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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme ça paraît bien loin, les effroyables attentats du 7 janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo et l'hyper Cacher de la porte de Vincennes… Comme elle paraît loin la gigantesque vague d'émotion qui a suivi cette tuerie… Toutes ces marches républicaines à travers le territoire… le « Je suis Charlie » qui fleurissait un peu partout dans nos villes…
Richard Malka est là pour nous rafraichir la mémoire, le temps d'une plaidoirie publiée dans son intégralité. Celle qu'il ne put déclamer haut et fort pour cause de Covid au moment du procès des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher…
Ce livre m'a rappelé le souvenir cuisant d'une douleur diffuse, un moment de sidération, un temps arrêté où j'ai eu la sensation de perdre durant ces heures des êtres chers, quand bien même l'humour de Charlie Hebdo n'a jamais et ne sera jamais le mien…
Quel incroyable récit raconté avec verve et tendresse par Richard Malka ! Il part de loin pour nous faire comprendre comment on en est arrivé là… L'assassinat en 2004 de de Théo van Gogh, personnage peu recommandable, qui dénonçait le sexisme dans l'islam, ces imams Danois qui montent en épingle l'affaire des caricatures pour la transformer en crise internationale, voire en guerre de civilisation… Et Charlie-Hebdo avec son sens inné de l'irrévérence qui se met de la partie, entre dans cette danse macabre…
Tuer le juif, punir ce malheureux Hollande, surtout annihiler l'Autre, celui qui « est libre, libertaire, qui s'exprime sans entraves et, pire, qui rit de ceux dont la pensée totalitaire refuse la différence » : voilà la portée politique et philosophique de ces attentats.
Mais aussi porter un coup sévère à un peuple porteur d'un universalisme qui s'oppose frontalement à celui de l'islamisme radical.
Un universalisme malmené par les compromissions et les petites lâchetés de nos dirigeants et de nos intellectuels. Les nôtres aussi, car c'est bien nous qui portons ces gens là au pinacle… Toutes ces petites phrases qui cherchent à faire de l'islam une religion d'exception car elle est celle des nouveaux opprimés de la terre… le droit au blasphème remis progressivement en cause… le pape François, dix jours après les attentats, déclare que « si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision. » Mais qui tenaient les couteaux, dans cette histoire ?
Le Luron, Coluche, Desproges : au secours !
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Cet ouvrage de seulement 96 pages propose l'intégralité de la plaidoirie de l'avocat de Charlie Hebdo, prononcée en décembre 2020 lors du procès des attentats terroristes de janvier 2015 contre le journal satirique et contre l'hyper Cacher de la porte de Vincennes.

Richard Malka y remonte aux origines de notre liberté d'expression et de notre droit au blasphème, tout en revenant sur les événements qui ont transformé cette affaire des caricatures en crise internationale ayant embrasé l'entièreté du monde musulman. de l'assassinat du réalisateur néerlandais Theo van Gogh en 2004 aux fameuses caricatures du prophète publiées quelques mois plus tard par un journal danois, dans l'indifférence quasi-totale, jusqu'à ce que quelques imams danois viennent y ajouter des dessins sortis d'ailleurs et de leur contexte, mettant finalement le feu aux poudres…

L'auteur invite donc non seulement à comprendre la genèse de ce drame épouvantable, mais il dénonce ensuite l'attitude, voire la lâcheté quasi criminelle, de certains dirigeants, intellectuels et autres personnalités publiques (dont l'autrice Virginie Despentes), qui, face à cette menace terroriste, ont choisi de céder un peu de terrain, d'inviter à faire des compromis, à remettre en cause notre droit au blasphème, voire à carrément pointer du doigt ces belles personnes travaillant à Charlie Hebdo, mortes un crayon à la main en défendant notre liberté d'expression, les taxant de provocateurs, de racistes et d'islamophobes… et puis quoi… justifier leur assassinat ?

