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EAN : 9791095086031
440 pages
Inculte éditions (26/08/2015)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Partages est le journal de traduction d'André Markowicz, un journal qui court sur une année. André Markowicz y dit notamment la minceur de la ligne de partage entre le métier d'écrivain et celui de traducteur. Il nous plonge, comme jamais, au coeur des questions qui jalonnent une vie d'écriture et de traduction.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
André Markowicz a posté (et continue toujours ) de poster sur Facebook pendant lus d’une année ses réflexions sur son travail de traducteur mais pas que. Il les a repris et a décidé de les compiler pour en faire cet essai. Et il y des passes sublimes sur son rôle de traducteur :
"Je ne traduis pas pour rendre français. – Ce qui m’intéresse en traduisant, c’est de faire la chemin inverse : faire que notre langue à nous, la langue française, devienne comme un peu étrangère ; qu’elle accueille les formes, les mémoires qui ne sont pas les siennes. Qu’elle les accueille aussi radicalement, aussi, dirais-je ouvertement que possible." Mais cet essai ne se cantonne pas à la traduction, André Markowicz y inclue des questions littéraires, de la poésie, nous parle de sa famille d’origine Russe. Sans manier la langue de bois, il a des propos envers la Bretagne qui pour certains sont très durs. Qu’il donne son opinion très tranchée sur une poignée de nationalistes tout comme la langue bretonne qui se meurt, je le comprends tout à fait. Mais il y a des phrases assassines blessantes. On peut me taxer de défendre ma région mais dans ce cas on peut reprocher à André Markowicz par le biais de ce livre de défendre sa compagne Françoise Morvan (citée à de nombreuses reprises) qui a publié un livre très polémique. Alors je ne rentrerai pas dans ce que l’auteur semble vouloir provoquer (monter au créneau). Dommage car cet essai comporte de belles réflexions sur le travail de traduction.
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Journal de bord d'une littérature vivante, rendue à sa propre étrangeté, « mémoire des souvenirs », indignations justifiées et toujours ce rigoureux souci de la langue. Immense traducteur, André Markowicz, sans se plaindre ni s'expliquer, en parlant de son travail plus que de lui-même, de la langue de ses souvenirs et de ses échos, se révèle tel qu'en lui-même. La richesse de ses chroniques se déguste comme autant d'invitations à y inventer nos propres échos.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Un journal de bord riche et éclectique, offrant une rare expérience de convergences littéraires, historiques et politiques autour de la traduction.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/08/12/note-de-lecture-partages-andre-markowicz/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Facebook permet des rencontres qui font que je ne me sens plus seul devant la page blanche. Dans Partages, je réfléchis à des questions telles que “qu’est-ce que parler une langue ?” ou “qu’est-ce que j’essaie de transmettre quand j’écris mes poèmes ou mes traductions ?”
(...)
Il y a beaucoup de façon de “partager” un texte. L’oralité, la rencontre directe avec le lecteur, c’est-à-dire la transformation du lecteur en auditeur, c’est aussi de la traduction. Les versions “non traduites” que je donne sur Facebook sous la forme de mot à mot commentés permettent au lecteur d’entrer dans le texte, même (et surtout) s’il ne connaît pas la langue originale, puis d’élaborer lui-même sa propre traduction. Elles sont pour moi une manière de faire du partageable avec de l’intraduisible.
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J’ai toujours été gêné d’écrire. Pas de parler, – d’écrire. Quand je rencontre des auditeurs, ou des lecteurs, je pense qu’un contact naturel s’établit, et, dans l’improvisation de la rencontre, avec les aléas des circonstances, je me sens libre. Face à une page blanche, et devant un lecteur que je ne peux qu’imaginer, je me sens toujours comme empêché. Sans doute cela vient-il du fait que, ce que je pense, je ne le pense qu’en mouvement, – dans la confrontation, dans l’échange. Mais c’est un handicap certain, de ne pas pouvoir écrire, pour quelqu’un à qui l’on demande sans cesse d’expliquer le pourquoi du comment de ce qu’il écrit… d’être obligé de faire entrer son expression dans un cadre dont, d’une façon ou d’une autre, on sent qu’il n’est pas fait pour soi, qu’il est trop strict, trop solennel, oui – trop écrit.
