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4,09

sur 2014 notes
Très bon roman sur la condition féminine et ses évolutions depuis les années 60. Laurence Barraqué nait et grandit à Rouen dans les années 60. Elle a une soeur, son père aurait préféré (c'est un euphémisme !) des fils… A travers l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte, Laurence incarne ce qu'est être « fille » dans son époque, femme, mère, comment on se construit dans une société encore patriarcale et où le pouvoir se conjugue quasi essentiellement au masculin.
L'autrice nous amène à analyser comment on nomme et considère les filles, ce que les mots et expressions banales trahissent des conceptions de la notion de genre et elle démontre tout ce qui laisse, de façon évidente, ou plus insidieusement, la suprématie et le pouvoir aux garçons, aux hommes : à commencer par cette différence, fille désigne à la fois le genre attribué à la naissance ou avant (par opposition à garçon) et le fait d'être l'enfant féminin de ses parents (par opposition à fils) : un seul mot là où deux mots distincts existent pour la masculin… le récit est parsemé de remarques et constats de ce type et nous fait prendre conscience d'une multitude de choses anodines en apparence mais qui dessinent les contours implicites des inégalités hommes-femmes.
C'est un texte très intéressant et intelligent ! J'ai adoré tout le début (l'enfance de Laurence) et la fin (l'âge adulte, maternité), mais un peu moins la partie consacrée à l'adolescence que j'ai trouvée plus caricaturale. Mais au final, ce livre est une vraie belle découverte que je vais m'empresser de faire découvrir à ma fille et aux amis et amies concernés par le féminisme !

Lien : https://deslivresetmoi72.wix..
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Lire ce livre, c'est partager le temps de quelques pages les conditions de vie des femmes contemporaines.
Etre née fille, même à une époque pas si éloignée de la nôtre, peut être une source de déception pour certains parents qui désirent ardemment un fils. C'est le cas de Laurence, seconde fille d'une famille bourgeoise de Rouen. Ses parents sont indifférents envers les enfants et s'occupent à peine d'eux : Laurence et sa soeur reçoivent peu de marques d'affection et grandissent cahin-caha, comme des fleurs sauvages. Nous allons suivre son parcours, depuis son enfance jusqu'à sa vie de mère.
L'auteur évoque des sujets sensibles : l'inceste et le silence derrière ce tabou ; l'IVG, la perte d'un enfant lors d'un accouchement, l'homosexualité etc.
Néanmoins, je trouve que ce livre plonge dans la caricature : les parents sont décrits comme des êtres exécrables ; les différences de traitement entre les garçons et les filles sont accentuées, voire exagérées ; les filles sont positionnées comme des victimes, des malchanceuses qui ont tiré le mauvais numéro à la naissance. Je reproche à l'auteur cet antagonisme qu'elle met d'emblée entre un garçon et une fille.
Personnellement (et j'ai peut-être eu beaucoup de chance), je ne me suis pas reconnu dans ce qu'elle décrit.
Le style d'écriture reste dans l'ensemble agréable, même s'il y a quelques longueurs. C'est son ton vindicatif qui m'a parfois agacé. J'ai senti beaucoup de colère, d'amertume dans ses propos.
Pour conclure, j'ai un avis mitigé !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Cela fait quelque temps qu'un livre ne m'avait pas autant transportée par les sentiments. Ce livre m'a fait éprouver beaucoup de douleur. La douleur d'être une femme ? Possible. Je ne peux expliquer. En tout cas de très nombreux passages ont résonné en moi. Et m'ont fait ressentir cette douleur. Celle de l'auteur ? J'ai tellement eu envie de la serrer contre moi, pour qu'elle souffre moins, pour qu'elle ne vive pas ces terribles épreuves, notamment la naissance de son premier enfant. La trahison de ses parents. Camille Laurens signe pour moi une grande oeuvre. Elle n'est jamais dans la complainte mais a subi le fait d'être une femme. Une femme gentille, confiante, obéissante. Ce livre est beau. Ce livre explique beaucoup de choses, ce que vivent les femmes au quotidien dans une société qui n'a pas toujours été faite pour elles. Être une femme, est-ce plus difficile que d'être un homme ?
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Roman bouleversant. Si les premières pages m'ont fait, de manière erronée, pressentir, un roman un peu convenu sur la femme et les violence sexuelles qui vont avec, le jeu des voix narratives et la délicatesse de l'écriture m'ont vite attrapée pour ne pas me lâcher jusqu'à ce que le roman se termine. Sur la 4e de couv, Laure Adler, que j'adore, parle de roman de l'amour. Au début, il faut attendre les dernières lignes pour comprendre vraiment ce qu'elle entend par là. Et elle a raison. Je n'ai pas relevé de phrases, d'effets de style particuliers dans ce roman (c'est ma première lecture - une seconde me permettrait peut-être de le faire). Peut-être certains passages dont la tournure globale permettent d'en dire qu'ils sont puissants...Mais c'est l'économie générale du roman qui en fait sa force. Et sa fin. Et cette histoire mère-fille.

