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EAN : 9782714499097
192 pages
Belfond (04/05/2023)
4.07/5   21 notes
Résumé :
Un roman extrêmement documenté, presque journalistique, sur les bataillons de femmes kurdes en guerre contre Daech. Une œuvre courageuse au plus près du réel pour rendre justice à ces femmes qui ont choisi les armes pour sauver leur liberté, et la nôtre.

13 novembre 2015, Paris compte ses morts. Au même moment, à quatre mille kilomètres de là, les forces kurdes libèrent la ville de Şengal, en Irak. Parmi elles, de nombreuses jeunes femmes venues ... >Voir plus
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La louve de Dersim est un roman certes, mais si bien documenté que le lecteur à l'impression de lire un témoignage.
Sous couvert d'héroïnes fictives, Yasmina Kramer nous décrit l'univers de ces femmes combattantes qui ont pris les armes contre le terrorisme et l'asservissement de la femme. Elles défendent aussi la liberté kurde, celle d'un peuple sans état disséminés sur quatre pays : l'Irak, l'Iran la Syrie et la Turquie.
On a très peu parlé de ces femmes dans les médias, pourtant leur courage est extraordinaire et on ne peut être qu'admiratif face à leur combat.
Dès les premières pages, on entre dans le dur puisqu'il s'agit d'une guérilla au coeur d'une ville En face, des djihadistes déterminés et bien armés. Chez les combattantes, une détermination acharnée. Elles savent qu'elles risquent gros si elles tombent aux mains de l'ennemi qui pratique viols, tortures et lapidations. Beaucoup de ces femmes kurdes et particulièrement celles qui appartiennent à l'ethnie Eleni qui ne suit pas les préceptes de la religion musulmane, sont utilisées comme esclaves sexuelles.
Des femmes qui combattent, pour un djihadiste fanatique et borné, c'est une menace, car, s'ils sont tués de leur main, ils n'accèderont pas au paradis. Aussi préfèrent-ils actionner leur gilet et se faire sauter ou bien prendre la fuite devant ces furies qui lancent des you you et des cris vindicatifs. On trouverait cela presque drôle s'il n'y avait l'horreur de la guerre. Au milieu des montagnes. Il faut savoir se cacher, vivre de façon spartiate et accepter l'éloignement avec sa famille. Mais la solidarité, la sororité sont incroyables au sein de cette armée de femmes.
On apprend aussi que de nombreux étrangers, appelés « internationalistes » rejoignent leur camp. Beaucoup y laissent la vie.
L'auteure nous entraine dans les coulisses, et l'on assiste aux entrainements et au maniement d'arme dans des camps secrets. Elle a pu les suivre et donc vivre au plus près leur quotidien, elle les a interrogées pour mieux appréhender leur histoire, leurs aspirations, et cette approche de la réalité rend le roman crédible.
Au-delà du métier des armes, ces femmes se battent aussi pour l'égalité homme femme et pour accéder à des postes de responsabilité.
En Europe, au même moment, (nous sommes en 2015) les attentats meurtriers des terroristes de Daech ensanglantent la France et l'auteure, par la voix de son héroïne, nous rappelle que leur combat pour la liberté et contre le terrorisme rejoint le nôtre.
Alors, tous unis pour l'émancipation des femmes et la liberté d'expression ? On peut toujours y croire.
La grande qualité de ce roman, c'est de nous raconter, à travers une fiction, le combat de ces femmes kurdes C'est aussi, à travers elles, toute l'histoire d'un peuple humilié que l'on découvre.

Si l'histoire m'a passionnée, je n'ai pas été séduite par l'écriture qui manque d'envergure.
Cela reste un bon roman à découvrir.

