Comment, à nos antipodes, perçoit-on la notion d'Europe ? du fond des pénibles expériences politiques qu'ont traversé les populations polonaise, hongroise et tchèque au XXème siècle,
Czeslaw Milosz,
Istvan Bibo et
Jan Patocka ont puisé la matière de leurs réflexions et de leur engagement qui s'unissent dans la promotion d'un pouvoir politique sachant conserver son autonomie physique et intellectuelle aux individus. Mais cette utopie ne peut être atteinte que si ces derniers revendiquent eux-même leur indépendance et renouvellent continuellement leur refus que les envahisse l'indifférente quotidienneté. Ni l'exil de Milosz, ni la lente neutralisation de
Patocka et de Bibo n'auront freiné leur quête intellectuelle et politique vers l'émancipation de l'individu et le refus des pouvoirs oppressifs. Et pour chacun des trois, cette quête, c'est l'Europe elle-même qui la porte, la représente, l'incarne.
En s'appuyant sur leurs écrits et les productions de leur compatriotes contemporains ou postérieur, l'auteure développe le cheminement de l'engagement des trois philosophes qu'elle réinstalle dans les enjeux actuels. Ce faisant, elle fait naître un fort désir de plonger dans les oeuvres abordées, celles de Milosz, Bibo et
Patocka bien sûr, mais aussi celles de Klima, Kosik, Koestler, Musil, Konrad, Szucs, Fetjö, Pomian et de quelques autres.