Ah, les vacances ! En cette période estivale, c'est le moment idéal pour en parler. L'occasion de faire une coupure, de voyager bien souvent, de découvrir de nouvelles cultures et des paysages insoupçonnés.
De se reposer ou au contraire de profiter chaque jour de ce nouvel environnement en s'imprégnant au maximum de lieux méconnus et enchanteurs ! En attendant de rentrer à l'hôtel ou dans la petite maison habitée pour l'occasion.
Mais parfois, cette période tant attendue ne va pas se dérouler aussi bien que prévue.
Je pourrais vous parler du nid de guêpes, dans le jardin même d'une demeure louée dans le Lot. Découvert bien après l'invasion des insectes elle-même.
Ma soeur pourrait vous évoquer un gîte trois étoiles dans les Ardennes, dont un lit était couvert de vers à bois, avec des animaux bruyants dans les combles ( loirs ou rats, au choix ) et la petite cerise sur le gateau : le coton-tige usagé resté dans un tiroir.
Mais je suis surtout ici pour faire le point sur les vacances des familles O'Brien et Harvey qui nous sont relatées dans ce premier roman de l'Irlandaise
Siobhàn Macdonald.
Des congés bien mérités pris fin d'octobre en passant par un site internet comme "Trocmaison" ou "SwitcHome".
Quoi de plus astucieux que d'échanger quelques jours sa maison irlandaise de Limerick contre un appartement à New York ? Et inversement ?
"Séjourner chez quelqu'un d'autre, dans sa maison. Je suis sûre que ça rend l'expérience beaucoup plus authentique."
Ca va permettre de substantielles économies pour ces deux couples dont les finances ne sont plus au beau fixe.
Hazel Harvey avait besoin de se ressourcer en retournant dans son pays d'origine, quant aux O'Brien ils considèrent New York comme la destination idéale, qui va notamment permettre à leur fils renfermé, souffre-douleur de son école, de sortir un peu de sa coquille.
Mais bon, ce type d'échange peut présenter deux inconvénients majeurs :
- "L'idée d'avoir quelqu'un qu'on n'a jamais rencontré qui dort dans notre lit, qui mange dans notre cuisine et qui s'asseoit sur nos toilettes."
- Etre victime d'un meurtre. Bah oui, c'est pas pour rien que le titre fait mention d'un échange fatal.
La première scène de ce thriller psychologique nous met tout de suite dans l'ambiance, avec un Oscar Harvey quelque peu affolé qui a placé le cadavre de sa femme dans son coffre et qui se demande comment il va bien pouvoir annoncer à ses deux enfants que leur mère n'est plus de ce monde.
Puis nous ferons plus ample connaissance avec les deux familles dans ce roman à quatre voix, aux chapitres relativement longs, alternant entre les points de vue de Kate O'Brien, son époux Mannix, Oscar et Hazel ... Tant qu'elle le pourra.
Evidemment, les deux familles s'avèreront avoir bien des secrets qui seront doucement mis à jour par l'auteur afin que nous puissions commencer à essayer de comprendre la tragédie qui va se dérouler aux deux tiers du livre. A nous de discerner le vrai du faux parce qu'à ce petit jeu là l'auteure est habile et distille parfaitement ses petites informations, qu'elles s'avèrent finalement vraies ou qui n'étaient que faux-semblant.
Par exemple, Hazel semble victime des coups d'un mari violent.
"Le blanc de son oeil était moucheté de vaisseaux sanguins éclatés, et la paupière avait gonflé et pris une teinte rouge violacée."
"Hazel Harvey avait été une femme en détresse. Une détresse physique et émotionnelle considérable."
Et Oscar n'attire pas que la sympathie. Mari autoritaire qui veut tout régenter, dentiste accusé de harcèlement sexuel, c'est à de demander pourquoi son épouse ne met pas un terme définitif à leur union. Et ça en fait bien sûr le suspect idéal.
Seulement, est-ce réellement Hazel qui était visée ?
Par une coïncidence bienvenue, les deux épouses se ressemblent étrangement.
"De ce que j'ai vu sur skype, elle te ressemble comme deux gouttes d'eau !"
Alors forcément, on va également s'intéresser aussi à ce que cachent les membres de la famille irlandaise, au cas où le drame serait finalement un immense quiproquo.
Et là, c'est le mari qui attire notre attention tant ses petits secrets semblent nombreux, même si lourds à porter.
"Il s'étonnait lui-même de l'aisance avec laquelle il débitait ses mensonges."
"Ces derniers mois, il s'était senti seul et isolé à cause de tous ces secrets."
Mannix est-il trempé d'une façon ou d'une autre dans les petites combines de son frère ?
S'est-il attiré les foudres d'une puissante famille mafieuse ?
La lumière se fera progressivement sur la majorité des intrigues et sur la façon dont s'est mis en place le funeste engrenage.
Avis partagé sur ce roman, à paraître aux éditions de l'archipel en septembre prochain, et disponible en avant-première chez France loisirs depuis bientôt un an.
J'ai trouvé l'écriture extrèmement formatée, interchangeable avec la majorité des thrillers de ce type. J'aurais très bien pu croire que ce roman avait été écrit par
Shari Lapena ou
B.A. Paris, pour ne citer qu'elles. Attention, ça n'est pas mal écrit, c'est juste qu'il est impossible d'associer pour l'instant l'auteure à un style unique. Pour autant, j'avais besoin d'un roman qui se lisait tout seul et j'ai apprécié la fluidité de cette histoire très accessible. C'est juste une écriture trop "passe-partout".
Malgré l'originalité de son sujet, Echange fatal ne se démarque pas du tout de ses confrères et joue toujours sur la déclinaison des thèmes familiaux ( enfants, petits secrets entre époux, difficultés conjugales ), mais le fait relativement bien et j'ai été surpris plus d'une fois par la tournure que prenaient les évènements.
Le roman nous fait voyager, à New York relativement brièvement mais surtout en Irlande, l'auteure ayant à coeur de nous en dire un peu plus sur le contexte géopolitique actuel de son pays.
Le rythme est relativement lent, le livre ne devenant policier qu'au moment du meurtre tardif, mais pour autant la longue présentation des deux familles est faîte de façon à ce qu'on ne s'ennuie pas.
Siobhàn Macdonald nous gratifie de nombreuses intrigues, et les questionnements sont nombreux. Comment tout cela va-t-il s'emboîter ?
Qui a démoli le petit tortionnaire du cadet O'Brien ?
Où est passé le journal intime que tenait Hazel ?
Pourquoi Mannix passe-t-il autant de temps à consulter ses sms ?
Mais toutes ces énigmes ne feront pas partie d'un grand tout, et toutes ne trouveront pas de conclusion.
C'est d'ailleurs avec un sentiment d'inachevé que j'ai terminé ce thriller.
Je sais bien qu'il faut accepter que les personnages poursuivent le cours de leur vie sans nous au-delà de l'ultime page, mais pas en laissant en suspens autant d'éléments.
"Où était le début de cette histoire, où se situait la fin ?"
En résumé, vraiment un livre pour les vacances, qui ne met pas nos neurones à trop rude épreuve et dont les pages défileront rapidement sous la tente, à la plage, ou sur une terrasse.
Par contre, si vous avez vous même provisoirement troqué votre maison, la lecture risque d'être plus ardue.
Qui peut bien être cette personne qui semble vous épier, sur le trottoir d'en face ?