Mais qu'est-ce que c'est que ce roman,
le château blanc ? Un roman historique, un conte philosophique, essai ésotérique ou métaphysique, un peu tout ça à la fois ? Et beaucoup plus. Tout le long de ma lecture, je ne savais pas sous quel angle aborder le livre. Assez déconcertant. Remarquez, c'est un peu la « marque de commerce » d'
Orhan Pamuk, mais poussé à son extrême. J'aime bien les défis intellectuels quand ils sont insérés dans une histoire, pas quand ils constituent une trame principale à laquelle je n'accroche pas. Ça m'amène à lire distraitement, à louper des éléments importants et à ne plus rien comprendre… ou presque.
D'abord, cette introduction précisant que le texte qui suit est un manuscrit retrouvé dans une sombre bibliothèque. Déjà vu ! Chez quelques uns, ça passe. Pour la plupart des autres, c'est inutile. Je ne vois pas la plus-value dans le cas du Château blanc. de toutes façons, ça n'apporte rien dans mon cas car j'aime bien pénétrer dans un univers littéraire en me l'imaginant réel.
Ensuite, ce début est prometteur. le narrateur est un jeune Italien fait prisonnier par des Turcs, qui devient esclave et se retrouve au service du Maitre. Ce nouveau personnage sera toujours dénommé ainsi parce qu'il n'aime pas son propre nom. Façon à peine déguisée pour l'auteur de le dépersonnaliser, favorisant ainsi le dédoublement de l'Italien ? Pendant les années qu'ils travailleront côte à côte, une relation amour-haine s'installera entre les deux jusqu'à ce que, à force de manipulation, la fine ligne dans la relation dominant-dominé devienne difficile à saisir. L'esclave encourage son maitre à expier ses péchés, à trouver au fond de lui le courage en se dévoilant, et ce dernier exige la même chose de son serviteur. Tel est pris celui qui croyait prendre… Les deux finiront-ils par ne devenir qu'une seule personne ?
Enfin, ces longs passages à inventer des prédictions frauduleuses (n'est pas Premier Astrologue qui veut !), à élaborer des théories sophistiquées et à essayer de percer des mystères divins, eh bien, ils m'ont un peu perdu. Pendant ces années, leurs obscures expériences, leurs travaux sur des lunettes astronomiques, des horloges étranges et même une arme secrète ultra-puissante les isolent. Que des chimères, des détours tortueux pour forcer des questionnements existentiels ! Surtout qu'il ne se passe pas grand chose, à part une épidémie de peste et les échos de guerres lointaines.
Mais j'ai réussi, je suis passé au travers du Château blanc ! Je dois admettre que la fin valait la peine, elle explique toutes les circonlocution, tous les échanges entre l'esclave et le maitre, comme quoi ils étaient forcés par
Orhan Pamuk pour en arriver à cette finale qu'il avait prévu depuis le début. Cette grande question « Pourquoi suis-je moi ? », posée assez tôt, trouve réponse dans les dernières pages. Mais même une apothéose géniale ne peut compenser pour l'ennui ressenti pendant toute une lecture. Et, à en juger par les autres critiques du roman, je ne suis pas le seul à penser ainsi…