Une lecture nécessaire pour tous ceux qui sont Charlie ou qui, comme moi, l'étaient déjà avant les attentats, mais surtout pour ceux qui ne le sont pas encore, car comprendre est souvent le premier pas vers la lumière et ce petit texte puissant d'un homme menacé de mort invite à plus de compréhension, tout en revendiquant notre droit d'emmerder Dieu…peu importe lequel !

Lisez également : Philippe Lançonle Lambeau, Antoine LeirisVous n'aurez pas ma haine, Luz – Catharsis, Catherine MeurisseLa légèreté
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« À nous de rire, d'aimer, de dessiner, de lire, de jouir de toutes nos libertés, de vivre la tête haute face à tous les fanatismes. »
Cette phrase imprimée sur le bandeau du livre que je viens de refermer, le droit d'emmerder Dieu, est suffisamment éloquente et m'a encouragé à lire la totalité de la plaidoirie de Richard Malka, avocat de la personne morale Charlie Hebdo.
Richard Malka qui est aussi écrivain, met ici en lumière les idées que l'on a voulu assassiner et enterrer le 7 janvier 2015. Patiemment, à la fois émouvant et précis, il retrace l'histoire des caricatures sans oublier de refaire vivre celles et ceux qui ont été lâchement assassinés à Charlie Hebdo, sans oublier de rappeler l'odieux attentat de l'Hyper Cacher.
Son histoire des caricatures est à lire absolument pour balayer toutes les inepties entendues depuis leur publication par le Jyllands-Posten, journal danois, le 30 septembre 2005. Elles avaient été publiées aussi en Égypte le 17 octobre suivant, dans Al-Fagr, en plein ramadan sans la moindre réaction des autorités religieuses et gouvernementales. Ce n'est que deux mois après qu'une véritable escroquerie met le feu aux poudres. Des imams danois, soutenus par les Frères musulmans et les salafistes lancent véritablement la polémique en ajoutant trois caricatures venant des suprémacistes blancs américains, caricatures jamais publiées par le Jyllands-Posten.
La mystification puis la récupération politique permettent à l'Organisation de la conférence islamique de saisir l'ONU pour demander d'interdire le blasphème. le monde cède devant l'obscurantisme. Chirac, Clinton, Annan appellent alors à plus de respect pour les sentiments religieux !
Chez nous, France soir publie les douze caricatures du journal danois puis Charlie Hebdo, sept jours plus tard. C'est alors qu'un engrenage infernal est lancé puis soutenu voire encouragé en France par hommes et femmes politiques de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, certaines, certains en responsabilité à des postes ministériels.
Richard Malka, dates et noms à l'appui démontre tout cela calmement et avec précision. Il n'oublie pas de faire l'histoire du blasphème, un délit supprimé en France dès 1791. La liberté de la presse sera acquise un peu plus tard, en 1881.
Richard Malka n'oublie pas de retracer l'histoire de Charlie, citant Cavanna, Choron, Coluche, Philippe Val, Cabu, Wolinski, Gébé, Renaud, Siné, Joan Sfar, Jul, Riad Sattouf, Catherine Meurisse, Caroline Fourest, Corcuff, Polac, Elsa Cayat, Honoré, Charb, Tignous, Bernard Maris… et j'ajouterai Philippe Lançon terriblement blessé lors de l'attentat. Chaque semaine, je le retrouve dans Charlie Hebdo. J'apprécie ce qu'il écrit et j'admire son courage.
Richard Malka parle aussi de religion et ses propos sont d'une évidence qu'il est nécessaire de rappeler sans cesse pour ne pas tomber dans l'obscurantisme.
Il démonte aussi l'affirmation « religion de paix » en rappelant les millions de morts causés par le fanatisme religieux, qu'il vienne de n'importe quelle religion : « Les religions ont structuré l'humanité en lui apportant une morale, mais elles peuvent aussi conduire au pire. »
Ce livre, ce document, ne compte que 91 pages mais il faut le lire et le relire si l'on veut que l'exactitude et la raison s'imposent enfin.
J'ajoute qu'une chronologie des événements, de 2004 à 2022 a été judicieusement ajoutée et qu'il est utile de s'y référer.
Depuis, un procès en appel a eu lieu, en octobre 2022, et Richard Malka a plaidé à nouveau et cette plaidoirie a été publiée le 4 janvier 2023, sous le titre : Traité sur l'intolérance (Grasset). À lire aussi !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ce livre est la publication intégrale de la plaidoirie de l'auteur, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Richard Malka y revient sur la genèse de la crise des caricatures, retraçant comment une manipulation mêlant vrais et faux dessins a entrepris d'enflammer les esprits dès 2006, comment la plupart des personnalités en vue, politiques et intellectuelles, ont aussitôt cédé du terrain dans des prises de position visant l'apaisement, et comment la réprobation générale a fait de Charlie Hebdo la cible désignée aux exactions que l'on connaît.


