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EAN : 9782266215282
480 pages
Pocket (01/06/2011)
4.15/5   65 notes
Résumé :

Le 17 novembre 1777, à dix-huit ans, Jean-Baptiste Clertant, frais émoulu de l'Ecole d'hydrographie du Havre, embarque en qualité de second lieutenant sur le navire marchand l'Orion à destination de La Guadeloupe. Peu avant l'appareillage, le puissant armateur Dumoulin -- propriétaire du navire l'avertit que l'Orion effectuera un détour par l'Afrique pour se charger de bois d'ébène -. Jean- Baptiste Clertant ignore ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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D'un sujet pas facile, Olivier Merle a su faire un récit particulièrement prenant et instructif.
On se place dans la peau d'un jeune homme qui sort tout juste de l'école d'hydrographie (marine). Un peu naïf, il ne réalise pas vraiment sur quel genre de bateau il aura sa première expérience d'officier de marine. Avec lui, on découvre pour quelle sorte de "marchandise" ce bateau est conçu, ses horribles détails dans son organisation et on s'écoeure de tant d'inhumanité.
L'esclavagisme commençait ici et nous y avons bel et bien pris part, il n'est pas inutile de le rappeler.

Très bien documenté sur la traite négrière, mais aussi sur la vie en mer, ce livre est aussi une aventure maritime. J'ai aimé appréhender ce coté technique d'une traversée sur un bâtiment presque entièrement en bois, les divers corps de métier requis pour parer à toutes avaries, les façons de s'orienter, les quantités de réserve nécessaire, la difficile vie des marins à bord... leur sort n'était pas plus enviable que celui de ce "bois d'ébène" entassé dans l'entrepont, la mortalité se révélant même souvent plus importante parmi eux... il n'y avait guère que les officiers pour ne pas vivre l'enfer total.

Je le dis encore, ce n'est pas du tout rébarbatif, tout ceci devient très passionnant sous la plume d'Olivier Merle. J'admire cet exploit de me faire dire "j'ai beaucoup aimé" alors que le thème est si détestable.
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Il y a des romans qui vous marquent à vie par leur sujet, leur style et les émotions qu'ils vous procurent. Noir négoce est de ceux-là et je ressors de ma lecture totalement bouleversée.
Le sujet est dur, épineux et prête à polémique : la traite négrière.
A travers les yeux de Jean-Baptiste, Olivier Merle vous fait vivre le quotidien à bord d'un navire négrier, de son départ de France jusqu'en Afrique où il se procure sa « cargaison » puis vers la Guadeloupe, lieu de vente des esclaves contre des marchandises diverses avant le retour en France.

En embarquant à bord de l'Orion, le jeune homme ignore totalement la nature réelle du commerce auquel il va participer contre son gré mais contre lequel il va aussi se révolter. Peu à peu, le voile se lève et Jean-Baptiste prend conscience de l'infamie qui se déroule sous ses yeux. Parmi l'équipage, il trouvera des alliés mais aussi de fervents défenseurs du système esclavagiste. Olivier Merle résume dans la bouche de ses personnages les principaux arguments utilisés par les défenseurs de la traite et de l'esclavage de l'époque mais exprime aussi le point de vue de ses opposants. Cette bataille d'arguments ne peut laisser le lecteur de marbre et l'amène fortement à réfléchir sur le sujet. La solide documentation sur laquelle s'est appuyé Olivier Merle pour l'écriture de son roman le rend extrêmement riche d'enseignements. Tout est détaillé et rien n'est oublié : le contexte géopolitique de l'époque avec la concurrence à laquelle se livraient les pays européens pour le marché des esclaves, les descriptions de la présence coloniale sur place qui, en fait, ne tenait qu'à de petits forts incapables de se défendre et qui passaient de main en main, les modalités des tractations commerciales et des négociations entre le capitaine négrier et les représentants locaux, bien entendu les détails liés au transport des esclaves à bord du navire, les détails de leur vente, et enfin l'analyse de la société guadeloupéenne de l'époque, le tout appuyé des extraits des réglementations en vigueur à l'époque ( Code Noir etc…).

