les histoires de vomis, ça m'émeut.
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La course-poursuite échevelée d'un chauffeur de taxi mexicain parmi "bons" et "méchants"...

Auteur mexicain de romans noirs, trop tôt disparu en 2010 à 47 ans, Juan Hernandez Luna était souvent présenté comme le "fils spirituel" de Paco Ignacio Taibo II, qui le mettait d'ailleurs en scène ainsi dans "La bicyclette de Léonard" : "Juan Hernandez Luna arrivera chez moi avec deux kilos de jambon serrano et deux melons achetés à Puebla, sans garantie. Il aura à la main son nouveau livre "Du tabac pour le puma", tout neuf. Juan Hernandez Luna a beau écrire d'excellents romans d'aventures et être un excellent ami, il n'aura pas l'habitude des basketteuses américaines. Trop de centimètres de jambes qui se promènent dans la pièce pour lui". Ceci rappelé par Jean-Marc Laherrère sur son excellent blog (http://actu-du-noir.over-blog.com/).

Dans ce roman de 1994, on assiste à une course échevelée entre le principal protagoniste, chauffeur de taxi à Puebla de son état, et divers personnages hauts en couleur, "gentils" ou "méchants", entrecoupée des "courriers du coeur" adressés par son ex-femme à un grand quotidien...
On regrettera infiniment un auteur qui nous régalait de phrases comme celles-ci :
"Perdu dans la foule, il se permit d'oublier une ville qui ne tenait qu'à des épingles. Un repaire de vampires, d'écrivains de polars, de chevaliers de l'ordre de Christophe Colomb, de spécialistes de la Rome antique, et de tout ce qui était synonyme de solitude. Une ville déserte, fantomatique."
"Le Corbeau entreprit de dessiner un autre petit coeur sur le carreau encore embué. Il n'osait pas la questionner. Anja avait le don de dire ce que les autres aimaient taire."
"Il alluma la radio. La station La Romantica fit entendre une voix endormie qui chantait pour des yeux couleur café aux reflets lumineux. Que seraient-ils devenus en l'absence des boléros ? se demandaient-ils à l'occasion. Elle répondait qu'elle aurait suivi des études d'ingénieur pour bosser dans les mines et les aciéries. Lui aurait intégré le ministère des finances."
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Cher docteur Corazón,

