AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070766130
168 pages
Gallimard (30/01/2003)
2.94/5   8 notes
Résumé :

« Il se leva, mit son chapeau de feutre orné d'un crêpe noir, son pardessus grisfer, prit sa lourde serviette bourrée qu'il laissa tomber avant d'avoir fait un pas. Celle-ci s'ouvrit dans sa chute. Nous nous précipitâmes, en même temps. D'une des poches de la serviette, des photos s'étaient échappées, représentant un colonel en grand uniforme, moustachu, un colonel quelconque, une bonne tête plut... >Voir plus
Que lire après La photo du colonelVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
A quoi tient une carrière littéraire ? Comment devient-on dramaturge plutôt que romancier ou poète ? le genre dans lequel on réussit est-il le plus adapté à son talent ? Après la lecture du recueil de nouvelles La photo du colonel, je ne peux que me poser la question pour Ionesco.

Je n'avais lu que La cantatrice chauve de l'auteur. A l'image d'un Beckett (auquel il est souvent associé, en partie à son grand regret), j'ai eu du mal à pleinement apprécier son théâtre de l'absurde (il n'aimait pas non plus vraiment ce terme, pas facile à satisfaire le bonhomme). Je suis plutôt adepte de l'absurde, que ce soit dans l'humour anglais ou dans la philosophie camusienne. Mais je n'ai pour l'instant pas réussi à y trouver pleinement mon compte sous la forme théâtrale. Je gagnerais sans doute à aller voir en représentation, car la lecture a forcément ses limites.

En revanche, j'ai vécu un plaisir certain à la lecture de ce recueil de nouvelles. Très hétéroclite, il est en partie constitué de certaines nouvelles que Ionesco transformera ensuite en pièces (Une victime du devoir, Rhinocéros), de nouvelles originales (Oriflammes, La photo du colonel, le piéton de l'air, La vase) et en fin de volume d'un journal autour de son enfance en France et son retour dans la région à l'âge adulte.

Les nouvelles m'ont semblé plus proches à la lecture du fantastique que de l'absurde. Les éléments qui m'ont dérouté dans son théâtre ont trouvé une certaine logique dans leur folie en passant au format nouvelle. Je réussis à beaucoup mieux saisir la profondeur du propos, la poésie, la grâce et pas uniquement l'humour que je ne trouvais en plus que par éclairs dans La cantatrice chauve. A la lecture de ces textes, je ne peux du coup que comprendre pourquoi Ionesco est devenu une plume internationalement reconnue... mais pourtant via son théâtre ! J'ai bien envie de lire les versions théâtrales des deux nouvelles adaptées, notamment Rhinocéros qui est vraiment une critique magnifique de notre société et d'une vraie drôlerie. La cantatrice chauve n'était finalement sans doute pas le meilleur choix pour moi.

Quant au journal de jeunesse, que de promesses dans celui-ci. On imagine fort bien le roman autobiographique que Ionesco aurait pu tirer de ces bribes de mémoire d'enfance. Un mélange de l'humour d'un Romain Gary et des réflexions proustiennes sur la vie, la mort, la mémoire, les souvenirs auraient pu accoucher d'une oeuvre vraiment riche.

Les chemins de la vie et de la réussite ont sans doute mené Ionesco plus qu'il n'a réellement choisi lui-même son destin littéraire. Ses débuts littéraires en Roumanie étaient plutôt tournés vers la poésie, le roman ou la critique littéraire. Il n'écrira finalement qu'un seul roman en français, le solitaire... et restera à jamais pour la majeure partie des gens, le dramaturge de l'absurde !
Commenter  J’apprécie          264
Eugène Ionesco, le maître de l'absurde, n'a pas écrit que des pièces de théâtre. Il a multiplié les textes courts, des nouvelles en prose comme « La photo du Colonel ».
Comme dans « Tueur sans gages », on retrouve un commissaire (qui est aussi architecte) faisant visiter la ville au narrateur. Passant devant un lac dans lequel se trouvent quelques cadavres qui ne semblent pas le surprendre, il lui dévoile la présence d'un assassin qui tue chaque jour plusieurs habitants. La photo du colonel est précisément celle dont l'assassin se sert pour attirer ses victimes. Alors pourquoi n'est-il pas encore arrêté ?
Laissons un peu de suspense… Car même s'il y a peu d'action, il y a une tension permanente, le lecteur étant immergé dans les angoisses du narrateur qui affronte une expérience de solitude physique et métaphysique accentuée par l'incompréhension voire l'hostilité de ceux qu'il croise...


Commenter  J’apprécie          120
J'ai découvert sur le tard l'écriture romanesque et les nouvelles de Ionesco. Ses écrits "hors théâtre" offrent un autre angle de vue sur son rapport au monde, à l'absurde, à l'incompréhensible mystère du monde. L'argument est simple : le narrateur visite, avec l'architecte de la ville (et aussi chef de la police), un quartier de riches dans lequel une sorte de micro climat semble régner. le pouvoir de l'argent ? le paradis sur terre ? Sauf que ce quartier subit une épidémie de suicides par noyades. Des âmes se font avoir par un faux mendiant (la pauvreté attire souvent la richesse) qui leur montre la photo du colonel, puis les pousse dans la piscine. de fil en aiguille, tous les indices pour mettre la main sur le coupable étaient sous le nez du narrateur qui finit par se retrouver face au couteau brillant dans la nuit. Mais, il y a bien plus fort que toute arme, c'est la violence et la haine inexpliquée. J'aime beaucoup cette nouvelle qui décode par l'absurde, l'engrenage de la violence, du sang et de la relation presque "naïve" qui s'installe entre le tueur en série et ses victimes, presque par convention. le contexte (un tantinet vieillot, certes mais charmant), n'est pas sans rappeler les quartiers sécurisés au sein de certaines villes, pour de riches citoyens qui se coupent volontairement du monde, mais subissent tout autant ses violences. C'est court, concis, terriblement efficace et parfaitement clair dans le propos. du grand art sans bavardage inutile. Bravo Monsieur Ionesco et à bientôt.
Commenter  J’apprécie          90
Ces nouvelles, très courtes, ont une dynamique profondément différente de celle des pièces de Ionesco. Dépouillées du comique qui se dégage du rythme des échanges verbaux, elles laissent place à des passages plus visuels où la part belle est faite à l'ambiance des lieux.

