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EAN : SIE101401_197
Editions G. P. (30/11/-1)
4.1/5   29 notes
Résumé :
Héros brisé pour les uns, il était " la vie même " pour les autres... En 1955, Louis Lachenal nous quittait, laissant derrière lui l'image d'un grand alpiniste, vainqueur de l'Annapurna. Héros brisé pour les uns, il était " la vie même " pour les autres... Mais qui était ce grimpeur surdoué qui accompagna Herzog au sommet du premier 8000 ?

Que s'est-il joué pendant cette expédition nationale qui passionna les Français et suscita tant de controverses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Oui, mais...
Les Carnets du vertige ont été édités en 1956, quelques mois après la mort de Louis Lachenal dans une crevasse de la vallée blanche, à partir de notes qu'il avait rédigées dans l'intention d'en faire un livre. Gérard Herzog les a rassemblées, complétées et a écrit des transitions.
En 1996, Jean-Claude Lachenal, fils de Louis, vient trouver l'éditeur Michel Guérin avec des manuscrits inédits de son père et les Carnets du vertige sont réédités dans une version enrichie. C'est cette version que j'ai en main.
Autant le savoir tout de suite, la plus grande partie du livre a été écrite par Gérard Herzog. En fait, quasiment tout, sauf l'histoire de l'Annapurna.
Louis Lachenal fait partie des alpinistes de légende. Il a, avec Maurice Herzog, été le premier homme en haut d'un sommet de plus de huit mille mètres : l'Annapurna. Ascension qui a radicalement changé sa vie ; il y a un avant et un après Annapurna.
L'avant : toute la partie biographique rédigée par Gérard Herzog est très intéressante pour qui veut en savoir plus sur Louis Lachenal, l'alpiniste et l'homme. Des documents variés enrichissent le texte : croquis et récits par Lachenal de quelques-unes de ses premières grandes courses, portraits au crayons qui révèlent chez l'alpiniste un talent certain de dessinateur, et comme toujours dans les livres de l'éditeur Michel Guérin, de nombreuses photos. Certaines pages sont émouvantes, comme ces photos du "livret de porteur" sur lesquelles on peut lire diverses appréciations de clients qui ont effectué des courses avec le tout jeune diplômé : "Notre chef de cordée Lachenal fait montre d'une virtuosité étonnante. Nous le recommandons à tous les alpinistes inexpérimentés.", "Grâce aux mérites du guide Lachenal, nous effectuons la montée sans difficulté.", "... Lachenal Louis qui m'assurait et m'instruisait sur l'art de faire de l'alpinisme. J'espère qu'un jour il aura le bonheur de vous guider et de vous tenir ensuite au bout de sa corde.".
D'autres passages sont drôles, comme lorsque Gérard Herzog raconte les légendaires fringales de Lionel Terray qui régulièrement s'arrête en pleine paroi disant avoir faim et passe une demi-heure à dévorer des quantités astronomiques de nourriture.
Louis Lachenal vit très modestement de sa passion de la montagne et l'on suit sa vie avec sa femme, ses enfants, ses amis : on est très loin de l'image d'un héros hors d'atteinte, on a sous nos yeux la vie d'un homme simple. Et cette simplicité et cette authenticité le rendent particulièrement touchant.
Le coeur du livre est le "Journal de l'Annapurna".
Je laisse le soin à son auteur de vous le présenter : "Je possède un document qui m'est précieux, le cahier sur lequel, seul des membres des cordées d'assaut, j'ai tenu chaque jour mon journal personnel. Avant le départ, j'avais collé sur les cartons de couverture les photos que je voulais garder sous les yeux, celles de ma famille dans notre chalet des Praz. Ainsi c'était déjà, pendant l'expédition, le cahier du souvenir. Le style est... ce que l'on verra ; la littérature était alors un moindre souci. D'ailleurs je crois que, livrées à l'état brut, ces notes n'en reflètent que mieux, pour un montagnard, le climat de l'altitude : la philosophie, autant que la littérature, est une occupation de vallée. [...] Là-dessus je frappe les trois coups et l'on commence. "
Dans ce journal, Lachenal a écrit jour après jour l'histoire de la conquête historique. Son écriture est simple et souvent émouvante dans cette simplicité. Lachenal raconte les petits détails qui font le quotidien de l'expédition et son récit couvre plus de trois mois d'aventure, incluant le voyage aller et le retour. On se rend bien compte de tout le travail d'équipe et des mérites qu'il faut reconnaître à chacun, contrairement à ce que l'on peut lire dans le livre de Maurice Herzog (Annapurna Premier 8 000) où l'auteur tire la couverture à lui d'une façon terriblement agaçante.
