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EAN : 9782918698715
93 pages
Editions Invenit (18/02/2015)
4.17/5   9 notes
Résumé :
« Les livres sont des objets personnels, miroirs intimes du monde, autobiographies de leurs lecteurs. Parfois, pourtant, peut-être quand la profondeur et les échos d’un texte paraissent presque trop universels pour avoir leur place dans la bibliothèque d’un seul lecteur, nous tentons d’imaginer, non pas un être divin et insondable qui se définit lui-même par les mots : « Je suis Ce que Je suis », mais un poète de chair et de sang, capable d’être, à l’instar du Seign... >Voir plus
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Que lire après L'Apocalypse selon DürerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Ce tout petit livre de la collection Ekphrasis (éditions Invenit) semble avoir fait l'objet de tous les soins auxquels on puisse s'attendre pour un livre de qualité : format agréable, couverture cartonnée souple douce au toucher et rigide à la fois, typographie soignée et aérée qui rend la lecture aisée, reproductions de qualité : de l'élégance, du soin, un souci du confort de lecture. La forme est donc simplement parfaite. Il aurait peut-être fallu juste prévoir quelques agrandissements de « détails » quand l'oeuvre gravé est si fouillé qu'il en devient un peu difficile à déchiffrer.

Quant au fond, c'est une pure merveille!Je craignais un peu un cours sur l'art de Dürer, une mise en perspective avec ses contemporains et L Histoire, un regard critique sur le travail du graveur et celui du dessinateur.

Il y a tout cela, mais il y a aussi un véritable point de vue de Alberto Manguel, une lecture qui sert de point de départ vers une réflexion philosophique sur notre temps, sur le rôle du lire et de l'écrire aujourd'hui, sur le monde tel que nous le voyons se détruire sous nos yeux avec notre complicité muette. Une méditation sur l'être, l'identité, le devenir. Un regard sur les actes de terreur (« tout acte de terreur conteste sa justification »), sur les religions, sur la place de l'Homme entre Terre et Paradis ou Enfer.
Ce cheminement intellectuel s'appuie bien sûr sur les seize bois gravés du maître de Nuremberg à la toute fin du XVème siècle. Mais on suit la pensée de l'auteur au fil de l'observation des dessins, on entend la conversation d'un homme nourri de classicisme aussi bien en peinture qu'en littérature. Il cite les poètes, la Bible, l'Évangile, Homère et donne les clés nécessaires à la compréhension du texte de Jean de Patmos, texte d'un rêve écrit par le rêveur, non pas prophétie mais vision.

Mais il lit aussi à la lumière de notre monde moderne : la conférence des scientifiques de 1992 a alerté le monde sur les dangers de notre façon d'appauvrir la Terre. Les anges qui « retiennent les vents » alertent déjà sur la destruction programmée de notre planète.

Des passages plus intimes nous émeuvent, tel celui consacré à la vieillesse et à la décrépitude des corps. Quand Jean, âgé, pleure, l'un des vieillards le console. le corps nous trahit : jeune, il semble ne pas nous appartenir tant il se fait discret. Devenu vieux, « aujourd'hui, même quand je suis seul, mon corps est toujours là, tel un visiteur non désiré, il fait du bruit quand j'ai envie de réfléchir ou de dormir, il me pousse du coude quand je suis assis ou quand je me promène. Peut-être est-ce à cela aussi que pensait le vieux Jean de Patmos quand il pleura. »

L'écrivain trouve dans « La première trompette » le prétexte à méditer sur la place de l'artiste et de son oeuvre dans le monde : »L'artiste crée une oeuvre qui doit être complétée par son public et est, par conséquence, nécessairement imparfaite : c'est par les vides de l'oeuvre que le lecteur y insuffle la vie. »

In fine, l'Apocalypse « représente la mort de toutes choses, non comme la fin dernière mais comme l'ultime étape dans le combat entre le bien et le mal. » « A la question angoissée : « Que va-t-il advenir de nous ? », le livre de Jean répond par une abondance d'images de ces « événements qui doivent arriver bientôt » et incite ses lecteurs à les déchiffrer. »
L'omniprésence du chiffre sept scande les dessins : sept anges, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, sept nouvelles visions, jusqu'à la dernière désignée du doigt par l'Ange : la nouvelle Jérusalem.

Un livre précieux, à relire souvent et à méditer.
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Mon souvenir le plus ancien de l'Apocalypse ce fut un film de Vincente Minelli avec Glenn Ford, Charles Boyer, Ingrid Thulin et Lee J Cobb qui raconte la montée du nazisme et la lutte contre le mal qui prend le visage de Karl Boehm.
Je n'ai jamais lu cette partie de la Bible sauf quelques extraits ici ou là mais par contre je me suis intéressée il y a longtemps aux seize gravures de l'Apocalypse réalisées par Albrecht Dürer. Ce sont des dessins qui impressionnent et qui furent son premier chef d'oeuvre qu'il n'était pas certain de vendre car il n'avait pas de commanditaire.
Elles fourmillent tellement de détails que c'est mission impossible de les mémoriser.
J'aime particulièrement Dürer ses dessins, estampes, aquarelles mais l'Apocalypse si marquante ne faisait pas partie de mes préférés faute de comprendre bien le contenu et l'interprétation que l'on peut en faire.
Et c'est là qu'intervient le passeur idéal : Alberto Manguel.

Chez un éditeur peu connu il publie un petit opuscule sur ces seize gravures. Comme à son habitude il le fait avec simplicité, les petits textes qui accompagnent chaque gravure sont courts, clairs et entraînent le lecteur à la fois en un voyage géographique mais surtout littéraire et philosophique. On plonge dans la Bible allègrement, on fait un pas chez les philosophes de l'antiquité, impossible pour Manguel de ne pas être par la même occasion passeur de livres.

