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Münevver Andaç (Traducteur)
EAN : 9782070392834
151 pages
Gallimard (14/03/1995)
3.55/5   31 notes
Résumé :
Un homme est tué par l'amant de sa femme.
Le meurtrier est abattu à son tour. Mais cette vengeance ne suffit pas à la mère de la victime : la femme qui a provoqué le drame, qui en a peut-être été l'instigatrice, n'a pas été punie, et elle a hérité au surplus des champs de son mari qui était riche.

La vieille femme cherche en vain à chasser sa bru du village ; elle rêve de sa mort. Ses fils sont des faibles, ils n'ont pas le courage de tuer cet... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Souvenir brûlant comme du vif argent : celui d'avoir découvert au milieu des années 1980 - quelques mois avant cette lecture - une magnifique adaptation cinématographique de ce roman par sa compatriote Türkan Soray... lors d'une émission télévisuelle qui devait se nommer "Cinéma sans frontières"...

Choc d'un film fascinant, âpre et vertigineux.

Son "motif" ? En "Anatolie profonde", un pré-adolescent (presque encore un gamin) est poussé à tuer sa propre mère... "Pour laver l'honneur", comme on dit... "Fatum" pesant sur deux paires d'épaules : ce poids indicible du "On-Dit" et du "Tu-Dois..."

Apparaissaient aussi ces quelques mots dans le générique de fin : "D'après le roman de Yachar Kemal"...

Eh bien, qui était cet écrivain ? Il nous fallait découvrir ce romancier...

Yachar Kemal (en turc : "Yaşar Kemal", de son vrai nom "Kemal Sadık Gökçeli") : nom résonnant comme l'épée contre l'enclume, aussi fascinant qu'énigmatique .

Romancier, conteur et journaliste turc, d'origine kurde, né en 1923 dans le village de Hemite près d'Osmaniye en Cilicie (Anatolie) : sa famille ayant émigré dans la plaine dite de la "Tchoukourova" ("La plaine creuse") qui formera le cadre de bon nombre de ses premiers romans ; Istanbul étant le cadre de ses plus récents.

Il est sans doute le "père de la Littérature turque" (moderne) et un redoutable "homme de gauche" (1 année de prison en 1950 pour "activités communistes") ; voir par ailleurs la couverture turque de son premier "Mèmed", histoire d'un bandit d'honneur révolté contre l'injustice, se résolvant à dépouiller les riches pour rendre ce qui a été dérobé aux pauvres...

Ce vertigineux romancier à la langue lyrique si particulière, inimitable, est l'héritier direct du "savoir-conter" des Achik (ces bardes itinérants anatoliens)...

Il a contribué, tout comme son "collègue" Orhan Pamuk, à faire resurgir - enfin - des brumes de l'oubli nationaliste "kémaliste" puis "erdoganiste" le lourd passé génocidaire en terre turque (Massacre des Arméniens... ) : une question jusqu'alors tabou.

Yachar Kemal obtint en 1982 le Prix mondial "Cino del Duca" pour l'ensemble de son oeuvre.

Mais relisez donc attentivement, à propos de "Tu écraseras le serpent" [« Yılanı öldürseler », 1976] , la très belle critique babéliote de notre ami andreas50 : il vous dit l'essentiel sur ce drame que vont vivre page après page, le très jeune Hassan et sa jeune mère Emsé...

Vif souvenir de lecture de ces pensées funèbres d'enfant solitaire, tournoyant silencieusement comme papillons puis bourdonnant soudain comme des mouches sous le soleil meurtrier de l'Anatolie, dans les hauteurs du Taurus par-dessus la "plaine creuse" de Tchoukour-ova, chère au coeur du barde Kemal...

Ce roman fut - comme la plupart des autres romans de Y. Kemal - magistralement traduit du turc en français en 1981 par la talentueuse Münevver Andaç pour le compte des éditions Gallimard.

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+++ NOTE IMPORTANTE : ici sur Babelio, vous pouvez utilement consulter notre "LISTE Yachar KEMAL", qui est la 5ème associée ci-dessous à cet immense écrivain. Elle est intitulée " Yachar KEMAL (Kemal Sadık Gökçeli : 1923-2015) : une vie, une oeuvre - en 30 ouvrages traduits en français". Il s'agit d'un petit travail de synthèse qui vous présentera - par ordre chronologique - pratiquement l'ensemble de son oeuvre romanesque, "essayiste" et politique passionnante.
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Même s'il a des qualités indéniables, j'ai été perturbé par ce roman. Mais avant d'en parler, premier élément, l'éditeur aurait pu se dispenser de tout raconter sur la 4ème de couverture ! Question de tuer le suspense, ça fonctionne à merveille.

L'intrigue est simple, et classique, dans les deux sens du terme. Nous sommes dans un village turc situé près des ruines de l'Anavarza, près d'Adana. Une très belle femme, Esmé, a été mariée de force à Halil...alors qu'elle a toujours aimé Abbas, l'amant qui vient rôder près de la maison toutes les nuits. Un jour, il tue Halil. Si les frères de la victime le tuent à son tour, cela ne suffit pas aux yeux de la mère d'Halil à le venger : Esmé étant responsable doit être châtiée. Si la fratrie d'Halil et une bonne partie du village appellent à la mort de la putain, personne n'a le courage de passer à l'acte, les hommes étant peu "courageux" et comme ensorcelés par la beauté de cette femme. La vieille voit alors en Hassan, le fils d'Halil et d'Esmé, le seul capable d'assassiner sa mère.

