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EAN : 9782021077377
368 pages
Seuil (07/03/2013)
3.9/5   94 notes
Résumé :
De fait, le spectaculaire récit autobiographique de Sam Millar a tout d’un thriller. À ceci près que si on lisait pareilles choses dans un roman, on les trouverait bien peu crédibles.

Catholique, Millar combat avec l’IRA et se retrouve à Long Kesh, la prison d’Irlande du Nord où les Anglais brutalisent leurs prisonniers. Indomptable, il survit sans trahir les siens: voilà pour la partie la plus noire, écrite avec fureur et un humour constant.
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Ah ça IRA, ça IRA, ça IRA...

Sam Millar, avant d'être un auteur reconnu, eut une vie disons...mouvementée.
Faut dire qu'être membre actif de l'IRA sous l'époque Thatchérienne avait de quoi dynamiser un karma.

On The Brinks relate ses sombres années d'emprisonnement puis le plan-retraite génialissime idéalement foiré dans les grandes largeurs.

Deux salles, deux ambiances, un ressenti final mitigé.
Si j'ai adoré son combat pour survivre au quotidien dans ces prisons qui n'avaient alors d'autre but que de briser toute vélléité anti-rosbeef, le second pan de sa biographie m'a bien moins impliqué.

Petit aparté : chaleureux et sincères remerciements à la quatrième de couv' qui balance allègrement l'entièreté, i repeat, l'entièreté de cette bio, laissant finalement peu, enfin AUCUNE place à la moindre spéculation.

Ou l'on apprend que le gars Millar, avant d'être un écrivain reconnu, est passé par quelques traumas que l'on ne souhaiterait à personne. Même pas à la Saint-Valentin.

Le pan pénitentiaire m'a littéralement fasciné. Horrifié itou.
Alors que sa délicate période de réinsertion et les ennuis un brin mérités qui en ont découlé ne m'ont pas captivé plus que ça, la faute à un rythme presque poussif et itératif qui m'aura légèrement perdu à certains moments.

On the Brinks se voulait brillamment autobiographique, il sera honnêtement instructif et c'est déjà pas si mal...
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« On the Brinks » est un récit autobiographique dans lequel Sam Millar raconte deux épisodes marquants de sa vie : son incarcération au sein de la prison de Long Kesh et le cambriolage d'un dépôt de la Brink's qu'il a organisé aux Etats-Unis.

Dans la première partie poétiquement intitulée « Belfast, putain de Belfast », Millar passe très rapidement sur sa jeunesse dans la capitale d'Irlande du Nord. Une vie modeste, un père autoritaire, une mère dépressive et suicidaire, il grandit au coeur des tensions qui déchirent les républicains catholiques et les unionistes protestants. L'auteur parle «d'animosité tribale » pour décrire la violence du climat de cette époque. Il fait rapidement l'expérience de la prison et plus particulièrement des H-Blocks du pénitencier de Maze, des quartiers cellulaires de haute sécurité en forme de H. Les droits des détenus n'y sont pas respectés et la qualité de détention y est déplorable. Sam Millar participe à une rébellion nommée « Blanket and No-Wash Protest ». Cette lutte consiste à refuser de porter l'uniforme de détenu, et à s'enrouler nu dans une simple couverture, tout en faisant une véritable grève de l'hygiène. Ainsi, les détenus protestent dans le plus simple appareil, dans un environnement infect où les murs étaient recouverts d'excréments, et le sol d'urine. Les prisonniers subissent la brutalité et la cruauté des gardiens de la prison. Les violences destinées à faire craquer les rebelles sont permanentes : isolement, chauffage en été et non en hiver, bains forcés au détergent, fouilles corporelles « poussées », etc. Millar évoque également la terrible grève de la faim menée par Bobby Sands et d'autres détenus.

La seconde partie est consacrée à la vie de Sam Millar à New York. Il exerce différents métiers dans des casinos clandestins, ouvre une librairie de bandes-dessinées et décide de cambrioler un dépôt de la Brink's. Une décision pas très sage qui va lui permettre de mener une étude comparative des pénitenciers nord-irlandais et américains. Ce qui est étonnant avec Millar, c'est qu'il sait se montrer discret et loquace. Il parle très peu des motifs de sa détention en Irlande du Nord mais détaille ses péripéties judiciaires avec les tribunaux américains, il traite les conflits familiaux de son employer à New York sans jamais évoquer l'existence de sa propre concubine et ses quatre enfants.

