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EAN : 9782246862994
368 pages
Grasset (26/09/2018)
4.31/5   16 notes
Résumé :
Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Ce livre démontre qu’il reste encore beaucoup à découvrir. Répondant à une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l’histoire de la persécution des juifs sous l’Occupation et balaie bien des idées reçues.
Pourquoi, dès l’été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Pourquoi a-t-il accepté de contribuer aux déportations massives décidées par les nazis en 1... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour débuter, je voudrais râler. (Ça commence bien...). Râler contre la disposition des notes de cet ouvrage, notes qui sont toutes regroupées à la fin du livre alors qu'il aurait été plus judicieux, à mes yeux, de les placer en bas de page ou encore à la fin de chaque chapitre. du coup, ce fut une lecture inconfortable et fastidieuse. (Mais passionnante néanmoins). Bref.
À part la forme, le fond est fort intéressant. Lecture difficile mais indispensable à mes yeux.
Le gouvernement de Vichy a eu clairement une politique antisémite et collaborationniste indiscutable. Mais cela ne s'est pas fait d'un seul coup, non, ce fut plus lent et plus insidieux.
Dès l'été 1940, malgré la pression allemande qui veut absolument la déjudaïsation de l'europe, rien n'obligeait Vichy à légiférer contre les juifs. Et pourtant, une politique anti-juive se met en place dès cette période, vieil antisémitisme français nauséabond (rappelons-nous l'affaire Dreyfus).
Les mesures et lois contre les juifs se mettent en place petit à petit, progressivement. D'abord le fichier général de la Préfecture de Police, puis le timbre JUIF sur les papiers d'identité, et le marquage des magasins israélites.
Vichy parle "d'objectif sécuritaire".
Dès mars 1941, l'organisation de la déportation se met en place, puis la création de la CGQJ (Commission Générale aux Questions Juives). Au printemps 41, c'est un tournant de la politique menée contre les juifs avec entre autre, la spoliation de leurs biens. Mais surtout, le plus grave, mettre sur pied les mesures préliminaires d'une déportation future.
En 1942, l'étoile jaune apparaît, "insigne infamant". À l'été 1942, la rafle du Vel' d'Hiv' est organisée, planifiée et réalisée par le seul gouvernement français.
En somme, on peut dire que le gouvernement de Vichy est allé de lui-même au-devant des desiderata allemands.
Trop de fonctionnaires zélés, trop d'antisémitisme, trop de haines, de jalousies, un "imaginaire génocidaire". On savait qu'il existait des camps d'extermination, et on les a tout de même envoyés à Drancy.
Il faut savoir que pratiquement aucun bureaucrate, pendant l'épuration à la Libération, n'a été véritablement jugé ni sanctionné. Par contre, une sorte de réparation de l'aryanisation économique a été institué. Mais trop tard finalement.
Au final, le bilan de la "solution finale" en France est de 76 000 juifs anéantis.
Honte aux fonctionnaires trop zélés, aux "criminels de bureau", aux commissaires de quartier parisiens, aux menteurs qui ont déporté les juifs au nom de l'objectif sécuritaire.
Honte.
Rendons hommage aux travaux de Monsieur Laurent Joly, même si la forme n'a pas été tout à fait à mon goût.
Merci pour la Vérité.
Et espérons que "La bête immonde" se soit endormie à jamais.


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Ce livre avec l'autre du même auteur - Dénoncer les Juifs sous l'occupation - forment une série "France et les Français contre les Juifs". Bien sûr, il ne faut pas généraliser : tous les français n'étaient pas contre les juifs.

"Dénoncer les Juifs sous l'occupation" décrit toute la mécanique en rapport avec la délation : les structures administratives de la Police (française et allemande) recevant les délations mais surtout les raisons pour lesquelles des français ont dénoncé : antisémitisme, jalousie et autres bassesses. Et cela avec des cas et des chiffres à l'appui.

Celui-ci raconte comment ça s'est passé à un niveau plus haut : le gouvernement de Vichy, les échanges avec les Allemands, le fonctionnement de la Police et l'organisation des rafles, qui participait (les allemands ou les français ou les deux), ...

Finalement, ce que l'on constate est que l'on trouve surtout des antisémites convaincus dans les échelons plus élevés, alors qu'au niveau exécutant (policiers, et commissaires de quartiers), on a pu trouver quelques humanistes.