Hassan est écartelé entre son amour pour sa mère et le désir de venger son père, qui bientôt vient le harceler en prenant la forme d'un revenant et de toutes sortes de bêtes, notamment d'un serpent pour crier sa souffrance : seule la vengeance le délivrera de ses tourments. Hassan est fiévreux, comme fou, arpentant ces collines, fuyant, revenant, allant aux nouvelles des on-dit des villageois...et sa grand-mère quasi-muette mais maligne ourdit toujours sa vengeance...

Ce roman est oppressant, car on se demande longtemps quand Esmé sera tuée, son sort paraît scellé d'avance, par qui, comment...oppressant aussi par ce fantôme d'Halil qui revient, par la personnalité finalement peu sympathique de Hassan, "héros" bien inquiétant, instable et influençable, par la grand-mère calculatrice et obsédée par la vengeance...même Esmé ne parvient pas à nous convaincre de l'aimer, car elle a fauté, et peut-être faute-t-elle encore ?
Oppressant aussi par la survenue du fantastique, du rêve, des superstitions...

Il n'y a donc pas de personnage vraiment net et positif dans cette histoire, c'est une sorte de tragédie grecque, un drame shakespearien...avec une tension et une folie qui montent, parfois entrecoupées d'étranges moments de calme, lorsque les villageois à plusieurs reprises semblent oublier, se désintéresser de l'affaire, avant que les dernières pages nous entraînent jusqu'au paroxysme meurtrier.
Pour cela, ce court roman est une réussite, et le style est enlevé, l'écriture de bonne qualité.

Mais encore une fois, l'issue est sans doute trop prévisible et trop annoncée, dommage, ça gâche un peu le plaisir !
Je me suis aussi demandé si cette histoire pouvait traduire l'essence de l'âme turque, avec ce sens de l'honneur très développé, un esprit de vengeance...ça m'a perturbé, c'est une face un peu sombre...
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Cilicie (Turquie), période indéterminée entre les années 1940 et 1970. le père de Hassan a été assassiné par Abbas, l'amant de son épouse Esmé. En représailles, Abbas est rapidement appréhendé et tué par les frères de la victime. Mais la grand-mère réclame encore justice : la jolie Esmé doit payer de sa vie. Tandis qu'un de ses beaux-frères lui conseille de fuir, la jeune femme ne peut se résoudre à abandonner son fils. le petit Hassan est écartelé entre son amour pour sa mère et les injonctions incessantes, lancinantes de sa grand-mère, de ses oncles paternels et des villageois qui le poussent à la revanche.
Pas toujours simple à lire au début, en raison des va-et-vient chronologiques, ce petit roman est dur, intense. Il a parfois des accents de tragédie antique, par le côté théâtral et grandiloquent des paroles de ceux qui réclament vengeance. Le thème de la domination masculine dans cette société est traité sans complaisance, l'auteur porte un regard sévère sur ces hommes pleutres qui déstabilisent et harcèlent un enfant pour qu'il lave leur honneur, répare l'outrage dont une femme est responsable selon eux...
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Une nouvelle longue époustouflante sur la singularité et ce qui est pour nous l'aberration du système d'éthique familiale dans l'est anatolien. le sentiment de l'honneur qui mène jusqu'à la folie et jusqu'au matricide d'un enfant. Face à ces pages qui m'ont empli d'horreur et de fascination, il devient évident qu'il est totalement inutile de parler de société "avancée" ou "arriérée" de même que de tracer de superficielles analogies entre notre passé (plus ou moins lointain) et la tradition turque qui est totalement et radicalement autre (que l'Europe).
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Avec ce petit roman, j'ai été plongée dans un univers bien éloigné du nôtre, mi-effrayant, mi-merveilleux. Un monde où règne la tradition de la vengeance du sang versé. C'est une histoire de manipulation, de conspiration qui va aboutir à un assassinat. Ca ressemble à une tragédie grecque.Un fils doit tuer sa mère pour délivrer l'âme de son père…

Un univers où on voit des spectres, où on dialogue avec les morts, où les hirondelles et les aigles côtoient les serpents et les fantômes, où un homme assassiné apparaît aux autres dans la peau d'un chien ou d'une sauterelle.

Et puis pour finir, il reste à parler de la construction du roman. L'auteur ne suit pas la chronologie des événements, on va et vient dans le temps, comme on erre dans les montagnes ou dans l'esprit du jeune Hassan qui ne sait plus où il en est. Pour notre plus grand plaisir !
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il s'assit près de la source et ses larmes le rendirent encore plus malheureux. Les sentiments qui l'agitaient étaient si confus...Quand il se disait qu'ils avaient peut-être déjà tué sa mère, une drôle de joie l'envahissait, et tout de suit après, une douleur terrifiante lui étreignait le coeur. Il passait sans cesse de l'affliction à l'allégresse.
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Les exhortations pleuvaient sur Hassan. Vieux et jeunes, hommes et femmes, tous s'estimaient obligés de lui tenir des discours sur son père, sur sa mère, sur les fantômes...
L'enfant allait et venait dans le village, hagard, il ne parvenait pas à leur échapper, tous ces discours incohérents l'étourdissaient, il n'avait plus sa tête à lui.
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Un père dont le meurtre n'a pas été vengé se lamente dans sa tombe jusqu'au jugement dernier, croyez-vous que Hassan l'ignore ? Il sait que ce père maudit jusqu'à la fin des temps le fils qui ne l'a pas vengé. Jamais il ne connaît le repos dans sa tombe, Hassan le sait bien... (p. 68)
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