« On the brinks » est une autobiographie écrite comme un thriller. le témoignage sur les conditions de détention des prisonniers républicains en Irlande du Nord est bouleversant. Si les faits sont connus et ont déjà été traités dans d'autres textes, le récit qui en est fait par Millar est saisissant et criant de vérité. le récit du cambriolage se lit également très bien et permet au lecteur de respirer après la violence des premiers chapitres. A noter qu'une grande partie du butin est toujours dans la "nature"(!!!). Je pense recroiser rapidement la route de Sam Millar, mais cette fois-ci, sur le terrain de la fiction. Pour conclure, j'aimerais partager avec vous le lyrisme des titres de certains de ses chapitres. En voici deux exemples :: « Un fer à cheval dans le cul ? Non, toute une écurie » et « le Titanic : construit par un millier d'Irlandais. Coulé par un seul Anglais. »
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le stupéfiant thriller autobiographique de l'Irlandais Sam Millar, une vraie bombe littéraire ! Où quand la réalité dépasse la fiction, et de loin...

À l'heure où la grande tendance actuelle dans les "prestigieux" milieux littéraires internationaux, et bien sûr américains avant tout, est à la creative non-fiction, à la littérature-reportage et que j'imagine que nombre d'ateliers d'écriture doivent plancher dur sur ce nouveau phénomène, Sam Millar les aura tous devancé, j'imagine sans même s'en rendre compte ou s'en soucier, lorsqu'il a entrepris d'écrire On the Brinks.
Pourtant, j'imagine à quel point la rédaction de ce livre a du être dure pour lui qui aura non seulement vécu l'impensable, l'incroyable, et à plusieurs reprises en plus, mais qui y aura aussi et surtout survécu pour pouvoir enfin retourner vivre avec sa famille dans son pays, l'Irlande du Nord. Et à ce moment-là, devenir rapidement un grand écrivain. On the Brinks en témoigne définitivement.

Après un prologue éblouissant et digne d'une scène hollywoodienne, son récit est découpé en deux grandes parties, elle-mêmes rythmées de chapitres courts qui, introduits ou illustrés chacun par une ou deux exergues d'un à-propos emblématique de la puissance et de la clarté de l'homme et de son écriture, témoignent tous de scènes mémorables.
La première partie est consacrée à sa vie à Belfast, dans une Irlande du Nord catholique soumise, assiégée et occupée par un empire britannique et protestant d'une cruauté implacable, bien décidé à pulvériser cet îlot de résistance, cette grande nation irlandaise qui reste chevillée au coeur de ses habitants du Nord. le tout jeune Sam Millar, qui souffre de l'absence de son père mais aussi de la dérive psychologique de sa mère, pour qui la vie quotidienne et misérable de l'époque est devenue insupportable, en garde des visions orwelliennes lorsqu'il réalise à quel point lui et ses semblables, en plus de vivre dans une pauvreté extrême, sont considérés comme de minuscules fourmis à écraser par l'ennemi. Quelques années plus tard, tout content d'être amené par son frère dans sa voiture à la manifestation pacifique pour les droits civiques, il voit alors de ses propres yeux le sang innocent couler à flot. le sien ne fait qu'un tour et il s'engagera alors dans le militantisme nationaliste.

« Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'était Derry, mais ça sonnait de façon magique.(...)Nous étions le 30 janvier 1972 et personne n'imaginait le terrible cauchemar qui nous attendait. C'est devenu le moment phare de ma vie, un baptême du feu dans le monde réel d'un nationaliste en Irlande du Nord. »
« Mon père pleurait presque quand nous sommes rentrés et qu'il nous annonça la terrible nouvelle : "Les Anglais ont assassiné 13 personnes innocentes. J'ai cru que vous étiez parmi eux." Mon frère ne disait rien. Son silence parlait pour lui : pas question qu'ils s'en sortent comme ça. le monde ferait triompher la justice. Nous étions vraiment d'une naïveté risible à l'époque. »

