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3,21

sur 338 notes
« le sillon » est celui que trace la narratrice à Istanbul où elle est venue rejoindre son amant.
Malheureuse face à cet amour qui s'étiole, elle noue des amitiés au fil de ses rencontres avec des stambouliotes opposants au régime.
Elle découvre également l'histoire d'Hrant Dink, journaliste assassiné pour ses idées.
Istanbul, ville magnifique et passionnante tant par son architecture que par son histoire, devient dans ce texte d'un ennui abyssal.
Je me suis perdue au long de ses ruelles en cherchant vainement la sortie vers un peu de lumière. Tout est triste, glauque, lent, trop lent.
L'écriture sans originalité n'a pas davantage retenu mon attention.

Alors, j'ai abandonné. Frustrée et en colère de ne pas avoir adhéré à ce texte sûrement magnifique si j'en crois les nombreuses critiques élogieuses qui l'ont salué.
Cet avis sévère, qui n'engage que moi ne découragera pas, je l'espère, les lecteurs tentés par ce livre couronné par le prix Renaudot 2018.



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J'ai beaucoup appris pendant cette lecture. Hrant Dink et Naji Jerf, deux inconnus jusqu'alors pour moi et qui, grâce à ce livre qui a ouvert une brèche dans mon inculture, vont rester plus que des souvenirs, car je regarderai maintenant un pigeon ou une colombe avec leurs espoirs. Je suis allée sur le net trouver ces visages pour leur donner encore plus de consistance et les graver dans ma mémoire. Pour que les mots deviennent réalité. C'est peut-être ce que je reproche à ce livre, son écriture. Trop hachée, trop difficile à suivre pou moi, parfois ne sachant plus qui parlait. J'ai pourtant ressenti aussi la difficulté des amours multiculturelles, les clivages liés à des réflexes de défense, minimes mais existants déjà entre deux sexes, qui sont accrus dans un contexte de danger. Et dans ce pays qui doit être si beau, j'ai senti la détresse et la tristesse devant le rouleau compresseur de l'oppression qui détruit l'individu. Merci Bookycooky pour ce conseil de lecture, j'espère un jour aller à Istanbul.
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La Turquie de Tayyip Erdoğan, la démocratie fragilisée, le récurrent déni du génocide arménien, le problème Kurde, la montée de l'islamisme radical... c'est un pays bien différent de celui d'Atatürk que Valérie Manteau nous décrypte, dans un livre où elle se met elle-même en scène.

Il faut sans doute avoir quelques éléments de biographie pour comprendre les subtilités de ce récit/roman à une voix, sur l'enquête d'un militant pacifiste turco-arménien assassiné. En connaissant la collaboration de l'auteure à Charlie Hebdo, son attirance pour la Turquie où elle se partage avec Paris et Marseille, on la devine derrière ses mots, avec un regard à la fois impliqué et «européen».

Le style est parfois déstabilisant, il semble dispersé, mélange de dialogues, de narration, de descriptions. On ne comprend pas toujours qui parle et de quoi. Cela demande une certaine concentration mais offre le plaisir de l'originalité. Il n'empêche qu'on se questionne sur l'hésitation de l'auteure, entre roman, papier presse ou documentaire (qui ne donnerait à voir qu'une facette de la Turquie contemporaine)

Par des digressions de rencontres et d'errance stambouliote, le livre se structure peu à peu autour de nombreuses figures d'opposants politiques ou intellectuels et de la vague de répression par le pouvoir en place, consécutive à l'échec du coup d'Etat de 2016.

Le tout est assez vivant, spontané, amusant parfois, et parle de politique et de société, nous plaçant en position de spectateur.
Un livre éclairant et affligeant sur «la bascule d'un État de droit vers l'arbitraire »
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Istanbul, belle et rebelle

Valérie Manteau creuse son Sillon. Après Calme et Tranquille, elle nous raconte la vie dans la capitale turque et enquête sur l'assassinat du journaliste arménien Hrant Dink. Pour la liberté.