L'absurde dans les descriptions m'a fait m'imaginer les situations telles qu'on les verrait chez Dali, ou Goya. Il donne à l'ensemble une couleur plus désespérée, plus onirique que ne le fait le théâtre.

Au final, ce petit recueil de nouvelles semble surtout utile pour qui veut se faire une idée plus claire de l'inspiration qui guidait Ionesco lorsqu'il écrivait ses pièces.
Mais c'est aussi une belle découverte qui, pour moi, ne remplacera pas son théâtre, mais mérite d'être lue pour elle-même.
Commenter  J’apprécie          30
Ce recueil de nouvelles comporte le célèbre "rhinoceros" symbole de la montée des régimes totalitaires . Indéniablement puissant dans l' image et la conclusion; mais ce qui a retenu mon attention c'est la nouvelle intitulée "la vase" retraçant la vie d'un homme qui se dégrade, se décompose , s'enlise.. . Poétique et triste ; beau et tragique. Suivent des bribes de souvenirs de l enfance de Ionesco dans la campagne française où il est revenu des années plus tard. Touchant. On le voit tourmenté, nostalgique et inquiet de la guerre qui se prépare.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ah ! si on acceptait notre propre mort. Toute la passion, les haines, les crises, proviennent du fait que nous ne voulons pas mourir. On se tue, on se suicide, justement parce qu'on ne veut pas mourir. Se perdre, se donner au monde, à la durée. En ce moment, le monde entier semble ne pas savoir qu'il y a la mort. Ils n'ont pas la temps, ils s'agitent, ils vont se faire la guerre.
Commenter  J’apprécie          30
Il se leva, mit son chapeau de feutre orné d'un crêpe noir, son pardessus gris-fer, prit sa lourde serviette bourrée qu'il laissa tomber avant d'avoir fait un pas. Celle-ci s'ouvrit dans sa chute. Nous nous précipitâmes, en même temps. D'une des poches de la serviette, des photos s'étaient échappées, représentant un colonel en grand uniforme, moustachu, un colonel quelconque, une bonne tête plutôt attendrissante. Nous mîmes la serviette sur la table, pour y fouiller plus à l'aise : nous en sortîmes encore des centaines de photos avec le même modèle.
"Qu'est-ce que cela veut dire ? demandai-je, c'est la photo, la fameuse photo du colonel ! Vous l'aviez là, vous ne m'en aviez jamais parlé !"'
Commenter  J’apprécie          10
- C'est des mystères, tout ça, qu'on n'a jamais éclaircis... Père Baptiste et Mère Jeannette doivent bien être au ciel... Je me le demande.
- Il faut bien croire, Marie.
- Ont-ils de la place ?... Avec tous ces gens, avant nous, qui sont nés et qui sont morts, et qui sont morts ! Y en a ben p'us qu'sur terre ! Sur terre y n'ont pas assez de place. Là-haut, comment font-ils, ils sont dix fois plus nombreux... Cent fois peut-être !... Le Ciel doit être ben grand... C'est l'affaire du Bon Dieu !... Il s'arrange... Qu'est-ce que t'en dis, toi qui es savant, avec tous tes livres ?
Commenter  J’apprécie          10
Au ministère de la Statistique, les Statiticiens statistiquaient: recensement des animaux, calcul approximatif de l'accroissement quotidien de leur nombre, tant pour cent d'unicornes, tant de bicornus... Quelle occasion de savantes controverses ! Il y eut bientôt des défections parmi les statisticiens eux-mêmes. Les rares qui restaient furent payés à prix d'or.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Eugène Ionesco (103) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugène Ionesco
FACE-À-FACE CRITIQUE Pour son cinquième long métrage, Valeria Bruni Tedeschi opte à nouveau pour l'autofiction, en romançant ses années d'apprentissage à l'école des Amandiers de Nanterre, dans les années 1980.
L'école des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau, est dans les années 80 un rêve pour beaucoup de jeunes comédiens. Décrite comme un « anti-Conservatoire », elle voit défiler dans ses rangs Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicourt, Éva Ionesco, et donc Valeria Bruni Tedeschi.
La réalisatrice conte les souvenirs de sa promotion en les romançant. Louis Garrel, en Patrice Chéreau, et Nadia Tereszkiewicz, en Valeria Bruni Tedeschi, sont bluffants. Les Amandiers est un film de troupe dans lequel la réalisatrice parvient à dépeindre les années sida mais aussi les amours et amitiés d'une bande de vingtenaires qui découvrent le théâtre et y mettent toute leur énergie.
#amandiers #valeriabrunitedeschi #theatre
Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤24Vincent Perez18¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : https://www.facebook.com/Telerama Instagram : https://www.instagram.com/telerama Twitter : https://twitter.com/Telerama
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (27) Voir plus



Quiz Voir plus

Eugène Ionesco

Eugen Ionescu, alias Eugène Ionesco, est né à Slatina (Roumanie) en ...

1899
1909
1919

12 questions
56 lecteurs ont répondu
Thème : Eugène IonescoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..