L'auteur de "
Blue Bird" et des "Sandales de Rama" restent sur sur son terrain de prédilection, l'aventure historique.
Il y ajoute néanmoins une intrigue policière prédominante avec "
Le complot du Trident".
Le roman commence d'emblée sur le crime du personnage historique dont le portrait est rapidement brossé. L'empereur Titus Flavius Vespasianus.
Et avant même d'avoir le temps de ouf et de tourner quelques chapitres, Publius, l'enquêteur de l'histoire est mis sous les verrous, accusé du projet criminel tandis que l'assassin court encore les rues pavées.
Du non sens, se dirait-on.
Au fil de la lecture, les jeunes lecteurs se rendront compte que dans cette société présentée, calomnier est un jeu d'enfant et tuer ses ennemis, un jeu de dupes, devant le théâtre d'une assemblée populaire prompt à s'enflammer aussi facilement qu'à se réjouir ardemment. le jugement du pouce, rituel des tournois spectacles, s'appliquera symboliquement pour Publius qui attend son heure dans sa geôle.
Le nom de Publius est scandé rageusement. On réclame une tête pour avoir empoisonné l'empereur, pour avoir coupé celle de l'empire.
Qui maintiendra alors l'aventure alors que tout semble déja bien perdu pour le vieil homme qui ne semble pas craindre encore pour son propre sort?
Lui-même.
Car par un jeu de va et vient dans le temps assez fluide, nous plongerons quelques temps en arrière pour que les lecteurs puissent obtenir une vue d'ensemble, de cette société romaine en présence et qu'ils prennent connaissance, en nouveau détective, de tout le "dossier" criminel.
Et il y a eu des précédents avant d'en arriver au meurtre de Titus.
C'est ainsi que nous revenons sur une mission de reconnaissance confiée à Publius, personnage au caractère bourru, railleur, à l'esprit fin, dans les bonnes grâces de Titus lui-même.
Il doit enquêter sur l'étrange absence de livraisons de vivres et biens précieux acheminées par navires, issus des mers contrôlées par Rome jusqu'au port d'Ostie.
Un vrai robinet d'abondance fermé. Titus souffre de ne pas entretenir raisonnablement son train de vie.
Près d'Ostie, tout le monde regarde au loin un navire qui ne débarque pas avec inquiétude. A son bord, Publius et son neveu Lucius, 15 ans, découvrent des cadavres, empoisonnés ou pourfendus de traces de tridents. le signe du trident va se retrouver marqué sur des murs, sur des bijoux autour de personnages signant des actes criminels contre l'empire.
Publius n'est pas tendre avec Lucius mais pas cruel, il lui apprend le métier, la persévérence, l'éloquence et toutes les autres qualités attendues par leur rang.
Le cas du navire pourra en outre développer le sens de la déduction si il souhaite enquêter à son tour pour l'empereur.
Mais nous connaissons déja le sort de Publius.
L'auteur, a du coup, su apposer une tension dramatique grandissante, intrigante, sur ces parenthèses dans le temps. Que de questionnements autour de ce personnage enfermé qui se trouve pourtant au coeur de la résolution.
Quels sont les liens entre le navire, les tridents et le crime de l'empereur?
On imagine un complot politique, ceci aiguillé par le titre et également par l'époque antique choisie qui multipliait les destitutions régnantes violentes.
Epée, dague ou poisons étaient la voie pour régler les désaccords et provoquer rapidement les changements.
Mais le trident?
Publius compte sur Lucius pour trouver les preuves de son innocence. Sacré mission à quinze ans.
Lucius ne manque pas de courage et de pugnacité mais nous savons l'adolescent déja l'esprit bien occupé et le bras pris pour défendre une jeune servante maltraitée. Une très jolie Flavie qui appartient à l'empereur.
Les éléments s'imbriquent astucieusement et l'on se réjouit de personnages aussi naturellement intéressant, bien rendu dans des psychologies qui évitent tous clichés.
C'est un plaisir de lecture.
C'est un roman dont le style rejoint un peu les captivantes aventures policières de Titus Flaminius l'avocat romain de
Jean-François Nahmias, en moins dense dans l'approche historique.
Il pourrait être aussi à recouper avec d'excellents titres d'aventures historiques comme "Elyssa de Carthage" d'
Eric Senabre et "
Intrigues à Athènes" de
Paul Thiès.