Comme exemple emblématique de l'excès de zèle allant même au delà de ce qui était demandé par les allemands, l'inspecteur Hubert Lazard, se rendant compte que Cyrla Perec (veuve de guerre et mère de Georges Perec) ne dormait pas chez elle mais un peu plus loin chez son père, l'a fait arrêter, avec son père et sa soeur. Ils ont tous été déportés et assassinés à Auschwitz.

A la libération, quelques cadres ont été jugés et condamnés (Pétain, Laval), mais beaucoup ont échappé à la justice : René Bousquet (acquitté) ou Maurice Papon qui a encore pu avoir une belle carrière administrative. Louis Darquier de Pellepoix, Commissaire général aux questions juives, a été condamné à mort par contumace et s'est installé en Espagne et n'a pas été inquiété. Peu ont été jugés mais ce sont surtout les "antisémites de bureau" qui ont eu plus de chance.

Je pense que l'on pourrait presque dire que certains procès ont été jugés trop top, juste après la libération, alors que tout n'avait pas encore dévoilé sur le destin des Juifs et des actes du gouvernement de Vichy et des organismes administratifs français.

Enfin, ce livre démontre bien que les rumeurs comme quoi le gouvernement de Vichy a protégé les Juifs français (Ah, Zemmour...), ce n'est qu'affabulation. Il est vrai que le gouvernement de Vichy, et surtout René Bousquet, a au départ négocié cela timidement, la suite ne l'a pas confirmé. Et ça a été un argument très utilisé par la défense de ces fonctionnaires de Vichy (encore René Bousquet)