Ecrit à la première personne du singulier, ce roman implique son lecteur et le prend à témoin. Et non seulement l'auteur a travaillé le côté historique de son intrigue avec une grande rigueur mais il régale également son lecteur par ses talents de conteur et sa plume magistrale de laquelle sort un texte écrit dans une langue fine et posée qui représente bien l'époque sans assommer le lecteur de termes de vieux français et de tournures de phrases alambiquées.
Les personnages sont attachants, je pense principalement à Bonicart, le canonnier plein d'humanité et philosophe qui m'a beaucoup touchée, mais aussi à Mbagnik, l'esclave affranchi dont Jean-Baptiste parviendra à capter l'amitié. J'ai eu en horreur le lieutenant Criquot esclavagiste convaincu, foncièrement mauvais et cruel. Et je laisse les autres personnages à votre découverte.

Bien sûr, le roman ne s'arrête pas à ce que je viens d'exposer, il y a une intrigue dont je ne dévoilerai rien si ce n'est qu'elle m'aura fait verser de chaudes larmes. Je ne dirai pas si ces larmes étaient de joie ou de tristesse. Et si je fais ma mystérieuse, ce n'est pas pour rien mais pour vous encourager à lire ce roman magnifique dont je m'étonne de ne pas trouver plus souvent la trace sur la blogosphère.
Un grand merci et toute mon admiration à Olivier Merle pour son grand talent et ce bonheur de lecture qui, à défaut du navire, aura fait chavirer mon coeur de lectrice.

Note :
A la suite de ce roman, j'ai voulu aller plus loin dans le sujet et j'ai entamé la lecture de l'ouvrage d'Olivier Pétré-Grenouilleau Les traites négrières, ouvrage qui a fait couler beaucoup d'encre par certaines de ses affirmations qui prêtent à polémique. En dehors des dites affirmations « litigieuses », je retrouve dans cet essai nombre d'informations techniques données dans le roman d'Olivier Merle qui a sans doute du l'utiliser lors de ses recherches. J'ai tenu à souligner ce fait pour montrer à quel point le roman d'Olivier Merle est d'une grande justesse historique et qu'on peut s'y plonger sans la crainte d'y trouver des contre-vérités (ce qui est ma hantise lorsque je lis un roman historique).
Il est vrai qu'Olivier Merle donne, en fin d'ouvrage, la liste des auteurs qu'il a abordés durant ses recherches. Néanmoins j'aurais apprécié qu'il précise également les titres des ouvrages qu'il a consultés, je sais que la liste est longue mais au moins les plus importants m'auraient été utiles.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Noir Négoce ou Candide et le commerce triangulaire !

En 1777, le jeune Jean-Baptiste Clertant embarque au Havre sur l'Orion, la tête pleine de son savoir fraîchement acquis à l'Ecole d'hydrographie.
Érudit mais béotien en matière d'esclavage, Jean-Baptiste va donc faire partager au lecteur ses découvertes successives concernant le commerce triangulaire.

La présence sur l'Orion en partance pour les côtes africaines, de deux marins noirs éveilleront chez Jean-Baptiste les premières interrogations et réflexions sur le racisme mais c'est le contact avec l'Afrique qui va lui permettre de découvrir une réalité inimaginable : les esclaves africains embarqués à bord de l'Orion sont dès lors considérés comme une marchandise quelconque par le capitaine et son équipage et traités, au mieux, comme des animaux dont il faut essayer de rapporter la majorité intacte pour en tirer le maximum.

L'arrivée aux Antilles, enfin, lui apportera un éclairage sur la réalité du commerce triangulaire et c'est nourri de tous ces enseignements que Jean-Baptiste, emporté par l'amour, bravera la morale et la loi avant de rejoindre la France.

