J'ai découvert, il y a très longtemps,
Ed McBain par le film Sans mobile apparent, où
Jean-Louis Trintignant (un de mes acteurs favoris) incarne l'inspecteur Carella. le film rendait bien un des traits majeurs de l'écriture d'
Ed McBain, le fait que la ville, que le temps qui passe ou le temps qu'il fait sont des acteurs à part entière du récit. Depuis lors, j'ai lu plusieurs de ses romans et je retrouve à chaque fois le plaisir de l'enquête, le rôle de la météo, le temps qui passe, et l'épaisseur de la ville, palpable et vivante.
Dans
Poison, c'est la même chose. On démarre avec un meurtre à la nicotine,
poison fulgurant. La coupable idéale... la maîtresse de ce riche personnage. Puis un autre ami, amant, de cette Marilyn Hollis décède... mode opératoire différent, mais ce meurtre renforce la suspicion de Carella à l'égard d'une femme qui cache beaucoup son passé. D'autant que Hal Willis tombe éperdûment amoureux de la suspecte, au point de vivre avec elle. Et cet amour semble réciproque, même si Marilyn ment sur son passé.
Elle finira par révéler ce passé. Glauque, dur, impitoyable. L'enfer des bordels sud-américains dont
Ed McBain nous fait un récit glaçant, n'édulcorant aucun détail.
Ed McBain s'est fait le chantre des procédures policières. Il plonge le lecteur dans le quotidien des inspecteurs. On parle peu de leurs vies de famille. On est dans le suivi des procédures. L'enquête se poursuit pas à pas, décrite au scalpel par
McBain. Comme pas mal de ses illustres prédécesseurs,
McBain développe un récit au moyen d'une écriture sèche, sans fioritures. On est à l'os, selon l'expression consacrée. C'est très bien mené. Personnellement, ce genre de polars à l'américaine me plaît bien davantage que les briques scandinaves diluées.