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Gérard Blanc (Traducteur)
EAN : 9782020525688
339 pages
Seuil (21/05/2002)
4.41/5   11 notes
Résumé :

Retraçant l'histoire de l'évolution, Lynn Margulis et Dorion Sagan montrent en effet que l'homme, loin d'être une exception dans la nature, doit son existence aux microbes et aux bactéries, vecteurs primordiaux de la vie, qui gouvernent les mécanismes essentiels de la biochimie, produisent l'oxygène de l'atmosphère, façonnent les structures géologiques.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les recherches de Lynn Margulis et de son fils Dorion Sagan se sont portées sur une hypothèse qui avait déjà quelques décennies derrière elle (Paul Portier, Vladimir Vernadski…). Celle-ci suggère que les mitochondries « étaient probablement des bactéries, primitivement autonomes, incorporées dans les cellules d'autres organismes dans les temps très anciens, il y a un ou plusieurs milliards d'années probablement. Cette incorporation a pu se faire selon deux modes très simples : la phagocytose non suivie de digestion, la symbiose coloniale construisant une enveloppe commune. Dans les deux cas ce fut un processus de chimérisation puisque deux ou plusieurs organismes fort différents s'unissent pour constituer un nouvel être […]. »


Cette théorie est nommée endosymbiotique : « les descendants des bactéries qui nageaient dans les mers primitives et respiraient de l'oxygène il y a trois milliards d'années existent aujourd'hui dans les cellules humaines sous la forme de mitochondries. A une époque reculée, les bactéries se combinèrent avec d'autres micro-organismes. Elles s'installèrent à l'intérieur, fournissant de l'énergie tirée de l'oxygène et s'occupant d'éliminer les déchets, en échange du gîte et du couvert. »


Une théorie qui permet de réviser un peu la théorie évolutionniste de la survie du plus fort ; il s'agit désormais de la survie de ceux qui coopèrent avec le plus de réussite – sans que cela ne soit exempt de luttes ou d'échecs à l'occasion. L'équilibre avantage/inconvénient semble fragile mais à l'échelle terrestre, sa constance, assurée par des boucles de rétroactions formant un système complexe, impressionne tant qu'elle nous pousse à croire (à tort ou à raison ?) à l'existence d'une conscience transcendante.


« La stabilisation de la teneur en oxygène atmosphérique autour de 21% semble résulter d'un consensus tacite entre l'ensemble des êtres vivants intervenu il y a des millions d'années ; le contrat est toujours respecté aujourd'hui. Si la concentration de l'oxygène avait dépassé cette valeur, les fossiles auraient révélé les traces d'une conflagration planétaire. La teneur actuelle en oxygène, élevée, mais pas trop, donne l'impression d'une décision consciente de maintenir l'équilibre entre danger et opportunité, entre risque et bénéfice. Même les forêts humides et les prairies sont extrêmement inflammables lorsque les eaux sont basses. Si le pourcentage d'oxygène était supérieur de quelques pourcents, même les êtres vivants s'enflammeraient spontanément. S'il diminuait un tout petit peu, les organismes aérobies commenceraient à s'asphyxier. La biosphère maintient un compromis heureux depuis plusieurs centaines de millions d'années. »


Alors que la question n'est pas posée, beaucoup de passages de ce livre ont constitué pour moi une trame de réflexion au sujet de la conscience. Est-ce que la fusion de plusieurs bactéries entre elles constitue un acte aussi anodin (purement biologique) qu'on ne l'imagine ? L'intelligence qui permet la coopération entre plusieurs bactéries au sein d'une même cellule ne nécessite-t-elle pas un surplus – ce que l'on pourra appeler conscience ?


« Si vous regardez au microscope une cellule eucaryote vivante, vous serez peut-être étonné de ses vigoureux mouvements intérieurs. En contraste total avec une cellule de bactérie, dont le contenu est immobile ou ondoie passivement, l'intérieur d'une cellule eucaryote grouille comme une ville. le cytoplasme bouge. Dans certaines cellules, les mitochondries, les ribosomes et d'autres organites circulent sur des pistes prédéterminées comme s'ils obéissaient à des signaux de circulation à deux voies. de nombreuses cellules s'allongent et se contractent en rythme. »


La première partie de cet essai, centrée autour des recherches des auteurs dans le champ de la biologie et de leurs commentaires passionnants, se lit d'une traite avec clarté et nous emmène de surprise en surprise. le parcours est ponctué d'anecdotes qui nous rappellent que, si l'humain croit être fondamentalement différent du reste de la biosphère, tout en lui témoigne pourtant de son inscription dans l'histoire de la vie depuis ses origines – récapitulatif momentané, assemblage de matériaux disponibles depuis des temps immémoriaux.