Un roman à la fois très romanesque et très pédagogique !
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A travers ce roman, fort agréable à lire et sans temps mort, l'auteur réussit parfaitement la synthèse de l'histoire des Noirs vus par les Blancs, et de l'histoire de la traite. En Afrique, par les Africains eux-mêmes et par les Arabes puis par les Européens. le processus d'achat, de vente et de transport depuis l'Afrique jusqu'en Guadeloupe, société-modèle de racisme à la fin du 18éme siècle complètent le tableau.
Ouvrage didactique, qui ne sombre jamais dans le misérabilisme ou l'humanitarisme mais restitue les idées, les faits de l'époque avec, pour fil directeur, l'humanisme. Il propose un vision globale de l'esclavage.
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Bonjour à toutes et tous,
je vous livre aujourd'hui mon sentiment sur le très beau roman d'Olivier Merle, Noir négoce.
Nous voici en 1777, au Havre. Jean-Baptiste Clertant, suivant les voeux de son père, fait des études brillantes à l'École d'Hydrographie de cette même ville. Son diplôme en poche, et afin d'acquérir une première expérience de navigation, il est engagé par Dumoulin, un armateur. L'Orion, un superbe navire marchand, sur lequel il sert comme second lieutenant, quitte les côtes françaises pour celles d'Afrique. C'est au cours de cette traversée que Jan-Baptiste apprendra que la « marchandise » qu'il aura à transporter du continent africain aux îles des Antilles, ne sera pas celle à laquelle il s'attendait. Olivier Merle nous fait plonger dans toute l'horreur de la traite négrière, dans l'histoire effrayante de ces « meubles » arrachés à leur vie par d'autres Noirs pour les revendre aux Blancs qui iront ensuite les revendre à leur tour aux planteurs européens, ramenant ensuite en Europe les denrées cultivées dans les Iles. Jean-Baptiste, jeune homme rempli d'humanisme, en sera fortement ébranlé.
Voilà un roman qui ne laisse pas indifférent. On y côtoie en premier lieu la vie des marins, aux ordres de leurs officiers sur un bateau soumis aux caprices de la mer, et sur lequel on est par sûr de revenir à bon port. Puis, avec effroi, on embarque avec les captifs dans les entreponts obscurs, où, serrés comme des sardines, dans une ambiance étouffante, sans hygiène ou presque, de nombreux hommes et femmes voyageront, mourront parfois, attachés à leurs fers. Ce roman est aussi le combat de deux philosophies, portées par des personnages bien campés, qui s'affrontent : la traite des esclaves contre l'humanisme. L'univers est extraordinairement bien décrit. L'histoire est servie par une plume agile et un suspens haletant. Toutefois, il ne juge pas. Il se fait le témoin d'une époque, avec ses moeurs, ses habitudes, ses certitudes et ses croyances.
Je ne peux conseiller que cette lecture, pour savoir et comprendre ce que fut, durant de nombreuses décennies, la traite des esclaves.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Messieurs, leur dit-il, l'entrepont est d'ores et déjà à réorganiser pour y entreposer les nègres.
Le mot "entreposer" me frappa avec force et je fixai le capitaine, cherchant un signe, quelque chose qui révélerait qu'il avait eu conscience de l'énormité du mot, mais je ne vis rien, absolument rien, comme si le terme choisi était bien approprié à ce dont il voulait parler. ...
...
- Il nous faudra, comme la fois précédente, en charger autant que nous pouvons en transporter, soit près de quatre cents. Il faut donc, de nouveau, les entasser sur deux rangs superposés et monter un entrepont intermédiaire. ...

