AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782290354049
77 pages
J'ai lu (11/05/2006)
3.33/5   3 notes
Résumé :
L'aventure commence dans le taxi de Joe. Un taxi jaune où la musique résonne. Et puis tout s'enchaîne : le tandem avec Gainsbourg, la passion d'une étoile et d'un lion, l'exil outre-Atlantique et Lenny Kravitz. Entre-temps, des films... le film, Noce blanche et César du meilleur espoir féminin. Ils avaient raison de le lui donner, l'espoir. Regardez-la aujourd'hui, auteur-compositeur-interprète, actrice, égérie de mode, maman, épouse... le paradis, quoi !
>Voir plus
Que lire après Vanessa ParadisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au commencement, un stupide pari lors d'un festival de rock en Bretagne. Accompagné de Bruno, l'un de mes meilleurs amis, nous attendons fiévreusement la tête d'affiche prévue en fin de soirée. “Noir Désir”, les dieux bordelais du rock français, jamais rivalisé, jamais égalisé jusqu'à aujourd'hui et qui est le couronnement de cette soirée. Un condensé anarchiste issu des “Bérus”, descendant des insurgés de “Trust”, en partie inspiré par la tension libertaire de la “Mano Negra”, de la poésie absolue de “Bijou” – groupe des années 70 – et de l'immoralité séditieuse et originelle de Vince Taylor. “Téléphone” on oublie, le groupe qui a bercé nos fêtes collégiennes le temps de quelques étés immatures, s'est révélé trop rapidement hors sujet, hors de l'esprit du rock véritable.
Bruno et moi-même sommes des fans de la première heure de Noir Désir.
C'est donc en attendant nos sombres héros sur la grande scène, que nous tournons en rond au milieu des prés bourbeux qui forment le cadre du festival en plein air. On reluque les jolies filles, on fait du gringue aux plus vieilles, on déambule devant les étals de merguez et de bières. Nous sommes heureux, décontractés et le temps clément laisse filer des nuages diaphanes.
C'est alors, qu'un début de bousculade en train de s'épaissir dans l'allée principale attire notre curiosité.
De plus en plus intrigué par cette affluence qui se dirige vers une scène de concert secondaire, nous décidons, les godets en plastique préalablement remplis d'aller voir de plus près.

Vision chaude et amusée. Un véritable essaim de marmots amorphes et de fillettes fashion qui se pressent comme seul un banc de maquereaux argentés sait faire. Bruno et moi on s'regarde septique. Nous devinons évidemment qu'un nouveau groupe se prépare mais nous ne décelons pas bien la vedette à venir. Installés à la périphérie du site, nous sirotons tranquillement nos mousses en observant goguenard les musiciens au loin qui préparent leur matos et branchent les guitares. Au moment ou l'artiste caracole sur la scène, un déclic traverse nos cervelets humides.

Une vielle habitude que Bruno et moi-même partageons ensemble depuis de nombreuses années lors de nos tournées de festival d'été. Top go partez, le premier de nous deux qui posera sa bière sur la scène gagne la prochaine tournée. Si le match constaté à l'arrivée est nul, on compare le volume de bière restant dans nos godets. le challenge consiste donc à traverser une foule compacte et frénétique en jouant astucieusement ou dignement selon les cas soit d'un peu des coudes, soit d'excuses vaseuses, d'haleine de dragon, d'épaules chargés de cuir lourd et aussi de ce sourire juvénile qui dissimule nos tifs fatigués et la flétrissure de nos bajoues. Puis zigzaguant honteusement devant chaque spectateur nous finissons l'un le premier, l'autre le second par enfin nous retrouver cote à cote pour s'accoster au plateau de la scène et poser nos bières déformées par une mousse impétueusement débordante.

