Paru en 1931, ce vénérable recueil contient cinq "
vieilles histoires du pays breton".
Elles sont tout simplement passionnantes. Aucune ne fait honte à l'ensemble.
Anatole le Braz s'y révèle comme un fabuleux conteur.
"La Charlézenn" s'appelait de son vrai nom Marguerite Charlès. C'était une singulière fille, d'une beauté étrange.
On dit que c'est pour ne pas avoir pu la marier que Cloarec Rozmar, un jeune clerc de Plouzélambre, s'est, un matin, pendu à la branche d'un pommier.
Chassée de sa vieille hutte de sabotiers par la vieille Nann qui l'avait élevée, Marguerite fût recueillie par les frères Rannou, trois mauvais sujets vivant, sans métier déterminé, en dehors de la loi commune.
Par amour pour eux, elle va se précipiter elle-même dans l'abime de son destin tragique....
Charles-Louis François Duparc, seigneur de Locmaria, marquis de Guerrande, était l'un des plus grands seigneurs que la cour du grand Roi ait connu en ses temps de gloire.
La marquise était belle comme une fée mais il courait sur elle des bruits étranges. Un domestique du château, entre deux vins, avait laissé entendre, un soir, qu'elle était de race vagabonde, une égyptienne peut-être, une fille de réprouvés errants.
Le seigneur de Guerrande l'avait vue et l'avait aussitôt aimée follement.
Un soir de novembre, la marquise, seule, trouva refuge au château de Plégat où le marquis ne faisait que de brefs et rares séjours.....
En 1793, Dom Karis, ci-devant recteur du pays de Ploubezre, est devenu un réprouvé car il a refusé de prêter serment à la nouvelle république.
Du souvenir de son destin tragique, il reste ce récit et une croix de pierre sur le bord de la grande route qui mène de Lannion à Plouaret....
"La légende de Margéot" est l'histoire du fameux bandit et contrebandier qui de la gentilhommière de Kercabin lançait ses bandes à l'assaut des richesses, des filles à séduire et des gabelous.
Chacun vous le dira, certains soirs, résonne encore, dans la contrée, le bruit du fameux cheval de Margéot.....
Matic Corniguellou, de la paroisse des Penhars, est si vieille qu'elle ne sait plus son âge. Son rouet a filé plus de linceuls que de draps nuptiaux.
Mais elle se souvient de ce 15 décembre où son pauvre mari rendit à Dieu son âme de brave homme et de cette hache qui fit son malheur.....
Délaissant le merveilleux le temps de quelques bonnes, "
vieilles histoires du pays breton",
Anatole le Braz fait le récit, à la manière d'un
Jean de la Varende, de cinq destins tragiques.
L'art du conteur nous emporte et fait merveille. Ce sont là histoires de l'ancien temps et du vieux pays. C'est là véritable littérature et oeuvre d'écrivain.
Ce recueil est aussi contenu dans l'anthologie ventrue "Magie de la Bretagne" publiée dans la collection "Bouquins" aux éditions Robert Laffont, mais il y est étouffé par la richesse même du contenu de l'ouvrage.
Ces "
vieilles histoires du pays breton", isolées dans cet ancien recueil, prennent une toute autre résonance.
Elles sonnent comme de beaux et forts souvenirs.