Aussi, je pense que ce livre et celui de Robert Paxton - Vichy et les Juifs - se complètent. Je n'ai pas encore lu celui de Paxton, mais ça ne va pas tarder.
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Voilà un livre qui génère un sentiment curieux : d'un côté, il apporte des informations inédites (du moins que je ne connaissais pas, et c'est pour cela, qu'en le feuilletant dans une librairie, j'ai cédé à la tentation, que je ne regrette pas, de l'acheter). D'un autre côté, sur les nombreuses questions (trop nombreuses?) qu'il aborde, le lecteur ne peut manquer de regretter une certaine superficialité. Par exemple, quand il s'agit du comportement du Conseil d'État sous Vichy, après une introduction très sévère pour le Conseil en général, un seul exemple de comportement insupportable est offert et analysé ; certes, c'est apparemment celui du Conseiller d'État en charge des dossiers concernant l'application du statut des juifs et de ses exceptions, mais c'est tout de même un peu léger pour appuyer un jugement sur une telle institution dans son ensemble : pas d'analyse de la jurisprudence, ni des conclusions de commissaires du gouvernement, pas de recensement des articles de revues juridiques (et donc pas de mention de Duverger!, le comportement très froidement juridique de ce futur célèbre collaborateur du "Monde" aurait pu être utilement analysé), et donc pas de nuance possible, s'il y avait eu matière à nuancer, ce que le lecteur ne saura jamais.
Il n'en va pas de même, fort heureusement, à l'analyse, bien plus détaillée, du comportement de la police, qui fait l'un des intérêts essentiels de l'ouvrage.
Autre exemple de superficialité : une exécution en quelques lignes de la thèse de l'historien Alain Michel (qualifié de "naïf") reprise par Zémmour, (auquel on attribue, sans autre précision sur le fond de ce jugement rapide, des demi -connaissances!) selon lequel Vichy aurait développé une stratégie consciente de sacrifice des juifs étrangers pour sauver les juifs Français, alors même que les chapitres suivants (intéressants) semblent tout de même plutôt étayer cette thèse, du moins pour la période qui précède le moment où, devant l'échec relatif des rafles, et sous la pression des Allemands qui veulent atteindre leurs objectifs chiffrés, l'on complète avec des juifs Français, non sans avoir, selon l'auteur lui-même, discuté pied à pied avec les autorités allemandes.
Enfin, la discussion des différences de taux de déportés dans chaque pays conduit l'auteur à invoquer des raisons sous-jacentes de ces écarts qui ne sont pas vraiment approfondies (il faut reconnaître que l'auteur lui-même avoue les énormes limites de cette analyse).
Cela dit, encore une fois, il se trouve dans ce livre, une richesse d'information qui en rend la parution très utile, malgré ses limites.
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Une synthèse de référence à jour des dernières connaissances (biographie de Laval par Meltz, Journal de guerre de Paul Morand) et des dernières tentatives polémiques de réhabilitation du régime de Vichy (Zemmour, toujours Zemmour…). Ça reste une synthèse mais c'est extrêmement bien annoté et référencé pour aller encore plus loin si l'on veut. On en ressort avec les idées claires, ce qui n'est pas son moindre mérite.
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critiques presse (3)
Bibliobs
07 décembre 2020
Dans « L'Etat contre les juifs », l'historien Laurent Joly démontre de manière implacable la complicité de Laval, Bousquet et Pétain dans la Solution finale.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
16 novembre 2018
Si nul ne conteste aujourd'hui que l'État français a contribué à la politique génocidaire du IIIe Reich, Laurent Joly montre le rôle précis qu'ont tenu des fonctionnaires de Vichy.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
05 octobre 2018
Avec « L’Etat contre les juifs », Laurent Joly propose une synthèse nouvelle de l’histoire des crimes antisémites commis par l’Etat français sous l’Occupation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
(...) 4000 individus obligés d'abandonner leur profession indépendante ou libérale (avocat, médecin, dentiste, sage-femme). Entre 500 et 1000 étudiants doivent arrêter leurs études (...). Enfin, artisans, commerçants, et industriels juifs sont spoliés sur une grande échelle : avec la loi du 22 juillet 1941, Vallat étend l'"aryanisation économique"à la zone libre et à l'Afrique du Nord.
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Pris au piège de la continuité de l'Etat, des agents formés par la République, préfets, policiers municipaux, gendarmes etc, se trouvent ainsi entraînés dans l'engrenage de la collaboration génocidaire. De fait, c'est l'image de la France tout entière que Laval et Bousquet ont atteinte en mettant notamment au coeur de la rafle parisienne la figure si familière du gardien de la paix, dont la vocation, la raison d'être, est de préserver la paix publique, pas d'arrêter des innocents, à 5 heures du matin, au mépris des usages et de la légalité.
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Mais il est probable que le procès Papon restera surtout, pour la postérité, comme le procès du "crime de bureau", de ce crime typiquement vichyste au bout du compte, commis par des fonctionnaires qui, par zéle, manque de courage, indifférence ou préjugé xénophobe et antisémite, furent des "maillons" de la "solution finale"sans vouloir ni, souvent, imaginer l'extermination des juifs.
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À la Libération, on lui (Valentin Turpault, commissaire tres zélé du 4e arrondissement de Paris) reproche notamment d'avoir refusé de libérer une juive avec son bébé "de 18 à 20 mois" bien que les instructions de l'état-major indiquaient que les femmes ayant des enfants de moins de 2 ans ne devaient pas être arrêtées. Plusieurs témoins rapportent des propos inhumains qu'il aurait tenus alors que cette mère suppliait que des gardiens aillent chez elle chercher de quoi nourrir son bébé : "Je m'en fiche, de vous, de votre gosse, et de son lait".
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Seul haut fonctionnaire ayant refusé d'appliquer le statut des juifs d'octobre 1940, Gustave Monod, inspecteur général de l’Éducation, neveu de l'historien Gabriel Monod, est limogé peu après par le ministre de l'Instruction publique Georges Ripert. A l'heure des grandes rafles, un seul serviteur de l’État s'oppose ouvertement aux opérations antijuives.
Le 29 août 1942, le général de Saint-Vincent, gouverneur militaire de Lyon, refuse de mettre ses soldats à la disposition de l'intendant de police en vue d'aider au transfert des juifs raflés vers Drancy : "Jamais je ne prêterai ma troupe pour une opération semblable." Il est mis à la retraite d'office.
En janvier 1943, Jean Philippe, commissaire à Toulouse, résistant (réseau Alliance), démissionne de la police : on vient de lui donner l'ordre de traquer les juifs.
[...]
Contraint à la clandestinité, activement recherché par les autorités, Philippe est appréhendé par la Gestapo dès la fin de janvier 1943. Il meurt fusillé à Karlsruhe en avril 1944.
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Videos de Laurent Joly (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Joly
Laurent Joly vous présente son ouvrage "La France et la Shoah : Vichy, l'occupant, les victimes, l'opinion" aux éditions Calmann-Lévy Mémorial de la Shoah. Entretien avec Nicolas Patin.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2716513/la-france-et-la-shoah-vichy-l-occupant-les-victimes-l-opinion
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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