Dans une argumentation remontant aux apports fondamentaux des Encyclopédistes et de leur esprit critique au siècle des Lumières, l'auteur s'alarme de nos doutes et de nos compromissions face à la terreur, tandis qu'ils ouvrent la porte à la remise en cause d'acquis aussi essentiels que la liberté de penser, d'objecter, de s'exprimer. Renoncer à critiquer une religion, c'est accepter la mise au pas de la pensée et de la raison, prôner l'inaccessibilité de certaines idées au débat, laisser la conviction s'imposer par la force. Reconnaître la supériorité absolue d'une religion, c'est permettre l'intolérance autant que soumettre l'intelligence, c'est faire le lit de l'obscurantisme et du despotisme : une triste réalité où se débattent bien des peuples aujourd'hui privés de la plus élémentaire liberté, et qui ne devrait pouvoir prétendre mettre un pied dans le pays des Droits de l'Homme sans rencontrer une réaction catégorique, franche et massive.


Alors quand, au nom d'une certaine conception – toute humaine –, de la suprématie divine, les locaux d'un organisme de presse sont incendiés, ses rédacteurs assassinés, un professeur décapité, rester sans réaction, ou pire, céder à l'intimidation d'une quelconque façon, revient à accepter le ver dans le fruit, comme s'il n'allait pas finir par le dévorer tout entier. Une forme de lâcheté dont, appliquée à un autre contexte d'extrême intolérance, celui des années trente, on a vu l'exorbitant prix qu'elle peut mener à payer ensuite…


Richard Malka nous livre un texte pesé dans chacun de ses mots, aussi fulgurant dans son imparable argumentation que touchant dans sa tendresse manifeste pour ses amis de Charlie Hebdo, tués pour quelques traits de crayon symbolisant notre liberté face à l'oppression de l'obscurantisme. Un livre essentiel, à mettre entre toutes les mains, qui ne peut que forcer le respect pour cet homme menacé et contraint de vivre sous protection. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Excellente initiative de Grasset que de publier l'intégral de la plaidoirie de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, au procès des attentats de janvier 2015.
Car lors du procès en question, cette plaidoirie dut être en partie amputée, écourtée... de nouveaux attentats et le Covid s'étant invités, contrariant le programme et le calendrier de la justice, l'obligeant à composer avec le temps.
Pour ceux qui, comme moi, n'ont pas assisté à ce moment particulier que fut cette plaidoirie, ce petit livre de 96 pages vous offre la possibilité d'un streaming, d'une rediffusion avec de possibles arrêts sur image... ce qui en soi est un privilège, un cadeau, une leçon, une pédagogie dont chacun d'entre nous devrait profiter... le livre est à 10 euros... Autant dire qu'une leçon d'histoire contemporaine sur un des fléaux civilisationnels vitaux de ce siècle qui est né un matin du 11 septembre 2001 à Manhattan... c'est un cadeau dont il ne faut priver personne.
Je ne vais pas écrire un long billet et vous détailler des mots qui se suffisent à eux-mêmes.
Quel sens cela aurait-il de résumer une plaidoirie sinon de l'édulcorer, de la banaliser, de la réduire à l'état d'histoire, de récit alors que sa vocation c'est d'être un face-à-face entre celui qui parle au nom des victimes, d'actes terroristes, du sens, fut-il délirant, de ces actes, de leurs origines jusqu'à leur sinistre et absurde aboutissement ?
Ce face-à-face entre L Histoire et le témoin qu'est chaque citoyen de cette Histoire, ne peut pas et ne doit pas être parasité par l'immixtion d'un ayant-déjà-lu au prétexte d'une démarche babelionienne pseudo-littéraire.
Toute la force de cette plaidoirie, c'est-à-dire du tête-à-tête entre Richard Malka et vous ne vaut que par la sobriété de ce billet.
Par mon désir pesé de m'effacer lorsque vous entendrez, je dis bien entendrez, les mots de Richard Malka.
Cet avocat, cet homme qui sait, qui a appris beaucoup de choses que nous ignorons, qui a connu l'équipe de Charlie, qui a partagé un peu, ou plus, de leur vie, qui connaît leurs parents, leurs amis, qui n'ignore rien de ce que savent aujourd'hui les experts du terrorisme.
Cet homme qui vit menacé et "protégé"... cet homme vous parle.
Écoutez et jugez !

