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Jacques-Alain Miller (Éditeur scientifique)
EAN : 9782020027618
253 pages
Seuil (01/02/1973)
4.34/5   19 notes
Résumé :
À la suite de son "excommunication" de la Société psychanalytique internationale, Jacques Lacan est accueilli en 1963 à l'École normale supérieure pour son onzième séminaire. Son thème : les fondements de la psychanalyse. L'heure est en effet aux refondations ! Lacan retient de Freud quatre notions importantes qu'il présente comme les piliers du savoir analytique : l'inconscient, la répétitio... >Voir plus
Que lire après Le séminaire, livre XI : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Qu'est-ce qu'il est bon ce Lacan, ouais, en voilà un à qui on ne la lui joue pas, de sa trique mal cachée, et direct vous posez le cul dans un siège de la salle de conférence, tout peinard avec vos binocles sérieuses, et il vous sort : « pour l'instant je ne baise pas, je vous parle, eh bien ! je peux avoir exactement la même satisfaction que si je baisais ». Ouais, ouais. C'est ça la sublimation.


Quel malheur aux apéros de devoir se taper les crises identitaires des invités. Y en a un qui enchaîne des concerts, qui se gagne des tunes et se fait plein d'amis ; un autre qui lance son vernissage demain pour vendre ses croûtes ; d'autres qui écrivent des poèmes, des sérénades, des scénarios et d'autres déchets –tout ceci comme si on prononçait la messe, à qui admirera le plus son voisin dans l'espoir d'être quand même le préféré de ses dames. Eh bien là, Lacan devrait surgir dans un halo de paillettes pour leur rappeler qu'en fait d'activité civilisée, la moins hypocrite c'est peut-être de faire son nom dans le milieu de la pornographie.


On comprend pourquoi ses conférences devaient être sympas. Pas dupe de l'intérêt proprement masturbatoire que ses auditeurs vouaient à ses lectures, il s'amuse. On ne comprend pas toujours tout et même souvent pas grand-chose mais comme le dit Lacan lui-même, si vous ne comprenez pas encore : «Tant mieux, ce vous sera raison de l'expliquer. Et si ça reste en plan, vous en serez quitte pour l'embarras. Voyez, pour ce qui m'en reste, moi j'y survis ». Il faut connaître un peu les petits concepts de base du jargon lacanien pour piger le minimum et pour le reste, comprendrez ce qui fusera hors de l'expérience, le reste devant encore vous être dissimulé jusqu'à ce que la comprenette vous soit offerte sur le plat sacrificiel. Pas trop vite la musique.


Récemment, je me rendis –sur invitation dois-je préciser- à un séminaire de causettes psychanalytiques à Montpellier. Ma décrépitude fut progressive. Ma prise de notes se fit élusive, mon attention de plus en plus flottante, je tournai les yeux du côté des autres auditeurs dans l'espoir d'inverser le processus de sublimation intellectuelle qui m'avait amenée là vers de plus prosaïques besoins reproductifs mais, aucune face ne faisant l'affaire, je sombrai bientôt dans une furieuse rage. Je bâillai. Puis encore. Fait-on de la psychanalyse pour apprendre à pécho ? Ne serais-je l'exception qui infirme la règle, les visages terrassés qui m'entouraient me l'auraient confirmé. le conférencier, tas de gras porcin à la chemise bleue claire, s'échinait à parler désir et jouissance sans que je ne sente la moindre chaleur nuptiale. Et les informations transmises ne témoignaient pas non plus d'une grande vigueur intellectuelle.


