Il s'agit d'une sorte de saga romanesque sur une trame énormément éprouvée, labourée. Deux enfants romains vivant dans un même immeuble, vont se croiser, aller à l'école ensemble, s'ignorer car de milieux radicalement opposés. L'un est le fils d'un dermatologue, l'autre du concierge. Mais lors d'un voyage scolaire en Grèce, ils se rapprocheront et s'aimeront, éperdument. Puis la vie les séparera. Tandis que l'un partira à Londres, l'autre restera en Italie. Ils ne vont jamais oublier cet amour fort, intense. La vie suivra son cours, ils se marieront chacun de leur côté. Mais lorsque le père de l'un épousera la soeur de l'autre, à l'occasion de ce mariage, ils se retrouveront, s'aimeront à nouveau brièvement et caresseront le secret espoir de pouvoir vivre leur amour pleinement... Y parviendront-ils ?
Raconté comme cela, le roman frise la banalité et le déjà lu maintes fois. Là, où
Margaret Mazzantini innove un peu, c'est que les deux protagonistes sont des hommes. du coup, le romanesque à la "Nous deux" se trouve un poil décalé. On suit cette histoire avec un autre intérêt...
Très vite, on s'aperçoit que le texte est constamment recouvert d'un voile tragique. L'auteure suit Guido, le fils de médecin, devenu professeur d'art dans une université anglaise, semble en empathie avec lui tout en décrivant longuement le mal être qui l'habite, la honte qu'il ressent, le tourment intérieur qui le brise et cet amour pour Costantino qui ne peut être vécu librement. L'homosexualité masculine, même vécue dans une Grande-Bretagne ouverte, reste pour Guido un lourd chemin de croix. le lecteur compatit donc avec le personnage et le suit avec intérêt dans cette fresque personnelle qui s'étale sur presque cinquante ans. On imagine un peu, voire même espère, une fin heureuse pour ces deux hommes dont le roman semble prendre le chemin...
Et puis, alors que Guido, après quelques péripéties arrive à s'assumer enfin, le roman prend une drôle de tournure. J'avais bien senti, ici ou là dans la première partie, quelques petites annotations clichetonnes, mais dans le dernier tiers, c'est une déferlante. La description de de l'affirmation de la vraie personnalité de Guido, vire à l'enfilage de clichés. Il se met à tortiller du cul, porte de jolis foulards, s'habille avec des pantalons en cuir moulant, fait attention à la décoration de son intérieur, soigne sa peau avec des produits de beauté, j'en passe et des pires... Et quand enfin, les deux amoureux vont se retrouver, c'est pour mieux asséner une moralité assez douteuse.
La fin sur le blog
Lien :
http://sansconnivence.blogsp..