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Ce que j'aime dans les plaidoiries c'est que, pour fonctionner auprès des jurés, elles utilisent autant les arguments que les sentiments. Il en ressort souvent des textes forts - desquels on peut toujours débattre, mais pour lesquels on éprouve facilement de l'intérêt. "Le droit d'emmerder Dieu" est la publication de la plaidoirie qu'avait écrite Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo, pour le procès des attentats.
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« Non, les religions ne sont pas faites que de paix et d'amour, elles sont ce que les hommes en font. »
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On y retrouve bien sûr toute l'émotion qui a entouré les événements en cause. Mais elle est surtout encadrée par de solides arguments de droit, de raison, ainsi que par la présentation de faits peut-être inconnus par certains d'entre nous. Des faits qui en tout cas, entremêlés au droit et à la question de nos libertés, pèsent lourds dans la balance.
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« Les religions ont structuré l'humanité en lui apportant une morale, mais elles peuvent aussi conduire au pire ».
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La question fondamentale de ce procès, au-delà de celle de la punition des crimes et du dédommagement des victimes, c'est la question de nos libertés. Par cette plaidoirie, Richard Malka rappelle que l'expression par le dessin et la caricature n'est qu'un prolongement de la liberté d'expression, tout comme la liberté de la presse.
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« Il n'y a que l'arbitraire qui puisse maintenir une différence entre la plume de l'écrivain et le crayon du dessinateur ».
Or, nous explique-t-il,
« Ils savent que c'est la liberté-mère et que sans elle, aucune autre ne peut exister ».
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Alors, il tente de répondre aux questions que chacun peut se poser un jour : Pourquoi est-elle une liberté fondamentale, quand elle est susceptible de déranger chacun d'entre nous un jour (on peut tous en être la cible) ? Pourquoi amputer la liberté d'expression du droit de caricaturer reviendrait à la vider de son sens ? Pourquoi est-il impossible, dans le pays des droits de l'Homme, de maintenir le droit de caricaturer tout en l'encadrant par l'interdiction de blasphémer ?
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« C'est Clémenceau, qui, à l'Assemblée, répondra à l'évêque d'Angers invoquant la blessure des catholiques outragés : "Dieu se défendra bien lui-même, il n'a pas besoin pour cela de la chambre des députés." »
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Richard Malka met tout son coeur et sa raison à répondre à ces questions, nous offrant son point de vue de professionnel du droit et de défenseur de nos libertés. Ses arguments, riches d'exemples afin de marquer son public constitué de non-juristes, mettent en lumière les contradictions entre nos revendications d'être toujours plus libres, et notre volonté de limiter la liberté des autres, de ceux qui nous dérangent un peu trop, tels les caricaturistes.
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« Je lis tous les jours des tribunes (…) et même une ancienne candidate à l'élection présidentielle qui nous disent qu'il faudrait abandonner les caricatures et le droit de critiquer librement les religions.
Mais comment prétendre cela avec un soupçon d'honnêteté intellectuelle ?
Il y a quelques semaines, en Autriche, il y a eu un attentat. Or, il n'y a pas de Charlie Hebdo en Autriche, il n'y a pas de caricatures en Autriche. C'est un des derniers pays européens à disposer d'une législation pénalisant le blasphème. Il n'y a pas de laïcité en Autriche ni de passé colonial. Et pourtant ils ont eu un attentat islamiste. Alors qu'est-ce que doivent abandonner les autrichiens ? A quoi doivent-ils renoncer ? »
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Rappelons que chaque liberté est malgré tout encadrée (interdiction des injures, propos racistes, etc…), et que toutes les religions sont (et doivent être) traitées sur un pied d'égalité : L'auteur rappelle ainsi en quoi ce serait un non-sens d'interdire le blasphème pour une seule religion.
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« Ce serait la première marche de l'idolâtrie et du fanatisme »
« Il y a l'égalité pour tous et le même traitement pour toutes les religions. Les religions doivent faire l'objet de la satire »