Roman de la violence ordinaire faite aux femmes, aux filles. Dans le silence (imposé en plus!) de l'enfance puis de la féminité (Ne précise t elle pas que Bécassine n'a pas de bouche?)
La peur d'être une fille. La chute
La peur d'être mère d'une fille. L'angoisse. Au sens étymologique du terme. Celle qui sert la gorge. Celle qui empêche de empêche de vivre et même de penser.
La culpabilité, encore et toujours.
Roman de la délivrance - de la parole.
Le lavage du linge sale - en public.

Bravo Camille Laurens. Et merci.
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Laurence est une fille. Elle n'est qu'une fille, qui plus est la deuxième, alors que son père attendait un fils. D'ailleurs, "fille", c'est le même mot pour désigner le genre et la parenté, alors que "fils", "garçon", c'est un lien à part. Elle se construit dans cette opposition, cette impression de n'être pas désirée et qu'il aurait mieux valu qu'elle soit un fils. Devenue mère d'une fille à son tour, elle peine à trouver comment élever cette enfant, entre amour et injonction à être fille, oubliant presque ses propres ressenti de fillette et adolescente. Ce court roman est très prenant, l'auteur sait bien retranscrire les émotions de l'enfance comme celles de la maternité. Camille Laurens et son héroïne explorent ce que veut dire être fille et femme entre 1960 et les années 2010, dans une société sexiste. de nombreux passages résonnent avec nos propres réalités ou celles de nos proches, et ça met mal à l'aise, d'autant plus qu'on sent presque le ressenti quasi autobiographique de l'auteur (peut-être que je me trompe, mais le vrai nom de l'auteur est le même que celui de son personnage). Certains sujets abordés sont sensibles (violence sexuelle, décès périnatal...) et décrits avec beaucoup de justesse. La langue est belle et crue, très maîtrisée. Cependant tous ces éléments qui font la beauté du livre m'ont aussi mise assez mal à l'aise pendant ma lecture.
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Je viens de terminer la lecture de Fille de Camille Laurens et si vous ne l'avez pas encore lu : foncez !
L'écriture est magnifique, fine, subtile.
Une entrée dans la tête d'une fille pour démontrer les rouages les plus subtils du patriarcat, pour aider à comprendre à quel point nous sommes influencé·e·s dès notre naissance par le système et comment cela influe sur la construction d'une fille, puis d'une ado, puis d'une femme, puis d'une mère.
Tout ça sans jamais nommer le patriarcat, ni y vraiment allusion.
C'est d'une puissance incroyable !
Il me semble que la plupart des femmes peuvent s'identifier, en tout cas je me suis retrouvée fortement dans l'histoire de cette fille.
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Voilà un livre à lire ab-so-lu-ment. Et à faire lire à nos filles dès 16 ou 17 ans. À nos garçons aussi. Parce qu'il n'y a pas de raison (valable en tout cas).
Et c'est bien cela le propos. Entre autres car il serait réducteur de n'en faire que cela.

