Le deuxième tome du diptyque Latium de
Romain Lucazeau, gagnant du Grand Prix de l'Imaginaire en 2017, doit apporter les réponses aux nombreuses interrogations qu'il avait laissé en suspens à la fin de son premier livre. Lucazeau réussi à donner l'envie de découvrir la suite de son récit et de se replonger dans l'univers qu'il a créé, totalement inspiré de la Rome et de la Grèce Antique.
Lucazeau est professeur de philosophie, et cela se ressent dans son écriture délicate, parfois trop éloquente, mais il prouve que n'importe qui peut écrire de la science-fiction. le texte est enrichit par sa grande culture, et notamment par les innombrables références mythologiques et philosophiques, - surtout à
Platon, dont Lucazeau semble passionné, alors que le récit se situe dans un futur lointain.
Cette esthétique du mélange est ce qui rend véritablement attrayant Latium et contribue à renouveler l'éternel genre de la science-fiction.
Le récit est pourtant très inégal et le balancement incessant entre les scènes d'action ou des révélations qui redonnent de l'intérêt à l'histoire avec des passages creux et trop longs, rend la lecture moins agréable. Cependant on se plaît à plonger dans le confort de l'île qui abrite les hommes-chiens, à découvrir l'étonnant langage non-linéaire ou encore à s'émerveiller face aux batailles dantesques qui se déroulent dans ce sombre futur.
Car le futur que décrit Lucazeau est un futur sans homme, décimé par l'Hécatombe. Pourtant on croirait en voir partout: les Intelligences, ces robots autrefois au service de l'homme, ont des comportement beaucoup trop anthropomorphiques. Cette ressemblance est perturbante et même si cela semble voulu par l'auteur, cette empathie, la douleur ou les émotions que ces automates peuvent ressentir sonnent faux dans cette univers où toute l'humanité a disparu.
Ainsi, en plus des nombreux thèmes originaux qu'il introduit dans Latium, Lucazeau s'intéresse aussi à un classique de la science-fiction: la robotique. Même après la disparition de l'homme, les Intelligences sont toujours soumises au Carcan, une reprise des trois lois de la robotique d'
Isaac Asimov. Et la vision de Lucazeau de ces trois lois diffère totalement de celle d'
Asimov et son interprétation est parfois difficilement acceptable.
Les Intelligences disent ne pas pouvoir se défendre des Barbares car le Carcan leur interdit de porter atteinte à toute forme de vie. Pourtant il n'est question que de l'homme dans les trois lois de la robotique. de plus les Intelligences cherchent à se défaire du Carcan. Cependant, tel que l'a introduit
Asimov, il est intrinsèquement impossible pour un robot d'envisager de se défaire des trois lois de la robotique. de nombreux robots d'
Asimov se sont grillés les circuits pour moins que ça.
Latium est donc un space opéra ambitieux et qui apporte une explication de la fin de l'homme presque poétique pour qui peut le comprendre. Latium laisse espérer que la science-fiction a de beaux jours devant elle, mais ne fait qu'affirmer encore une fois la supériorité de ces géniaux auteurs de science-fiction du XXe siècle.