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Il est effrayant de constater à quel point, dans notre pays où les libertés semblent une évidence, on ne se rend pas toujours compte des conséquences de les laisser grignoter petit bout par petit bout. Car, la population actuelle les ayant toujours connues, nous ne pouvons imaginer une réelle régression où l'on nous ôterait nos libertés chéries. On se bat pour nos libertés immédiates dont la privation rend la vie inconfortable sur le moment - les restrictions de sorties liées au covid par exemple - mais pas pour celles dont la privation paraît avoir des conséquences moins concrètes sur le moment. Pourtant, cette menace demeure à nos portes, plus proche que jamais.
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Par exemple, Richard Malka rappelle à ce titre que rétablir l'interdiction de blasphémer revient à rétablir l'autorité de la parole de dieu(x) qui pourra alors interdire toutes les libertés voulues sans pouvoir être contredite par la population. Les exemples concrets fournis par l'auteur marqueront les esprits qui ne veulent pas avoir à les subir. Tels furent pourtant les paroles de certains politiques et auteurs durant la crise des attentats…
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« Curieusement, les 72 pays au monde où l'homosexualité reste une abomination sont à peu près les mêmes que ceux où le délit de blasphème continue à exister. »
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Pour vous faire une idée plus précise des propos de l'auteur, je vous invite à lire les extraits et citations de ce livre, publiées sur Babelio. Mais mieux encore, lisez cette plaidoirie en entier, forgez votre propre opinion et, si elle est différente ou nuancée, savourez le fait de pouvoir l'exprimer : Profitez-en tant que c'est encore permis, tant que babelio ne décide pas de publier uniquement les critiques positives qui ne dérangent personne ; tant que vous avez encore « Le Droit d'Emmerder Dieu » - ou même la plaidoirie de l'auteur de ce livre, le livre lui-même et, pourquoi pas, les opinions de tous ses lecteurs. Si vous n'êtes pas d'accord dessinez-le, dites-le, plaidez puis écoutez, convainquez ou laissez-vous convaincre. Mais ne tuez point.
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« Les croyances ne peuvent jamais exiger le respect. Seuls les hommes y ont droit. Aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut exiger de ne pas être débattue, critiquée, caricaturée.
Parce qu'à défaut, on n'accepterait plus de vivre qu'entre personnes pensant la même chose. Et tout débat, toute controverse serait estimée « offensante ». C'est le chemin de l'obscurantisme. Les idées, ça se confronte et ça se débat. »
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Le droit d'emmerder Dieu, un droit bien légitime, mais que certains ont payé de leur vie.
Richard Malka, avocat de Charlie, publie ici la totalité de la plaidoirie qui n'avait pas été soutenue entièrement, au procès du journal et de l'hyper Cacher de la porte de Vincennes pour cause de Covid et de reports d'audience multiples.
Je me souviens encore ce ce mois de Janvier, de l'émotion qui a soulevé la France, des "je suis Charlie" qui fleurissaient partout. J'ai l'impression que cela fait très longtemps et que rien n'a changé.
C'est un texte passionnant, érudit, intelligent, nécessaire.
Richard Malka revient d'abord sur le sens de ce procès le sens de ces crimes et la nécessité de comprendre.
" le Juif, c'est celui qui est différent, qui garde son identité à travers les millénaires, qui refuse de se fondre. C'est l'idée de l'irréductible singularité, donc de la diversité. Charlie Hebdo aussi, c'est l'Autre. Celui qui est libre, libertaire, qui s'exprime sans entraves et, pire, qui rit de ceux dont la pensée totalitaire refuse la différence. le sens de ces crimes, c'est l'annihilation de l'Autre, de la différence. Si l'on ne répond pas à cela, alors on se sera arrêté au milieu du chemin, on aura sanctionné l'acte, le crime, sans appréhender sa portée."
Il nous relate ensuite l'historique de ces caricatures et comment les Imams eux-mêmes ont créés les plus dérangeantes pour apporter de l'eau à leur moulin. Il décrit l'histoire du blasphème et celle de Charlie. Et pire que tout, il revient sur de multiples exemples de personnalités qui ont par leurs propos poussé à croire qu"effectivement ces caricatures allaient trop loin, que ces journalistes jetaient de l'huile sur le feu.