Lacan a expliqué comment devait se transmettre l'enseignement psychanalytique, si tant est qu'il y en ait un. Soyons précis lorsque les cerveaux fondus se mettent hors-circuit, comme c'est votre cas souvent. Pleurnichards à ne pas comprendre une notion aussi triviale que le Trieb freudien, par exemple, ferme ta gueule et écoute ce que ça veut te dire : « le Trieb vous pousse au cul, mes petits amis, c'est toute la différence avec l'instinct, soi-disant ». C'est pathologique le discours universitaire, Lacan l'a dit, qui lui-même n'en était pas sorti, ben non, mais on s'en accommode vite fait en disant que la vérité « c'est ce qui court après la vérité », et qui est en tête dans cette débandade furieuse ? le bon vieux Lacan bien sûr ! « c'est là où je cours, où je vous emmène, tels les chiens d'Actéon, après moi. Quand j'aurai trouvé le gîte de la déesse, je me changerai sans doute en cerf, et vous pourrez me dévorer », mais bon, ce n'est pas pour tout de suite. Au cours de ces présentes causeries, Lacan parle surtout du rôle du transfert, donc du discours entre sujet supposé savoir (le toubib) et celui qui fait la demande (le pigeon). « Je me donne à toi, dit encore le patient, mais ce don de ma personne –comme dit l'autre- mystère ! se change inexplicablement en cadeau d'une merde […] ». Sans doute peut-on en dire autant du discours du conférencier à l'auditeur. Voilà pourquoi on ressort toujours avec les oreilles puantes de ce genre de sauteries. Tous ces mecs-là en sont restés au niveau anal parce que c'est là le lieu de la métaphore, prendre un objet pour un autre, donner des fèces au lieu du phallus et, comme l'ajoute le facétieux Lacan, histoire de vous impliquer dans toute cette histoire : « Vous saisissez là pourquoi la pulsion anale est le domaine de l'oblativité, du don et du cadeau ». Pensez à la quantité de marchandises manufacturées que vous avez offertes à Noël pour vous évaluer sur cette échelle.


Pas besoin de ce genre d'élucubrations pour réaliser que les conférenciers là, devant moi, laissaient couler leurs gros étrons sur des tapis de science soyeux. On peut vite devenir fou comme ça. Mais papa Lacan comprend tout. N'apparaissant que pour moi, en lumineuse fée clochette au-dessus de ma tête, il me susurre à l'oreille : « Au niveau de la pulsion anale –un peu de détente ici- ça ne semble plus aller du tout. Et pourtant, se faire chier ça a un sens ! » Ah bon ? lui demandais-je. Ben oui, « Quand on dit ici, on se fait rudement chier, on a rapport à l'emmerdeur éternel ». Certes. Qui m'avait filé la mauvaise information à l'origine ? Suivez mon regard vers le ciel.


Si j'étais née cinquante ans plus tôt, j'aurais peut-être pu assister aux conférences de dady Lacan, écouter sa théorie de la lamelle qui nous explique que « chaque fois que se rompent les membranes de l'oeuf d'où va sortir le foetus en passe de devenir un nouveau-né, […] quelque chose s'en envole, […] à savoir l'hommelette, ou la lamelle » plutôt que de me voir rabâcher que l'histoire de la communauté en psychanalyse se rattache au mythe de la horde primordiale du totem et tabou freudien. Ce que n'importe quel enfant de cinq ans peut désormais savoir grâce à Michel Onfray.


J'aimerais les voir défigurer ces bonshommes qui se revalorisent de leur activité culturelle. Ils savent tous que le savoir est le bon prétexte qu'ils ont réussi à s'accaparer par le talent de leurs fesses ou de leurs biftons mais ceux qui le maîtrisent temporairement, du fait d'une position sociale qui leur est échue miraculeusement, le mystifient ou l'émiettent pour garder les autres sous leur contrôle. Pourtant, le savoir comme le désir, ce n'est pas grand-chose dans l'absolu et tout mec qui a grande gueule, l'assurance plein-pot, devrait se souvenir et rappeler à tous les larbins qu'il ne s'est constitué que dans sa « rencontre avec la saloperie qui peut le supporter », le genre d'objet a qui aurait pu le rendre fou si l'emmerdeur éternel l'avait voulu. Moi j'ai bien failli y passer ce jour-là.


