Ce deuxième tome de "Terre de feu" poursuit l'étrange huis clos qui se déroule dans un coin perdu de l'Amérique du Sud, là où, pour l'instant, la terre côtoie encore les icebergs. C'est donc en bordure du monde, au milieu de plaines désertiques en rupture avec la civilisation, que
David B. et
Hugues Micol poursuivent cet étrange western, situé de l'autre côté de l'équateur.
Les règlements de comptes dans la pampa patagonienne servent à nouveau de toile de fond à ce western complètement décalé, où de nombreux éléments et personnages atypiques viennent se mêler à une aventure toujours aussi surprenante.
David B. revisite et s'approprie le genre du western pour lui donner cette dimension onirique si singulière qui le caractérise.
Malheureusement, les nombreuses pistes développées lors du tome précédent sont abandonnées au profit de nouvelles ... qui n'aboutissent pas beaucoup plus. Alors que le premier tome se concentrait sur Lord Wales et sa troupe de chasseurs d'indiens, sur Nathan Lowatt, un aventurier américain parti au loin pour savourer le plaisir de rentrer chez lui, sur Lord Hexam, l'homme qui a commandité l'éradication des indiens et sur "l'archer rouge", ce guerrier de légende que craignent les autochtones, cette suite ne semble pas vraiment vouloir éclaircir les desseins de chacun.
David B. préfère lancer de nouvelles intrigues et se concentrer sur de nouveaux personnages. Que ce soit le message codé des services secrets autrichiens qui intrigue les «Noctambules», cette nouvelle équipe de tueurs chiliens, ou les rôles surprenants de Monsieur Gris, un nain intriguant, et du dieu Huecuevo, l'auteur donne l'impression de vouloir en faire trop ... de vouloir surprendre à tout prix, mais sans avoir l'intension de répondre aux questions que suscitent tous ces développements. Si l'originalité est indéniable et que le récit s'avère malgré tout intriguant et prenant, il laisse cependant un goût d'inachevé.
Le graphisme demeure par contre irréprochable. Les superbes dessins en noir et blanc d'
Hugues Micol confèrent au récit une ambiance oppressante. L'auteur dépeint les steppes de Patagonie dans toute leur authenticité et semble dissimuler un danger permanant dans les hautes herbes. le dépaysement procuré par les décors crépusculaires et envoûtants s'allie à une atmosphère de bout du monde pour un visuel en tous points remarquable.
Un Far West bien différent, celui du Sud ... mais surtout celui de
David B et
Micol.