Dostoïevski décrit dans ce roman les agissements confus d'une société secrète dans un environnement provincial de Russie.
Bien que l'histoire racontée soit ancrée dans son temps et son environnement, au tournant historique de l'abolition du servage, au coeur de la Russie, il est impossible de ne pas voir des similitudes avec notre époque, tant l'auteur décrit finement la psychologie des personnages et les liens qui les unissent.
Chacun trouvera une signification à ce roman, pour ma part je trouve très intéressant la dimension sociologique de cette histoire, dans laquelle le personnage de Piotr Stépanovitch est le véritable marionnettiste.
Il manipule les membres de la société secrète les plus naïfs en leur affirmant qu'il représente l'organisation au niveau national, voire international, et qu'ils doivent exécuter ses ordres s'ils ne veulent pas en être exclus.
Il séduit la femme du gouverneur en lui donnant le rôle de marraine de la jeunesse progressiste, et, jouant sur les rapports conflictuels qu'elle entretien avec son époux, parvient à générer du scandale au sein de la communauté sans en être tenu pour responsable par les autorités.
Enfin, il utilise les pulsions mortifères de Stavroguine pour s'attacher sa reconnaissance ou plutôt sa redevabilité.
On ne comprend pas forcément ce qui pousse Piotr Stépanovitch à agir de la sorte et c'est là qu'est l'intérêt du livre. Peut-être faut-il y voir une volonté de dominer tout le monde, ou de montrer à son géniteur (Stépane Trophimovitch) ce que c'est réellement d'être un révolutionnaire, ou alors par jeu.
La traduction d'
André Markowicz est un peu déroutante au début quand on est habitué aux traductions classiques de
Dostoïevski, mais on s'y fait vite et les dialogues y gagnent indubitablement.