[Et l'encart intello pour ceux qui veulent avoir l'air de pas avoir l'air con :]
Séminaire marquant une année charnière de Jacques Lacan puisqu'il instaure un changement dans son enseignement. Renversement de sa théorie : la répétition n'est plus causée par l'autonomie du symbolique mais par le réel, celui-ci drainant avec lui le hiatus structural entre tuché et automaton, trauma du réel et réseau de signifiants mobilisé pour en éponger le hors-sens. Nouvel objectif : rendre compte du réel de l'expérience analytique en opérant une submersion radicale qui ne porte plus vraiment sur le savoir mais sur le sujet en lui-même. Se pose également le problème de la sublimation. Si parler c'est presque comme baiser, que fait-on du presque ? Finit-on un jour par violer ses filles parce qu'on a trop parlé au lieu de baiser ? Ce presque qu'on oublie, c'est peut-être le sacrifice avec lequel on essaie de trouver le témoignage de la présence du désir d'un Dieu obscur dans l'objet de nos désirs. Cette opération s'opposerait à l'amour véritable, qui ne se pose que dans l'au-delà où il renonce d'abord à son objet. Etc.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Que dire de cette lecture ? Probablement pas ce que les autres lecteurs en diraient...
Ce regroupement de plusieurs textes relatifs à des conférences données par Lacan à l'Ecole pratique des Hautes Etudes m'a semblé très abscons. J'avoue ne pas y avoir compris grand chose. On est très loin des textes clairs, plutôt accessibles, de Freud ou Jung. Là, j'ai nagé en eaux troubles, manquant plusieurs fois de me noyer.
Je n'ai pas adhéré au style d'élocution de Lacan, vraiment hermétique, quelque peu pédant, revanchard parfois ... (à mon humble avis). Je n'ai pas du tout senti l'âme d'un humaniste, passionné par l'esprit humain, son fonctionnement, et avide de transmettre son savoir au plus grand nombre. Je n'ai croisé qu'un érudit, scientifique à outrance (une façon de penser très mathématique), donnant l'impression de ne vouloir partager ses connaissances, ses découvertes, qu'avec une élite très restreinte, seule apte à saisir ses grandes idées.
Je tenterai pourtant un peu plus tard de lire un autre de ses écrits, afin de confirmer/infirmer cette première impression. En attendant, je retrouverai Freud avec grand plaisir !
Petite mention spéciale pour sa postface, un petit bijou de jeux de mots, d'idées, un hommage brillant à la langue française, qui m'a fait apercevoir Lacan sous un autre jour, une fois le verni gratté...
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L'on pense souvent que Freud est celui de qui part toute la psychologie. A tort. Lacan a eu une importance beaucoup plus grande au final et cela se confirme de plus en plus. Ici c'est à une mise en abyme de la psychologie que l'on consulte , en tachant de comprendre pour avancer en méme temps que ce grand esprit détaille ce qui conduit la psychologie à la psychanalyse ... le tout est d'une complexité extréme , et dans le méme temps la puissance fondamentale de cette ouvrage s'avére réelement indéniable . L'on voit bien au vu de ce texte l'importance capitale de la psychanalyse au sein du monde contemporain , et pourquoi ce domaine parait si peu accessible au commun des mortels . Fondamentale mais extrémement complexe .
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extrèmement complexe -
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idem
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Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
Au contraire, chaque fois que nous parlons de cause, il y a toujours quelque chose d'anti-conceptuel, d'indéfini. Les phases de la lune sont la cause des marées - ça, c'est vivant, nous savons à ce moment-là que le mot cause est bien employé. Ou encore, les miasmes sont la cause de la fièvre - ça aussi, ça ne veut rien dire, il y a un trou, et quelque chose qui vient osciller dans l'intervalle. Bref, il n'y a de cause que ce qui cloche.
Eh bien ! l'inconscient freudien, c'est à ce point que j'essaie de vous faire viser par approximation qu'il se situe, à ce point où, entre la cause et ce qu'elle affecte, il y a toujours la clocherie. L'important n'est pas que l'inconscient détermine la névrose - là-dessus Freud a très volontiers le geste pilatique de se laver les mains. Un jour ou l'autre, on trouvera peut-être quelque chose, des déterminants humoraux, peu importe - ça lui est égal. Car l'inconscient nous montre la béance par où la névrose se raccorde à un réel - réel qui peut bien, lui, n'être pas déterminé.