Ce qui suit la victoire sur l'Annapurna serre le coeur : Louis Lachenal a eu les pieds gelés lors de l'assaut final et ses dernières années de vie ont été une suite d'opérations plus douloureuses les unes que les autres et de combats ininterrompus pour essayer de recouvrer au mieux ses facultés de grimpeur. Dans cette bataille, il se montre d'une détermination sans faille, même s'il connaît de bien légitimes moments d'abattement : on ne peux qu'admirer cette volonté extraordinaire.
Il ressort de cette lecture que Louis Lachenal était un homme terriblement attachant, un alpiniste hors pair qui a connu un magnifique carrière, brutalement interrompue par son ascension la plus glorieuse, celle de l'Annapurna.
Ce livre constitue une lecture très intéressante pour toute personne qui s'intéresse à l'alpinisme, en particulier à ceux qui aiment découvrir son histoire à travers les grandes conquêtes et les hommes qui les ont effectuées. Il dresse le portrait d'un homme original et magnifique.
Alors, pourquoi le "oui, mais..." initial ?
Parce que quelque chose me dérange dans ce livre : le fait que les notes de Louis Lachenal aient été triées par Gérard Herzog, frère de... Maurice Herzog, que l'on peut tenir responsable de ce qui est arrivé à l'Annapurna. De là à penser que certains passages "gênants" aient pu être supprimés, certains aspects laissés de côté...
Le décès prématuré de Louis Lachenal l'a empêché de terminer la rédaction qu'il voulait entreprendre. Que quelqu'un ait mis de l'ordre dans ses notes, un alpiniste qui plus est : très bien. Mais pas Gérard Herzog : il ne pouvait pas être neutre, il était le plus mal placé pour mener à bien cette tâche.
La communication sur l'aventure de l'Annapurna a décidément été bien verrouillée : avant le départ de l'expédition les différents membres avaient signé une clause de confidentialité, s'engageant à ne rien révéler et à laisser Maurice Herzog publier le seul récit. Des années plus tard, son frère a fini de fermer le couvercle. Pour la vérité historique, c'est bien dommage.
Je laisse le mot de la fin à Louis Lachenal : "Nous étions tous éprouvés par l'altitude, je l'ai dit, c'était normal. Herzog le note pour lui-même. Plus encore, il était illuminé. Marchant vers le sommet, il avait l'impression de remplir une mission et je veux bien croire qu'il pensait à Sainte Thérèse d'Avila au sommet. Moi je voulais avant tout redescendre et c'est justement pourquoi je crois avoir conservé la tête sur les épaules. Je tiens à ce sujet à faire le point sur un incident qui a marqué notre dernière étape vers le sommet. Incident n'est d'ailleurs pas le mot. il s'agissait simplement de décisions normales à prendre, comme il s'en présente couramment dans les courses dans les Alpes. Je savais que mes pieds gelaient, que le sommet allait me les coûter. Pour moi, cette course était une course comme les autres, plus haute que dans les Alpes, mais sans rien de plus. Si je devais y laisser mes pieds, l'Annapurna, je m'en moquais. Je ne devais pas mes pieds à la jeunesse française.
Pour moi, je voulais donc descendre. J'ai posé à Maurice la question de savoir ce qu'il ferait dans ce cas. Il m'a dit qu'il continuerait. Je n'avais pas à juger ses raisons ; l'alpinisme est une chose trop personnelle. Mais j'estimais que s'il continuait seul, il ne reviendrait pas. C'est pour lui et pour lui seul que je n'ai pas fait demi-tour.
Cette marche au sommet n'était pas une affaire de prestige national. C'était une affaire de cordée."
RIP monsieur Lachenal.
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Vivant, l'antihéros national dérangeait. Mort, il va servir le mythe. Les Carnets du vertige paraissent en 1956: 750 000 exemplaires vendus. Lachenal, crédité de l'ouvrage à titre posthume, y apparaît en héros positif: rapide, brillant, sympathique, pauvre ­ parfois jusqu'à la misère. Canonisé, lissé. Oubliées ses humeurs, ses diarrhées, ses furoncles. Il faut que cette victoire française reste à jamais glorieuse. le couvercle de la censure tiendra pendant quatre décennies, jusqu'à ce qu'en 1996 un éditeur de Chamonix, Michel Guérin, exhume ces pages, convainquant Jean-Claude Lachenal, son fils, de les laisser publier: prêt, quarante ans après sa mort, à montrer la souffrance de son père... et à affronter les foudres de son tuteur qui n'est autre que Maurice Herzog en personne...