Istanbul était déjà présente dans le premier roman de Valérie Manteau, Calme et tranquille. Sur le bateau qui traversait le Bosphore, la conversation tournait autour de la mort de Louise. Louise qui avait sauvé la vie de Valérie et qui venait de partir avant tous les amis et collègues de Charlie auxquels ce livre rendait hommage.
La capitale turque est cette fois au centre du livre. Un déplacement géographique qui nous offre une vision très différente du monde que celle vue de France.
Il est vrai que pour la narratrice son pays ne rayonne plus vraiment dans le domaine des arts et des idées, pas davantage d'ailleurs qu'elle ne défend son rôle historique de défenseur des Droits de l'homme.
Et même si ce n'est pas en Turquie qu'elle trouvera la liberté, on s'en doute, elle va pouvoir y trouver une belle énergie – peut-être celle du désespoir – et les bras d'un amant.
« L'Istanbul laïque se balançait entre deux bords et délaissait de plus en plus volontiers la rive nord du Bosphore, l'européenne engluée dans sa nostalgie, pour se saisir de l'asiatique où les cafés, les galeries, les tatouages fleurissaient. Les soirs d'été, la bière à la main, on s'installait sur les rochers de la promenade en bord de mer pour narguer en face, dans le soleil couchant, la vieille Byzance, Sainte-Sophie et la Mosquée bleue abandonnées aux touristes. On aurait dû se rappeler qu'ici parfois le ressac fait des dégâts. »
Dans le milieu artistique et intellectuel que la narratrice côtoie, la gymnastique quotidienne consiste à passer entre les mailles du filet, à éviter les intégristes autant que la police politique, à créer et à enquêter sans attirer l'attention. Comme par exemple sur Hrant Dink, journaliste assassiné dont elle a entendu parler par la diaspora arménienne et plus particulièrement par l'un de ses proches, le «Marseillais» Jean Kéhayan qui avait aussi collaboré à son journal Agos. « Agos, c'est le Sillon. C'était un mot partagé par les Turcs et les Arméniens; en tout cas par les paysans, à l'époque où ils cohabitaient. » Se sentant autant turc qu'arménien, il avait choisi de vivre et travailler à Istanbul, sans se rendre compte qu'avec son journal, il avait « ouvert la boîte de Pandore. Il n'était pas comme les autres Arméniens qui avaient vécu toutes ces années sans oser parler. Lui ne voulait plus être du peuple des insectes qui se cachent, de ceux qui ne veulent pas savoir. » Au fur et à mesure de ses recherches, la biographie du journaliste se précise autant que la lumière se fait sur les basses oeuvres d'un gouvernement qui entend régner par la terreur. Et y parvient. Car même les plus rebelles prennent peur, appellent à la prudence plutôt qu'à la révolution. Comment est-il dès lors possible de continuer à creuser son Sillon?