Avec Vanessa Paradis – l'artiste est une jeune chanteuse française – le jeu est facile. Son public est dense mais très relâché, marmaille malléable qui concède facilement à deux grands gabarits comme nous de se laisser déborder, voir de se laisser s'infiltrer au devant d'eux. En fait, ce petit périple est tranquille, genre 200 m de presque promenade (jour de grève de métro sur les grands boulevards parisiens). Je ne sais plus qui de nous deux a gagné mais nous sommes satisfaits. On peut s'accouder à la scène, siroter tranquille et profiter du son direct.

« Vaness' va z'y on t'écoute ».

Faut dire que dans l'esprit de Bruno et moi-même, Vanessa Paradis n'a rien à faire dans ce genre de festival, ce sanctuaire du rock institué le temps d'un long weekend aoutien. La jeune chanteuse est plus connue pour sévir sur les ondes hertziennes du top 50, une habituée de la chansonnette qui se lanterne à l'occasion sur des mélodies faussement échauffées. Somme toute, cette bizarrerie de la programmation ne souffre pas d'apriori de notre part car nous sommes curieux de ceux qui briguent le beau geste et la foi du charbonnier. Enfin, comme nous n'avons rien à faire de mieux que de vider nos verres, la présence de cette midinette nous inspirent un moment de délassement, un petit répit avant l'ouragan bordelais de tout à l'heure, une façon de transpirer notre condescendance de vieux ours mal léchés et éméchés à l'aune de cette morveuse et de son fan-club boutonneux.

La suite fut différente.

Notre erreur fut de rester après la première de “Jo le taxi”. Il aurait fallu s'éclipser immédiatement, mais c'était bien trop tard. Cette gamine toute fluette, ne sachant pas chanter en plein air, ne sachant pas bouger ses hanches et surtout ne sachant pas se synchroniser avec les musiciens qui vraisemblablement cachetonnent ce soir là pour elle, nous a Bruno et moi-même littéralement tapé dans l'oeil.

A cet instant, je le jure sans ambages, nous sommes fascinés, ébahis, émerveillés et miraculeusement scotchés. Je ne sais pas bien pourquoi, peut être la flamboyance de son étoffe qui lui moulait ses jambes maigrelettes, sa paire de mirettes lourdement fardée, ou encore sa voix cotonneuse et surtout inaudible. Une voix miséricordieuse d'outre tombe gluante façon petit salé.

Bref en tout cas sur le plan météo-musicologique la mer est calme mais nous n'avons pas pour autant décidé de lever l'ancre de la scène.

Malgré tout, une fois décrété les conneries terminées – “Noir Désir” c'est à la grande scène que ça se passe et c'est dans 45 mn foutre dieu ! – Bruno me tire par la manche pour me signaler qu'il est grand temps de dégager. Alors après un dernier regard pour la fillette en skai, la dernière gorgée de bière chaude, nous pivotons nos carcasses vers le public. Mais là gros problème. Ce n'est pas un auditoire gentiment chahuteur mais une populace impénétrable qui révolutionne sa pleine fleur de l'âge, grouillante, vigoureuse et qui ne lâche plus aucun morceau du show. Les gens – ces jeunes, des tout petits de rien du tout – sont tous fous, agglutinés, collés les uns aux autres. Il n'y a plus d'espace pour bouger, pour ciller, pour respirer. Comme si précisément trop longtemps crucifié dans leur petite vie de potache, tous ces fans se sont jurés d'éclater à l'unisson leur sauvagerie trop longtemps refoulé. Bruno et moi-même observons sidéré ces tranchées écoeurantes de demi-punks l'air de ne pas avoir pogoter depuis l'invention des canettes en alu.

Bon nous ne sommes pas en reste tout les deux. Nous faisons chacun plus d'1m80 sous la toise et Bruno accuse le quintal d'un franc-tireur haut-marnais. Puis surtout, nous sommes là principalement motivés pour écouter du rock, du vrai.

Putain de nom de Zeus ... c'était dur !