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Un livre sur Louis Lachenal plutôt qu'un livre de lui.
En effet, c'est Gérard Herzog qui raconte la vie de Louis Lachenal.
Il y a bien sûr ses notes sur l'ascension de l'Annapurna mais c'est presque tout de la plume de Louis.
Mis à part les réserves sur le fait qu'il aurait été plus appropriè que les notes de Lachenal soient triées par quelqu'un d'autre que le propre frère de Maurice Herzog afin de ne pas jeter de la suspicion sur la sélection opérée, j'ai aimé cette biographie de ce grand, de ce sur-homme.
Au vue de la polémique concernant Maurice Herzog, on peut imaginer que Louis Lachenal aurait raconté leur aventure différemment mais on ne le saura jamais.
De son enfance à sa mort en passant par ses exploits, la construction de sa maison, sa folie en voiture..., on ne peut que rester sidéré par la passion de Lachenal pour la montagne.
Le livre le rend attachant et met en exergue son courage, son humilité, son amour pour sa femme et ses fils, sa camaraderie, son humilité et son opiniâtreté à remonter en montagne malgré le danger et les blessures.
Il y a des illustrations à presque chaque page.
C'était une autre époque et j'ai adoré m'y plonger.
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« La montagne à fleur de peau » tel pourrait être le titre de ce récit écrit par M. Herzog avec les carnets de notes de Louis Lachenal, un an après sa mort accidentelle en 1955 dans la Vallée Blanche à Chamonix. Celui-ci fut un grand nom de l'alpinisme de l'après-guerre, il avait une vitalité débordante ses défis furent à la hauteur de ses rêves et devinrent réalité ; ses solides amitiés et son goût du risque lui permirent d'accomplir des prouesses et de se tailler une réputation mondiale. Dans une écriture fluide, un style efficace, Maurice Herzog, se mettant en retrait, nous livre un exceptionnel témoignage sur la vie de cet homme dévorée par sa passion. C'est un très beau récit, j'aime ces paysages grandioses, les frissons et le vertige qu'ils procurent mais … je m'interroge sans cesse pour comprendre ce qui peut irrésistiblement pousser ces hommes vers ces altitudes extrêmes… pour frôler la mort ou mourir !
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Quiconque s'intéresse un tant soit peu à la montagne avec un M majuscule connait le personnage de Louis Lachenal, voire son histoire digne d'un roman.
Se plonger dans cette vie c'est partir en « course » sur les hauteurs des sommets de l'alpinisme.
Lachenal est un être hors du commun, comme on n'en rencontre peu. Mozart pour la musique, Marie Curie pour la recherche, Van Gogh pour la peinture, Patrick Dewaere en ce qui concerne l'interprétation.
Lachenal et une poignée de grimpeurs français réputés forment ce que j'aime à appeler le troisième âge d'or de l'alpinisme si l'on considère les années 60 (au XIXème siècle) comme celle des précurseurs et amateurs anglais (Whymper, Mummery), les années 30 (XXème siècle) comme les « derniers problèmes des alpes » enfin résolus à peu de temps d'ntervale : face nord de l'Eiger et les Grandes Jorasses et, finalement, l'himalayisme des années 1950 inauguré par la victoire sur l'Annapurna dont il est question ici.
Le livre signé du frère de Maurice Herzog avec lequel Lachenal allait être « l'homme le plus haut du monde » en 1950 relate quelques anecdotes du singulier personnage.
Etre entier, tout d'un bloc (de granit bien sûr!), impatient, exalté, capable de diviser par deux ou par trois les meilleurs horaires de courses, se sortant toujours indemne des pires situations, découvrant les joies de la conduite automobile après sa convalescence forcée, pied au plancher ou utilisant une brique posée sur la pédale d'accélérateur lorsque son pied le faisait trop souffrir; l'hommage à l'homme tait ses zones d'ombres. Car, forcément, tant de talent, de génie même, cache une face plus sombre. Ce portrait d'un surdoué bien qu'il soit signé Lachenal, n'est pas de sa main, excepté quelques notes sur l'ascension de l'Eiger et son carnet de bord de l'Annapurna, rédigés comme une main courante, nulle d'un point de vue littéraire, qui aurait demandé une réécriture qu'il projetait de faire avant ce banal accident de ski qui clôt une vie trop bien remplie pour durer indéfiniment.
