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EAN : 9782908024036
156 pages
Éd. Circé (19/05/1998)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Une réflexion sur le destin politique du judaïsme moderne. Ce livre a valu à Bernard Lazare l'admiration de Léon Blum et de Hannah Arendt.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Parole incendiaire

Le Fumier de Job” de Bernard Lazare est un terrible brûlot, et c'est une tâche bien ardue que d'essayer d'en parler.

Pour commencer, il est bon de rappeler certaines choses.
Bernard Lazare fut le tout premier chef de file du mouvement dreyfusard, rejoint ensuite par Émile Zola dans son combat.
Avant la condamnation inique de Dreyfus, ce juif sécularisé ne savait pas ce que son appartenance juive pouvait impliquer face à la bêtise crasse de l'antisémitisme.
Les juifs non assimilés lui faisaient horreur. Car il se sentait français avant tout.
Il dit lui-même qu'il 'ignorait' tranquillement sa judéité, avant de prendre conscience que le seul fait de naître juif était une tache aux yeux de dangereux imbéciles.
Après s'être 'réveillé juif', il ne lui était plus possible de fermer les yeux face à l'ampleur du désastre.
Le Fumier de Job” est un livre qui déplaira fortement aux intégristes de tous bords ' et c'est tant mieux.
De manière plus générale, toute personne ayant un regard étriqué, maudira ce livre.
Car il n'est pas fait pour les tièdes.

Bernard Lazare a des mots très durs envers un certain catholicisme ' ce que je puis parfaitement comprendre.
Dans un passage de son livre, il considère Jésus comme un vagabond pauvre et révolté qui a été souillé et avili en étant élevé au rang d'un dieu.
Ces mots seront durs à entendre pour des chrétiens. Mais il est des moments dans L Histoire où seul le tonnerre peut être entendu, et seule la foudre, être vue.
Pour ma part, j'aime à être réveillé de ma léthargie. Et quand les mots se transforment en fouets pour combattre l'ignorance, l'injustice et la lâcheté, je ne peux que souscrire à cela de toute mon âme.
Bernard Lazare poursuit en affirmant une terrible réalité : à savoir que le Christ sur la croix préfigure toutes les attaques menées depuis contre le peuple Juif ; ce peuple qui fut traité de 'déicide'. Car, ne l'oublions pas, cela arrangeait fort bien le clergé que de pouvoir désigner un bouc émissaire afin d'asseoir davantage sa position temporelle et politique.
René Girard, dans son admirable livre “La violence et le sacré” , montre à quel point l'élection d'une victime émissaire sert à polariser la violence hors de la communauté ' en l'établissant sur un individu choisi.
C'est une aubaine pour les consciences lâches et endormies, que de pouvoir désigner des êtres en tant que coupables de tous les maux.
Charles Péguy ' chrétien 'hétérodoxe' par excellence ', était un fervent admirateur de Bernard Lazare. Il a d'ailleurs écrit sur lui des pages sublimes dans “Notre jeunesse / de la raison”.

Le Fumier de Job” est un livre qui crache du feu ; les mots y jaillissent comme des flammes.
Qu'on soit ou non d'accord avec certaines de ses affirmations ' qui sont d'ailleurs à replacer dans un contexte particulier ', on ne peut hélas qu'être de son côté quant à la dénonciation des persécutions subies par les juifs après la mise à mort du Christ par les Romains.

L'écriture de Bernard Lazare est une lave de lumière. Nul mieux que lui ne pouvait briser les lignes populistes d'Édouard Drumont.
C'est un livre qui enflamme le bois pourri de toutes les poutres logées dans notre oeil.
La paille y reçoit elle aussi le sceau du feu, afin que soit enfin brûlée toute bassesse, d'où qu'elle vienne.

Bernard Lazare a choisi un chemin de chèvre vertigineux, en ne faisant aucune concession aux catholiques intégristes et aux juifs soumis à ceux-là.
Parmi tant de lâches, il s'est élevé contre la froide injustice et sa parole incendiaire a tonné haut et fort.
Qu'une telle voix soit à ce point méconnue ou ignorée de nos jours : voilà qui est une bien grande tristesse.
Ce livre est un incendie pour brûler toutes les langues de bois du mensonge.

Thibault Marconnet
18/12/2013
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Partout le juif est traqué, objet de l’exécration pour tous, paria sur qui le poids de toutes les calamités retombe ...
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Video de Bernard Lazare (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Lazare
L’affaire Dreyfus : Analyse spectrale de l’Occident (1967 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 2 décembre 1967. Illustration : La dégradation d'Alfred Dreyfus en couverture du supplément illustré du Petit Journal du 13 janvier 1895 © Getty / Print Collector. Par Pierre Sipriot. Réalisation de Marie-Andrée Armynot. Avec Emmanuel Berl, Pierre Sorlin, Marcel Thomas et Henry Contamine. Lectures par Jean Topart. L'affaire Dreyfus est une affaire d'État devenue par la suite un conflit social et politique majeur de la Troisième République, survenu en France à la fin du XIXe siècle autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, qui est finalement innocenté. Elle bouleverse la société française pendant douze ans, de 1894 à 1906, la divisant profondément et durablement en deux camps opposés : les « dreyfusards », partisans de l'innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards », partisans de sa culpabilité. La condamnation fin 1894 du capitaine Dreyfus — pour avoir prétendument livré des documents secrets français à l'Empire allemand — est une erreur judiciaire voire un complot judiciaire sur fond d'espionnage, dans un contexte social particulièrement propice à l'antisémitisme et à la haine de l'Allemagne (revanchisme) après son annexion de l'Alsace-Lorraine (Alsace-Moselle) en 1871. L'affaire rencontre au départ un écho limité, avant qu'en 1898 l'acquittement du véritable coupable et la publication d'un pamphlet dreyfusard par Émile Zola, « J'accuse… ! », ne provoquent une succession de crises politiques et sociales. À son paroxysme en 1899, l'affaire révèle les clivages de la France de la Troisième République, où l'opposition entre les camps dreyfusard et antidreyfusard suscite de très violentes polémiques nationalisteset antisémites, diffusées par une presse influente. Elle s'achève en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui innocente et réhabilite définitivement Dreyfus. Cette affaire est souvent considérée comme le symbole moderne et universel de l'iniquité au nom de la raison d'État, et reste l'un des exemples les plus marquants d'une erreur judiciaire difficilement réparée, avec un rôle majeur joué par la presse et l'opinion publique.
Sources : France Culture et Wikipedia
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