AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE40866_9944
(30/11/-1)
4.17/5   6 notes
Résumé :
D'abord publiés chez Skira en trois volumes, parus de 1947 à 1949, intitulés Psychologie de l'art – Le Musée imaginaire, La Création artistique, La Monnaie de l'absolu –, les grands textes sur l'art d'André Malraux (1901-1976), recomposés et retouchés, deviennent, en 1951, chez Gallimard, un imposant livre illustré divisé en quatre parties, Les Voix du silence. Malraux écrivain, habité par la création artistique, publie par ailleurs en 1950 un essai sur Goya, Saturn... >Voir plus
Que lire après Les voix du silenceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Les voix du silence" est une histoire nietzschéenne de l'art mondial depuis les tableaux des cavernes d'Altamira réalisés il y 36,000 ans jusqu'à la deuxième moitié du 20e siècle. Il est depuis plus que soixante-dix ans un des livres incontournables dans le domaine. Il gardera ce statut tant et aussi longtemps que l'on considère Nietzsche comme un philosophe important. Les dieux (chrétiens, bouddhique, et autres) sont morts. L'art est l'absolu qui dirige les artistes .
La tradition artistique est une suite de surpassements nietzschéens où chaque génération d'artistes fait une révolution contre la précédente: "Magiques, cosmiques, sacrées, religieuses les grandes oeuvres nous atteignent du fond du passé comme autant de Zarathoustras inventés par autant de Nietzsches." (p. 617)
D'autres facteurs vont contribuer à la longévité des "Voix de silence." Il réussit brillamment à intégrer les arts asiatiques, africaines, polynésiens et européens dans une seule tradition. Son style est superbe et Malraux possède un don remarquable pour l'aphorisme.
Pour moi, la plus grande force du livre c'est l'emploi que fait Malraux de 636 photographies en noir-et-blancs qui sont présents dans le volume. (On y trouve aussi 15 photographies orphelines en couleur qui ne contribuent rien.) Les photographies en noir-et-blanc sont placées sur les pages avec texte très près des places ou Malraux les discutent. Je n'ai jamais vu un autre livre d'art ou les photographies appuient aussi bien ce que l'auteur écrit. Malraux prend grand avantage du profondeur de champ supéreir de la photographie en noir-et-blanc. Aussi, il exploite très bien sa capacité de mieux présenter la forme et la composition deux éléments qui se s'estompent dans les photos en couleurs. Parce que "Les voix de silence" plait, on accepte plus facilement ses thèses nietzschéennes.
Malraux propose deux grand concepts: (1) celui du musée imaginaire et (2) celui des métamorphoses.
Le musée imaginaire est l'ensemble de toutes les oeuvres d'art de toutes les provenances qui exerce une influence sur l'artiste et qui le met en face avec un statut quo contre lequel il va se révolter. D'après Malraux l'artiste vit dans un contexte historique et une tradition culturelle qui le nourrissent. L'artiste va essayer de surpasser son contexte en créant son propre style.

Les métamorphoses sont les avatars des composants artistiques ou éléments stylistique. Dans la deuxième partie du livre qui s' intitule "Les métamorphoses d'Apollon" Malraux nous montre comment Apollon de l'art hellénique est devenu le Christ Pantocrator de l'église chrétienne orthodoxe et plus tard le Bouddha de la tradition de Gandhara en Inde. Malraux cite les influences sur l'art francais des estampes japonaises au XIXe siècle et des masques africains au XXe siècle comme phénomènes similaires.
Pour Malraux tout va pour le mieux dans le meilleurs de monde. L'histoire de l'art continue et c'est la seule chose qui compte. Je suis plutôt de l'avis que Dieu vit toujours et que c'est Nietzsche qui est mort. Néanmoins Malraux présente avec brio les idées Nietzschéennes et il est impossible de ne pas aimer Malraux pour son enthousiasme pour les arts plastiques.
Commenter  J’apprécie          10
Versé près des confrontations et des métamorphoses, l'art se définit avant tout selon la vie des formes. Les "dessinateurs des cavernes" en ont été le commencement et la coulée des siècles en a suivi le fil, jusqu'à en être parmi notre musée imaginaire. Notre musée imaginaire ne s'érige pas seulement par l'approfondissement de l'histoire, il s'élabore selon l'oeuvre d'art et son présent artistique. Il convient néanmoins de rappeler le sens que prend l'oeuvre selon la volonté de l'artiste, puisque au-delà de la volonté, la délivrance en est le point d'ancrage. Dans l'art, comme pourrais le dire Malraux, tout est gouverné selon une volonté et non par une élaboration inconsciente.

Tout ce que j'ai décris, énoncé et dévoiler en haut n'est qu'une esquisse des définitions et réflexion que nous donne Malraux. L'ouvrage, au-delà de l'aspect textuel, nous est présenté par une reproduction des chefs-d'oeuvre par la photographie. le tout donne ainsi lieu à une rencontre absolue entre le spectateur et l'art. On y découvre, au fil de la lecture, l'esprit et la valeur littéraire d'un homme face à l'art. Notre regard est ainsi balayé entre discernements, réflexion et raison par une voix parlante et attachante.