D'ailleurs, en enchainant par la suite quelques petits boulots, dont un dans un abattoir alors qu'il aime tant les animaux et qu'il quittera au bout de quelques jours, Millar, avec son écriture rageuse, sèche et tranchante aigusera une description apocalyptique du quotidien dans un abattoir et en fera une métaphore parfaite du Système qui broie alors les catholiques d'Irlande du Nord.
Mais grâce à son récit parfaitement construit et à son art de manier l'ellipse, si l'on n'a pas les détails de son engagement à l'IRA, c'est suite à un procès inique et là encore perdu d'avance que Millar plonge alors directement, mais en croyant encore naïvement être libéré au bout de quelques mois seulement, dans l'enfer sur terre qu'il a vécu durant les huit années d'enfermement, de survie, de tortures physiques et psychologiques quotidiennes à la prison de haute sécurité de Long Kesh. Il fera partie des Blanket Men, ceux qui refusent d'endosser l'uniforme du prisonnier et sont donc obligés de (sur)vivre nus, couverts d'une seule couverture miteuse et puante.
Seule son incroyable force morale le sauvera de la mort à tant de reprises, lui et quelques uns de ses compagnons de lutte et de cellules qui ne lâcheront rien et continueront à ne pas se soumettre au Système.

Après cette première partie dramatique et poignante, justement parce que dépourvu du moindre pathos, et qui permettra en plus à n'importe quel lecteur d'apprendre ce qui a pu se passer il n'y pas si longtemps en Irlande et pourquoi - sans non plus tomber dans les descriptions historiques ou politiques difficiles à saisir et qui plombent parfois d'autres romans consacrés à cette période irlandaise - la seconde est, elle, beaucoup plus légère.
L'humour à froid dont Sam Millar ne se départit jamais et qui fait partie intégrante de sa plume fonctionne ici à merveille. L'Irlandais se révèle même être un dialoguiste particulièrement talentueux, parvenant à brosser les portraits irrésistibles de personnages secondaires qui font mouche et fonctionnent avec une rare efficacité.
Je ne suis pas prêt d'oublier le père de son patron quand il a été croupier dans un casino clandestin, par exemple !
En réalité, tout au long de cette seconde partie d'On the Brinks, le lecteur tourne les pages compulsivement, estomaqué par un récit plein de surprises, parfois traversé de passages poétiques ou d'un brin de nostalgie quand on constate à quel point Sam a toujours aimé les comic books. Et cette irrésistible fraîcheur, cette légèreté dont fait preuve à tout moment Millar après avoir vécu le pire à Long Kesh, les nombreuses trahisons et désillusions de l"époque, ce mélange unique entre un homme revenu de tout et qui, malgré tout, a su garder une petite part de naïveté et conserver encore aujourd'hui un peu de son âme d'enfant, tout cela illumine définitivement tout le reste d'On the Brinks. La preuve : il garde même des révélations jusqu'à l'avant-dernier paragraphe de son épilogue, quel sale gosse ce Sam Millar !

On the Brinks est LA pépite de l'année. Ou, plus exactement, ce livre est grand, tout simplement, parce que son auteur n'est pas qu'un sacrément bon écrivain. Sam Millar est un grand homme, un homme profondément bon. La lecture d'On the Brinks a confirmé de manière éblouissante ce que j'avais pressenti lorsque j'ai eu la chance de le rencontrer en mars dernier à Lyon, à l'occasion des Quais du Polar 2013.

À l'image des héros qui le fascinaient tant, gamin, dans les comics qu'il dévorait chaque fois qu'il pouvait s'en procurer un, Millar est pour l'Irlande du Nord, c'est-à-dire pour toute la grande nation irlandaise, l'un de ses héros, sans qui elle n'existerait vraisemblablement plus aujourd'hui.

Si vous n'avez qu'un livre à lire cette année, lisez sans hésiter On the Brinks. Vous ne serez pas déçus !
Lien : http://norbertlaidet.blogspo..
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« On était vendredi soir. J'aurais dû être au Star à boire une bonne pinte au son d'un orchestre épouvantable massacrant d'épouvantables imitations de Fleetwood Mac. Au lieu de ça, j'avais les couilles à l'air, le cul serti de chevrotines de goudron, et les balloches d'une méchante couleur magenta.
Et j'avais même pas encore atteint le Bloc. Putain, ça allait être un très long voyage dans la nuit. »