Vous connaissez mieux qu'aucune autre femme les abysses de l'âme et vous allez pouvoir m'aider. J’adresse ma lettre à la rubrique dont vous avez si dignement la charge, car je connais fort bien le ton de confidence des missives qui expriment l'angoisse de ceux sans personne à qui faire part de leurs tourments, comme moi.
Cher docteur, je vis avec un jeune homme. Pedro. Tout allait pour le mieux jusqu'au soir où il m'a obligée à me servir d'un de ces appareils prévus pour la masturbation en arguant du fait qu'à ses yeux c'était une marque d'amour essentielle. J'ai obéi. Ah, docteur, c était horrible, je n'y ai pris aucun plaisir car lui aussi se masturbait en me voyant fourrer l'engin entre mes jambes. Plus tard, je l'ai surpris en train de se masturber devant des revues franchement dégoûtantes. Je n'invente rien, je les ai vues. Docteur, vous me croirez si je vous dis qu'elles m ont excitée à mon tour ? Est-ce que je suis malade ? Est-ce qu'en moi je portais le germe latent de la lubricité ? Je profite actuellement de son absence pour me toucher devant ces photos. L'autre jour, il m'a surprise ainsi. En représailles, il ma forcée à me déshabiller. J'ai obéi. Ensuite il m'a dit d'enfiler un long manteau. J'ai obéi. Rendez-vous compte, docteur, on est partis se promener. On est allés au cinéma, dans un magasin, puis on a dîné au restaurant. A la fin du repas, le voilà qui se met à me caresser. Moi j'étais écarlate (l'excitation me fait rougir), je lui disais non, attends, car en face un monsieur nous regardait. Alors il se lève de table et s'approche du monsieur. J'ai cru qu'il allait le gifler. Non. Il l'a invité à notre table en lui proposant de me caresser lui aussi. Je ne savais que faire. L'homme est venu me tripoter. Il n'était pas maladroit, de sorte que Pedro ne s'est pas contenté d'assister à la scène, il s'est remis à l'ouvrage, et moi je jouissais sans arrêt, jusqu'à ce que l'un d'eux m'enfonce un doigt dans le cul, alors là j'ai crié car jusqu'alors on ne m'y avait jamais rien introduit. Après, le maître d'hôtel nous a gentiment priés de quitter le restaurant.
Ah, docteur, quel dommage. Je ne sais pas si je dois continuer, j'attends d'abord votre réponse.
Cordialement vôtre,
L'Inconsolée de Tampico.
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Ainsi donc tu voyages et tu bois, tu prends des photos et tu bois, tu te déshabilles et tu bois et tu voyages et tu prends à nouveau des photos et tu t'exhibes et l'on se déshabille pour toi et tu bois et encore des photos et tu finis seul à nouveau, tout seul, plus tard, passé l'euphorie de l'amour, de la paix, des manifestations et de l'avènement d'une nouvelle décennie, malmené à présent par la gueule de bois, tu finis un verre de martini à la main, deux traveller's chèque en poche, avec un regard fangeux et désespéré, accoudé au comptoir du Waldford où plusieurs Mexicains s'enfilent du Bacardi, demandant aux serveurs des adresses de peep-shows et de boutiques où acheter des chaînes stéréo et des robots à pile pour les gosses.
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Depuis son arrivée en ville, c’était la troisième fois qu’il voyait s’effondrer un corps, aussitôt couvert de sang. Mais à cette différence : le dernier, il l’avait assaisonné au préalable.
- Arrête, arrête, dit le Corbeau à Marco.
Il sortit du taxi et alla vomir à l’écart.
La ville offrait son air innocent habituel. Nul ne pouvait imaginer que ses rues recelaient un cadavre encore tiède et une blonde qui lui devait quelques explications, se disait le Corbeau, courbé sur le vomi.
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Le Corbeau vit s'approcher dangereusement le colosse habillé en tergal et avec une bague à chaque doigt. Depuis l'école primaire, il savait que tout homme qui s'avance à moins d'un mètre du visage d'un de ses congénères nourrit l'intention de lui filer un gnon, de prononcer des médisances ou - dans le pire des cas - de lui faire un bécot. Les dernières hypothèses se trouvant écartées, la première s'imposait.
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Huejotzingo se reposait. Cette nuit-là, d'évidence, les fantômes se promenaient paisiblement, certains de ne pas être importunés.
Il était revenu au village afin de chercher les vestiges des jours précédents : mouvement, lumière, corps faits de rythme et de fracas, odeur de poudre et rues ornées de papier crépon. Mais c'était un retour inutile, rien ne se répéterait, aussi avait-il noyé son angoisse dans le mezcal qu'on lui offrait à chaque étal.
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Video de Juan Hernández Luna (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Juan Hernández Luna
http://www.albin-michel.fr/Monarques-EAN=9782226318107
« Comme les Monarques, quitter le sanctuaire pour migrer sur des routes dont le souvenir n?est pas nôtre, quêter ces lieux qu?on n?imagine qu?en rêve, se sacrer soi-même souverain de monarchies nouvelles ou, en chemin, se brûler les ailes. » Ménilmontant, Mexico, un ring de catch, un studio hollywoodien, l?Ange français, Berlin 1936, un nain et un bocal d?escargots, un vol de papillons, une troublante espionne allemande? et une correspondance qui tisse le fil entre passé et présent, réalité et vie rêvée. Née au Mexique devant une bouteille de rhum et un soda pamplemousse, l?idée de ce roman de la mémoire, aussi baroque que virtuose, est celle d?un jeu de piste à la Cortázar entre deux écrivains : le Mexicain Juan Hernández Luna et le Français Sébastien Rutés.
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