A la fin de ma lecture, j'ai eu besoin de laisser ces mots m'envahir, faire leur chemin en moi. Il m'a fallu un sas de décompression sans autre lecture pour absorber tout cela.
Ils ne sont plus. Lisez ce texte pour vous les rappeler encore une fois.
Merci infiniment aux éditions Grasset pour ce partage #LedroitdemmerderDieu #NetGalleyFrance
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"Le droit d'emmerder Dieu" (j'adore ce titre) aurait pu être sous-titré "un éloge du blasphème". Ce texte de 96 pages est la transcription de l'intégralité de la plaidoirie de Me Richard Malka, l'avocat de Charlie Hebdo, au procès des attentats de janvier 2015 à Paris.
Une primeur, en quelque sorte, puisque lors du procès qui s'est déroulé en 2020, il avait dû écourter son intervention en raison de divers retards et de la pandémie de Covid.
Plus qu'une plaidoirie, c'est un véritable plaidoyer pour la liberté d'expression qui nous est livré. L'avocat retrace la chronologie des événements qui ont abouti aux attentats de 2015, ceux de Charlie et de l'Hyper Cacher. Il tire ainsi le fil conducteur à partir de l'assassinat de Theo van Gogh en 2004. le réalisateur néerlandais avait été tué à la suite d'un court-métrage dénonçant la soumission des femmes dans l'islam. En réaction à cet assassinat, un journal danois a publié quelques mois plus tard les fameuses 12 caricatures du prophète, reprises par Charlie en 2006. le comble, c'est que ces caricatures en tant que telles n'ont provoqué que peu de réactions au moment de leur publication. Il aura fallu la manipulation criminelle de ces dessins par des imams danois pour mettre le feu aux poudres, et pour longtemps. Lesdits imams ont fait circuler les 12 caricatures en y ajoutant 3 autres, totalement hors contexte, avec pour effet d'amplifier la polémique, de provoquer un scandale international monumental dans la communauté musulmane, et bientôt de déclencher l'ire sanguinaire des extrémistes fanatiques, qui se posent en victimes de l'islamophobie.
Me Malka rappelle alors l'attitude, lâche ou opportuniste, finalement tout aussi criminelle, de certains politiques et intellectuels ou autres personnalités (qu'il cite in extenso) qui s'empressent de reprocher à Charlie d'avoir publié les caricatures danoises et d'ajouter inutilement de la provocation à la provocation, taxant l'hebdo d'islamophobie alors que le seul but de celui-ci était de revendiquer la liberté de la presse. Mais qui, en réalité, ajoutait de l'huile sur un feu à retardement ? Me Malka n'y va pas pas 4 chemins : "Tous ces gens ont une responsabilité. Ils ont fait naître l'idée que les caricatures étaient injustes, que nous étions les ennemis des musulmans, des ennemis livrant une guerre injuste. Et ils nous ont collé une cible sur le dos. [...] Tous ont une responsabilité morale dans les crimes commis. Nous n'avons fait qu'exercer la liberté de critique des religions".
Le droit au blasphème, donc, en particulier, et la liberté d'expression en général, dont il retrace également l'histoire, profondément ancrée dans les valeurs républicaines qui ont émergé avec la Révolution Française, et là aussi, il est limpide (et cela résonne curieusement avec certains aspects de l'actuelle crise sanitaire) : "Les croyances ne peuvent jamais exiger le respect. Seuls les hommes y ont droit. Aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut exiger de ne pas être débattue, critiquée, caricaturée. Parce qu'à défaut, on n'accepterait plus de vivre qu'entre personnes pensant la même chose. Et tout débat, toute controverse serait estimée « offensante ». C'est le chemin de l'obscurantisme. Les idées, ça se confronte et ça se débat".
Plus qu'une plaidoirie, ce texte est la démonstration implacable de "la bêtise de ces tribunes, de ces articles, de ces prises de parole expliquant qu'il serait responsable d'abandonner les caricatures de l'islam pour en faire une religion d'exception". La bêtise, et la cruauté : à vouloir protéger les "sensibilités" de ceux qui s'estimaient "victimes" de l'islamophobie de Charlie Hebdo ("Ces personnes savent-elles que Charlie a été de tous les combats antiracistes avec SOS Racisme et l'UEJF* [...]?"), elles ont transformé les membres de Charlie en victimes sacrificielles d'une vengeance aussi dramatique qu'absurde.
Un texte brillant, intelligent, émouvant quand il évoque les victimes, percutant, amer, qui remet – oserais-je le dire - l'église au milieu du village.
"Le droit d'emmerder Dieu", nécessaire, salutaire, devrait être enseigné à l'école.

