AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Michèle Valencia (Traducteur)
EAN : 9782369355151
64 pages
Le Passager Clandestin (03/02/2022)
4.02/5   26 notes
Résumé :
« Jan, s’il te plaît, retournons tous les deux dans la tente. As-tu déjà passé une nuit en entendant la pluie au-dessus de ta tête ? As-tu déjà vu tomber de la neige bien blanche qui ressemble à un tapis éblouissant ?
— Tu sais bien que non.
— Quand nous rentrerons à la maison, nous nous retrouverons au soixante-deuxième étage, avec quarante-sept autres étages au-dessus de notre tête. Nous ne verrons tomber du ciel que des particules de poussière qui s... >Voir plus
Que lire après Demain, le silenceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un voyage dans l'intemporalité, la nature, l'espace mental est proposé par cette nouvelle, un peu courte à mon goût car il me semble qu'elle ne développe pas suffisamment la relation du couple qui en est le héros.

L'homme, Lorin, veut entraîner la femme, Jan, toujours plus loin vers la nature qu'elle trouve hostile par son silence, alors que lui l'entend, dans les bruissements du vent dans les branches des séquoias, mais cela ne fait-il pas partie de son imaginaire?

Ensuite, y-a-t-il une autre porte que celle de la folie pour Lorin et sans doute Jan qui semble déjà bien fragilisée dès le début de leur histoire?

Le côté science-fiction m'a moins séduit que dans d'autres ouvrages du genre, c'est sans doute surtout dans la dimension cérébrale des protagonistes qu'il faut le rechercher pour vraiment l'apprécier.



Commenter  J’apprécie          670
ÉLOGE DE LA FOLIE
Sur une terre terriblement lointaine, mais qui est cependant la nôtre, en des temps plus que futurs, une poignée d'explorateurs découvre un monde parfaitement silencieux, ne serait-ce le bruit du vent au sommet des arbres géants ou celui d'une rivière vive, ou bien, plus inquiétant, l'orage qui se profile au-dessus des têtes. Nos explorateurs, eux-mêmes issus d'un possible futur terrestre, relativement proche de notre temps présent, sont des voyageurs du temps à la recherche d'un moment à nouveau génésiaque de notre Terre, loin de la fureur démographique, technologique et polluée de leur planète exsangue. Ces quelques aventuriers n'en sont pas tout à fait à leur première reconnaissance mais il savent qu'ils ne sont ni des colons, ni des prospecteurs : seulement un petit groupe de scientifiques dont la mission est d'étudier et d'apprendre si des ouvriers pourront être envoyés à profit pour (sur)exploiter quelques mois cette Terre en devenir, dans le but avoué de compenser tous les manques de leur Terre épuisée par un trop plein d'humains et de consommation. 
Parmi ces chercheurs d'un genre nouveau, un couple d'amants. Elle, elle ne parvient pas à se faire à ce silence presque physiquement palpable. Lui, est complètement fasciné et hypnotisé par cette planète totalement vierge et sans présence d'hominidés redevenus sauvages ou de chats ayant dangereusement mutés au fil des siècles futurs, tels qu'ils en ont déjà croisé à d'autres moments de la Terre du futur. Mais, amoureuse, elle lui fait confiance, malgré son angoisse, et même s'il fera tout pour la piéger et les contraindre à demeurer, pour jamais, sur place...
Seulement, l'Eden existe-t-il ? N'est-il pas l'heure de sortir de cet étrange sommeil éveillé ? Plus dure, plus dramatique sera la chute, car la folie guette, et ce n'est pas forcément celle qu'on nous affirme !

