"
Femme qui écoute" est le dernier titre de la trilogie "Joe Leaphorn", qui sera suivi de la trilogie "Jim Chee" pour ensuite donner naissance à une douzaine de titres où les deux enquêteurs navajos seront associés.
Je retrouve avec plaisir le contexte mettant en scène la police tribale Navajo, la particularité de l'auteur est de nous offrir à chaque fois ce qu'on appelle un polar ethnologique qui nous immerge dans la culture indienne, principalement navajo, mais parfois zuni ou hopi.
L'action se situe invariablement dans le cadre désertique des terres indiennes et les termes de mésa, arroyos ou hogan n'auront plus aucun secret pour vous,
Tony Hillerman évoquant à chaque fois une foule de détails concernant tous les aspects de la vie quotidienne des indiens tant rituelle que culturelle.
Pour parler de ce titre et de cette enquête, tout commence avec un double meurtre dont le seul témoin indirect est une femme aveugle, une "
femme qui écoute" dont le prestige associé aux rituels dans la société navajo est élevé.
L'enquête va se développer lentement mais avec beaucoup d'efficacité et de perspicacité, ce qui est la marque de l'auteur, une intrigue à "tiroirs" d'une certaine façon, on ne sait pas toujours ce que l'on va découvrir quand on tire sur le seul fil à sa disposition, surtout s'il est ténu.
J'ai une fois de plus apprécié la qualité de l'écriture et du scénario même si j'ai trouvé que dans cette histoire, le hasard faisait un peu trop bien les choses à mon goût, le récit flirtant un peu avec le crédible par moment.
Il y a une chose de plus que je trouve remarquable parce que rare, à savoir le fait que le héros de cette première trilogie, Joe Leaphorn, restera assez énigmatique, c'est, je crois, la première fois qu'un personnage est aussi peu développé. Joe Leaphorn n'a aucune vie sociale, il ne rentre pas à la maison, ne déjeune pas, n'a pas de petite amie ni même de loisirs, n'a pas de fantômes personnels, pas de problèmes d'alcool ou de drogue, il enquête, point final.
Une première trilogie convaincante qui fait que je vais bien sûr continuer à cheminer avec l'auteur, je suis loin de me lasser de la culture navajo.