*Union des Etudiants Juifs de France

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#LedroitdemmerderDieu #NetGalleyFrance
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Quand en 2015 ont retenti dans toute la France les coups de feu qui ont tué 12 personnes et blessées 4 autres grièvement ce ne sont pas que des hommes qui ont été assassinés. Ce qu'on a tenté de tuer ce jour là c'est plus que ça c'est un mode de vie et des idéaux. Ces hommes faisaient des dessins, des caricatures. Ils disaient tout haut ce que beaucoup osent à peine penser, il choquaient, piquaient au vif obligeaient à réfléchir, faisaient rire, bousculaient, amenaient le débat et surtout ils exerçaient un droit fondamental : la liberté d'expression. Une arme redoutable certes une arme qui allie l'humour, l'esprit, l'espièglerie, le sens critique mais une arme qui ne tue pas, qui blesse tout au plus les susceptibilités et les égos. Ces hommes et ces femmes ont fait preuve de courage en refusant de plier devant une minorité belliqueuse, haineuse et qui trahie jusqu'à la moelle ce qu'elle prétend défendre. Ils ont payé de leur vie cette intégrité.

Le droit d'emmerder Dieu est la plaidoirie de Richard MALKA devant la Cour d'Assises dans l'affaire Charlie hebdo. Mais ce n'est pas un exercice juridique. Pour ces hommes et ces femmes il a été plus loin. Il rappelle que la France est le premier pays a avoir aboli l'interdiction du blasphème , suite logique de la laïcité et de la liberté d'expression. Mais comme toute liberté si on ne la défend pas farouchement elle est en danger, car il y a toujours quelqu'un pour la remettre en question.

Richard MALKA rappelle que les caricatures qui ont mis le feu au poudre ne sont que des dessins, que les desssins ne tuent pas et que non on ne peut pas légitimer ces actes en invoquant un quelconque outrage. Il rappelle comment Les Frères Musulmans ont jeté de l'huile sur le feu comment ils ont fait passer certaines images choquantes pour des caricatures de Charlie hebdo. Il rappelle comment le pape, La ligue des droits de l'Homme, Jean-Luc Mélanchon, Rockaya Dialho, Rachida Dati, Daniel Cohn Bendit, Virgine Despentes (particulièrment odieuse et violente) loin de défendre ce point de vue ont entassé Charlie hebdo en disant qu'ils étaient allés trop loin, les accusant d'islamophobie !Ces artistes, ces journalistes, qui bien au contraire étaient parmi les premiers à prendre fait et cause pour SOS racisme dès ses origines. On oublie un peu vite que toutes les religions ont été passées au cribles de la caricature par cette équipe de même que les hommes politiques, les sportifs, les artistes, les idées, les modes, les mouvances, …

Laisser ces propos sans réponse ce serait trahir ceux qui ne sont plus là, leur mémoire et ce qu'ils étaient alors Richard MALKA refait l'historique, rétabli la vérité, recadre les faits et n'épargne personne.