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La Louve de Dersim de Yasmina Kramer est l'histoire de femmes remarquable. Elles ont vaincu l'État Islamique oui avec l'aide des avions des coalisés, mais sur le terrain ces guerrières telles des amazones ont fait ravaler le Coran a ces barbares.
Little Bighorn est pour moi la dernière victoire des hommes libres. Si je m'exprime ainsi, c'est pour vous parler d'un autre combat, celui-ci mener par des femmes. le Kurdistan est divisé entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie au lendemain de la chute de l'empire Ottoman. Fréquemment attaqué par la Turquie et L'état Islamique, s'est levé l'Armée des Femmes, elle refuse d'être les esclaves des hommes et ont une notion du féminisme à faire rougir le féminisme occidental. Car c'est avec les hommes qu'elles font la guerre et la plupart du temps prenne l'initiative dans les plans de bataille et au combat. L'Armée des Femmes Kurde est laïque, elle a vaincu l'État Islamique qui voulait faire d'elle des esclaves. Si dans les journaux occidentaux, elles n'ont eu droit qu'à de mince entrefilet sauf qu'en de rare exception. Cela est parce qu'elles sont sur la ligne de front pour combattre l'Islam radical et comme tout le monde le sait, l'occident est frileux à dénoncer les crimes de cette religion. Comme en Iran leur crie de ralliement est Femme ! Vie ! Liberté !
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En ce jour terrible du 13 novembre 20215, Paris ébauchait dans la soirée ce recensement macabre du nombre de morts et de blessés dans l'Est parisien, où avaient eu lieu les principales attaques terroristes. À quatre mille kilomètres de là, les forces kurdes procèdent à la libération de la ville de Şengal, dans le Kurdistan irakien.
C'est cette guerre des femmes kurdes que décrit Yasmina Kramer dans un roman très inhabituel dans le ton général, mais bouleversant sur le fond. L'auteure du récit s'attache très sobrement à la description des combattantes, à leur origine, à leurs motivations : la narratrice, ainsi qu'Assîa, font partie des YPG, les unités de protection du peuple. Assîa dirige sous sa responsabilité quarante homme et femmes. Les buts de la guerre sont simples, évidents aux yeux de ses troupes : lutter contre Daech, cette bande de barbares fanatiques, d'égorgeurs, de terroristes rétrogrades, qui pratiquent la terreur à grande échelle, les viols, la lapidation, pire châtiment pour les femmes qui subissent ces atrocités. Ces maquisardes excellent dans la formation au maniement des armes : charger une kalachnikov, s'entraîner au tir, ajuster rapidement son lance-roquettes …
Ceci est pour le court terme, mais ces femmes luttent, aussi, pour la construction et la reconnaissance internationale du peuple kurde, peuple sans État, et partagé après le Traité de Lausanne du 14 juillet 1923 entre la Turquie, L'Iran, l'Irak et la Syrie. La narratrice le précise : « Assîa et moi sommes des Kurdes Eleni. Nous avons grandi à Bersim, une petite ville du Kurdistan turc, en Anatolie orientale. » Ces deux combattantes évoquent avec ferveur la défense de la culture kurde, de ses langues, parmi lesquelles le kurmanci.
L'auteure nous apprend aussi qu'en 1937, eut lieu un génocide pratiqué par l'armée turque contre les Kurdes. Une opération militaire qualifiée « d'assimilation » menée par Atatürk, fit dans le village de Dersîm des milliers d'exécutions et de déportations.
Ce qui retient l'attention du lecteur, c'est aussi le rappel des origines des troupes combattantes dans les rangs des Kurdes. On y trouve des étrangers, un Italien, un Ecossais, un Français, Milo, dont les motivations d'engagement sont très hétérogènes. Les femmes kurdes les appellent « les internationalistes », rappelant ainsi les Brigades Internationales de la Guerre d'Espagne quelques décennies plus tôt.
Durant ce conflit meurtrier, sanglant, ces femmes kurdes s'éduquent, se posent des questions sur le sens profond de leur engagement, envisagent un avenir sans fanatisme, une société où les femmes, sans devenir les ennemies obligées des hommes, seront leurs égales en dignité et en responsabilité. Un lecteur occidental ne peut que se sentir proche de ces aspirations de liberté, d'émancipation, de ces femmes qui ont pris les armes pour défendre leur liberté, et sauver aussi un peu la nôtre à quatre mille kilomètres de nos frontières … Un livre exemplaire, atypique, par lequel Yasmina Kramer nous fait toucher du doigt la justesse de la cause de ces femmes.

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Dans les années 2010, lors de la montée en puissance de Daesh en Syrie, la Résistance est venue des forces kurdes. Et parmi cette résistance, de nombreuses femmes, prêtes à tout pour leur liberté, pour combattre l'ennemi, pour faire justice, venger les leurs, tout en réflexion, sans oublier leur féminité, leurs valeurs. La louve de Dêrsim représente ces femmes.

Impossible de ressortir indemne de cette lecture. Je ne sais pas si c'est le fait que l'autrice soit journaliste, mais j'ai eu l'impression d'être au plus près des combats, en direct, au front, que mènent ces femmes. J'ai parfois eu des hauts le coeur durant ma lecture tellement c'était violent. C'est la guerre.

