La frontière de la vie, septième tome des aventures de Yoko Tsuno, tient une place à part dans ma vie de lecteur, une petite madeleine de
Proust au goût particulier. C'est la première fois que je lisais une aventure de la belle japonaise, dans le premier numéro de Spirou que l'on m'avait offert. Et à cette époque là, celle que les moins de vingt ans ne peuvent même pas imaginer, on suivait quelques planches de l'histoire toutes les semaines et je ne suis même pas sûr d'avoir commencé par le début.
Une relecture adulte m'a permis de comprendre l'attrait et la fascination de cette série et de cet album là particulièrement sur les jeunes lecteurs de l'époque.
D'abord le dessin de
Roger Leloup est toujours aussi extraordinaire et presque cinquante ans plus tard, il est d'une justesse et d'une précision à couper le souffle. Ici pas de vaisseaux spatiaux ou de machines à voyager dans le temps mais le décor d'une ville rhénane dans ce qu'elle a de plus magique et de plus mystérieux.
Et puis le scénario appartient à l'âge d'or de la BD franco belge. L'introduction sur la sortie hebdomadaire dans le journal Spirou n'est pas gratuite. Pratiquement chaque planche ou chaque double pages se termine par un suspense dont on connaîtra la suite au prochain épisode, la semaine prochaine (la page suivante quand on lit l'album). C'est ce que l'on appelle un tourne page.
Yoko est intriguée par l'étrange maladie de son amie Ingrid. Elle mène une enquête et dans ces décors propices au fantastique : les ruelles sombres, les maisons à pans de bois, les caves et les alcôves gothiques. Un vampire semble rôder, mais un vampire moderne, scientifique.
Cette aventure tutoie le fantastique et surtout à travers le destin de la petite Magda ajoute, comme souvent chez Leloup, une petite touche de drame humain rendant moins nette la séparation entre le bien et le mal.
Un bel album à (re)découvrir absolument !