Clause de conscience

L'auteur n'en est pas à son premier roman, a récolté pas mal de Prix . Mais , soixantenaire, il se sent plus près de son île bretonne que des arcanes d'une rédaction, en fut-il le rédacteur en chef.Il écrit un court roman qui pourrait être autobiographique
En une série de portraits qui ne manquent pas de piquant, la rédaction de « Scoop » est présentée.Elle est souvent sollicitée par des personnages grouillant autour des puissants afin de mettre en avant ou pour lancer une carrière d'acteur ou d'actrice. En l'occurrence cette fois une jeunesse de 20 ans , apprentie actrice, belle comme un coeur, mais déjà manipulatrice, perverse(il n'y a pas que les hommes…)
Bien sur, notre rédacteur en chef, 60 ans tombe dans le panneau, mais il a une épouse intelligente et pleine d'esprit. Lui en revanche serait plutôt lâche d onc prompt à esquiver les soucis.
Cela dit, les coulisses du pouvoir sont mises à jour dans ce monde de dupes.
L'écriture est belle et nous renvoie à celle des « hussards" , décrivant un monde léger, frivole, très rive droite, et parisien en diable. Monde qui disparaît très certainement. Un agréable divertissement.

Il doit exister un nom pour désigner ce genre de livres. Roman à la française ? Roberts, Neuhoff, Besson. Avant eux, Laurent, Déon. de la légèreté, de l'irrévérence, de l'entre-soi. Très Paris rive droite avec rares incursions rive gauche. Très codé donc. Un peu trop facile par instants. Pas sûr que tout le monde aime. Ça se lit vite, même si le mot Fin met trop de temps à arriver. Un aller simple vers le sud-ouest en TGV suffit à boucler l'affaire. Clause de conscience dit légèrement des choses qui le sont et d'autres qui le sont moins. Gilles Martin-Chauffier délivre le faire-part d'un monde qui s'éloigne et dont il s'éloigne. Il le fait avec élégance, désinvolture, une pointe de sarcasme, un peu trop de paresse. Il raconte son milieu, les journalistes, les people, les politiques. Avec lui qui a soixante ans, on tombe amoureux de Clémence qui en a vingt : quel moyen de faire autrement ? Pas de scoop à attendre : les people, les politiques et les médias ressemblent à ce qu'on imagine. Ce n'est pas folichon. le livre ne l'est pas non plus mais il se lit sans déplaisir.

Voilà fort longtemps que je n'avais pas lu un roman de Gilles Martin-Chauffier. Et je l'ai retrouvé avec grand plaisir. Il n'a pas son pareil pour nous décrire le monde actuel avec une ironie féroce. le roman est à clefs tant il nous fait pénétrer dans les coulisses d'un hebdomadaire qui ressemble bigrement à Paris-Match et dont le rédacteur en chef la soixantaine grisonnante ressemble diablement à l'auteur lui-même. Il est revenu de tout et se contente de jeter un regard désabusé sur ses congénères. Mais voilà qu'on lui demande un papier sur une nouvelle comédienne et avec qui curieusement le courant va passer. Nous reconnaissons au détour des personnages la sulfureuse Mimi Marchand qui s'occupe de la communication de tout ce que Paris compte comme "beau monde", Bruno Jeudy le journaliste licencié du jour au lendemain. On y parle aussi de Bolloré. L'auteur nous concocte une histoire pleine de charme où les personnages sont croqués avec un humour de bon aloi, on tourne les pages souvent avec le sourire tant la description de ce monde superficiel et ridicule est porté à son sommet.