... j'avais du mal à concevoir comment on pouvait entassait plus de trois cents individus dans l'entrepont.
Comme je faisais part de mon incrédulité à Montgermont, il me répondit avec le sourire de celui qui connait l'astuce technique de l'affaire et qui est heureux de l'indiquer.
- On les allonge tous, en les positionnant à angle droit de la cloison du navire, la tête vers l'allée centrale, et ensuite on les serre comme des sardines jusqu'à se toucher. Eh bien, vous me croirez ou non, mais on peut alors en mettre plusieurs centaines au total.
- Comme des sardines... dis-je, les yeux vagues.
- Oui, comme des sardines ! répéta-t-il, la mine réjouie, ravi de sa comparaison. En fait, on les range plutôt comme des cuillères, allongés sur le côté. Ceux qui sont à tribord sont tournés vers l'avant, emboîtés les uns dans les autres, et ceux qui sont à bâbord sont tournés vers l'arrière, exactement dans la même position.
Tout en parlant, il me désignait l'échafaud à tribord, puis l'échafaud à bâbord.
- Pourquoi ceux à tribord tournés vers l'avant et ceux à bâbord tournés vers l'arrière ? demandai-je, mais je dois avouer qu'à ce stade je ne savais plus très bien de quoi nous causions exactement, d'hommes, de sardines ou de cuillères.
- À cause du cœur. Pour qu'il ne soit pas compressé et puisse battre librement.
Librement ! Voilà bien le dernier mot que je m'attendais à entendre en cette occasion !
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J'étais également étonné de la très grande quantité de barriques qu'on amenait à terre, n'ayant jamais tenté de calculer combien de litres d'eau nous devions emmener à bord pour une telle équipée.
- Imagines-tu, Jean-Batiste, commença Sauvagnat répondant ainsi à mon interrogation sans que j'eusse besoin de la formuler, qu'un homme boit environ deux litres et demi d'eau par jour, que nous sommes un équipage de quarante marins, que nous devons prévoir de rester en mer pendant au moins deux mois sans relâche ? Inutile d'être grand savant comme toi pour comprendre qu'il nous faut transporter au moins six mille litres d'eau.
- C'est beaucoup...
- Mais c'est rien du tout, Jean-Baptiste ! s'écria-t-il. Ca, c'est pour l'aller, mais durant le trajet pour nous rendre aux Antilles, faut compter les nègres ! Et tu sais combien ils seront les nègres ?
- Mon Dieu... dis-je affolé.
- Tu peux le dire ! Compte plus de trois cent cinquante nègres, fais le calcul, il te faut au moins soixante mille litres !
J'en restai béant.
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- Les Arabes également pratiquent la traite ? questionna Bonicart.
- Certes, et depuis beaucoup plus longtemps que nous-mêmes ! Des siècles et des siècles ! C'est une activité qu'ils pratiquent en Afrique depuis la mort de leur prophète Mahomet. Ce sont des précurseurs, si je puis m'exprimer ainsi ! Mais, comparées aux caravelles des Européens, les caravanes des Arabes, c'est un peu de l'artisanat. Trouve-t-on dans les pays arabes ces peuplements de Noirs que nous avons réunis aux Amériques en si peu de temps ? Songez à Saint-Domingue, la Guadeloupe, la Martinique, l'île Bourbon, Cayenne, sans compter les immenses colonies portugaises, anglaises ou espagnoles ! Au total, des millions de Noirs, déjà y sont maintenus en servitude ! Rien de comparables dans les pays arabes. S'ils nous ont ouvert le chemin dans cette triste tradition de réduire les Noirs en esclavage, les Arabes sont des gagne-petit par rapport à nous ! La caravelle a vaincu la caravane, si vous me permettez cette expression...
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De tout temps, le jeu du vendeur a été de mettre l'apparence de son côté afin d'endormir la méfiance de l'acheteur, et même de lui donner l'illusion de la bonne affaire. Cependant, je puis assurer que de voir ce jeu s'appliquer sur des êtres humains est d'un tout autre impact sur l'esprit, possède quelque chose de répugnant que je ne peux exprimer, et que je laisse au lecteur d'imaginer s'il a l'imagination assez vive, ou assez sensible, pour le ressentir.
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- La population ne connaît pas le Coran. Elle suit les anciennes religions, qui déterminent les Coutumes. Chacun sait, selon la Coutume, ce qu'il faut faire et ne pas faire, mais le Coran ne dit pas la même chose que la Coutume.
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