J’ai découvert Facebook en juin 2013 (très tard !…) et je me suis tout de suite senti soulagé. Si je considérais l’espace d’une page blanche de Facebook non comme une page de papier, mais comme un espace de temps, comme le lieu d’un entretien avec des gens dont je pouvais avoir des échos quasiment en direct, je ne me sentais plus seul devant le vide. C’était une autre forme d’entretien oral, une conversation – évidemment écrite, mais aléatoire, sans code, sans règle établie. Dans ce lieu improbable, pour ne pas dire bâtard, j’étais capable, me disais-je, de m’exprimer. J’ai très vite décidé d’utiliser ce « réseau social » non pas pour raconter ma vie ou donner des impressions fugaces de la façon dont je passais mes jours, mais comme un instrument, en réseau – une espèce de journal, qui serait public et ne serait nullement intime. Un journal qui me permettrait, au jour le jour, de parler de ce qui me paraissait important, de telle ou telle actualité, de parler de mon travail, de mes souvenirs, de revenir sur certains de mes textes, après dix, vingt, parfois trente ans d’oubli, de parler aussi du travail que je poursuis avec Françoise Morvan et de son travail à elle, dans toute sa diversité. Je n’avais pas de plan préconçu. Il s’agissait de voir si, au bout d’un an, il serait possible de réunir ces chroniques dans un livre – un livre aux contours flous, mais qui ne serait pas qu’une suite de pages désunies.
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D’où vient le sentiment de malaise que fait naître Gogol ? De la certitude où il était peut-être lui-même d’avoir écrit le Diable, et pas un diable métaphorique mais le vrai Néant, le Rien qui devient tout – le Rien qui se déploie, et qui rigole, et qui vous laisse, seul, démoli, réduit à lui. Du Révizor au Mariage, en passant par Les Joueurs, du Nez au Manteau jusqu’au Portrait – la même force vide qui vous vampirise. Cette force, elle éclate dans Les Âmes mortes. Et pas seulement parce qu’il s’agit de morts qu’on peut vendre parce qu’ils ne coûtent pas cher, vu qu’ils sont morts, mais qu’on peut vendre parce qu’ils sont encore vivants aux yeux de l’administration. Non, ce n’est pas le sujet qui est en cause. Il y a dedans, par-delà les passages comiques, les scènes d’anthologie, derrière une invention verbale proprement géniale, quelque chose qui vous ronge – un sentiment, oui, comme de possession par quoi ? par un regard terrifiant, sans compassion aucune, sans pitié sur les hommes et particulièrement sur ceux qui se démènent, tremblent et se haïssent sur cette étendue plate, immense, et insauvable qu’on appelle la Russie… L’image de la troïka qui fend l’espace et de l’ivresse du voyage rappellent dans l’Odyssée de Tchitchikov « Les Démons » de Pouchkine – qui donnent leur titre aux Démons de Dostoïevski : Un tournoiement entre les monstres vides.
Alexandre Blok, mourant en 1921, l’avait écrit : « Elle nous a bouffés, notre brave mère patrie russe, comme une truie ses porcelets… » – Gogol, sidéré lui-même par l’ampleur du désastre qu’il reflétait, s’est, sans métaphore aucune, au sens le plus concret du terme, retourné dans sa tombe.
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La traduction d’Eugène Onéguine, c’est, oui, de loin, de loin, de loin, la chose la plus importante que j’aie faite de ma vie – et je ne dis pas que l’intégrale de Dostoïevski, ce n’est rien du tout… Et je ne peux pas expliquer pourquoi, parce que, soit on comprend, soit on ne comprend pas. Je le dis souvent : une fois qu’on est entré dans Onéguine, qu’on a, non pas « compris » (il n’y a rien à comprendre, pas de sens caché, rien – tout est à la surface), mais « senti », alors, vraiment, votre vie change, et vous vivez dans ce sourire, ce sourire d’une tristesse infinie, mais dont émane une lumière étonnante : quelque chose d’intime (je veux dire que ça parle à chacun de nous différemment, selon sa vie, son enfance, ses propres souvenirs) et de totalement universel. Et, je le redis, léger. Et je repense, une fois encore, à cette phrase d’Alexandre Blok, en 1921, avant de se laisser mourir : « Notre mémoire conserve depuis l’enfance un nom joyeux : Pouchkine. Ce nom, ce son emplit de nombreux jours de notre vie. Les sombres noms des empereurs, des chefs de guerre, des inventeurs d’armes de destruction, des bourreaux et des martyrs de la vie. Et, à côté d’eux, ce nom léger : Pouchkine. »
Cette légèreté-là, c’est ce qui fait que j’aime si fort la langue russe, et la Russie (et que je suis tellement blessé par son histoire).
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Je ne traduis pas pour rendre français. – Ce qui m’intéresse en traduisant, c’est de faire la chemin inverse : faire que notre langue à nous, la langue française, devienne comme un peu étrangère ; qu’elle accueille les formes, les mémoires qui ne sont pas les siennes. Qu’elle les accueille aussi radicalement, aussi, dirais-je ouvertement que possible.
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Vidéo de André Markowicz
Rencontre des étudiants comédiens du Conservatoire municipal du XVIe arrondissement et du public de la Maison de Victor Hugo avec André Markowicz.
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