Ainsi, le lecteur doit lire entre les lignes à la recherche des défauts que toutes ces qualités induisent forcément.
Volontaire et montrant une détermination et une motivation de chaque instant - peut-être un peu imbu de lui-même et n'acceptant pas qu'on ne le suive pas.
Doué pour chaque chose qu'il entreprend - mais n'acceptant pas la controverse.
Décidé, mais surement entêté et capricieux.
Gérard Herzog se laisse entrainer par son admiration sans bornes. C'est dommage, car le portrait sans suffisamment de nuances, est reçu comme ces fameux dessins animés (les cartoons) virevoltant à cent à l'heure.
Biscante, son surnom venant de Biscantin, le cidre dont il est un fin amateur en patois savoyard, est doué pour tout. Il fabrique ses chaussures, un bateau à peine sorti de l'enfance, construit son chalet résolvant du même coup la crise du logement.
Sa capacité à s'enflammer pour tout ce qui le passionne le pousse même à devenir le propre chirurgien de ses pieds mutilés, atroce souvenir lié à sa plus belle victoire : le premier huit-mille foulé par l'homme. Cette force de caractère qui l'a fait renouer avec sa meilleure condition cinq ans après devait, forcément, s'accompagner de doutes, d'impatience, qui devaient en faire quelqu'un de pas si facile à vivre pour son entourage. Je pense que le livre, écrit par sa femme, aurait été d'une toute autre nature, révélant davantage l'homme que le héros, plus contrasté dans ces humeurs. Mais peut-être cela était-il trop intime?
Reste quelques beaux passages de récit d'ascensions; sa rencontre avec Lionel Terray avec qui il allait composer la meilleure cordée au monde à la fin des années 40 lors d'une course où ils devinent plus qu'ils ne voient Rébuffat dans la paroi des Grandes Jorasses; son engagement dans tout ce qu'il entreprenait : plutôt que de dessiner les plans de son chalet, il en construit la maquette puis, à la place de se plonger dans des ouvrages spécialisés sur sa construction, il va voir directement les chantiers en vallée, questionne les ouvriers; sa légendaire rapidité en montagne confrontée à l'anecdote de la cliente Suisse qui le suit comme son ombre sans paraitre essoufflée est un délice dont on ne saura jamais si l'histoire est simplement gonflée ou purement inventée (encore ce syndrome du « cartoon »).
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ils s'apprêtent à remonter la mince arrête lorsque, brutalement, une obscurité totale s'établit. C'est donc sur la neige qu'ils passeront la nuit. Cela ne les réjouit guère. Ils savent le prix d'un bivouac sur la neige à près de 4 000 mètres d'altitude. Désespérés par l'idée d'être de nouvelles victimes du froid en montagne, ils creusent la glace comme ils peuvent et parviennent à desceller une pierre de quarante centimètres sur trente qu'ils disposent à grand-peine contre un petit piton rocheux émergeant de la neige. Ils enfilent leur veste en duvet, leur cagoule imperméable, recouvrent les chaussures d'une paire de chaussettes et enfouissent leurs pieds dans les sacs. Ils s'installent avec précaution sur leur siège minuscule lorsqu'un violent orage éclate. D'énormes grêlons manquent les assommer et ils cherchent en vain à se protéger la tête. Le calibre diminue bientôt, mais la grêle tombe sans répit, crépitant sur les rochers alentours et coulant en avalanche dans le couloir. Des pierres de toute taille, entraînées par cette masse, commencent à le sillonner et leur sifflement, le fracas qu'elles produisent en éclatant sur le rocher, se mêlent au tonnerre qui se déchaine. Désemparés par cet effrayant concert, les deux hommes, serrés l'un contre l'autre, immobiles, assourdis, attendent l'éclat de pierre qui les blessera ou le bloc qui, par ricochet, viendra les tuer et les précipiter dans le vide.