Si Valérie Manteau ne peut répondre à cette délicate question, son témoigne n'en demeure pas moins essentiel. Et éclairant. Car plus que jamais la Turquie, selon la formule de l'écrivain Hakan Günday, est «la différence entre l'Orient et l'Occident. Je ne sais pas si elle est le résultat de la soustraction, mais je sais que la distance qui les sépare est grande comme elle. Et dans cet intervalle, comme dans tous, prospère une troisième voie sans laquelle l'Europe ne serait pas l'Europe, et regarderait le Moyen-Orient comme un uniforme, illisible fatras. »
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Quel livre déroutant ! La fiction rejoignant la réalité.  Et pour dérouter encore plus , le style de Valérie Manteau enfonce le clou. Des phrases sans ponctuation, des personnages en veux tu en voilà,  des noms turcs,kurdes,arméniens et puis le dédale d'Istanbul,ces quartiers européens ou asiatiques, la traversée quotidienne du Bosphore ou de la Mer de Marmara.
Je me suis perdu dans ce livre qui paraît foutraque, mal maîtrisé .
J'ai pensé laisser tomber.
De prime abord je n'ai pas compris que le sillon est reçu le Prix Renaudot.
Et puis je suis allé au bout de cette plongée dans Istanbul et dans la Turquie d'aujourd'hui.
Tout cela à infusé.
Et en définitive le suis tombé sous le charme du Sillon de Valérie Manteau.
Ce livre est à l'image de ses villes arabes avec leurs souks, leur médina .
on a du mal à  s'orienter,à comprendre le cheminement de ruelles , on est submergé par les odeurs , la langue arabe.
On ressort de ces villes tout bizarre, sans tout comprendre ce que l'on a vécu
Et pourtant le temps passant, il reste une nostalgie de ses médinas, de ces ambiances. Peut être  un besoin impérieux d'y retourner pour retrouver cette ambiance.
Le  sillon m'a laissé la même impression. le livre est complexe, déroutant comme l'époque ou il est écrit et comme la situation de la Turquie.
Et puis l'auteure narratrice est ,elle aussi, déroutée, interrogative, à  la recherche d'une compréhension de cette Turquie du 21ème siècle.
Ce pays aux confins de l'Europe et de l'Asie, au prise avec une dictature rampante.
Qu'en est il des peuples qui ont peuplé ces territoires: Arméniens, Kurdes, Syriens, Turcs.
La Turquie se ferme, se rabougrit, exile ses contestataires,  les emprisonnent ou les tuent.
C'est cela que nous raconte le sillon en prenant comme figure de proue Hrant Dink journaliste arménien assassiné en 2007 devant son journal Agos ( le sillon en arménien )
Hrant Dink était un homme de pays défendant aussi bien les Arméniens que les Kurdes
C'est dans ses pas que va marcher Valérie Manteau alors que la France est marqué par l'attentat de Nice et la Turquie par la tentative de coup d'État de juillet 2016.
Elle va rencontrer Asli Erdogan, écrivaine qui dénonce le régime autoritaire turc et prend position en faveur des kurdes. Ce qui lui vaudra 6 mois de prison et sous la pression internationale, une libération.
Mais Asli Erdogan comme beaucoup d'autres prendra le chemin de l'exil
Après la lecture de le Sillon il est salutaire de lire ou relire Le silence même n'est plus à toi d'Asli Erdogan ,recueil de ses chroniques dans le journal pro kurde Ozgur Gundem
Cela resitue le livre de Valérie Manteau et la profondeur de celui ci.


