"Everything has been said before
There's nothing left to say anymore
When it's all the same
You can ask fot it by name"
(
Marilyn Manson, "This is the new *hit")
Je ne vois que deux possibles raisons pour lesquelles mon amie A. a pu m'offrir ce concentré de bien-être à la couverture fauve.
Soit elle a confondu M. Manson avec l'autre M. Manson...
... ou alors, sachant que toute image d'une yogini entortillée en position de trombone sur un fond du soleil couchant, flanquée d'une citation pseudo-bouddhiste, me cause des dépressions profondes sur plusieurs semaines, elle a cru les mots de
Mark Manson qui dit que son livre est différent. Car Mark affirme détester(!) les livres sur le développement personnel, et il propose AUTRE chose !
Et comme le titre (une demi-étoile) nous a fait marrer toutes les deux, j'ai laissé tomber mes préjugés idiots en me disant que ce sera peut-être intéressant.
Ben... ça ne l'était pas.
Ce sont les histoires de la vie d'un jeune homme qui a connu des hauts et des bas, a fait quelques erreurs, et après avoir lu deux, trois bouquins, il pense devenir expert pour donner des conseils aux autres.
D'accord, il est contre le faux positivisme qui nous met en face d'un miroir pour nous persuader que nous sommes beaux, intelligents, riches, et aimés de tout le monde, en espérant qu'à force on finira par y croire.
Mark part du postulat qu'on devrait se réconcilier avec la triste vérité que l'écrasante majorité d'entre nous n'a rien d'exceptionnel. Alors, gérons seulement les problèmes qui sont en notre pouvoir, et pour le reste - il vaut mieux s'en foutre ! Je mets donc une étoile supplémentaire rien que pour le fait que quelqu'un a enfin osé formuler cette découverte révolutionnaire noir sur blanc.
Mais à part ça, franchement...
Le livre commence par l'histoire de
Charles Bukowski. Mark veut nous montrer qu'un loser ivrogne qui rote, pète et utilise des gros mots, a quand-même pu devenir célèbre en s'en FOUTANT. Ce n'est pas un peu contradictoire ? Si on n'a rien d'exceptionnel, pourquoi vouloir devenir célèbre ? D'autant plus qu'on est censé s'en foutre ?
Puis, Mark essaie de jouer un peu à
Bukowski, en mettant plein de "merde" et de "bordel" dans son bouquin d'anti-développement personnel; et quelque chose me dit que lui aussi, il est devenu assez célèbre. Mais pas une seule fois il ne considère la possibilité que
Bukowski sache vraiment écrire.
N'est pas écrivain qui veut, même si Mark a sûrement pondu son best-seller sur "être soi-même" en rotant, pétant, et jurant comme un charretier. Dommage...
Mais peut-être que ça va te plaire, si ça ne te dérange pas que Mark te tutoie à tout va, comme s'il se sentait très proche de toi (sauf que lui, il aurait dit : "vachement proche"). Et peut-être même que tu trouveras qu'il ne raconte pas que des c*** *. (*Sorry, Mark, j'ai encore un peu du mal !)
Mais cette histoire de
Bukowski m'a emm**dée dès début (ça commence à venir, mais il faut quand-même que je foute mes étoiles restantes quelque part...), et ce n'est pas la seule contradiction entre ses hypothèses je-m'en-foutistes et les histoires censées les illustrer. Et le livre finit, étrangement, sur l'intéressante pensée que même si nous valons que dalle, nous sommes quand-même tous géniaux.
Mais arrivée à ce stade là, je m'en foutais déjà tellement des observations hautement philosophiques de Mark, que je pense qu'il pourrait s'applaudir lui-même de cette réussite !
Pour revenir à son homonyme au dentier métallique, il a réussi, avec beaucoup d'art subtil, à mettre l'intégralité de mes opinions sur les théories bavardes de Mark dans ces quatre courtes lignes :
"And now it's you know who
I got the you know what
I stick it you know where
You know why, you don't care"
Mais il est très possible que vous vous-en foutiez...