Les enfants de la dernière chance : une lecture qui vous ronge comme de l'acide !
L'intrigue se déroule au Danemark à la fin des années 60. Pourtant on est bien loin de mai 68, des mouvements de révolte et de la vague d'émancipation qui caractérisent ces années-là, on a plutôt l'impression que les personnages de ce roman évoluent au début du 20ème siècle. Ce livre nous raconte la vie (ou plutôt la survie) d'enfants et d'adolescents ballottés d'orphelinats en maisons de redressement qui finissent par se retrouver dans une école expérimentale ayant pour but de tester de nouvelles méthodes éducatives. le narrateur, tout jeune papa, se penche sur son passé, il nous raconte par flash-back son enfance brisée, les brimades, les humiliations, la faim, la peur, les coups, le quotidien d'enfants, interdits par le personnel d'encadrement, de lier la moindre amitié entre eux. Des liens improbables vont pourtant se tisser entre Katarina, Peter et Auguste, tous trois cabossés par la vie, qui vont se retrouver solidaires dans les épreuves et tenter de trouver des solutions pour échapper à un univers que l'on pourrait presque qualifier de carcéral.
Leur vie est rythmée par le temps, concept qu'ils ont du mal a appréhender :
"- Où c'est demain ?
C'est ce qu'elle me demandait.
Quand les enfants pleurent, on leur parle de demain. S'ils sanglotent et sont inconsolables, même si on les prend dans les bras, on leur parle de ce qu'ils feront demain, des gens qu'ils iront voir. On détourne leur attention de leur désespoir, on anticipe d'un jour, et on introduit le temps dans leur vie.
La mère peut y arriver en douceur. Sans rien promettre en particulier, sans chercher à ignorer la souffrance, elle entraîne l'enfant insensiblement dans le futur. Comme pour lui dire : Maintenant, faisons connaissance avec le temps, et lui faire croire qu'il est malgré tout possible de devenir adulte sans avoir à souffrir."
Un livre sombre et âpre qui échappe à toute classification. D'autant plus que l'on se demande quelle est la part de fiction et de réalité dans ce texte sans concessions, sachant que le narrateur se nomme lui aussi Peter et finira par être adopté par Karen et Erik Høeg (même nom que l'auteur !), parents adoptifs qui furent son ultime chance et planche de salut. Si ce récit nous dépeint réellement l'enfance vécue par l'auteur, on ne peut que rester admiratif devant tant de combativité et de chemin parcouru !
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