Droite aux Oeufs de l'UMP contre Gauche Caviar ?
Cet album date bien évidemment, mais...
L'histoire débute le 7 mai au siège du PS :
François Hollande a été battu ! En ce soir de défaite, les Eléphants du Parti, cherchent à en comprendre les raisons et décident de s'interroger sur un problème historique : leur rapport à l'argent.
Suit alors la petite histoire de ce qu'on a appelé la Gauche caviar, depuis la victoire de
François Mitterrand en 2001, jusqu'à la défaite de
François Hollande en 2012. Les portraits s'enchaînent les uns derrière les autres et tout y passe : le partage des portefeuilles ministériels qui donnent accès aux fonds secrets, la collusion avec le monde des affaires, les scandales Urba, Elf, MNEF... Mitterrand,
Jack Lang, DSK, Delanoë font l'objet de charges impitoyables, mais drôles. Seul
Lionel Jospin semble épargné et un peu perdu dans ce maelström. Les auteurs sont bien documentés et fournissent une longue liste de références en annexe.
Il ne faut pas lire cette BD le CAC 40 entre les dents et on pourra l'apprécier même si on préfère la lecture de Libération et du Nouvel Obs, à celle du Figaro ou de l'Express. Bien sûr, la "Gôche" en prend pour son grade, mais plus largement, c'est le personnel politique dans son ensemble qui déguste.
Car si cette description à charge est caricaturale comme le veut ce type d'exercice, le propos des auteurs n'est pas tant de stigmatiser l'amour de l'argent et des dorures au sein d'une certaine gauche, car on pourrait sans doute retrouver ce même appétit à droite.
il s'agit plutôt de pointer la contradiction éventuelle entre les pratiques de certains -qui au fond, sont celles de leur milieu, bourgeois la plupart du temps- et leur dénonciation de l'argent qui corrompt, qui salit. Sous cet angle, la réflexion est moins manichéenne qu'on pourrait le croire.
Finalement, la question à laquelle chacun pourra apporter la réponse qu'il souhaite en fonction de sa sensibilité, est assez simple en apparence : Peut on avoir un coeur à gauche et un portefeuille à droite ? C'est le genre d'interrogation qui généralement fait dégénérer assez sûrement un repas de famille (sinon, on peut aussi essayer le vaccin, la chasse, la corrida ou la peine de mort...ça marche aussi).
Ah, au fait, l'album se termine par le réveil de
François Hollande : il avait fait un cauchemar, il a bien été élu...et l'histoire repart...
Au niveau dessin, c'est du
Bercovici classique avec ses bons (découpages dynamiques) et moins bons côtés (dessin parfois un peu "courts"). Mais j'avoue préférer ses hommes en rose à ses habituelles femmes en blanc.