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Frédéric Schiffter (Préfacier, etc.)
EAN : 9782743602772
153 pages
Payot et Rivages (07/11/1997)
4/5   26 notes
Résumé :
Romancier flamboyant des passions et des ombres, critique féroce et polémiste hors pair, Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889), dit le "Connétable des Lettres", fut aussi un dandy singulier qui cultiva une mise exemplaire et cet "art aristocratique de déplaire" cher à Baudelaire. Dans son essai historique et humain sur la vie et "l'œuvre" de George Bryan Brummell (1778-1840), il trace le portrait du "Beau" anglais qui éleva la toilette au stade suprême, et fut l'inso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au-delà de la biographie admirative volontairement mythifiée du dandy anglais de la première moitié du 19ème siècle George Brummell, c'est bien au service de sa propre cause que s'emploie le talent de Barbey d'Aurevilly, proposant une véritable théorie du dandysme comme modèle d'indépendance d'esprit et d'existence, défiant le pouvoir et les hautes classes sociales, avec un art raffiné de l'artifice, du signe, du langage, du double-sens et un opportunisme de l'instant présent, singulièrement capable de juger le bon moment pour le bon mot et la bonne victime.
Personnage conceptuel échappant à L Histoire, Brummell devient sous la plume de l'auteur normand si anglophile un mythique et rebelle dandy flamboyant, reprenant le "il y a un je ne sais quoi chez le dandy" décrit par Montesquieu, le spécifiant par une sorte de grâce qui le différencie des simples mortels.
Avec une écriture exquise sertie dans un génie narratif propre à Barbey d'Aurevilly, ce récit biographique s'affranchit des faits réels de la vie de Brummell, le dandy anglais devenant un personnage littéraire idéalisé incarnant entre les lignes Barbey d'Aurevilly lui-même et son dandysme normand puis parisien (Paris étant un passage obligé du dandysme et le territoire naturel de tous les bouffons des puissants), même si l'auteur restera singulièrement solitaire et souvent à l'écart des cercles de courtisans.

Volontairement chargée d'approximations, cette biographie de Brummell filtre tout ce qui gênerait le mythe du dandy parfait. Brummell, jeune hussard, proche du prince de Galles, séduit la Cour britannique et devient une institution du dandysme anglais puis s'exilera en France où il mourra en dandy. On l'aura compris : avec le grand Brummell de Barbey d'Aurevilly, c'est sa vie qui est son oeuvre.
Rien sur ses revers de fortune, alors que Brummell a vécu dandy moins de temps qu'il n'a été dans la déchéance et la médiocrité, devenu dans son exil un perdant endetté, revanchard et oublié. Rien sur le petit Brummell escroc, maître-chanteur, grossier, prétentieux, voleur, menteur et manipulateur.
L'intérêt de cette oeuvre réside surtout dans la capacité que l'auteur a à défendre la fatuité anglaise : la vanité des hommes, sentiment négatif mais sincère, étant incontournable, autant l'assumer et la mettre en scène pour construire une vie indépendante et moqueuse des pouvoirs. Mais c'est oublier de la part de l'auteur que le dandy est une fragile apparence, un porteur de masques qui ne vit que dans la considération d'autrui et dépendant des subventions des dominants.

Très éloigné de la théorie du dandysme surstoïcien de Baudelaire dans le peintre de la vie moderne où le dandy est un personnage typique des périodes intermédiaires où les pouvoirs migrent des vieilles classes possédantes vers les nouvelles dominantes, le Brummell de Barbey d'Aurevilly fait silence à dessein sur certaines évidences : Brummell n'a fait personne, c'est la couronne britannique et les classes dominantes qui l'ont fait dandy puis l'ont défait. Entretenu par les riches tant qu'il était à la mode, l'éphémère Brummell et ses savants noeuds de lavallière ont été une illusion d'indépendance.
Car la rébellion du dandy tourne toujours à vide puisqu'il se rebelle pour lui-même et son miroir, éternellement incapable de dépassement de soi. Obsédé par sa posture, Brummell en oublia d'être lui-même, donc il ne fut rien et mourut comme tel, laissant derrière lui une ou deux anecdotes mondaines, un ouvrage de mode et quelques fort malveillants mots d'esprit.
Ainsi, le mythe forgé par Barbey d'Aurevilly se révèle aussi fragile, assujetti aux puissants et vain que le furent Brummell et sa collection de porcelaines de Saxe.
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Georges Bryan Brummel a fait la pluie et le beau temps dans les salons les plus huppés de l'aristocratie anglaise. Son exceptionnelle beauté...on va jusqu'à le comparer à l'Appolon du Belvédère! Il faut reconnaître à ce fils de modeste commerçant un certain génie dans l'art de la composition de sa garde-robe, mais en plus il emporte l'amitié amoureuse de l'héritier de la couronne et de se faire accepter dans les clubs les plus fermés de Saint-James Street pour animer les soirées les plus élégantes de Londres! Fêté, admiré un seul mot de lui suffit à faire la fortune d'un tailleur! Dans le cas inverse un froncement de sourcils fera le malheur à qui lui déplait. Et pourtant ce dandy va sombrer progressivement dans la misère et l'oubli. En mars 1840 dans une humble cellule de l'asile de Caen seule, une religieuse veille sur une épave humaine agonisante: un vieillard chauve et décharné. Qui pourrait reconnaître le beau Brummel? le favori tout-puissant du prince de Galles, le dandy glacé auquel toutes les impertinences étaient permises?
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Lecture pour dandies, vaniteux. Il paraît que ce peuvent être des qualités. Je crois. Pour certains nietzschéens... Et pour certains historiens. Allez savoir.
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un morceau de'histoire sorti de l'oubli, une époque disparue dont il nous est difficile de percevoir les contraintes. ça m'a rappelé la citation de Talleyrand: "« Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre. »
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'Excentricité, cet autre fruit du terroir anglais, le produit aussi, mais d'une autre manière, d'une façon effrénée, sauvage, aveugle. C'est une révolution individuelle contre l'ordre établi, quelquefois contre la nature: ici on touche à la folie. Le Dandysme, au contraire, se joue de la règle et pourtant la respecte encore. Il en souffre et s'en venge tout en la subissant; il s'en réclame quand il y échappe; il la domine et en est dominé tour à tour: double et muable caractère ! Pour jouer ce jeu, il faut avoir à son service toutes les souplesses qui font la grâce, comme les nuances du prisme forment l'opale, en se réunissant.
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... il y a dans la vanité surexcitée une inflammation qui ressemble diablement à l'amour. Diablement est le mot.
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Il avait jeté, par amour de joueur pour les décisions du hasard, une feuille sur l'eau, et l'eau l'emportait !
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Un Dandy peut mettre s'il veut dix heures à sa toilette, mais une fois faite, il l'oublie. Ce sont les autres qui doivent s'apercevoir qu'il est bien mis.
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Les femmes ne lui pardonneront jamais d'avoir eu de la grâce comme elles; les hommes, de ne pas en avoir comme lui.
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Videos de Jules Barbey d'Aurevilly (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jules Barbey d'Aurevilly
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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