Récit autobiographique, On the Brinks, tient aussi, par les incroyables rebondissements de la vie de Sam Millar, du roman noir et du roman d'aventures. Membre de l'IRA participant durant ses années de détention à Long Kesh à la Blanket puis à la Dirty Protests, Millar rejoint les États-Unis après sa libération et sera à l'origine de l'un des plus gros braquages de l'histoire du pays : sept millions de dollars dérobés dans un dépôt de la Brinks à Rochester.
Tout cela, Millar le raconte avec détachement, humour et une bonne dose d'autodérision. Passant rapidement sur son enfance à Belfast, il divise son livre en deux grandes parties correspondant aux deux grandes aventures de sa vie.
La première, qui conte sa détention à Long Kesh, tire tout son intérêt de la description des conditions de détention de Millar et de ses camarades, de la justice d'exception appliquée aux catholiques irlandais et de la manière dont ces hommes isolés, tenaillés par la peur mais aussi obstinés ont cherché à résister à leur manière. C'est noir, violent, mais aussi porté par cet humour dont l'auteur ne se départ jamais.
La seconde, qui décrit la vie de Millar à New York, entre casinos clandestins, braquage de la Brinks et procès est plus enlevée et aussi plus rocambolesque. Là, on rit plus ouvertement lorsque l'on imagine par exemple la tête de Sam Millar apprenant lors de son procès que tous ses voisins avaient repéré les agents du FBI qui le suivaient et l'observaient depuis des semaines alors que lui, malgré sa paranoïa, n'avait rien vu.
Bref, on passe sans nul doute à la lecture de ce livre passionnant à bien des égards. Et puis l'on se dit que Millar, usant et abusant des ellipses – on ne saura pas clairement ce qui lui a valu son incarcération à Long Kesh ou encore comment il a rejoint les États-Unis – a réussi à écrire une autobiographie qui a la particularité de ne presque rien dire de lui. Un bel exercice de style, un bon roman (voire deux bons romans) qui laisse au final le goût d'un mystère qui n'a pas complètement été levé.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Quand certains disent que les prisons ne doivent pas être des Club Med, je ne leur donnerai pas tort, mais faut pas non plus sombrer dans l'opposé et se comporter comme des gardiens de Goulag ou de camps de concentration, le gazage en moins.

Si on ne m'avait pas dit que ce roman était une autobiographie, un pan de la vie de Sam Millar, l'auteur, j'aurais pensé à une farce, vu la manière dont il cambriolera plus tard l'entrepôt de la Brinks, ou à de la dérision, quand il nous parle de son incarcération à la prison de Long Kesh, en Irlande du Nord, à Belfast, tenue par des gardiens anglais.

Dire que les Anglais et les Irlandais ne s'aiment point serait un euphémisme, l'Histoire est là pour nous le rappeler, sinon, il vous reste U2 et son "Sunday Bloody Sunday" (dimanche sanglant que fut celui du 30 janvier 1972, à Derry, en Irlande du Nord, où 13 civils furent tués et 13 furent blessés par les soldats britanniques alors qu'ils faisaient une manifestation pacifique).

Alors vous pensez bien que si vous appartenez à l'IRA, que vous vous retrouvez incarcéré dans une prison tenue par des matons anglais et qu'en plus, vous refusez de porter les habits de prisonniers, de leur cirer les pompes et de dire "Sir, yes, Sir", vous allez vous en mordre les doigts ! Vous êtes un Blanket Men et on va tenter de vous casser par tout les moyens possibles et imaginables.

Ma foi, si les Anglais disent que les Américains ne sont pas corrects avec leurs prisonniers à Guantanamo, ceux-ci peuvent leur renvoyer dans la gueule ce qu'ils ont fait à ces Blanket Men, à la prison de Long Kesh… Tortures physiques, psychologiques, le tout avec un degré de perversité qui feraient pâlir de jalousie certains SS, fâchés de ne jamais y avoir songé.

Cette première partie du récit est dure, même si l'auteur prend le parti de nous la raconter sur un ton assez humoristique, décalé, sans jamais sombrer dans le pathos ou le larmoyant, un peu à la manière d'Ivan Denissovitch. Dénoncer la chose, mais sans s'apitoyer sur son sort.

Pourtant, je vous jure que ma gorge s'est serrée et mon estomac aussi en lisant le récit de tout ce qu'ils durent subir.