«  Ces personnes comprennent-elles que renoncer à la liberté d'expression, cela reviendrait aussi à abandonner des millions de musulmans, des journalistes, des intellectuels, des écrivains, des femmes des étudiants, qui se battent pour vivre libre. Si le pays des Lumières renonçait à cette liberté, ils n'auraient plus aucun espoir. Nous ne pouvons pas les laisser tomber. »

Le 11 janvier 2015 j'ai ressenti ce besoin impérieux d'agir. Ce jour là la colère au ventre j'étais dans la rue, j'étais Charlie et aujourd'hui encore je suis consciente que cette liberté doit être farouchement défendue car les menaces sont nombreuses.

Un texte court et pertinent, nécessaire et percutant.
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Je tiens à remercier mon amie Doriane, Yaena sur Babelio, d'avoir attiré mon attention sur la plaidoirie de maître Richard Malka dans l'horrible affaire de l'attentat de Charlie Hebdo, à l'occasion de son commentaire relatif à mon billet du 30 mai dernier de l'ouvrage d'Ian Buruma sur le meurtre de Theo van Gogh.

Richard Malka mentionne explicitement l'assassinat brutal du réalisateur néerlandais et arrière-petit-neveu de l'illustre peintre, Vincent van Gogh, le 2 novembre 2004 à Amsterdam, à la page 24 de sa plaidoirie.
Rappelons que le coupable, Mohammed Bouyeri, un Amstellodamois de parents marocains, a commis cet acte atroce pour se venger du film documentaire "Submission" (soumission) sur le statut peu enviable des femmes dans certains pays musulmans.

L'égorgeur de Theo van Gogh a été condamné à vie, ce qui est tout à fait exceptionnel aux Pays-Bas, le 26 juillet 2005, et se trouve actuellement dans une prison de haute sécurité dans le sud du pays.
Le tribunal d'Amsterdam a, dans cette horrible affaire, en somme agi dans le sens des recommandations de Richard Malka.

En revanche, le meurtrier de l'homme politique Pim Fortuyn, Volkert van der Graaf, qui a tué le 6 mai 2002 pour "protéger" la communauté musulmane en Hollande et qui a été condamné à 18 ans de prison, a bénéficié d'une libération conditionnelle anticipée déjà en mai 2014.
Une libération qui a suscité de véhémentes protestations à différents endroits aux Pays-Bas.

L'assassinat de van Gogh figure également dans la "Chronologie des événements 2004-2020", en fin de volume, comme tout premier événement.

Une chronologie de 29 événements sur 5 pages et demi que j'ai trouvée particulièrement instructive.

Comme l'ouvrage a recueilli 80 avis positifs, dont 60 cinq étoiles, sur Babelio, parmi lesquelles des analyses très pertinentes et éclairées, j'estime que je peux me limiter ici à marquer mon accord avec les idées avancées et préconisées par l'auteur.

Je voudrais juste remarquer que les arguments de maître Malka ne devraient pas être interprétés comme une invitation à des propos incendiaires contre l'islam par des éléments d'extrême droite pour des gains purement électoraux, comme l'honorable Geert Wilders par exemple, pour rester dans le même pays, ou un sinistre Dries van Langenhove en Belgique, s'y sont déjà distingués par le passé.

Pour mon millième billet sur Babelio, le 8 novembre 2022, j'avais sélectionné "Les Pensées" de Pierre Dac, illustrées par Cabu, en hommage justement à ce dessinateur fabuleux, une des victimes de cet attentat de Charlie Hebdo.

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