On passe à côté d'eux, souvent sans leur jeter un regard. Sans leur donner même quelques poussières de temps. Exclus, fugueses, errants, immigrés sans racines, passants désemparés, foule mécanique, les voici saisis par un oeil immobile qui les observe et les suit parfois jusqu'au tréfonds de leur âme blessée.[...]
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Cette courte nouvelle, qui parle de différents personnages saisis à l'image par une caméra de vidéosurveillance parisienne, nous a laissé sur notre faim. C'est joliment écrit, les caractères décrits sont variés, mais il nous manque un peu de piment, d'évenements...
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C’est un autre soir, encore un soir dans la série des soirs. Mon regard me brûle. Il y a des mois, des années qu’il ne s’éteint pas. Je dois sans cesse accommoder, ouvrir et fermer mon diaphragme, ma pupille est pareille à un cœur douloureux. La vie est une quête cruelle de la lumière, lumière des villes, lumière des déserts, lumière du sable qui emplit la bouche de ceux qui tombent.
Quand on ne s’occupe pas d’elle à l’épicerie, elle proteste à sa façon : « Mais enfin, Monsieur, grande et grosse comme je suis, vous ne me voyez même pas ! » L’épicier hausse les épaules, il grogne : « Ecoutez, on ne va pas en faire une histoire. » Aminata répond, et ses mots sont venus jusqu’à moi comme un souffle de vérité : « Est-ce que pour vous, nous les Africains, nous sommes invisibles ? » Et j’ai pensé que c’était vrai, pour les gens de cette ville les étrangers sont pareils à des taches de couleur qui glissent sur le paysage gris, des taches qui passent, qui vont et viennent, et un jour qui disparaissent.
Elle dit en riant : « Tu sais, quand je suis arrivée ici, je croyais que les gens avaient enfermé tous leurs enfants dans une grande maison quelque part dans la ville, parce que je ne les voyais jamais dans la rue. Et je demandais aux gens : “Mais où sont passés les enfants ?” Et je demandais aussi : “Où est la forêt, la rivière, où sont les oiseaux ?” Je ne comprenais rien, je croyais qu’en cherchant bien j’allais retrouver tout comme chez moi. »
Pourquoi personne ne lave devant chez soi ? Vous, ici, vous donnez vos balais aux Africains, vous leur mettez un habit vert, et vous les poussez dans la rue, vas-y, balaie ! et personne ne leur parle jamais.
La jeune fille lui ressemble, je crois qu'elle a les mêmes yeux, en amande, très noirs, de la tristesse sans doute aussi, ça doit être à ça qu'on reconnaît les vrais êtres humains.
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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