Dans cette (trop) courte et palpitante nouvelle rédigée en 1970 par l'autrice américaine de SF et de polars fantastiques Kate Wilhelm, par ailleurs co-fondatrice, avec son mari, d'une des "écoles" d'écriture étasuniennes parmi les plus réputées, ainsi que détentrice d'un nombre conséquent de prix en récompense de ses oeuvres (Prix Hugo, Prix Locus, plusieur fois nommée au prix Nébula, etc), le lecteur se trouve plongé en plein coeur de la SF spéculative du second âge d'or de la SF anglo-saxonne. de par les thématiques envisagées, la surpopulation, l'écologie, une terre très largement surexploitée et polluée, la recherche d'un nouvel Eden, mais aussi la crainte d'une société totalement sous-contrôle par le biais de l'hyper-médicalisation de la psychée et de médicaments toujours plus efficaces les uns que les autres (de ce point de vue de l'annihilation de l'ego), les lecteurs attentifs songeront immédiatement à l'époustouflante Tétralogie Noire du britannique John Brunner, ou encore au roman inquiétant du Polonais Stanistas Lem, le congrès de futurologie ou, pour ce qui est de l'enfer urbain, à plusieurs titres de Robert Silverberg, à commencer par son, sans doute, plus célèbre roman : Les Monades urbaines. Quant à la surpopulation, on ne peut s'empêcher de convoquer aussi le terrible Soleil vert de Harry Harrison ainsi qu'à son adaptation cinématographique angoissante (et très libre), le fameux Soylent Green (Soleil vert en France). Notons aussi, à l'instar de la très intéressante postface de ce merveilleux opuscule, ce chef d'oeuvre du cinéma mondial qu'est Vol au-dessus d'un nid de coucou, dans la veine anti-psychiatrique. Mais, en osant convoquer ces thématiques bien souvent traitées de manière séparées dans d'autres oeuvres du genre et souvent dans les mêmes années (à l'exception, sans doute, des quatre plus fameux romans de John Brunner, même si chacun d'entre eux se saisit plus précisément d'une thématique forte), Demain le silence nous fait entrer de plain-pied dans un univers complexe, aux résonances toujours d'actualités - de plus en plus tragiquement même - avec un art de l'arc narratif vraiment sidérant, malgré un style relativement fonctionnel, sans chichi ni véritable originalité artistique, mais d'une efficacité redoutable et d'un abord d'une agréable lisibilité. 
S'il était encore nécessaire, votre insigne chroniqueur se permettrait d'ajouter trois ou quatre autres raisons majeures pour convaincre les futurs lecteurs à (re)découvrir cette grande mais trop méconnue - chez nous - romancière américaine. En premier lieu, si ce format est certes un peu bref, il est un excellent viatique pour donner l'envie éventuelle de poursuivre la découverte de cette oeuvre par trop méconnue en France. Ensuite, parce que, justement, Kate Wilhelm souffre, chez nous, d'une absolue et bien injuste méconnaissance, quand bien même son oeuvre est vaste et essentielle tant par ses écrits que par ses actions en faveur des littératures dites "d'imagination". Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'elle fut reconnue dans son pays au point d'entrer au SFF Hall of Fame en 2003. À tout le moins, une lecture de ce qui est considéré comme son chef-d'oeuvre, Hier, les oiseaux, nous semble assurément indispensable !
Enfin, parce que cette oeuvre est défendue avec intelligence par une excellente petite maison d'édition au catalogue en apparence protéiforme, puisqu'en large part consacrée aux fondamentaux de la pensée écologique, mais aussi, par cette magnifique et indispensable collection intitulée "dyschroniques", à la SF dystopique, je veux évoquer le passager clandestin, dont nous avons déjà eu le bonheur de chroniquer l'ouvrage savamment pédagogique de Mme Françoise Gollain : André Gorz & l'écosocialisme . Un très heureux hasard a ainsi décidé que la dernière Masse Critique "mauvais genre" nous mette à nouveau en rapport avec cet excellent éditeur, que nous remercions ici chaleureusement, et pour l'envoi de ce charmant petit livre, et pour son travail de fond. Je n'oublie bien évidemment pas notre site de Lecture et de Livre en ligne préféré, Babelio.com sans qui ces découvertes ne sauraient avoir lieu ! 
Il me faut enfin signaler que, dans cette petite collection "dyschroniques" vous attendent nombreuses autres pépites de la SF spéculative. C'est le cas du génial A voté d'Isaac Asimov, du plus inquiétant "Traverser la ville par l'auteur de l'homme stochastique, déjà cité plus haut, Robert Silverberg, Continent perdu de Norman Spinrad ou encore le très (trop) proche La main tendue de Poul Anderson. Une micro collection véritablement essentielle que je ne peux que conseiller, excellent sésame pour découvrir les oeuvres d'auteurs majeurs sans trop de risque ni de temps perdu !
Alors soyons fou, mais en le sachant pertinemment : Lisons des dystopies ! 
Commenter  J’apprécie          251
Demain le Silence est une novella concise et intrigante, un récit cinglant et qui nous prend au dépourvu. le monde imaginé par Kate Wilhelm se dévoile au compte-gouttes : un couple dans une région boisée, un expédition d'étude pour une civilisation post-apocalyptique, à la recherche de coins de verdure à exploiter, il est suggéré que ce type d'expéditions se fait dans le temps et non dans l'espace. Beaucoup de thématiques sont évoquées dans cette novella : surpopulation, pollution, naturalisme, libertés individuelles, folie, contrôle de la pensée, le tout en se basant sur une histoire de couple banale, faite de désaccords et de sentiments, quand il est question de changements importants dans la vie. le monde se construit dans notre tête au fil de la lecture, pour nous retourner comme une crêpe, l'effet est garanti. C'est très court, mais très riche, très complet, d'une efficacité redoutable et glaçante. Bravo aux éditions le Passager Clandestin d'avoir déniché cette perle.
Commenter  J’apprécie          281
Demain, le silence est une nouvelle de science-fiction sur des sujets résolument actuels même si elle est parue pour la première fois en 1970.