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Début des années 2000, la Turquie hisse avec quelques hoquets sa tête hors du marasme économique. En 2013, l'espoir de faire basculer le pays dans la démocratie s'étouffe dans les gaz lacrymogènes, les coups de matraque, les arrestations, les disparitions et les morts. La narratrice a rejoint son amant à Istanbul, où les enfants des réfugiés syriens errent dans les rues. Elle souhaite écrire un livre sur Hrant Dink journaliste chrétien d'origine arménienne assassiné par un musulman. Agos, le sillon en français était le titre de son journal. Avec la narratrice, nous partons donc sur les traces de ce journaliste

« Il n'était pas comme les autres Arméniens qui avaient vécu toutes ces années sans oser parler. Lui ne voulait plus être du peuple des insectes qui se cachent, de ceux qui ne veulent pas savoir. »

L'occasion d'évoquer bien sûr la cause arménienne et le génocide, le rôle ambigu de l'Europe qui fait semblant de vouloir ouvrir sa porte à la Turquie, la tentative de coup d'État ratée contre le président Erdogan et la furieuse répression qui a suivi, les arrestations des journalistes, écrivains, universitaires où les femmes sont surreprésentées dont Asli Erdogan figure emblématique de la lutte pour les droits de l'homme.

« Une blague circule, racontant qu'un détenu a fait demander à la bibliothèque de la prison un roman d'Ahmet Atlan, et que le gardien serait revenu bredouille en disant que le roman en question n'était pas disponible, mais qu'on pouvait directement s'adresser à l'auteur quelques cellules plus loin. »

Une fois de plus le jury Renaudot n'a pas choisi un livre facile pour attribuer son prix. Je dois reconnaître que j'ai eu quelques difficultés à me plonger dans ce roman très politique où la narratrice déambule dans les rues d'Istanbul pour enquêter sur la mort de ce journaliste d'origine arménienne. La décomposition de son histoire d'amour est en parallèle avec celle de la Turquie, ce pays qui rend les gens fous où le président Erdogan a instauré un climat de suspicion, de haine et de terreur. Ce roman a le mérite de nous éclairer sur la Turquie d'aujourd'hui.

« La vérité est une cause perdue pour nous : c'est comme jouer aux échecs avec un pigeon : même si vous jouez selon les règles, le pigeon va renverser toutes les pièces et finalement chier sur le plateau, vous laissant gérer le bordel. Soyez prévenus. Depuis quinze ans, nous jouons aux échecs avec un pigeon en Turquie, et maintenant nous n'avons même plus d'échiquier. »

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Le prix Renaudot 2018 est une autofiction plutôt bien écrite. Son style est fluide, direct et dense (par exemple, les dialogues sont insérés sans tiret, dans des paragraphes courts). L'histoire d'amour entre l'auteure-narratrice et son amant turc, se déroulant à Istanbul de nos jours est un prétexte à la dénonciation de la politique anti-démocratique et liberticide de la Turquie d'Ercep Erdogan. Sous couvert d'une enquête sur l'assassinat, en 2007, de Hrant Dink, journaliste-militant pour la paix, turc d'origine arménienne, elle nous montre ce pays qui sombre peu à peu dans une dictature qui ne dit pas son nom. Elle dénonce l'hypocrisie des politiciens occidentaux et l'indifférence des grands médias, leur traitement euro-centré des problèmes connexes (guerres du Moyen-Orient, crise migratoire, terrorisme islamique ...). Elle témoigne surtout d'une certaine résignation du peuple turc, du renoncement à continuer de se battre pour plus de liberté, de justice et d'humanité, entravé qu'il est dans sa liberté d'expression. Et elle rend hommage à quelques uns qui se battent encore et toujours avec leurs armes : les mots, les livres, les chansons ... et parfois l'humour (voir les rapports avec Charlie Hebdo).
Subjectivement peut-être, je crois avoir perçu, en filigrane le questionnement de Valérie Manteau quant au choix de l'autofiction pour ce texte. En effet certains personnages, ses amis se demandent pourquoi et comment ils seront, eux, représentés et perçus dans le livre qu'elle écrit. Effectivement si ce livre était un « vrai » roman, ou à contrario, s'il était un témoignage journalistique clairement identifié, l'auteure aurait certainement été plus virulente dans sa critique, plus militante aussi, bref plus radicale. Mais elle aurait certainement touché moins de gens, et moins montré l'importance à donner à cette cause. La Turquie est une grande nation complexe, mais la France ne l'est-elle pas aussi ? Valérie Manteau nous montre ce que nos deux pays ont en commun. le peuple turc finira bien par trouver la voie de sa liberté, quant à nous ; restons vigilants, rien n'est jamais acquis. Allez, salut. ****
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Asie - 19 janvier 2007 - Istanbul - Hrant Dink, journaliste et écrivain turc d'origine arménienne est assassiné par un nationaliste turc devant les locaux de son journal bilingue Agos ( le sillon).