« Lorsque les hommes s'examinent en tant que produits de la symbiose pendant des milliards d'années, la preuve de leur ascendance multimicrobienne devient accablante. Leur corps contient une véritable histoire de la vie sur la Terre. Leurs cellules maintiennent un environnement riche en carbone et en hydrogène, comme celui de la planète au début de la vie. Elles vivent dans un milieu composé d'eau et de sels exactement comme les mers primitives. Les êtres humains sont devenus ce qu'ils sont par la réunion de partenaires bactériens dans un environnement aquatique. »


L'autre partie de ce livre se montrera malheureusement plus spéculative. Sur le modèle de la théorie symbiotique, l'histoire spécifique de l'Homo sapiens nous est une nouvelle fois contée mais la transposition de l'idée de la symbiose du niveau biologique au niveau sociologique ne convainc pas. Des hypothèses bizarres pour l'avenir de l'humanité nous sont suggérées : outre l'idée plutôt réaliste que nous disparaîtrons assez rapidement de la surface de la terre sans que ce ne soit un problème pour le phénomène de la vie qui, lui, s'adapte à toutes les conditions, on nous inflige aussi l'idée d'une fusion entre l'homme et les robots voire l'idée que l'homme n'est que le chaînon manquant, étape transitoire mais nécessaire, permettant l'avènement du règne des robots. Si on renverse le sens de la réflexion, ça devient assez drôle : nous serions les chairs pensantes dont la raison d'être était uniquement justifiée par la nécessité de faire advenir une nouvelle forme de vie : l'espèce technologique.


« de même que les ordinateurs et les machines se rejoignent dans un domaine nouveau : la robotique, de même la robotique et les bactéries finiront peut-être par s'unir dans ce qui est appelé un « biochip », qui serait basé non plus sur du silicium, mais sur des composés organiques complexes, formant ainsi un ordinateur biologique. […] Ces ordinateurs « vivants » pourraient échanger des millions d'atomes d'hydrogène à la seconde et, qui sait, être intégrés dans des organismes conscients. »


La présentation de la théorie endosymbiotique se suffisait amplement à elle-même. Dommage pour ces quelques spéculations de fin d'ouvrage. On les lira comme des curiosités écrites peut-être sous la dictée du devoir bien fait car on sait que les scientifiques ne se considèrent à la hauteur que s'ils s'arrangent pour raconter des trucs sur l'avenir. Que cela ne vous empêche pas d'ouvrir ce merveilleux petit bouquin.

Critique à retrouver sur les fils de la pensée : http://xn--rflchir-byac.net/page/livre
Lien : http://xn--rflchir-byac.net/..
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En achetant ce livre, je m'attendais à un panorama de l'univers des bactéries, en passant aussi bien par leurs caractéristiques principales que par les différents groupes, leurs modes de vie, etc. Cet ouvrage est en réalité tout autre : il présente l'histoire du vivant sous l'angle bactérien, ce qui est peu habituel, et nous présente un point de vue parfois admis par la communauté scientifique, comme l'origine endosymbiotique des mitochondries, et d'autres non acceptés comme l'origine des propriétés de motilité de toutes nos cellules et de leur cytosquelette.
Une des richesses de cet ouvrage de vulgarisation est réellement ce point de vue "opposé" au point de vue traditionnel, proposant ainsi une vue beaucoup plus ouverte de l'histoire du vivant. Son principal défaut est son âge, plus de 20 ans après sa publication... mais à lire tout de même !
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Au sortir de cette histoire de la vie sur terre et des milliards d'années de périgrinations des bactéries jusqu'aux mammifères notre vision du monde change.
Un peu comme si, en contemplant une mappemonde grande comme un ballon de basket où l'atmosphère à sa surface serait d'un millimètre d'épaisseur, on en venait à penser que l'esprit des hommes est un peu analogue, c'est à dire ce qui est écrit et se ballade dans nos têtes au grès du temps n'est qu'infime vernis issu de la matière. Une couche éphémère, sensible, changeante... Pas si importante que ça, mais miraculeuse.