La seconde partie du récit, qui se déroule au États-Unis, est plus agréable à lire, mais plus fantasque et pour la scène du casse de l'entrepôt de la Brinks, dans une fiction, on aurait hurlé au chiqué, hormis avec un Dortmunder aux commandes du cambriolage.

Bordel de cul, braquer l'entrepôt de la Brinks avec une camionnette pourrie, des flingues en plastiques, réussir le 5ème plus gros casse de l'Histoire, le tout sans verser une goutte de sang, fallait avoir des grosses couilles ou pas de cervelle du tout.

Un fer à cheval dans le cul ? Non, toute une écurie !

Et puis, il restera toujours ce mystère sur l'argent du casse qui a disparu sans que l'on sache qui se l'est mis dans les poches et qui a niqué Sam Millar et son complice.

Un roman sombre sur des pages encore plus sombre de l'Angleterre, sur les conditions des prisonniers, sur les tortures qu'ils subirent pour les faire plier, un langage cru, familier, une histoire qui passe toute seule, des moments angoissants, durs, et puis plus agréables dans sa partie américaine.

Je compte bien découvrir maintenant les autres romans de cet auteur qui est interdit de séjour chez les yankees !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
La rogne de Bronx Tommy était d'un autre genre. Sa vie violente commença quand sa mère perdit la sienne, pendant l'accouchement. « Un bébé affreux et coléreux », plaisanta l'infirmière qui aurait préféré perdre le bébé plutôt que la mère. À l'âge de dix-huit ans, il avait déjà visité Attica, Sing Sing, et Green Haven. Il se fit la main comme gros bras pour le compte de la mafia irlandaise de Boston où il se fit tirer dessus deux fois en pleine figure, ce qui lui causa la perte d'un oeil. « Vraiment chiant, comme d'avoir une balle de golf en guise de pomme d'Adam. » Remarqué par Mac comme un diamant dans sa gangue, il fut embauché comme portier-videur, apportant avec lui toute la perspicacité d'un survivant de la rue et une indéfectible loyauté confinant au fanatisme. Si Doc - un autre des "pit-bosses" (*) - se méfiait des étrangers, Tommy se méfiait de tous, Doc y compris, qu'il suspectait d'empocher plus que ses gages et ses pourboires.
« Vas-y mollo, Tommy, lui conseilla Susan, la directrice adjointe. Tu vas nous faire une crise cardiaque. Nicky va arriver d'ici peu.
_ Ne dis pas de conneries, femme ! On est presque à court de jetons noirs. C'est l'anarchie ici ! Putain de communiste.
_ Par ici, mon coeur », dit Marria, la barmaid portoricaine en lui tendant un verre de Johnny Walker "étiquette noire", comme il passait près du bar.
Tommy hésita, supputant les conséquences d'une dose supplémentaire de whisky dans une situation aussi volatile, avant de se l'envoyer cul sec. Il avait horreur de voir du bon whisky gâché. Il avait horreur de voir du bon whisky aller ailleurs qu'au fond de sa gorge.
« Droit au but, Maria. Mais ça suffit. Ce foutu ulcère est en train de me tuer. »
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Une semaine plus tard, en dépit des protestations de Jameson, Ronnie fut élevé au rang de directeur où il ne tarda pas à faire sentir sa présence. (...)
Ce qui ne fit qu'accroître l'animosité entre Jameson et lui.
« On a payé beaucoup trop cher d'alcool, dit Ronnie à une réunion de directeurs. La Maison ne consomme pas la moitié de ce que nous avons payé. » (...)
C'était le beau-frère de Jameson qui fournissait l'alcool et l'ex-bosco prit aussitôt sa défense.
« La Maison a obtenu un bon prix du fournisseur. Et, de toute façon, c'est quoi ce "nous" ? On pourrait croire que c'est "toi" qui possède cet endroit à la place de Mac. »
(...)
« Je parle collectivement, expliqua Ronnie d'une voix calme. Les profits et la longévité de la Maison devraient - doivent - passer en premier. »
(...)
« C'est quoi ton association avec Mike Bloom ? demanda Ronnie, en s'approchant de Jameson.
_ Qu'esse tu veux dire par association ? C'est mon beau-frère. Tout le monde le sait, y compris Mac. T'essaies de dire quoi, fils ? siffla Jameson.
_ Je dis que ton beauf se goure dans ses chiffres. Ça peut arriver. Ça veut probablement rien dire du tout... juste de la négligence, peut-être. Je suis sûr qu'il aimerait corriger son erreur, qu'on lui donne une chance. »
(...)
« Mac, dit Jameson d'une voix incrédule. Tu crois vraiment ce voyou ? Il insulte mon beau-frère qui a été plus que correct avec la Maison question prix. »
Mac ne disait rien, il regardait, fasciné par le silence qui s'était installé dans la pièce. Chacun des directeurs - huit en tout - souhaitait être ailleurs. (...)
Ronnie cogna Jameson de toutes ses forces en pleine figure et l'envoya au tapis.
« Tiny ! Monte ici, s'il te plaît, cria Ronnie.
_ Ouais ? fit Tiny, l'énorme videur, en entrant dans la pièce.
_ Balance cette merde dans la benne à ordures.
_ Hein ?
_ Il ne doit plus s'approcher du casino, jamais. Okay ? »
Jameson parti, ce fut au père de Mac de résumer la situation.
« J'ai jamais vraiment fait confiance à ce Jameson, Ronnie. Il picole trop à mon goût, dit-il en attrapant un autre whisky. Jamais faire confiance à un type qui boit trop. »
Ronnie se contenta de sourire. Mac sénior allait devoir faire gaffe.
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« C'est fini, Finbar. Admets-le, mon pote, j'ai dit en venant au secours de J.C.B. Même cette pute de Thatcher n'est pas assez tordue pour laisser un député élu mourir. Alors, fais pas la gueule. Cache pas ta joie. »
Il resta silencieux un instant avant de demander : « Depuis combien de temps es-tu dans la Rébellion, Sam ?
_ Tu connais la réponse, j'ai dit. Comme toi. Plus de quatre ans. Pourquoi ?
_ Oh, je me disais juste qu'on en parlait comme si c'était quatre jours. Tu connais les Beefs aussi bien que moi, tu sais de quoi ils sont capables. »
"Je ne vais pas le laisser m'avoir. Il est juste en train de m'asticoter..."
« Okay, Finbar, comme tu veux. T'as gagné. »