Europe - 7 janvier 2015 – Paris – Journal Charlie Hebdo- les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris, le policier Franck Brinsolaro , le correcteur Mustapha Ourrad, Michel Renaud, cofondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage , Frédéric Boisseau, agent de maintenance, Ahmed Merabet, gardien de la paix sont assassinés par deux terroristes salafistes islamistes d'origine française.
8 ans séparent ces deux évènements. Un livre les relie.
100 000 personnes manifesteront à à Istanbul lors des funérailles de Hrant Dink, scandant « Nous sommes tous des Hrant Dink, nous sommes tous arméniens » en turc, arménien et kurde. le 27 janvier 2007 environ 400 personnes manifesteront à la mémoire de Hrant Dink à Paris.
Le 11 janvier 2015 , 1,5 millions de personnes manifesteront à Paris en mémoire des victimes de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo scandant «  je suis Charlie ». Partout dans le monde, des marches de soutien ont eu lieu.
Mais où étions nous, européens en octobre 2005, lorsque Dink, fut condamné à six mois de prison pour , selon un certain article 301, « atteinte à l'identité turque » ? Où sommes nous maintenant lorsque le nationalisme ne cesse de progresser en Europe?
Une prise de conscience sur l'État d'une désespérance , un état du lieu des résistances. Une déclaration d'innocence, un constat d'ignorance.
« Savez vous ce que cela représente pour un homme d'être enfermé dans l'inquiétude d'une colombe ?  » Hrant Dink ( 1954-2007).

Astrid Shriqui Garain

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Voilà un livre qui ne se laisse pas appréhender aisément. Et c'est cela, parfois, que je recherche dans un prix littéraire.
Le style est quelque peu haché, apparemment brouillon parfois, apparemment. Car il en émane finalement une sorte de poésie, de transcription de la pensée comme elle vient. Il faut un peu s'accrocher, comme pour suivre le fil de la pensée, de la vie stambouliote de l'auteure/narratrice.
La Turquie je n'y connais strictement rien, alors sa politique... Au début j'étais frustrée, j'avais l'impression de ne rien comprendre, je voulais savoir qui était chaque personnage, je m'y perdais. Puis j'ai lâché prise. J'ai accepté de ne pas les connaître, de me contenter de ce que me livrait l'auteure. Et là j'ai pu profiter des mots, des sensations, des impressions, et tant pis si je passais à côté de moments historiques capitaux. Les échos à l'actualité, relatée dans les médias français, m'ont donné des repères supplémentaires.
Un style qu'il faut apprivoiser, mais qui vaut le détour.
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Non, on ne peut pas parler de la situation politique de la Turquie en touriste ! De quoi le sillon est-il le nom ? D'un essai sur la Turquie contemporaine ? Alors il est inabouti et maladroit, l'oeuvre d'une béotienne qui pense explorer la vérité complexe de ce pays en interrogeant les témoins d'un seul bord. D'une fiction ayant pour décor une ville d'Istanbul en pleine mutation ? Alors, il s'agit d'une occasion manquée. le sujet eut été passionnant si l'auteur l'avait vraiment choisi car toutes les descriptions et les réflexions qui font référence à la transformation de l'ancienne Constantinople sont justes et fort bien amenées. D'une histoire d'amour ? Alors, elle est ratée. Les amants se croisent sans conviction, à commencer par l'auteur qui abandonne la bagatelle aux trois quarts du livre. D'un article trop long pour figurer dans un journal ? C'est probablement la meilleure définition. Autant de questions qui m'amènent à la question ultime : pourquoi lui donner le prix Renaudot ? Qu'ont-ils voulu récompenser ? Ou dénoncer ? Car la meilleure façon de mettre en lumière les travers du régime d'Erdogan, c'est de promouvoir directement les auteurs qui le combattent et notamment Esli, celle qui porte ironiquement le même nom que le dictateur. Et puis je m'interroge. Quand on ne connaît rien de la Turquie, comment peut-on s'intéresser à un tel livre ? J'ai eu la chance d'aller souvent en Turquie, y compris le lendemain de l'attentat de l'aéroport. Dans ma jeunesse, j'ai eu le bonheur d'étudier le destin de la Turquie, des ottomans à Mustafa Kemal Atatürk. Malgré cela, le sillon me laisse pantois. Soyons optimistes, espérons que les lecteurs auront envie d'en savoir plus sur la Turquie en lisant cet ouvrage. Je doute. Quant au prix Renaudot… Une sortie de route.
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