Alors, nous avons franchi mille bourrasques contraires et défier dans le sens opposé du ressac une véritable marée humaine énervée et sans concession. Progressant mètre par mètre, baissant l'échine, rampant, souffrant des épaules en aussi prenant des mauvais coups. La foule vaness'ienne est insoumise et ne veut pas s'écarter sur notre passage – elle ne peut pas de toute façon, elle est prisonnière d'elle même – et puis s'écarter est signe de faiblesse, une inattention et c'est un demi-mètre de longueur perdu face à la starlette, un seul pas en arrière une honte. « T'imagines un peu ? Vanessa aux “Vielles Charrues” ! ». Invraisemblable, ces groupies se sont tous donnés rendez-vous pour voir l'effrontée défier la fosse du plus gros festival de musique rock de la région.

Vaille que vaille, notre retrait est mené à terme, mais c'est un repli minable, avilissant. Nous les mercenaires aguerris à toutes les fureurs et à tous les fracas de ce que la musique prodigue de meilleur depuis la nuit des temps, nous venons de nous extirper d'une foule à l'esprit positivement rock, la honte. Et c'est alors, que pour la première fois de notre existence Bruno et moi-même, nous loupons un début de concert de “Noir Désir”, tout ça à cause de Vanessa Paradis.

Vanessa m'a émue.
Commenter  J’apprécie          204


Videos de David Lelait-Helo (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Lelait-Helo
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque samedi à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! Mon premier jour d'école de Soledad Bravi aux éditions École des loisirs https://www.lagriffenoire.com/mon-premier-jour-d-ecole-1.html • • La nuit de la Joconde - Premiers Romans - Dès 7 ans de Mymi Doinet et Nicolas Trève aux éditions Nathan https://www.lagriffenoire.com/la-nuit-de-la-joconde-1.html • La tour Eiffel se balade à Paris ! - Premières Lectures CP Niveau 2 - Dès 6 ans de Mymi Doinet et Mélanie Roubineau aux éditions Nathan https://www.lagriffenoire.com/la-tour-eiffelse-balade-a-paris.html • La tour Eiffel - enquête à Londres - Première lecture CP - Dès 6 ans de Mymi Doinet et Mélanie Roubineau aux éditions Nathan https://www.lagriffenoire.com/la-tour-eiffel-enquete-a-londres.html • Danser encore de Charles Aubert aux éditions Slatkine et cie https://www.lagriffenoire.com/danser-encore-2.html • Rouge tango de Charles Aubert aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/rouge-tango-vol02.html • Bleu Calypso de Charles Aubert aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/bleu-calypso-vol01.html • Vert samba de Charles Aubert aux éditions Pocket https://www.lagriffenoire.com/vert-samba-vol03.html • le duc de Choiseul de David Feutry aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/le-duc-de-choiseul-l-orgueil-au-pouvoir.html • Catherine d'Aragon: Les Reines maudites, T1 de Alison Weir et Barbara Versini aux éditions Hauteville https://www.lagriffenoire.com/les-reines-maudites-t1-catherine-d-aragon-la-premiere-reine.html • Les Reines maudites, T2 : Anne Boleyn : L'Obsession d'un roi de Alison Weir et Barbara Versini aux éditions Hauteville https://www.lagriffenoire.com/les-reines-maudites-t2-anne-boleyn-l-obsession-d-un-roi.html • Traité sur les apparitions et les vampires de A. Calmet et Philippe Charlier aux éditions du Cerf https://www.lagriffenoire.com/traite-sur-les-apparitions-et-les-vampires.html • Autopsie des coeurs célèbres de Philippe Charlier et David Alliot aux éditions Tallandier https://www.lagriffenoire.com/autopsie-des-coeurs-celebres.html • le Charnier de la République - L'enquête inédite sur le don des corps à la science de Anne Jouan, Richard Drouard aux éditions Robert Laffont https://www.lagriffenoire.com/le-charnier-de-la-republique-l-enquete-inedite-sur-le-don-des-corps-a-la-science.html • L'Empire
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie: artistes et sportifs (789)
autres livres classés : rock and rollVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1088 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}