Ce livre restera, pour moi, gravé pour toujours dans ma mémoire.
En effet, j'ai lu cet ouvrage lorsque je voyageais avec mes parents en Pologne à la recherche du château où mon grand-père a travaillé pendant quatre ans comme prisonnier durant la seconde guerre mondiale, autrefois en Allemagne et aujourd'hui en Pologne (pour l'anecdote, nous avions réussi à localiser ce château grâce des cartes allemandes trouvées dans un musée polonais).
Mon grand-père a ensuite été déporté dans le camp de
Sagan, toujours en Pologne; il m'a raconté deux ans après sur place qu'il a vécu l'histoire de la grande évasion (avec Steve Mc Queen) en chair et en os et les exécutions de prisonniers au hasard le lendemain de la sortie par le tunnel pour dissuader d'éventuelles nouvelles tentatives de fuite.
Durant mes voyages, je n'ai visité que le camp de Mauthausen en Autriche car mes parents ne voulaient pas nous traumatiser non plus. Je n'ai donc pas visité l'intérieur d'Auschwitz (Oswiciem en Polonais) ou Birkenau situé à quelques kilomètres seulement mais juste aperçu ces sites de l'extérieur.
Il est évident que lorsque vous vous déplacez sur les lieux décrits dans le livre, comme le camp de Birkenau, les récits concernant ce lieu vous touchent en plein coeur ; je garderai en mémoire toute ma vie cette ligne de chemin de fer, en ligne droite, qui longe la route actuelle vers Birkenau II et qui traverse les portes d'entrée du camp ; c'est comme une photo qui s'imprime avec de l'encre indélébile. On s'imagine le pire...
En conclusion, le personnage ambivalent d'Oskar Schindler et son histoire reste évidemment l'attraction principale de ce livre. Mais, j'ai trouvé
la liste de Schindler de
Thomas Keneally encore plus fort que le film car la magie des livres permet d'extrapoler et d'imaginer le caractère ou le comportement des victimes et des bourreaux, notamment cet ignoble officier, Amon Goeth.
Je recommande toujours de lire ce livre, même de nombreuses années plus tard, pour se rendre compte des atrocités commises mais aussi de la complexité des relations entre nazis, hommes d'affaires et hommes de pouvoir durant cette deuxième guerre mondiale.
Texte ajouté en complément:
Suite à plusieurs messages amicaux reçus à la suite de ma critique du livre «
La liste de schindler », je voulais apporter des précisions sur le contexte qui m'a donné envie de lire ce livre.
Mon grand-père, prisonnier de guerre pendant 5 ans durant la 2ième guerre mondiale, a rédigé un journal pendant sa captivité et ma cousine l'a transcrit sur ordinateur des dizaines d'années plus tard.
A la lecture de ce manuscrit, mon père a décidé de retrouver l'endroit où mon grand-père a été prisonnier durant 4 ans durant un premier voyage en Pologne.
Croyant avoir trouvé le bon château avec sa ferme attenante, pour son anniversaire, nous avons invité notre grand père à retourner en Pologne l'année suivante pour visiter les lieux où il a « séjourné » à 20 ans.
Le château, s'avérant n'être pas le bon, nous sommes repartis à la recherche du fameux « zamek » (en polonais), en compagnie de mon grand-père, en connaissant uniquement les noms de village en allemand. Finalement, après des recherches vaines et en passe d'abandonner, nous avons pu consulter d'anciennes cartes allemandes dans le musée de Głogów et retrouver ce fameux château et sa ferme toujours intactes.
Sur place, seules les rues pavées de l'époque avaient été recouvertes de goudron (les pavés étaient encore apparents sur le coté) et la maison, où il avait logé plus de 50 ans plus tôt, possédait encore les mêmes barreaux aux fenêtres, vestige de cette captivité ! Moment incroyable vous l'imaginez...
Ensuite, nous sommes allés au camp de
Sagan (seul un petit musée subsiste encore) où il a été déporté suite à un accident au bras survenu pendant les travaux à la ferme. C'est à
Sagan que se trouvaient le Stalag Luft III et le Stalag VIII C et où 10 000 prisonniers de guerre en transit étaient détenus. le 24 mars 1944, 76 prisonniers tentèrent de s'échapper par un tunnel de 110 m de long et de 9 m de profondeur, mais ils furent rattrapés presque tous à la sortie de tunnel (seuls trois hommes parvinrent à s'enfuir). Ce fait réel fut immortalisé par le film de "La grande évasion". Mon grand-père m'a donc raconté le lendemain de l'évasion que tous étaient en rang d'oignon sur le grand stade. Vint cette peur de mourir, d'être exécuté pour l'exemple. Mais, ce n'est pas tombé sur lui ce matin-là.
Durant ce voyage à Żagań, il nous a aussi raconté les suicides des gens qui se jetaient volontairement vers les barbelés, la façon, dont étaient traités les russes, comme des animaux ou encore ce voyage retour, horrible et épuisant, à pied, vers la France suite à l'avancée des troupes russes venant de l'Est (nombre de survivants dans le camp sont morts durant le trajet).
Durant ce voyage, mon grand-père a pu libérer sa parole, jusque-là impossible à exprimer de tels actes et s'est complètement transformé par la suite, en un autre homme, plaisant et apaisé, pendant les dernières années de sa vie. Il a pu, d'une certaine façon, plaquer une vision actuelle des lieux et effacer ainsi des images insoutenables de ce traumatisme qu'il a vécu dans les années 40.
Voilà pourquoi je me souviendrai à jamais de ce livre et de ce voyage unique avec un rescapé de l'enfer.
A mon grand-père...