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Toute analyse que l'on doctrine comme devant se terminer par l'identification à l'analyste révèle (...) que son véritable moteur est élidé. Il y a un au-delà à cette identification, et cet au-delà est défini par le rapport et la distance de l'objet petit a au grand I idéalisant de l'identification.
[…] Freud donne ainsi son statut à l'hypnose en superposant à la même place l'objet "a" comme tel et ce repérage signifiant qui s'appelle l'idéal du moi. […] L'objet y est (...) le regard de l'hypnotiseur. […] Vous saisissez du même coup la fonction du regard dans l'hypnose, qui peut être remplie en somme par un bouchon de cristal, ou n'importe quoi, pour peu que ça brille.
Définir l'hypnose par la confusion, en un point, de signifiant idéal où se repère le sujet avec le a, c'est la définition structurale la plus assurée qui ait été avancée.
Or, qui ne sait que c'est en se distinguant de l'hypnose que l'analyse s'est instituée ? Car le ressort fondamental de l'opération analytique, c'est le maintien de la distance entre le I et le a.
[…] Si le transfert est ce qui, de la pulsion, écarte la demande, le désir de l'analyste est ce qui l'y ramène. Et par cette voie, il isole le a, il le met à la plus grande distance possible du I que lui, l'analyste, est appelé par le sujet à incarner. C'est de cette idéalisation que l'analyste a à déchoir pour être le support de l'a séparateur, dans la mesure où son désir lui permet, dans une hypnose à l'envers, d'incarner, lui, l'hypnotisé.
[…] C'est au-delà de la fonction du a que la courbe [de l'analyse] se referme. […] A savoir, après le repérage du sujet par rapport au a, l'expérience du fantasme fondamental devient la pulsion.
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Achoppement, défaillance, fêlure. Dans une phrase prononcée, écrite, quelque chose vient à trébucher. […] Là, quelque chose d'autre demande à se réaliser - qui apparaît comme intentionnel, certes, mais d'une étrange temporalité. Ce qui se produit dans cette béance, au sens plein du terme se produire, se présente comme la trouvaille.
[…] Or cette trouvaille, dès qu'elle se présente, est retrouvaille, et qui plus est, elle est toujours prête à se dérober à nouveau, instaurant la dimension de la perte.
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Le terme de recherche, je m'en méfie. Pour moi, je ne me suis jamais considéré comme un chercheur. Comme l'a dit un jour Picasso (...) -Je ne cherche pas, je trouve.
[…] Aussi bien, y a-t-il sans doute quelque affinité entre la recherche qui cherche et le registre religieux. Il s'y dit couramment - Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé. Le déjà trouvé est toujours derrière, mais frappé par quelque chose de l'ordre de l'oubli. N'est-ce pas ainsi une recherche complaisante, indéfinie, qui s'ouvre alors ?
[…] [Dans les sciences humaines] on y voit surgir, sous les pas de quiconque trouve, ce que j'appellerais la revendication herméneutique, qui est justement celle qui cherche - qui cherche la signification toujours neuve et jamais épuisée, mais menacée d'être coupée en herbe par celui qui trouve.
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Le chemin du sujet [dans la satisfaction] (...) passe entre deux murailles de l'impossible. […] l'impossible n'est pas forcément le contraire du possible, ou bien alors, puisque l'opposé du possible, c'est assurément le réel, nous serons amenés à définir le réel comme l'impossible.
[…] Dans Freud, c'est sous cette forme qu'apparaît le réel, à savoir l'obstacle au principe du plaisir. Le réel, c'est le heurt, c'est le fait que ça ne s'arrange pas tout de suite, comme le veut la main qui se tend vers les objets extérieurs. […] [Il apparaît] par sa désexualisation […].
Mais l'impossible est présent aussi dans l'autre champ. […] L'idée que la fonction du principe du plaisir est de se satisfaire par l'hallucination, est là pour l'illustrer. La pulsion saisissant son objet apprend en quelque sorte que ce n'est justement pas par là qu'elle est satisfaite. [Car si on distingue au départ la pulsion du besoin] c'est justement parce qu'aucun objet d'aucun nom, besoin, ne peut satisfaire la pulsion.
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Vidéo de Jacques Lacan
Retrouvez ici la captation de l'ensemble de la soirée dédiée à Jacques Lacan au Théâtre de la Ville à Paris du 10 février 2024.
Et déjà disponible en librairie, le Séminaire XV de Jacques Lacan, dont le texte a été établi par Jacques-Alain Miller : https://www.seuil.com/ouvrage/le-seminaire-livre-xv-jacques-lacan/9782021552263
>Philosophie et théorie>Systèmes, écoles>Systèmes psychanalitiques (329)
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