En assumant ce récit à la première personne, l'autrice se glisse dans la peau d'un enfant né dans les années 60, qui grandira puis deviendra adulte et enfin parent.
Sauf que ce n'est pas seulement un enfant. C'est une fille.
Et de cette simple phrase si anodine, prononcée chaque jour dans les maternités, se déroule un récit qui met en évidence - et en mots tellement bien choisis, tellement bien maniés - ce qu'en tant que fille, et en tant que femme ensuite, on vit sans penser qu'il y a là de quoi s'interroger, encore moins réagir.
Et pourtant, lire ce livre, c'est regarder ce que naître fille - et donc naître garçon - implique et véhicule dans notre construction.
Donner naissance à un enfant, à des enfants, fille(s) et/ou garçon(s) soulève une problématique de même nature.
En réalité, notre rapport aux un(e)s et aux autres, y compris à nos propres parents est ici au centre. Et juste à côté se pose la valeur des mots que l'on emploie quotidiennement. Et leur poids, qui n'a rien de secondaire.

Mais ne vous y trompez pas : ce livre est un roman, un récit, jamais un manuel d'éducation ou un essai psychologisant (donc chiant ! Chacun ses goûts, hein!).
Bien au contraire, si la réflexion que l'on peut en tirer nous amène à (re)penser ce que l'on appelle notre féminité ou notre masculinité, le texte est bel et bien un récit écrit comme tel. Les personnages sont savamment construits, une intrigue passionnante se développe autour d'eux à travers une chronologie structurée de manière à rendre justes ces protagonistes auxquels on s'attache sans difficulté. On passe du rire (la narratrice manie un humour vraiment savoureux) à l'effroi par le jeu d'une écriture simple et sans fioritures, ancrée dans le réel. Chaque âge est incarné avec une véracité incroyable.
Cette famille pourrait être la nôtre. Ce récit pourrait nous raconter. D'ailleurs, il nous raconte. Et c'en est troublant.

Une révélation, en ce qui me concerne. Un de ces livres que j'aurais voulu écrire, pour cette justesse et ces changements de tons, pour ce choix virtuose des mots. Mais ce talent-là revient à Camille Laurens dont je n'ai pas encore lu d'autre livre.
Désormais, je suis curieuse de voir si, ailleurs, elle a su taper si juste ...

Lisez "Fille". Que vous soyez homme, femme, garçon, fils, fille, père, mère, frère, soeur, il se pourrait que dans ces pages, vous ayiez rendez-vous avec vous.

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Je n'écris pas que des chroniques !
Découvrez mes deux romans : "Le soleil ne brille pas pour tout le monde" et "Les Naufragés" .
Deux visages très différents de Marseille


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Naitre Fille, grandir fille, vivre une vie de Fille....puis être Femme, Mère .
Camille Laurens écrit une magnifique éloge à nous les Filles.Ses mots sont d'une puissance exceptionnelle, les phrases des hommes, des médecins, de la société sont retranscrites avec justesse , démontrant leurs impacts sur nos vies .
On rit, on est ému, bouleversé , révolté, en colère ...mais surtout admiratif de la force de ce roman.
Un livre fort sur les femmes à offrir à nos soeurs, amies , mères.
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Amour, plaisir , désir..Pour un homme, il est intéressant de connaitre un témoignage authentique, celui d'une femme, sur ces trois sujets assez ambigus. Camille Laurens fait un très bon job de nous laisser comprendre la différence.Pas désagréable à lire mais ce n'est définitivement pas de la vraie littérature.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Il y a dans ce récit beaucoup d'éléments personnels et tout en étant dans un autofictif assumé Camille Laurens parvient à nous embarquer dans le combat féministe en mettant en regard plusieurs générations. Elle décrit avec beaucoup de subtilité la remise en cause difficile du patriarcat tant notre éducation est empreinte de réflexes culturels sexistes acquis. Ce que j'ai trouvé le plus intéressant c'est la façon dont sa propre fille lui permet de se remettre elle-même en question face à ce changement de société. Je trouve qu'elle arrive avec ce procédé à un message intéressant qui ouvre des portes en évitant l'écueil de l'opposition entre les hommes et les femmes.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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