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Pour en finir avec l'Annapurna, Lachenal écrit quelques pages de «Commentaires». C'est un condensé de sa conception de l'alpinisme: «Nous étions tous éprouvés par l'altitude, c'était normal. Herzog le note pour lui-même. Plus encore, il était illuminé. Marchant vers le sommet, il avait l'impression de remplir une mission, et je veux bien croire qu'il pensait à sainte Thérèse d'Avila au sommet. Moi, je voulais avant tout redescendre, et c'est justement pourquoi je crois avoir conservé la tête sur les épaules. (...) Je savais que mes pieds gelaient, que le sommet allait me les coûter. Pour moi cette course était une course comme les autres, plus haute que dans les Alpes, mais sans rien de plus. (...) Pour moi, je voulais donc redescendre. J'ai posé à Maurice la question de savoir ce qu'il ferait dans ce cas. Il m'a dit qu'il continuerait. Je n'avais pas à juger de ses raisons; l'alpinisme est une chose trop personnelle. Mais j'estimais que, s'il continuait seul, il ne reviendrait pas. C'est pour lui et pour lui seul que je n'ai pas fait demi-tour. Cette marche au sommet n'était pas une affaire de prestige national. C'était une affaire de cordée.»
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[Portrait de Jean-Claude Lachenal, fils de Louis, enfant terrible]
Il s'échappe sans cesse, manque se tuer vingt fois le jour, entretient un fracas perpétuel et manifeste une vitalité citée en exemple dans la vallée entière. Ses parents en viennent à l'attacher comme un petit animal possédé. Louis prélève sur son matériel de montage un piton à rocher, le fiche dans le mur extérieur de la maison, dans un arbre ou un piquet, y fixe une corde, confectionne un nœud de chaise qu'il dispose solidement autour des reins de son digne fils. Parfois Adèle le promène mais toujours ligoté au bout d'une laisse. Ces moyens extrêmes ne manquent pas de scandaliser les vieilles gens du village, mais les camarades, Terray en particulier, s'en amusent et se réjouissent de pouvoir prendre le chemin de la maison Lachenal sans appréhension.
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L'alpiniste peut éprouver le sentiment d'être un surhomme lorsqu'il se promène à grande allure sur des parois verticales, descend des couloirs vertigineux en courant, des faces Nord en glissant. C'est déjà une ivresse. Lachenal ne s'arrêtait pas à ces demi-satisfactions. Il voulait dépasser ce qui est normal, ce qui est logique, ce qui est possible. Il était la proie d'une obsession : prouver que les lois naturelles n'existent que dans la mesure où on les accepte.
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À travers le Congo, nous rencontrons successivement les plus petits hommes de la terre, les Pygmées, dont les colosses atteignent un mètre trente et qui dansent bien curieusement et les plus grands hommes qui soient, les Watuzzi dont le chef mesure deux mètres dix et saute deux mètres trente en hauteur.
Nous nous sentons horriblement moyens !
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Vidéo de Louis Lachenal
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : le papillon de Lachenal de Thomas Vennin enregistré le 18 aout 2023

Résumé : Et si Lachenal avait fait demi-tour, laissant Maurice Herzog seul sur les pentes de l'Annapurna ?
Le 3 juin 1950, parce qu'il voit un improbable papillon agoniser sur la neige, quelques dizaines de mètres sous le sommet de l'Annapurna, Louis Lachenal décide de faire demi-tour et laisse son compagnon, Maurice Herzog, partir seul vers le sommet, et disparaître. Thomas Vennin, auteur de la Dent du Piment, s'engouffre dans cet instant où l'histoire hésita et s'en empare pour réécrire avec jubilation la conquête des 8 000. Sous sa plume, les alpinistes qui ont fait l'Histoire deviennent des marionnettes plus vraies que nature, auxquelles l'auteur fait jouer un rôle de sa composition.Les vaincus, les oubliés et les malchanceux se voient offrir de nouvelles chances, les statues vacillent sur leur piédestal, les ego sont mis au congélo…Une manière ludique de revoir ses classiques et de redécouvrir l'histoire des plus hauts sommets de la planète au moment où la foule s'y précipite. Bio de l'auteur :

Thomas Vennin a traversé quelques années de labeur dans le développement informatique avant de connaître, comme une crise de la quarantaine, un improbable coup de foudre pour la littérature alpine. Les nuits hantées par la folie des alpinistes ont réveillé ses envies d'écriture, d'abord étalées dans un blog, puis sur le site Alpine Mag. Depuis 2018, Thomas Vennin est collaborateur régulier de Montagnes Magazine. S'il quitte volontiers les vignes du bordelais pour les sentiers des Pyrénées, n'essayez pas de lui mettre un baudrier, la haute altitude, c'est d'en bas qu'il l'admire. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : La Dent du Piment (Paulsen Guérin, 2019), Les Hallucinés (Paulsen Guérin, 2020) et Autour du Sommet des Dieux (Paulsen Guérin, 2021).

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