Manguel vient souffler le sens à l'oreille du lecteur qui fait retour à l'image et puis à nouveau au texte. Cette conversation est passionnante d'autant que les reproductions sont de bonne qualité et que l'on peut toujours les afficher sur le web pour grossir encore certains détails. On comprend mieux la composition des gravures et on parvient à les replacer dans une période historique.

Un livre très réussi et pour info chez le même éditeur on peut trouver un Jérôme Bosch et un Patinir présenté par Sylvie Germain

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Mon expérience de lecture

Ce fut un réel plaisir de lire ce petit essai sur une oeuvre pictural qui m'interroge au plus haut point, comme m'interroge ce livre du nouveau testament qu'est l'apocalypse de Saint Jean.
J'en viens à penser que tout artiste, chorégraphe, peintresse et peintre, poétesse et poète, romancière et romancier, essayiste, musicienne et musicien doit se confronter à un moment de son parcourt à deux oeuvre :
L'odyssée d'Homère
L'apocalypse de saint Jean.
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
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Quelle merveilleuse surprise d'apprendre qu'Alberto Manguel publiait un ouvrage sur « l'Apocalypse » de Albrecht Dürer. Voilà ce que j'aime dans la Voie des Indés cette mise en avant de maisons d'éditions, ici Invenit Editions, qui publient des petites perles abordables par tous.

Les gravures de Dürer foisonnent de détails qui ont chacun leur importance et dont on n'a pas forcément les clés de compréhension et c'est là que le talent d'Alberto Manguel nous emporte dans les méandres de la connaissance avec passion et sans prétention. On a l'impression de l'entendre nous parler...
Le Format (13x21) a ses avantages et ses inconvénients. Il est facilement maniable et d'un coût abordable, mais un format plus grand aurait permis de savourer encore plus les gravures tout en ayant le texte face à l'image. Les reproductions des gravures est excellent et on peut bien découvrir l'univers très particulier de Dürer. le format bref des texte permet de garder l'attention du lecteur.
Cet ouvrage comporte 16 chapitres qui correspondent aux 16 gravures de A. Dürer. Alberto Manguel a choisi de les présenter dans l'ordre qui correspondait à sa création écrite.
On retrouve la grande érudition d'Alberto Manguel. Il part du texte biblique, mais il va trouver ses explications dans d'autres domaines comme par exemple une visite d'un musée de canadien qui a une collection de Dinosaures, ou dans les textes des philosophes de l'Antiquité ou à la littérature etc. Les Livres ne sont jamais loin dans les écrits d'Alberto Manguel.
Alberto Manguel nous emporte dans sa manière très personnelle d'analyser les oeuvres. Il part de la gravure pour aller vers l'Histoire et la petite histoire. Il éclaire le spectateur et le plonge dans l'acte de création. Il nous renvoi toujours à Dürer et à son époque.
coup de coeur !
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans ces domaines-ci, ainsi que le savait Dürer, l'échec réside, implicite, dans les plus grandes réussites, puisqu'il désigne l'état d'incomplétude de toute grande euvre d'art et de toute découverte scientifique importante. L'artiste crée une œuvre qui doit être complétée par son public et est, par conséquence, nécessairement imparfaite : c'est par les vides de l'œuvre que le lecteur y insuffle la vie. Le scientifique procède par questionnements, puisque toute réponse définitive fermerait la voie et empêcherait d'avancer. Mallarmé parlait de « la Muse de l'impuissance qui inspire à chaque entreprise artistique un certain degré d'échec lui permettant de survivre.
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On raconte que Robespierre, avant de décréter chaque nouvelle atrocité, demandait « Au nom de quoi ? » Mais tout être humain sait, de conviction intime, que nul acte de terreur ne peut être justifié. Devant la constante cruauté du monde (et aussi, malgré tout, ses miracles quotidiens de beauté, de bienveillance et de compassion) nous chagrin et se rassurer un peu sur sommes stupéfaits car elle et ils surgissent sans justification, de même que le miracle de la pluie, ainsi que Dieu l'explique à Job, tombe là « où il ». Le caractère primordial n'y a point d'hommes de l'univers semble être la gratuité.
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A l'époque de nos premières lectures, il vient un moment où nous découvrons que des traits marqués par l'encre sur la page émerge un monde pleinement formé et d'une réalité magique. C'est là une expérience transformatrice, après laquelle notre relation au monde tangible et quotidien ne sera plus le même. Dès lors que nous avons été témoins des capacités créatrices de la parole, qui permettent aux mots non seulement de communiquer ou de désigner mais aussi de rendre vivant ce qu'ils désignent et communiquent - c'est à dire, dès que nous sommes devenus des lecteurs - il ne peut plus y avoir pour nous de perception innocente du monde.
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Ainsi en va-t-il de nos multiples identités. Elles changent et se dissolvent à nos yeux et à ceux des autres jusqu'au moment où nous sommes soudain capables de prononcer le mot Je. Elles cessent alors d'être illusions, hallucinations, devinettes et deviennent, avec une conviction étonnante, une épiphanie.
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Tout acte de terreur conteste sa justification.
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Videos de Alberto Manguel (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alberto Manguel
A l'occasion de la soirée de lancement Lettres du Monde, rencontre avec Javier Cercas "Le château de Barbe Bleue" et Alberto Manguel "La cuisine des contrés imaginaires" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Caroline Broué.
Retrouvez les livres : https://www.mollat.com/livres/2727711/javier-cercas-terra-alta-vol-3-le-chateau-de-barbe-bleue https://www.mollat.com/livres/2947559/alberto-manguel-la-cuisine-des-contrees-imaginaires
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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