Grâce à la mise au point de la théorie de l'Echange Temporel Masse-Energie et à son utilisation, d'autres zones temporelles sont exploitées pour la recherche d'énergie, de matières premières et de nourriture tout en y laissant des déchets parfois dangereux, radioactifs ou indestructibles.

Lorin et Jan sont deux scientifiques travaillant dans les repérages de ces zones et découvrent une forêt vierge. Mari et femme, leur appréciation diverge. Il souhaiterait se perdre dans cette dimension pour y avoir des enfants. Elle n'apprécie que la vie urbaine et le silence lui fait peur.

Cette nouvelle d'une quarantaine de pages, qu'on lit d'une traite, aborde, au-delà de la psychologie du couple, de nombreux thèmes comme l'écologie, la surpopulation des villes, la volonté d'un retour vers la nature et le contrôle de la société allant jusqu'à l'internement. Des pistes d'analyse sont également proposées à la fin de l'ouvrage pour aller plus loin.

Je ne connaissais pas cette maison d'édition, le passager clandestin, dont les objectifs, selon leur site internet, tendent à « armer les esprits et nourrir les imaginaires de celles et ceux qui souhaitent comprendre le monde actuel et le bouleverser ». Je crois en la nécessité de réfléchir sur le monde dans lequel on vit, mais je me méfie des trop grands bouleversements. J'ai cependant apprécié ce titre et le principe de cette collection « Dyschroniques » qui « exhume des nouvelles de science-fiction ou d'anticipation » en « interrogeant la marche du monde, l'état des sociétés et l'avenir de l'humain ».

C'est donc une collection vers laquelle je pourrais revenir et qui peut être conseillée à tous ceux qui aiment les récits courts et les dystopies politiques !

Je remercie Babelio et la maison d'édition le passager clandestin pour cet envoi dans le cadre d'une masse critique.
Commenter  J’apprécie          224
J'aime beaucoup la collection Dyschroniques chez le passager clandestin et j'en ai lu plusieurs. Aussi, je suis très contente d'avoir reçu Demain le silence de Kate Wilhelm : merci à Babélio et à la maison d'édition qui me l'a envoyé.

L'autrice imagine un univers dans lequel les Humains ont détruit la planète à coup de guerres, de surexploitation des ressources naturelles et de pollution dûe à leur activité. Pour remédier à cela et tenter de survivre, ils ont trouvé un moyen de voyager dans le temps pour aller récupérer dans le passé des ressources. Lorin et Jan sont tous les deux des scientifiques et ils font partie de ces expéditions temporelles pour aller détecter les potentiels sites d'exploitation. Mais un jour, Lorin qui n'en peut plus de leur mode de vie trop urbain, décide de s'enfoncer un peu plus loin dans la forêt…

J'ai beaucoup apprécié ce texte écrit dans les années 70 et qui pourtant possède encore une formidable modernité notamment en ce qui concerne les questions environnementales. Il aborde aussi les questions du retour à la nature et du DIY (de nouveau très en vogue aujourd'hui) mais aussi sur la psychiatrie et leur traitement (là pour le coup, on a évolué - enfin, presque… Car les réactions aux Etats-Unis contre les personnes homosexuelles ou transsexuelles font froid dans le dos!). Par ailleurs, le texte est conclu par un twist magistral auquel je ne m'attendais pas. Bref, un joli moment de lecture!
Commenter  J’apprécie          130

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais que je ne suis pas peureuse. C'est ce silence que je n'aime pas. Je n'arrête pas de tendre l'oreille pour essayer d'entendre quelque chose, n'importe quoi. J'ai l'impression qu'il y a du bruit dehors, mais c'est moi qui ne le perçoit pas parce que je ne sais pas écouter. J'ai l'impression qu'il faut absolument que je fasse un effort...
Commenter  J’apprécie          40
Sous les arbres, il n'y avait pas le moindre souffle, pas le moindre bruit. A une centaine de mètres au-dessus de leurs têtes, le faîte des arbres bruissait doucement.
Commenter  J’apprécie          90
Est-ce qu'on peut être vivant en enfer?
Commenter  J’apprécie          291
Pas d’oiseaux. Pas d’insectes. Pas de poissons. Et partout, le silence. Tandis qu’il s’endormait, le silence devint une entité, un être doté de bras pour le bercer et de doigts apaisants qui s’insinuaient en lui, caressant sa chair et soignant ses nerfs à vif, ses nerfs brisés.
Commenter  J’apprécie          30
Par contre, elle était bien visible dans la clairière, à l'orée du bois : silhouette mince, spectrale, ses cheveux blonds flottant au vent, miroitant sous la pleine lune.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Kate Wilhelm (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kate Wilhelm
Demain le silence
autres livres classés : science-fictionVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (64) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4894 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}