La rencontre, une fois consumée, donne à voir les aspects d'un autre oeil. N'oublions pas qu'au demeurant "l'art est liberté, il est un anti-destin".
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L’homme qui deviendra un grand peintre commence par découvrir qu’il est plus sensible à un monde particulier, celui de l’art, qu’au monde commun à tous. Il éprouve un besoin tyrannique de peindre, sachant que ce qu’il va peindre sera sans doute d’abord mauvais, et qu’il s’engage dans une aventure. Il traverse le temps du pastiche, généralement des derniers maîtres, jusqu’à qu’il prenne conscience d’un désaccord entre ce que « signifie » ce qu’il imite et la peinture qu’il pressent. Il distingue confusément un schème personnel qui va le libérer des maîtres, souvent avec l’aide de ceux du passé… Pas un peintre n’est passé de ses dessins d’enfant à son œuvre. Les artistes ne viennent pas de leur enfance, mais de leur conflit avec des maturités étrangères : pas de leur monde informe, mais de la forme que d’autres ont imposée au monde. Jeunes, Michel-Ange, Le Greco, Rembrandt imitent ; Raphaël imite, et Poussin, et Vélasquez, et Goya ; Delacroix et Manet et Cézanne, et… Dès que les documents nous permettent de remonter à l’origine de l’œuvre d’un peintre, d’un sculpteur – de tout artiste – nous rencontrons non un rêve ou un cri plus tard ordonné, mais les rêves, les cris ou la sérénité d’un autre artiste
Commenter  J’apprécie          43
Qu'un tableau religieux, avant d'être une Vierge, soit "une surface plane couverte de couleurs en un certain ordre assemblées" est vrai pour nous, mais quiconque eût tenu ce discours aux sculpteurs de Saint-Denis se fût fait rire au nez. Pour eux, comme pour Suger, plus tard pour saint Bernard, cet objet était une Vierge bien plus qu'un assemblage de couleurs : car il n'était pas d'abord assemblage de couleurs pour être une statue, mais pour être la Vierge.
Commenter  J’apprécie          90
Dans le soir où dessine encore Rembrand, toutes les ombres illustres , et celles des dessinateurs des cavernes , suivent du regard la main hésitante qui prépare leur nouvelle survie ou leur nouveau sommeil.
Et cette main, dont les millénaires accompagnent le tremblement dans le crépuscule, tremble des formes secrètes , et des plus hautes de la force et de l'honneur d'être homme .
Commenter  J’apprécie          80
Une nature morte de Cézanne est à une nature morte hollandaise ce qu'est un nu de Cézanne à un nu de Titien. Si paysage et nature morte (...) deviennent des genres majeurs, ce n'est pas que Cézanne aime les pommes, c'est que dans un tableau de Cézanne qui représente des pommes, il y a plus de place pour Cézanne qu'il n'y en avait pour Raphaël dans le portrait de Léon X.
Commenter  J’apprécie          50
L'ombre parée de Versailles nous cache son âme ravagée.
Commenter  J’apprécie          270

Videos de André Malraux (208) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Malraux
Ne dites surtout pas à Grégoire Bouillier que son livre est trop long, car il vous répondra que ce n'est pas son ouvrage qui est volumineux, mais plutôt que vous n'avez simplement pas le temps de le lire ! Plus de 900 pages et quelque quatre années d'une enquête littéraire impressionnante ont été nécessaires pour écrire ce qui constitue sans doute l'un des romans les plus excitants de l'année. Tout commence avec un fait divers qu'entend Grégoire Bouillier à la radio en 1985 : le suicide d'une ancienne mannequin des années 1950, qui s'est laissée mourir de faim chez elle en tenant le journal de son agonie pendant 45 jours. En 2018, l'écrivain décide de remonter le fil du temps pour comprendre les motivations de cette femme, Marcelle Pichon, dont on sait très peu de choses. Très vite, la recherche d'informations se mue en une quête obsessionnelle, contrariée par le refus sans appel de la petite-fille de la défunte d'autoriser l'écriture d'un livre sur sa grand-mère. Qu'à cela ne tienne, l'imagination de l'écrivain se met en marche et voilà qu'est créée l'agence de détective Bmore & Investigations, associant un certain G. B. Baltimore et sa brillante assistante, Miss Penny. Tous deux vont mener l'enquête à travers la France, fouillant ses archives administratives, explorant la généalogie de Marcelle, de son enfance dans le Paris des années 1920 à son mariage sous l'Occupation, à la recherche d'indices susceptibles d'expliquer son acte inouï. Le Coeur ne cède pas est un ample roman qui ne se résume pourtant pas à cette enquête jubilatoire, c'est aussi un livre passionnant qui interroge la nature de la littérature contemporaine, en particulier son rapport au réel. En bon détective, Grégoire Bouillier a archivé soigneusement ses pièces à conviction. Consignées dans un site web accompagnant le livre, elles serviront de fil conducteur à l'interrogatoire mené par Olivia Gesbert, qui promet bien des révélations…
Entretien avec Grégoire Bouillier (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/gregoire-bouillier/) animé par Olivia Gesbert (https://ohlesbeauxjours.fr/programme/les-invites/olivia-gesbert/)et enregistré en public en mai 2023, au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !.  
__ À lire
Grégoire Bouillier, Le Coeur ne cède pas, Flammarion, 2022 (prix André Malraux).
__ Montage : Arthur James Voix : Benoît Paqueteau Photo : Nicolas Serve Un podcast produit par Des livres comme des idées (http://deslivrescommedesidees.com/).
__ La 8e édition du festival Oh les beaux jours ! (https://ohlesbeauxjours.fr/) aura lieu à Marseille du 22 au 26 mai 2024.
+ Lire la suite
autres livres classés : essaiVoir plus


Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

André Malraux

Quel roman d’André Malraux obtient le prix Goncourt ?

«La Métamorphose des dieux»
«L’Espoir»
«La condition humaine»

11 questions
106 lecteurs ont répondu
Thème : André MalrauxCréer un quiz sur ce livre

{* *}