Le tragique, c'est qu'il avait entièrement raison.
Le gouvernement britannique rejeta le résultat du vote avec mépris, affirmant que ça ne changeait rien. Au temps pour la démocratie !
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À l'aller, nous ne pouvions nous empêcher de parler, de rire, emplis que nous étions des délices de l'expédition. Mais tout le voyage du retour se passa dans un silence de pierre, comme si ne pas en parler signifiait que ce n'était pas arrivé.
Mon père pleurait presque quand nous sommes rentrés et qu'il nous annonça la terrible nouvelle : « Les Anglais ont assassiné treize personnes innocentes. J'ai cru que vous étiez parmi eux. »
Mon frère ne disait rien. Son silence parlait pour lui : pas question qu'ils s'en sortent comme ça. Le monde ferait triompher la justice.
Nous étions vraiment d'une naïveté risible à l'époque.
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Je suis né à Belfast et j’ai vécu dans Lancaster Street, une rue dont les enfants les plus célèbres comptent le champion du monde de boxe John Joseph « Rinty1 » Monaghan et l’artiste irlandais John Lavery2. Parmi les peintures les plus connues de Lavery, figure le portrait de Kathleen Ni Houlihan3 sur les premiers billets de banque de l’Irlande libre ; sa femme, Hazel, avait servi de modèle. Après avoir quitté son humble demeure dans la rue, il ne tarda pas à devenir célèbre et il déménagea à Londres, où, par la suite, il prêta sa résidence somptueuse de Cromwell Place dans South Kensington à la délégation irlandaise conduite par Michael Collins pendant les négociations du traité anglo-irlandais en 1921. Après que Collins eut été tué, Lavery peignit son portrait, intitulé Michael Collins, Amour de l’Irlande. Cela en dépit des rumeurs qui disaient que Collins avait eu une liaison avec Hazel alors qu’il séjournait à Londres. Lavery était sans doute un assez bon compagnon pour Collins, mais ce qui est aussi sûr que les impôts, c’est qu’il n’en était pas un assez bon pour notre petite rue.
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