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Cercle du Bibliophile (01/01/1900)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Au lendemain de la parution de La Vie de Racine, Gide, dans une lettre célèbre, mettait Mauriac en demeure de choisir entre Dieu et les passions.
Dieu et Mammon, publié en 1929 aux éditions Le Capitole est la longue réponse de Mauriac à Gide.
Après s'être longuement expliqué sur l'impossibilité pour lui de renoncer à une grâce qui lui vient de l'éducation de son enfance, Mauriac affronte sa contradiction sans prétendre la vaincre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Publié en 1929, cet essai philosophique est une réponse à Gide, lequel, dans une lettre, mettait Mauriac en demeure de choisir entre Dieu et Mammon, c'est-à-dire les passions, les plaisirs de ce monde. Mauriac ne prétend pas avoir tourné le dos à Mammon. Bien au contraire, il s'accuserait plutôt de délaisser le Christ, qu'il appelle l'Abandonné, sans jamais « perdre le sentiment de sa présence ». Comment pourrait-il en être autrement ? L'écrivain doit se sentir responsable à l'égard de ses lecteurs, mais le moyen de renoncer à décrire les oeuvres de la chair ? Les récits édifiants n'atteignent pas leur but, passent à côté de la vérité. D'ailleurs, les lecteurs ont tôt fait de réinterpréter les textes, d'une manière parfois inavouable, qui laisserait les auteurs pantois…
Donc Mauriac, qui rappelle qu'il est né dans le catholisme, n'en est jamais – et ne pourra jamais en sortir, doit assumer : en tant que créateur, il ne peut laisser ses scrupules de chrétien affaiblir son message. Et moi, modeste lecteur, je demeure fasciné par cette écriture introspective, cette remise en question permanente d'un écrivain qu'à la différence de tant d'autres, le matérialisme n'obnubilait pas.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On me répète : C'est l'antique terreur, c'est cette peur des dieux qui a créé les dieux, - cette hideuse peur qui survit à la foi même. Suis-je cet animal dressé dès l'enfance à certaines adorations, dressé par la crainte ? Souviens-toi : Ce Dieu de ton enfance qui régnait dans la maison de famille contrôlait non seulement tes moindres gestes, tes plus furtives pensées, mais encore il entrait dans d'infimes détails de nourriture : il fallait faire attention au jour du Vendredi Saint que la croûte du petit pain de quatre heures ne fût pas "jaunie", car l'usage des œufs était interdit, même aux enfants. Une gorgée d'eau avalée en se lavant les dents, et ta Communion, croyais-tu, devenait sacrilège. Tu connaissais beaucoup mieux ton âme que ton corps. Es-tu bien sûr que le Dieu de ton enfance, qui s'amusait au détail, ne continue pas de t'épier dans l'ombre ? Ce Dieu, je ne le renie pas : quelques exagérations ? Je l'accorde, mais elles demeurent dans la tradition de tous les éducateurs chrétiens. Cet excès de prudence, quel confesseur le réprouverait ? L'éducation de la pureté ne souffre guère les demi-mesures : "Je veux être ignorant, enfant pour certaines choses..." écrivait l'abbé Perreyve, à la veille de son ordination. Ce remplacement, dont tu te glorifiais naguère, d'un "Dieu tatillon" par un Dieu qui n'y regarde pas de si près, aie le courage de t'avouer qu'il n'y faut pas voir un progrès dans la vie spirituelle, mais bien une diminution. Tu devenais moins scrupuleux à mesure que tu devenais moins pur. Ne rien concéder à la chair, c'est la vraie loi chrétienne qui te fut enseignée dès que tu commençais de comprendre. "En cette matière, tout est grave" nous répétaient nos éducateurs. Tout est grave ; tout engage l'éternité. Et l'expérience te prouve à quel point ils avaient raison. C'est l'esprit qui atteint Dieu, et la chair assouvie qui nous sépare de lui infiniment. Ces inimaginables prudences demeurent conformes à l'essentiel du Christianisme.
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Un écrivain est essentiellement un homme qui ne se résigne pas à la solitude. Chacun de nous est un désert.
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Je savais déjà que je ne sortirais jamais du catholicisme ; il était au dedans de moi. Où que je fusse, il y serait aussi. Au lieu d'accepter cette grâce, de quel œil d'envie, je me souviens d'avoir contemplé, un matin, à la chapelle des Bénédictines, Ernest Psichari ! Maritain, Psichari, élus pour qui le catholicisme avait été un choix, qui l'avaient contemplé du dehors, qui en avaient fait le tour et mesuré les proportions exactes, et repéré la place par rapport aux autres religions. Pour moi qui n'en étais jamais sorti,, qui n'en pourrais jamais sortir, sans cesse je passais d'un extrême à l'autre ; tantôt m'imaginant que le Christianisme était l'unique préoccupation du monde et tantôt persuadé que je vivais prisonnier d'une petite secte méditerranéenne. Mais il y fallait vivre bon gré mal gré ; impossible de ne pas y vivre ; je devais m'en arranger coûte que coûte ; aussi avec quelle passion je m'efforçais, à seize ans, de me prouver à moi-même la vérité de cette religion à laquelle je me savais attaché pour l'éternité ! L'édition des "Pensées" de Brunschvicg, déchirée, annotée, qui est toujours sur ma table, rend témoignage de ce parti pris passionné.
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Au vrai, les écrivains qui truquent le réel pour édifier le lecteur et qui peignent des êtres sans aucune vérité pour être sûrs de n'être pas immoraux, n'atteignent que rarement leur but. Car il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pas les seuls auteurs de leurs romans : le lecteur collabore avec le romancier et y ajoute souvent des horreurs à l'insu de celui-ci. Nous serions stupéfaits si nous savions exactement ce que deviennent nos personnages dans l'imagination de cette dame qui nous parle de notre livre.
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Sans doute suis-je plus coupable qu'un garçon simplement tiraillé, qui veut écrire ses livres sans rater le ciel et atteindre le ciel sans rater ses livres. C'est peu de dire que je ne perds pas de vue Mammon : tout le monde peut me voir au premier rang de la foule qui l'assiège. Mais si on ne saurait servir deux maîtres, il n'empêche que délaisser l'un des deux pour l'autre, ce n'est pas perdre la connaissance du pouvoir que l'Abandonné garde sur nous, ni perdre le sentiment de sa présence. Et même cette connaissance et ce sentiment abolis, il reste que de ce Maître trahi nous avons revêtu l'indéchirable livrée, que nous appartenons de gré ou de force à sa Maison, que nous portons partout ses armes mystérieuses. Aussi loin que nous nous égarions, il se trouvera toujours quelqu'un pour nous dire "Mais vous aussi vous étiez avec cet homme, - vous étiez de ceux qui suivaient cet homme."
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