Je suis très admirative de la détermination de ces femmes, du courage qu'elles dégagent face à l'ennemi, face à la mort, tout ça pour la liberté. Comment ne pas s'attacher à elles ? Comment ne pas avoir peur et souffrir avec elles ? Parce que la plupart d'entre nous avons la chance de vivre sereinement et non sous les bombes, dans la peur de voir notre vie ou celle de nos proches s'arrêter en une fraction de seconde.

Difficile pour moi de trouver des mots lorsqu'encore, à l'heure actuelle, l'humain n'est pas assez intelligent pour vivre en paix. Cela me désole, me fait mal au coeur. Comme si tout était prétexte à se battre alors que le monde serait tellement plus beau sans haine. Et comme on dit, l'espoir fait vivre.

« Si la paix pouvait embrasser ce monde juste un jour, une trêve, une pause, pour que l'on sache après quoi on court […] La planète tourne à l'envers, ça m'fait peur. »
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J'ai lu avec une boule au ventre; celle que vous ressentez quand vous faites face à une émotion difficile à maîtriser; une boule qui envoie sa charge vers le coeur; un coeur qui se serre et qui veut se libérer de la tension par le biais des larmes versées. J'avais envie de pleurer mais je me suis retenue alors la boule n'est jamais partie. Elle était là, dans mon ventre, serrant à chaque fois mon coeur qui palpitait et que je n'arrivais pas à calmer. J'avais mal dans ce lieu difficile d'accès. J'avais mal au coeur.

Ce roman a été une douleur pour moi. Une merveilleuse douleur. Authentique. Juste. Pure. Vraie. Elle m'a fait mal mais elle l'a fait pour me rappeler une douleur autrement plus insupportable : celle des Kurdes qui ailleurs, dans le monde, souffrent d'être sur terre et qui, pour se libérer de la soufflante infligée, n'ont que la lutte et la mort pour unique voie d'accès.

J'avais peur que Yasmina Kramer fasse dans le larmoyant, la jérémiade et que son roman ne fasse pas honneur au combat livré par les Kurdes. Rien de tel. le ton est juste, loin de la mièvrerie qui alourdit la plume. le ton est si juste qu'il illumine avec merveille la lutte kurde.

Que dire. C'est beau, c'est douloureux, c'est lumineux, c'est triste, c'est humain. C'est un très beau roman que je conseillerai au plus grand nombre.

Merci! Merci beaucoup Yasmina Kramer pour ce regard juste et bienveillant ! Merci d'avoir fait honneur à Dêrsim et plus largement au Kurdistan! Merci!
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En arrivant à Minbic, Daech boucle la ville et s'y installe. Impossible pour les civils de s'enfuir. Les témoignages des quelques personnes qui ont réussi à s'échapper nous glacent le sang. Là-bas, comme sut tous les territoires conquis par notre ennemi, les femmes sont niées. Elles ne peuvent sortir seules dans la rue. Elles sont soumises à un mari, un fils, un frère, eux-mêmes esclaves de Daech. Pour s'assurer du respect de l'ordre public et de la moralité, l'ennemi a créé une section spéciale : la hisbah. Cette unité féminine, composée des épouses des hommes de Daech et de celles qui se sont ralliées à leur djihad, patrouille tous les jours avec des armes automatiques. Elle surveille en permanence les femmes.
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A Minbic, on coupe des mains à tout-va. On jette les homosexuels vivants des toits des immeubles. Des femmes sont exécutées sur la place publique. Tous les vendredis, jour de prière, Daech lapide, crucifie, décapite et brûle vifs ceux qu'il considère comme infidèles. Les corps sont ensuite exposés à la vue de tous. Les têtes, piquées sur des pieux de bois, ornent les grands axes de la ville. Les cadavres demeurent à pourrir sur la chaussée, ou pendus sur des fils électriques ou à des lampadaires le long des routes.
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- Faites que vous ne deveniez jamais comme les hommes, déclare soudain Milo.
- Comment ça ?
- Vous, les femmes, donnez la vie, ajoute-t-il. Vous connaissez sa valeur, vous êtes plus près de la vérité, vous savez ce que l'amour et la souffrance signifient. Les femmes détiennent la sagesse, si elles deviennent comme les hommes, ce sera la fin de l'humanité.
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Les femmes détiennent la sagesse, si elles deviennent comme les hommes, ce sera la fin de l'humanité.
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Assîa et moi sommes des Kurdes Eleni. Nous avons grandi à Bersim, une petite ville du Kurdistan turc, en Anatolie orientale.
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