Quelqu'un a écrit que ce livre devrait être une lecture obligatoire. Je suis d'accord.

Beaucoup d'autres extraits finement classifiés ci-dessous


Lien : https://filsdelapensee.ch/
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Dans cet ouvrage publié initialement en anglais en 1986, Lynn Margulis et son fils Dorian Sagan dressent un tableau complet de l'évolution de la vie sur terre. L'idée essentielle est que l'apparition des cellules à noyau (eucaryotes), consitituves des plantes et des animaux résultent de la symbiose de cellules sans noyau (procariotes) c'est à dire les bactéries. Cette théorie, à l'époque encore marginale a depuis été admise par la communauté scientifique. Elle s'éloigne ainsi de la théorie de l'évolution néo -darwinienne qui repose sur l'idée d'une évolution progressive des espèces à partir de la sélection des individus ayant connu des mutations marginales et aléatoires qui leur permettront des meilleures chances de reproduction.
La théorie de Lynn Margulis (théorie endosymbiotique) repose sur une philosophie de la vie et de l'homme très éloignée de la philosophie classique -de Platon et Aristote à Descartes- qui attribuait à l'homme un statut exceptionnel qui le distinguait entièrement du monde animal et de la nature en général. Avec Lynn Margulis l'homme est un produit de la nature, résultat de la fusion de cellules bactériennes pendant les premiers milliards d'années de la vie sur Terre.
Cette idée aujourd'hui largement admise est exposée ici de manière pédagogique, permettant ainsi sa diffusion dans le grand public dès 1986.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ni les vaches ni les termites ne sont capables de digérer la cellulose de l’herbe et du bois sans les communautés de microbes qui habitent dans leurs intestins. 10% du poids sec d’un être humain sont composés de bactéries, dont certaines, qui ne sont pourtant pas congénitales, sont pourtant indispensables à sa survie. Une telle coexistence n’est pas une bizarrerie de la nature : c’est l’étoffe même de l’évolution. Sous son effet, les micro-organismes qui fabriquent la vitamine B12 dans l’intestin d’un homme pourraient bien faire partie intégrante de ses propres cellules d’ici quelques millions d’années.
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Lorsque les hommes s’examinent en tant que produits de la symbiose pendant des milliards d’années, la preuve de leur ascendance multimicrobienne devient accablante. Leur corps contient une véritable histoire de la vie sur la Terre. Leurs cellules maintiennent un environnement riche en carbone et en hydrogène, comme celui de la planète au début de la vie. Elles vivent dans un milieu composé d’eau et de sels exactement comme les mers primitives. Les êtres humains sont devenus ce qu’ils sont par la réunion de partenaires bactériens dans un environnement aquatique.
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A la différence des cellules dans lesquelles elles résident, les mitochondries se reproduisent par simple division, et elles se reproduisent à d’autres moments que le reste de la cellule. Sans les mitochondries, la cellule à noyau – et, par voie de conséquence, la plante ou l’animal – ne peut pas utiliser l’oxygène, et ne peut donc pas vivre.
Les spéculations qui suivirent cette découverte conduisirent les biologistes à un scénario étonnant : les descendants des bactéries qui nageaient dans les mers primitives et respiraient de l’oxygène il y a trois milliards d’années existent aujourd’hui dans les cellules humaines sous la forme de mitochondries. A une époque reculée, les bactéries se combinèrent avec d’autres micro-organismes. Elles s’installèrent à l’intérieur, fournissant de l’énergie tirée de l’oxygène et s’occupant d’éliminer les déchets, en échange du gîte et du couvert.
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Toutes les bactéries du monde ont avant tout accès à un pool génétique unique et donc aux mécanismes d'adaptation de l'ensemble du règne bactérien. Cette vitesse de recombinaison est supérieure à celle de la mutation : en cas de changement à l'échelle mondiale il faudrait un million d'années aux organismes eucaryotes pour s'adapter alors que les bactéries pourront le faire en quelques années.

Tel que recensé dans "Les Fils de La Pensée" sous les tags "survie" et "acclimatement"
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Pourquoi nos ancêtres ont-ils développé un protolarynx, qui va devenir plus tard l'instrument de la parole ? Personne ne le sait. Mais le développement du protolarynx fait partie des développements physiologiques de la réussite des hominiens, préalable nécessaire à l'outil fatal du développement verbal.


p. 246, tel qu'inscrit sur "Les Fils de La Pensée"
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